S’opposer à la NSA est presque impossible pour une entreprise
Des participants muselés
Le 14 juin 2013 à 09h00
6 min
Droit
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Alors que les révélations d’Edward Snowden sur le programme PRISM n’en finissent plus de faire réagir, on en apprend davantage sur la manière dont une entreprise peut résister aux ordres qui lui sont fournis. Le New York Times s’est en effet procuré des documents montrant comment Yahoo s’est battu en 2008, avant de devoir finalement appliquer la loi.
Crédits : Chris Hardie, licence Creative Commons
Le programme PRISM, tel que présenté dans le document PowerPoint qui a déclenché le scandale, enrôle Microsoft, Google, Apple, Facebook et d’autres sociétés dans un réseau de partage d’informations sur les utilisateurs d’autres pays. Une obligation légale imposée par la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), qu’une entreprise a tenté de combattre, en avançant ses arguments. C’est ce qu’a tenté de faire Yahoo il y a cinq ans.
Les efforts du gouvernement « ne devraient pas être ralentis par les cours »
Dans une décision de la FISC (Foreign Intelligence Surveillance Court), on apprend qu’une société, qui n’est pas nommée, tente de remettre en cause une demande formulée par la NSA, manifestement dans le cadre du programme PRISM, lui-même soutenu par la loi FISA. Selon les propres informations du New York Times, la société en question est Yahoo, et le document fournit un rare aperçu des coulisses de la surveillance américaine.
Yahoo a tenté de résister en arguant que les requêtes formulées n’étaient pas constitutionnelles. Le jugement de la FISC est sans appel : la réaction de Yahoo est décrite comme « exagérée » et la firme « n’a pas présenté la moindre preuve d’un dommage réel, d’un risque flagrant d’erreur ou d’un quelconque potentiel abus à large échelle ». Et non seulement Yahoo ferait mieux de faire ce qu’on lui demande, mais les efforts du gouvernement « pour protéger la sécurité nationale ne devraient pas être ralentis par les tribunaux ». À ce moment, Yahoo n’avait plus d’autre choix que d’obéir aux requêtes formulées par la NSA, à moins que l’entreprise elle-même n’entre dans l’illégalité.
Le bâillonnement des entreprises
Cette décision comporte plusieurs aspects intéressants. Premièrement, elle offre un aperçu de la mécanique interne du programme de surveillance. Deuxièmement, elle est liée à un autre aspect du renseignement aux États-Unis : l’interdiction pour les participants, volontaires ou non, de parler de ce qui lui a été demandé. Le simple fait de révéler que des éléments ont été demandés peut être illégal, à moins de rester très vague, comme Google le fait dans ses rapports de transparence.
Les entreprises américaines ont en effet une conception double de la protection de la vie privée. S’il s’agit de services internes, la lecture des données peut tout à fait alimenter par exemple un service de publicités personnalisées. Mais lorsqu’il s’agit de révéler ces mêmes données au gouvernement, il y a souvent barrage. De fait, communication, image et marketing oblige, ces entreprises aimeraient pouvoir en dire beaucoup plus long sur ce qui leur est demandé, afin de prouver aux clients qu’ils ont été contraints et forcés par nulle autre que la loi américaine. C’est précisément le sens de la lettre ouverte de Google dont nous parlions mercredi dans nos colonnes. Un courant « pro-libertés civiles » que l’on retrouve souvent dans la Silicon Valley selon l’ACLU (American Civil Liberties Union).
Car en plus des requêtes de type FISA, les entreprises peuvent faire face aux NSL (Lettres de sécurité nationale), envoyées par le FBI ou d’autres agences fédérales. Les NSL ont été créées en 1978, elles permettaient initialement d’accéder aux données personnelles financières des individus dans le cadre d’une enquête. En 1986, ces requêtes deviennent plus contraignantes pour le demandeur, avant qu’un amendement en 93 ne supprime la barrière concernant les puissances étrangères. Aujourd’hui, après le passage du Patriot Act et de sa version remaniée en 2006, les NSL peuvent concerner à peu près n’importe qui, personne physique ou morale, américain ou non, et imposent un ordre de bâillonnement interdisant formellement aux organismes ou entreprises de prévenir les personnes visées.
