Pour Phil Zimmermann, créateur de PGP, l’email a fait son temps
Les métadonnées resteront toujours accessibles
Le 13 août 2013 à 16h18
6 min
Logiciel
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Parmi les multiples rebondissements entourant l’affaire Edward Snowden et le scandale Prism, on a pu voir en fin de semaine dernière que deux services d’emails sécurisés avaient brutalement fermé leur porte. Secure Circle, l’une des deux sociétés concernées, s’est expliquée plus avant de la situation particulière du courrier électronique aujourd’hui. Phil Zimmermann, son co-fondateur et créateur de la solution PGP, ne croit tout simplement plus dans la sécurité de ce moyen de communication.
Crédits : Dave Bleasdale, licence Creative Commons
Vendredi dernier, deux services d’emails sécurisés ont tout à coup fermé leurs portes. L’un était la seule activité d’une société, Lavabit, l’autre l’un des produits proposés par une entreprise plus grande, Silent Circle. Les problèmes ont démarré avec Lavabit, après qu’un email envoyé par Edward Snowden a attiré l’attention sur ce service, une attention dont la société se serait bien passée puisque le renseignement américain est venu frapper à la porte. Son fondateur, Ladar Levison, avait alors expliqué qu’il avait dû fermer Lavabit pour éviter de devenir « complice de crimes envers le peuple américain ».
Une attention néfaste
Cette fermeture radicale a provoqué une onde de choc et un écho particulier chez Silent Circle. Cette entreprise est animée par plusieurs experts en sécurité et a été notamment cofondée par Phil Zimmermann, créateur de la solution de chiffrement PGP (Pretty Good Privacy). Depuis le début de l’affaire Prism, SIlent Circle réfléchissait à la fermeture de son activité email, pour se concentrer sur ses autres produits. Le cas de Lavabit a cependant largement accéléré la décision, au point de ne pas laisser de temps aux utilisateurs qui avaient souscrit.
Interrogé par Forbes, Zimmermann s’est montré particulièrement clair : l’email n’est pas une solution sécurisée et ne peut pas l’être. Silent Circle possède plusieurs produits, tous centrés sur le chiffrement des communications depuis les smartphones. Dans le cas des emails, aucun client PGP n’était disponible pour les applications mobiles, et une solution serveur a donc été adoptée (PGP Universal de Symantec). Cependant, contrairement aux autres produits, Silent Circle possédait les clés : « Si le corps du message est chiffré avec une clé que nous détenons sur notre serveur, ils pourraient demander cette clé, ou nous demander de déchiffrer le contenu, ou demander la clé pour qu’ils puissent eux-mêmes le déchiffrer ». Et le « ils » en question se rapporte bien sûr aux agents du renseignement.
Une décision brutale
Selon Zimmermann, la NSA, la CIA et les autres agences auraient pu obtenir de nombreuses informations sans pour autant posséder la clé. En effet, PGP chiffre le corps du message, mais en aucun cas les métadonnées de l’email. L’expéditeur et le destinataire notamment restent accessibles. Silent Circle étant une entreprise américaine, elle aurait eu pour obligation de fournir les données demandées. Le fait que les serveurs soient situés au Canada n’aurait probablement rien changé : même si le voisin du nord dispose de nombreuses lois pour la protection de la vie privée, il dispose d’un long historique de coopération dans le domaine judiciaire.
Une fois la décision prise, le contenu des disques durs a tout simplement été effacé, après que les données relatives aux employés ont été mises de côté. Zimmermann est cependant conscient de la gêne occasionnée pour les clients car aucun avertissement n’avait été lancé. D’ailleurs, il précise que le jour de la fermeture, les téléphones du service client ont sonné toute la journée.
Toujours le problème des métadonnées
Le son de cloche est le même du côté du directeur technique de Silent Circle, Michael Janke. Interviewé par ZDnet, il a expliqué ce matin : « Nous savions que les métadonnées étaient aussi dangereuses que le contenu, sans tenir compte du chiffrement éventuel de ce dernier. Qui, quand, où, pourquoi, l’en-tête, votre fournisseur d’accès, le système d’exploitation que vous utilisez, votre position géographique et les personnes avec qui vous communiquez sont tous d’importantes données à conserver ».
