Edward Snowden, qui a révélé le programme de surveillance américain Prism, ne se trouve plus dans son hôtel à Hong-Kong où il se cachait depuis plusieurs semaines. Il s’est envolé dimanche pour Moscou, d’où il devait prendre un autre avion pour l’Équateur. Il semblait avoir depuis disparu, mais Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a confirmé qu’il était bien en sécurité.
Crédits : William Cromar, licence Creative Commons
De la Chine à l’Équateur en passant par la Russie
L’histoire d’Edward Snowden se rapproche d’un roman d’espionnage. Ancien agent de la CIA et technicien chez Booz Allen Hamilton, une entreprise privée sous contrat avec la NSA, il a quitté le territoire américain il y a plusieurs semaines en emportant des documents particulièrement sensibles. Il a révélé les premières informations sur le programme Prism, puis a rouvert la boîte de Pandore à deux occasions : tout d'abord pour indiquer que la NSA s’était introduite dans les routeurs chinois, mais aussi lors des deux réunions du G20 en 2009, où les renseignements britanniques ont espionné activement les participants.
Snowden, qui se disait prêt à mourir pour ce qu’il avait fait et qui ne regrettait en rien son geste, avait durant son interview initiale avec le Guardian évoqué la possibilité d’un asile politique. Alors que l’on s’attendait à ce qu’il se rende en Islande, il fut finalement révélé que c’était l’Équateur qui était visé. Un pays dont l’ambassade à Londres abrite Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, depuis maintenant plus d’un an.
Les documents ont été mis en sécurité
Or, le même Julian Assange a organisé hier soir une conférence téléphonique avec plusieurs membres de la presse. Durant plus d’une heure, l'Australien a répondu aux questions portant sur Snowden, permettant ainsi de brosser un vague portrait général de sa fuite. L’ensemble des documents et différentes données acquis par Snowden auraient été mis en sécurité grâce à la collaboration de la sphère journalistique. Ars Technica, qui a publié un MP3 de la conférence (en anglais), se demande de fait si le Washington Post et le Guardian, très impliqués dans les révélations sur Prism, n’ont pas joué un rôle.
Le fondateur de WikiLeaks a également confirmé que Snowden était non seulement en sécurité, mais qu’il savait également où il se trouvait. Julian Assange l’a décrit comme particulièrement inquiet, une attitude compréhensible au vu « des menaces belliqueuses provenant de l’administration américaine ». Quant à l’exploitation éventuelle par WikiLeaks des données recueillies par Snowden, Assange indique qu’il s’agit d’une question de source, et qu’elle ne peut donc pas être discutée. Il a toutefois tenu à rappeler que WikiLeaks n’hésiterait pas à publier de telles informations s’il en avait la possibilité.
Un voyage soigneusement préparé
Julian Assange confirme en tout cas que le voyage d’Edward Snowden a été arrangé et sécurisé et que le passage par l’aéroport Sheremetyevo de Moscou en était bien une étape. Il rappelle en outre que l’insistance de l’administration Obama contre le lanceur d’alertes est « contre-productive et inacceptable », tandis que Michael Ratner, président du Center for Constitutional Rights (CCR) et conseiller juridique de WikiLeaks et d’Assange, rappelle que les lanceurs d’alertes sont justement couverts par les demandes d’asiles.
Étant donné la situation plus que délicate dans laquelle se trouve désormais Edward Snowden, il n’est pas certain qu’un avenir hors de l’Équateur se dessine avant de nombreuses années. En outre, la grande question qui reste maintenant en suspens est simple : qu’adviendra-t-il des données collectées avant sa fuite ? Il avait laissé transpirer qu’il était en possession de dizaines de documents top secret, chacun ayant le potentiel de déclencher un nouveau scandale. Sont-ils toujours avec lui ou en possession de WikiLeaks ? Seront-ils révélés au cours des prochaines semaines ou des prochains mois ? L’affaire n’est certainement pas terminée.
Commentaires (77)
#1
J’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il a tout à coup trahi son pays/travail… Dans quel but ? Pour cette nouvelle “vie” ?
Les gens ne font jamais rien par hasard et même souvent pour l’argent.
Puisqu’on est dans un scenario digne d’un roman d’espionnage, pourquoi ne pas se dire que c’est une façon de placer une taupe dans un pays qui retient quelqu’un qu’on veut… XD
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De tout de façon, les US ont la preuve qu’il existe une race extra terrestre mais ils veulent pas nous le dire.
Nous ne sommes que des pions dans ce monde. Il n’y a aucune transparence entre les gouvernements et le peuple, et pourquoi ? la peur des pays voisins, l’argent, la puissance.
2013 ou 1203, les gens ne changent pas.