Entre NSL et requêtes FISA, une simple question de périmètre
Mais alors, quelle différence entre les requêtes FISA et les NSL ? Le périmètre de la demande. Les NSL visent toujours des individus, tandis que les requêtes FISA peuvent toucher des populations. Par exemple, la NSA peut demander une surveillance globale de tout ou partie des utilisateurs en Iran. Mais dans les deux cas, l’entreprise aura interdiction de révéler cette demande, ce qui explique pour le New York Times pourquoi il est si difficile de savoir quelles entreprises résistent, combien de fois et comment. Selon l’Electronic Privacy Information Center, on sait simplement qu’entre 2008 et 2012, deux requêtes à peine sur les 8591 formulées ont été rejetées. En outre, sur la seule année dernière, 1850 requêtes FISA ont été formulées, contre 15 000 NSL.
Mais se tourner vers la justice peut avoir des résultats totalement aléatoires. Le Times indique ainsi qu’une société, dont le nom n’est pas cité, a été sommée via une NSL de donner des informations sur un individu dans le cadre d’une enquête de terrorisme. Non seulement le dossier fut porté devant une cour fédérale, mais la juge Susan Illston a en plus déclaré la requête anticonstitutionnelle, de même que l’ordre de bâillonnement l’accompagnant. L’affaire étant en appel, les détails ne sont pas encore connus. Un défi qui ne fonctionne pas à chaque fois : Google a tenté cette année de s’opposer à 19 NSL dans la même cour, mais la même juge Illston a statué contre la firme.
S’opposer à la NSA est presque impossible pour une entreprise
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Les efforts du gouvernement « ne devraient pas être ralentis par les cours »
Commentaires (113)
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Abonnez-vousLe 14/06/2013 à 09h08
La sécurité n’a jamais besoin de se justifier " />
Le 14/06/2013 à 09h08
Justement l’Europe va discuter de ça, me semble t-il, car d’après ce que j’ai compris c’est contraire au droit européen, pour les entreprises qui sont en Europe et qui travail là bas.
Par contre hier dans c’est dans l’air, il y en a un qui a dit qu’il y avait 97 milliards de choses récupérer le mois dernier dont la majorité se trouverait au moyen orient et Asie. Suite à ça doit on vraiment s’inquiéter de prism en france, même si les dérives sont possibles.
Le 14/06/2013 à 09h10
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Le 14/06/2013 à 09h13
Ah ce roman !
On n’a pas fini de se marrer !
Bon, le side effect interessant c’est que mes contacts, par exemple, ne me prennent plus pour un fou de gauchiste quand je leur demande de chiffrer les mails qu’ils m’envoient…
Le 14/06/2013 à 09h17
Le 14/06/2013 à 09h19
Preuve qu’en terrorisant assez la population, il devient possible de faire passer n’importe quoi.
Le 14/06/2013 à 09h19
Haaa la stasie l’a rêvé, les pays “libres” d’autres fois l’ont fait …
Le 14/06/2013 à 09h20
Le 14/06/2013 à 09h22
Le 14/06/2013 à 09h24
je soumets une idée à la rédaction pour une autre news suite à la révélation de PRISM :
Comparatifs des services mail, cloud qui ne sont pas fournis par une société US.
Axé protection des données, donc qui peut espionner légalement (en fonction du pays) et dans quelles conditions.
Il est évident que ces services doivent tenir la route techniquement.
Parce que quand on cherche Web mail gratuit, on tombe facilement sur des sociétés US …
Je cite cette requête, mais ça peut être de l’IMAP, du pas gratuit, …
Le 14/06/2013 à 09h24
Boh, si PRISM permet de mettre fin ou au moins lutter contre l’évasion fiscale, moi je vote pour " />
Le 14/06/2013 à 09h28
Le 14/06/2013 à 10h12
Je comprend pas, ils ont hack le facebook des entreprises et ils y ont mis des photos de chat c’est ça?
pfff moi j’ai mis une fausse date de naissance ils m’auront jamais!
Le 14/06/2013 à 10h16
Le 14/06/2013 à 10h16
Le sécuritarisme n’est qu’une forme d’assistanat.
Les hommes sont les premiers acteurs responsables de leur sécurité et leur première responsabilité est d’éviter le danger. Il n’y aura jamais de flic pour vous défendre si vous vous faites agresser, votre survie sera toujours votre responsabilité.