Lui aussi parle de décision « préemptive » car la société était consciente d’être assise sur une mine d’or d’informations non chiffrées qui pouvaient largement intéresser les gouvernements. Or, tous les autres produits de Silent Circle sont basés sur l’idée que l’entreprise elle-même ne détient aucune clé : l’email sécurisé était un cas à part. Pour autant, elle n’abandonne pas l’idée de l’email totalement.
Le peer-to-peer, encore et toujours lui
Silent Circle travaille en effet sur une solution décentralisée qui fonctionne sur un mode peer-to-peer qui s’utilisera comme un email classique, même si ça n’en est pas. Les seules informations que possèdera l’entreprise seront alors le pseudonyme donné par l’utilisateur, le mot de passe, ainsi qu’un numéro de téléphone. Un fonctionnement peer-to-peer qui explique d’ailleurs que les autres produits n’ont pas été fermés : aucun ne génère de métadonnées.
Quant à l’avis du directeur technique sur la surveillance opérée par la NSA, il est net : « Nous comprenons et nous souhaitons que la NSA protège nos concitoyens. Mais cette discussion doit prendre en compte la liberté d’expression, le droit à la vie privée pour l’individu, et les droits pour les entreprises de protéger leur propriété intellectuelle ».
Un message sans doute lancé dans le vent car l’email de Snowden a attiré les yeux des agences de renseignements vers les services d’emails sécurisés. Pour Silent Circle, même un simple SMS reste en fin de compte plus sécurisé qu’un courrier électronique. Ladar Levison, fondateur de Lavabit, a d’ailleurs été particulièrement clair sur cette sécurité, indiquant ne plus les utiliser : « SI vous saviez ce que je sais sur les emails, vous ne les utiliseriez plus non plus ».
Pour Phil Zimmermann, créateur de PGP, l’email a fait son temps
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Une attention néfaste
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Une décision brutale
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Toujours le problème des métadonnées
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Le peer-to-peer, encore et toujours lui
Commentaires (68)
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Abonnez-vousLe 13/08/2013 à 18h57
Le 13/08/2013 à 19h12
Le 13/08/2013 à 19h25
Je ne dis pas que la boite mail française est plus secure, juste que si Snowden utilisait une boite mail française avec un sujet français, ça éviterait d’émettre des soupçons par rapport au contenu du mail chiffré. De façon analogue, j’aurai très bien pu mettre allemand. Et pour les paranos, un nouvel email est indiqué dans le corps du message pour chaque nouvelle réponse avec renouvellement de l’ip de part et d’autre. Donc, je ne vois pas en quoi la confidentialité est compromise. A moins qu’il existe des techniques de surveillance plus efficace que le DPI qui casse l’algo symétrique mais je suis pas au courant.
Le 13/08/2013 à 20h44
moi je dis qu’il serait tant que toutes les populations de tous les pays du monde envoient copieusement chier tous ces abrutis qui pensent nous diriger (et pas gouverner) .. histoire de leur rappeler que le peuple il est nombreux et qu’il faut arreter de lui cracher à la tronche.. et je reste persuadé que ce jour viendra et que ca sera pas beau à voir !
Le 13/08/2013 à 23h17
Le 13/08/2013 à 23h27
Le 13/08/2013 à 23h29
Le 14/08/2013 à 02h44
Quand des révélations sont faites type Wikileaks ou Snowden, beaucoup répètent en boucle “on le savait déjà de toute manière, ce type ne nous apprend rien etc.”
Là, Zimmermann fait une allusion transparence au fait que la NSA peut lire en gros tous les mails qui transitent sur le réseau (les mails transitent en clair et sont très légers , c’est donc peu étonnant, et ça a été confirmé par l’affaire Snowden) mais là tout à coup on doute de lui, pourquoi il ne précise pas sa phrase « SI vous saviez ce que je sais sur les emails, vous ne les utiliseriez plus non plus » ?