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Ce qui me fait le plus marrer dans l’histoire, ce sont tous ces idiots de journalistes qui ont pris une place dans l’avion et qui ont photographié… un siège vide, pathétique ! " /> " /> " />
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Au vu des propos et spéculations de certain ici, on se demande si vous avez ne serait-ce que pris le temps d’écouter (et comprendre) son interview:
http://www.guardian.co.uk/world/video/2013/jun/09/nsa-whistleblower-edward-snowd…
Et si l’anglais n’est pas votre fort:
http://www.contrepoints.org/2013/06/22/128726-ecoutes-que-retenir-de-linterview-…
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PCI, ça serait bien de faire un dossier ultra-complet retraçant toute l’histoire, une fois qu’elle sera terminée ( si elle se termine " /> ). Ça ressemble à un vrai feuilleton, et il y a des têtes-en-l’-air qui ont du mal à tout bien suivre " />.
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Comme le faisait justement remarquer Benjamin Bayart il y a quelques jours sur je ne sais plus quelle chaîne de télé, les USA sont un pays ou les droits de l’homme s’arrête à la frontière et la citoyenneté américaine. J’ajouterais que c’est de moins en moins le cas, puisqu’Obama a autorisé l’assassinat de citoyens de nationalité américaine par des drones au Yemen et que PRISM sert autant à “écouter” des américains que des étrangers.
Ce pays se paie la tronche du Monde entier.
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il a tout de même ajouté que Snowden n’avait commis aucun crime en Russie
Ben il n’a même pas passé la frontière russe vu qu’il est en zone de transit.
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Ce mec là m’a tout l’air d’être une grosse burne en mal de publicité.
En révélant un secret de polichinelle, il a voulu passer de l’ombre à la lumière, perdre un job à 150.000 $ et risquer 30 ans de cabane pour un truc que le moindre péquin pas trop naïf et un peu au courant de la psychologie étatsunienne connaissait depuis longtemps. Bref une burne de course ce Snowden.
J’ai beaucoup plus de respect pour un Bradley Manning qui s’est mouillé pour faire connaitre au monde les grosses saloperies immondes que pratiquent les USA, au niveau de leurs guerres et de leur diplomatie.
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Trahir son pays !
Cela signifie quoi exactement de nos jours ?
Expliques nous , on est surement ignorant…
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La vraie démocratie, ce serait un système ou tout le monde pourrait directement voter les lois et aussi demander la suppression d’autres lois si elles sont jugées inutiles ou inadaptées (actuellement, c’est réservé à une poignée de pourris qu’on a faussement choisi). Ce serait une démocratie sociale, en quelque sorte, un référendum permanent.
Avec la technologie actuelle, ce ne serait pas très compliqué. Un site web pour ceux qui ont internet, et des bornes spécialement conçues à cet effet dans les mairies pour les autres. Le principe serait simple :
Une démocratie comme ça, ce serait tellement plus juste à mon avis. " />
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Salut,
Pour moi il y a 2 facettes distinctes à cette affaire : la première est la réalité d’un système que beaucoup suspectaient et qui a éclaté au grand jour, à savoir la mise en œuvre d’une politique sécuritaire de grande ampleur aux Etats Unis. La seconde correspond à la personnalité et aux motivations de Snowden.
Sur le deuxième point, je crois qu’aujourd’hui personne, ni nous simples spectateurs, ni les médias n’ont de réponses. Était-ce vraiment une prise de conscience de sa part ? Est-ce par vengeance envers les services de renseignements ? Est-ce que le petit cousin du voisin de son supérieur à la NSA a mangé les derniers kinder bueno du distributeur ?
A l’heure actuelle, je ne vois pas qui peut le dire ici. Mais entre certains qui pensent que c’est gandhi et d’autres le fils caché de ben-laden, j’ai envie de dire qu’importe.
Le cas Snowden n’est qu’anecdotique, même si on peut sourire quand on voit lit et entend les réactions de nos voisins outre atlantique, notamment du plus illustre d’entre eux. J’avoue avoir du mal à envisager comment Obama va pouvoir sortir de son positionnement concernant Snowden quand on connait l’image qu’il “tente” de véhiculer (j’insiste sur le tente), ses déclarations de campagne et son positionnement sur l’échiquier politique. Même si il n’a sans doute pas trop le choix : désavouer un programme dont il ne pouvait pas ne pas avoir connaissance et la NSA c’est se désavouer lui même.
Quand on entend l’administration se contenter de traiter Snowden de traitre (après tout pourquoi pas) sans parler réellement de PRISM… dans un pays où on justifie l’injustifiable (les ventes d’armes par exemple) au nom de la sacro-sainte constitution et ou le patriotisme prend la forme d’une des répliques les plus utilisées dans le cinéma américain “protéger son pays des ennemis de l’extérieur comme de l’intérieur”.
Car le vrai problème, c’est PRISM qui passe de rumeur à réalité pas Snowden, ses motivations, où il se cache et ce qu’il mangé au petit déjeuner. Que ce soit un héros ou un salaud , n’enlève rien à l’importance de son geste et à la mise en lumière d’un système qui tout de même pose de sérieuses questions sur les libertés individuelles (dans un pays qui s’en veut le chantre).
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