Le sécuritarisme est un fantasme où un état-grand-frère assurerait votre sécurité complètement alors que vous n’avez pas à vous en soucier, étant déresponsabilisé, ce qui est faux et illusoire, sans oublier que la déresponsabilisation individuelle finit par vous mettre en danger car trop imprudent ou incapable de se défendre.
Le 14/06/2013 à 10h35
Le 14/06/2013 à 10h37
Le 14/06/2013 à 10h39
La France:
“Mon Dieu ! Des entreprises privées collectent nos données personnelles ! Il faut que le gouvernement fasse quelque-chose !”
Les USA:
“Mon Dieu ! Le gouvernement collecte nos données personnelles ! Il faut que les entreprises privées fassent quelque-chose !”
" />
Le 14/06/2013 à 10h40
Le 14/06/2013 à 10h41
Le 14/06/2013 à 10h59
Le 14/06/2013 à 11h01
Le 14/06/2013 à 11h01
Le 14/06/2013 à 11h06
Le 14/06/2013 à 11h07
Le 14/06/2013 à 11h09
Le 14/06/2013 à 11h10
Le 14/06/2013 à 11h12
Le 14/06/2013 à 11h16
Le 14/06/2013 à 11h16
Le 14/06/2013 à 11h19
Quoi ????
La machine de “Person Of Interest” existe ? " />
Le 14/06/2013 à 09h06
Comme ca, si on avait des doutes…
Le 14/06/2013 à 11h21
Le 14/06/2013 à 11h24
Le 14/06/2013 à 11h25
Le 14/06/2013 à 11h27
Le 14/06/2013 à 11h28
Le 14/06/2013 à 11h29
Le 14/06/2013 à 11h30
ça détendra l’atmosphère ">
Le 14/06/2013 à 11h30
Le 14/06/2013 à 11h30
Le 14/06/2013 à 11h32
Le 14/06/2013 à 11h32
Le 14/06/2013 à 11h32
Le 14/06/2013 à 11h35
Le 14/06/2013 à 11h38
Le 14/06/2013 à 11h40
Le 14/06/2013 à 11h46
Je ne l’ai jamais lu, mais peut-on interdire à un chercheur ou tout citoyen de vouloir lire “main kampf” (je trouve deja suspect, tout comme “le capital” de K Marx dont je n’ai jamais vu un exemplaire en librairie, est-ce autant le même et plus vicieux de prendre les gens pour des imbéciles que la pédopornographie ?)
Le 14/06/2013 à 09h34
Qu’est-ce que vous venez nous em… les US ce sont les gentils, ils peuvent faire ce qu’ils veulent, c’est de toute façon pour ton bien. Pour vous protéger des autres qui eux sont les méchants. Les US ne sont-ils pas toujours les sauveurs du monde? Y qu’à regarder leurs films.
Et puis ce n’est pas comme si lors de la libération de la France en 45 ils avaient imprimé des dollars français etc… et puis ce n’est pas comme si c’était pour contrer l’avancée des russes.
Le 14/06/2013 à 09h36
Le 14/06/2013 à 09h41
Pas besoin de smiley “pas taper”, c’est de la logique.
Mis à part via de l’espionnage, de l’écoute, ou de la dénonciation, on obtient rarement des informations pertinentes sur des affaires qui impliquent des puissants. Contre des pratiques malhonnêtes/terroristes/autres, c’est rarement le franc-jeu qui marche.
Bettencourt : le majordome qui enregistre hors cadre une discussion et la diffuse,
HSBC : un employé qui dénonce et sort des fichiers,
Prism : un employé qui dénonce,
Bradley W : un employé qui dénonce,
Watergate : je ne me rappelle plus,
Cahuzac : une conversation téléphonique dévoilée,
Le second bureau en France…
Le 14/06/2013 à 09h45
On va rapidement devoir choisir si on veux vivre dans un monde libre ou sécuritaire…
Le 14/06/2013 à 09h46
Le 14/06/2013 à 09h49
Le 14/06/2013 à 09h50
Le 14/06/2013 à 09h52
Le 14/06/2013 à 09h54
Le 14/06/2013 à 10h01
Le 14/06/2013 à 10h03
En parlant d’opacité, je ne comprends pas ce sur-titre de la news " />
Le 14/06/2013 à 10h04
Ma question : est ce qu’on aura le droit de choisir la matière et la couleur de sa sonde anale ?
