Copie privée : les ayants droit craignent la fin de la manne des 25 %
Un nouvel accident de quart
Le 11 octobre 2012 à 14h01
4 min
Droit
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À quelques jours des Rencontres cinématographiques de Dijon, les ayants droit de l’audiovisuel tirent la sonnette d’alarme sur une possible remise en cause des fameux 25 % prélevés sur la copie privée.
Selon l’article L321-29 du Code de la propriété intellectuelle, les sociétés de perception de la copie privée doivent consacrer 25 % des sommes prélevées « à des actions d'aide à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation des artistes ». L’article R-321-9 affine le texte : « l’aide à la création » s’entend « des actions de défense, de promotion et d'information engagées dans l'intérêt des créateurs et de leurs œuvres ».
Plusieurs fois en France, les ayants droit ont salué ce dispositif, notamment en préparation de la loi de décembre 2011 sur la copie privée. Ces 25 % financeraient près de 5000 manifestations, celles organisées dans les circonscriptions de France et de Navarre (*).
Problème, comme nous l'avons plusieurs fois dit, ces 25 % sont aujourd’hui clairement menacés devant la CJUE. Deux questions préjudicielles lancées depuis l’Autriche risquent de casser l’horlogerie du prélèvement. De véritables bombes à retardement ! D’ailleurs, dans l’une d’elles, l’avocat général a déjà considéré que l’indemnisation de la copie privée devait être perçue à 100 % par « la victime » et non une autre personne.
Le principe se fonde sur le B.A.BA de la responsabilité : cette somme vient compenser le préjudice (la copie privée) dans les poches de la victime (l’ayant droit). Détourner ce flux à d’autres fins dénature le système. C’est même une forme d’expropriation légale puisque les victimes sont privées de leur droit à dédommagement intégral.
L’exemple de l’accident automobile est parlant. Quand il y a un accrochage entre deux véhicules, le responsable doit indemniser la victime qui doit recevoir l’indemnisation. Personne n’accepterait qu’un quart des flux aille dans les caisses des bonnes œuvres du ministère des transports. C’est pourtant ce que prévoit le code de la propriété intellectuelle. D’ailleurs, Laurent Petit Girard (SACEM) lui-même considère que les 25 % sont un palliatif, de l’argent qui vient non en plus, mais à la place des financements publics. Signe d'une ponction aux parfums fiscaux prononcés.
Des nuages sur les 25 %
À quelques jours des Rencontres Cinématographiques de Dijon, le sujet des 25 % refait surface. Dans une note, l’ARP, (Société civile de perception et de répartition des auteurs, réalisateurs et producteurs indépendants) admet ouvertement que « le droit français s’éloigne (…) de la logique de compensation du préjudice subi qui relève d’une responsabilité civile ». Mieux : « Cette affectation à des personnes autres que les ayants droit pourrait être regardée comme incompatible avec la notion de compensation équitable, encore que la CJUE ne se soit pas prononcée sur le caractère direct de celle-ci. »
Contractualiser les 25 %
Que faire ? L’ARP a une petite idée : les sociétés de gestion collective (SPRD) « pourraient contractuellement établir avec leurs adhérents que ceux-ci consentent à rétrocéder 25 % de la compensation intégralement due au profit d’actions culturelles ». Cependant, ces professionnelles flairent d’ores et déjà la brèche: d’autres sociétés de gestion collective « pourraient pratiquer des conditions contractuelles plus intéressantes pour les ayants droit ». En prélevant par exemple 22 ou 21 %, par exemple, elles pourraient écraser leurs concurrentes avec ce levier.
Fiscaliser les 25 %
Lionel Tardy avait proposé un autre système, un peu fâcheux il est vrai, puisqu'il dépossède l’ayant droit et, par contre coup, le ministère de la Culture. Lors des débats autour de la loi sur Copie privée, fin 2011, son amendement était simple : les ayants droit touchent 100 % de copie privée mais ils sont taxés ensuite à 25 % par l’État. Les sommes seraient tombées dans le pot commun, à charge pour le gouvernement de les réaffecter - s’il le souhaite -à la politique culturelle selon ses arbitrages. L’amendement avait toutefois été rejeté par Frédéric Mitterrand puis par les députés, au grand soulagement des SPRD.
(*) Bernard Carayon (UMP) s'était plaint du chantage exercé par les ayants droit sur le financement des festivals (à 1:21 sur cette vidéo)
Copie privée : les ayants droit craignent la fin de la manne des 25 %
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Des nuages sur les 25 %
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 11/10/2012 à 14h06
Heureusement qu’il y a le sous-titre pour sourire un peu au milieu de tout ces face-palm. :/
Le 11/10/2012 à 14h08
Quand on monte des usines a gaz,on assume.
Le 11/10/2012 à 14h08
Rhooooooooooo les ayants droits quel beau mot politiquement correcte pour définir un cartel… C’est un peu comme les trois petits cochons de la téléphonie ça…
Le 11/10/2012 à 14h09
cette somme vient compenser le préjudice (la copie privée) dans les poches de la victime (l’ayant droit). Détourner ce flux à d’autres fins dénature le système. C’est même une forme d’expropriation légale puisque les victimes sont privées de leur droit à dédommagement intégral.
Pauvre ayant droit victime, j’ai rippé mon CD pour à la fois pouvoir l’écouter dans ma caisse avec le poste à lecteur CD et chez moi avec mon lecteur mp3. Promis, si un jour je veux filer 1 euro au clochard du lidl, je le garderais et te l’enverrai en guise de dédomagement intégral. Promis " />
edit : vu le n’importe quoi de cette taxe, autant qu’elle paye des festivals et autres évènement publics plutôt que de finir dans les mêmes poches.
Le 11/10/2012 à 14h09
Recéleur à 25%, c’est parfait pour compléter un 3⁄4 temps ça…
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Le 11/10/2012 à 14h10
Le 11/10/2012 à 14h11
Ah ça y va, ça y va… " /> " /> " /> " /> " />
Le 11/10/2012 à 14h11
Le 11/10/2012 à 14h12
LOL ! Après avoir tondu le public et les entreprises, ils veulent tondre directement leurs sociétaires, avec en plus dans les tuyaux européens la mise au pas des SPRD au titre de la concurrence libre et non faussée on va bien se marrer.
Le 11/10/2012 à 14h13
Le 11/10/2012 à 14h14
Le 11/10/2012 à 14h16
Le 11/10/2012 à 14h17
On s’en fout, on va taxer le domaine public pour compenser ! :rogard inside:
Le 11/10/2012 à 14h18
" /> pour la métaphore bagnolesque " />
Pas d’affolement, il nous faudra bien dix ans pour transposer ça en droit national…
Le 11/10/2012 à 14h22
Si j’ai bien compris, ils se battent entre eux?
Le 11/10/2012 à 14h24
Le 11/10/2012 à 14h27
Le 11/10/2012 à 14h46
25 %…ils sont fort pour faire des montages style usine à gaz assez technique qui au final sont de véritables pompes à fric… ,
Le 11/10/2012 à 14h53
cette somme vient compenser le préjudice (la copie privée) dans les poches de la victime (l’ayant droit)
Rien à faire, cette notion dévoyée de préjudice ne passe pas.
J’ai payé l’original, il n’y a pas de préjudice.
Le 11/10/2012 à 14h54
halte aux rançonneurs " />" />
Le 11/10/2012 à 15h19
Ils sont finalement un état d’esprit assez proche de PCI
Si tu ne touches pas, demande. Si tu touches, ne partage pas.
Le 11/10/2012 à 15h26
C’est rigolo, sur ce coup-là j’aurais plutôt tendance à préconiser 100%.
Quitte à prélever des fortunes sur un préjudice fictif (combien ça fait perdre d’argent au marchand de CD, quand vous copiez un CD que vous lui avez acheté pour l’écouter sur un lecteur MP3, alors que ce même marchand ne vend pas de MP3, et que quand bien même, si vous n’aviez pu copier, vous n’auriez jamais été assez pigeon pour acheter le CD + le MP3 du même morceau ?)…
Quitte, donc, à prélever des fortunes sur un préjudice fictif, autant que ça serve à faire du spectacle vivant, plutôt que ça aille sur le compte de Patrick Hernandez. Ou dans la piscine de Pascal Nègre.
Le 11/10/2012 à 15h45
Quitte, donc, à prélever des fortunes sur un préjudice fictif, autant que ça serve à faire du spectacle vivant, plutôt que ça aille sur le compte de Patrick Hernandez. Ou dans la piscine de Pascal Nègre.
Je préférerais que ça reste dans ma poche.
Le 11/10/2012 à 16h14
Cadeau bonux, trouvé sur le web, donc je considère que ce fichier n’est pas protégé… " />
Le 11/10/2012 à 20h04
Le 11/10/2012 à 20h37
Le 12/10/2012 à 06h40
les ayants droit craignent la fin de la manne des 25 %
Vu comme ils font les " /> auprès des différents gouvernements, c’est difficile d’imaginer un changement négatif à leur encontre !
Le 12/10/2012 à 06h52
L’exemple de l’accident automobile est parlant. Quand il y a un accrochage entre deux véhicules, le responsable doit indemniser la victime qui doit recevoir l’indemnisation. Personne n’accepterait qu’un quart des flux aille dans les caisses des bonnes œuvres du ministère des transports.
Sauf que dans l’accident, il y a une perte réelle, matérielle et quantifiable pour “l’accroché”. Dans le cadre de la copie privé, cette somme repose sur une estimation issue d’on ne sait où et qui n’a pas lieu d’être.
Pour rester dans l’analogie voituresque, c’est comme si vous demandiez une somme forfaitaire à un autre conducteur parce qu’il a failli vous couper la priorité, au titre d’un dédommagement pour accident potentiel.
En résumé … " />
Le 12/10/2012 à 07h40
Le 12/10/2012 à 08h25
Il y a les ayants droits peu nombreux et bien puissant " />
et nous autres les ayant droit de se taire …….." />
Le 12/10/2012 à 08h29
Il serait grand temps que les hommes politiques et le public comprenne que ayants-droits et artistes sont deux choses différentes, car quand il s’agit de défendre leurs politiques pourries les ayants-droits se défendent en disant que les artistes sont en danger et que tout cet argent est collecté dans le seul but de réparer le tort fait aux artistes.
J’aimerais qu’ils nous sortent un livre de compte pour voir ce qu’ils redistribuent effectivement aux artistes sur les sommes collectées.
Le 12/10/2012 à 08h29
Dans cette affaire de RCP pratiquement tous les textes sur le sujet essaient de contourner le droit de chaque citoyen, et à chaque fois on découvre que cela ne respecte pas le droit européen.
Ils sont drôlement bien payés nos ministres, députés sénateurs, juristes, légistes et autres administratifs… tout juste bon à rédiger et voter des lois interdites !
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Pour compenser la perte des 25%, je propose qu’il crée une nouvelle taxe Investissement Culturel sur tous les supports, au point où on en est, une de plus ou de moins…
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Le 12/10/2012 à 20h20