Le 14/06/2013 à 10h05
Le 14/06/2013 à 10h06
YouTube
Le 14/06/2013 à 10h07
Le 14/06/2013 à 10h08
Celui qui n’a rien à cacher… " />
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Le 14/06/2013 à 10h17
Le 14/06/2013 à 10h18
Le 14/06/2013 à 10h19
Le 14/06/2013 à 10h19
http://www.thenation.com/sites/default/files/user/20/TMW2013-06-12colorLARGE.jpg
Le 14/06/2013 à 10h19
Le 14/06/2013 à 10h22
Le 14/06/2013 à 10h23
Le 14/06/2013 à 10h23
Le 14/06/2013 à 10h25
Le 14/06/2013 à 10h25
Le 14/06/2013 à 10h28
Le 14/06/2013 à 10h28
Le 14/06/2013 à 10h31
Le 14/06/2013 à 10h32
Le 14/06/2013 à 10h33
Le 14/06/2013 à 10h34
Le 14/06/2013 à 11h46
Le 14/06/2013 à 11h52
Ce qui va être drôle c’est si ça continue quand un juge va regarder les requêtes qui concernaient de l’espionnage industriel.
j’ai acheté un sac de 20kg de maïs pour mes poules pop corns " />
Le 14/06/2013 à 11h52
Le 14/06/2013 à 11h54
Le 14/06/2013 à 11h55
Le 14/06/2013 à 11h59
Mon coup d’émotion sur mon post précédent, comment voulez-vous critiquer quelque chose dont on n’a pas accès (par interdit, je ne parle pas de pornographie infantile, cela va de soit)
Le 14/06/2013 à 12h00
Le 14/06/2013 à 12h05
Le 14/06/2013 à 12h07
C’est assez marrant de voir la France, et l’Europe, s’indigner sur un logiciel comme Prism alors que dans le même temps ils veulent faire installer via Hadopi un logiciel espion sur tout les pc.
Certes dans l’immédiat ce logiciel permet uniquement de savoir si on télécharge illégalement, jusqu’à ce que l’état décide que finalement on va le faire évoluer pour espionner plus de choses…
Le 14/06/2013 à 12h08
C’est intéressant ces personnes qui pensent qu’on peut instaurer des structures politiques tyranniques et croient naïvement que le pouvoir ne s’en servira pas…
Si on donne le pouvoir de vous nuire à un gars, faut pas s’étonner du fait qu’il s’en serve.
Le 14/06/2013 à 12h09
Le 14/06/2013 à 12h10
Le 14/06/2013 à 12h25
Le 14/06/2013 à 12h26
Le 14/06/2013 à 12h27
Le 14/06/2013 à 12h28
Le 14/06/2013 à 12h33
Le 14/06/2013 à 12h33
Le 14/06/2013 à 12h36
Après les attentats du 11 Septembre, il y a bien eu la volonté politique nord-américaine de redorer le blason des Institutions comme le FBI, la CIA, la NSA, aux yeux de la population, par le biais de séries télévisées, ils s’en étaient à peine cachés à l’époque, il faudrait que je retrouve les sources.
Le 14/06/2013 à 14h17
Le 14/06/2013 à 14h20
Le 14/06/2013 à 14h25
Le 14/06/2013 à 15h01
Le 14/06/2013 à 15h21
Nouch avon les moyens de vouch fair crachess vos donné *
*NSA
Le 14/06/2013 à 15h35
Ca ressemble à un bon début de dictature non ?
Le 14/06/2013 à 15h48
marrant, ce truc.
Finalement, la Chine à coté, ils passeraient presque pour des gentils.
Le 14/06/2013 à 16h24
Le 14/06/2013 à 17h09
Le 14/06/2013 à 17h31
“Un responsable de McAfee affirme qu’il n’y a pas de partage de données personnelles avec les agences du gouvernement US”
=>Non, pas de données personnelles, juste des failles 0-day qui permettent d’aller les chercher…
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Le 14/06/2013 à 18h24
Le 14/06/2013 à 19h09
reve pas y’a des doubles de clefs.
Le 14/06/2013 à 20h47
Le 14/06/2013 à 20h58