Lisez les documents sur la surveillance électronique publiés par Wikileaks et vous le saurez aussi (les entreprises de surveillance ont en gros accès à tout, et les mails sont de loin le plus facile à intercepter).
Certains comme millcaj vont même jusqu’à imaginer un complot de la part de Zimmermann visant uniquement à pousser sa solution alternative aux mails. " />
Le 14/08/2013 à 06h20
Bonjour
Ben moi mes courriels je les écris avec de l’encre sympathique, je les imprimes les mets dans une enveloppe et hop direction la poste.
Là je crois pas que la NSA puisse les lire.
Bon c’est juste, un peu plus long …..
bisous
" />
Le 14/08/2013 à 06h34
Le 14/08/2013 à 06h43
Le 14/08/2013 à 07h32
les métadonnées? je n’utilise pas mon nom dans mes mails perso." />
idem sur FB.
Le 14/08/2013 à 07h52
et sinon ya quoi pour remplacer silent circle et lavabit ? je cherche un serveur sécurisé avec cryptage fort de mes emails, et j’avoue que je n’ai pas envie que Google (gmail) matte mes emails, pas plus que FREE d’ailleurs (ou autre)
alors si je dois repasser au client lourd, je le ferais, tant mieux :)
merci
Le 14/08/2013 à 08h26
Le 14/08/2013 à 08h55
Le 14/08/2013 à 09h28
Le 13/08/2013 à 16h35
Pour Silent Circle, même un simple SMS reste en fin de compte plus sécurisé qu’un courrier électronique. Ladar Levison, fondateur de Lavabit, a d’ailleurs été particulièrement clair sur cette sécurité, indiquant ne plus les utiliser : « SI vous saviez ce que je sais sur les emails, vous ne les utiliseriez plus non plus ».
eh ben qu’il balance, qu’on sache nous aussi…? " />
et puis bon un SMS, s’il y a un accès sur le téléphone, c’est facile de récupérer les SMS, par défaut ils sont stockés en clair…
Le 13/08/2013 à 16h39
pis bon si les mail était pas bien sécurisé ça ferait longtemps que j’aurais pu de compte steam " />
Le 13/08/2013 à 16h49
Le 13/08/2013 à 16h49
A ce moment là, aucun moyen de communication n’est sécurisé puisqu’il y a toujours un moment ou le message devra être décodé avec vulnérabilité au moment de la lecture…
Le 13/08/2013 à 16h56
Et il y a fort à parier que nous nous dirigeons vers un encadrement législatif drastique au niveau des VPN et du chiffrement en règle générale, i.e purement et simplement interditS
Sauf un chiffrement “générique” dont les autorités détiendraient les clés de chiffrement, et sauf un chiffrement plus sécurisé et autorisé sur dérogation.
Qui veut lancer les paris ???
Le 13/08/2013 à 16h59
On décrypte un peu :
Fun fun fun " />
(Maintenant, l’email n’a jamais été inventé pour offrir une haute sécurité pour le contenu des messages ; c’est une évidence… Internet non plus, d’ailleurs : il a été inventé au départ pour garantir l’acheminement.)
Le 13/08/2013 à 17h02
Le 13/08/2013 à 17h04
Le 13/08/2013 à 17h04
Le 13/08/2013 à 17h05
Le 14/08/2013 à 09h33
Le 14/08/2013 à 09h40
Silent Circle travaille en effet sur une solution décentralisée qui fonctionne sur un mode peer-to-peer qui s’utilisera comme un email classique, même si ça n’en est pas. Les seules informations que possèdera l’entreprise seront alors le pseudonyme donné par l’utilisateur, le mot de passe, ainsi qu’un numéro de téléphone.
??? WTF ??? " />
Quel est l’intérêt par rapport au service qu’ils ont fermé? Avant, ils avaient les métadonnées, maintenant ils ont les password et les numéros de téléphones… J’ai peut-être pas bien compris le but de la démarche, mais ça me laisse assez perplexe je dois dire…
Le 14/08/2013 à 10h07
Enfin, si je commence à chiffrer mes mails, les passer en peer to peer etc…c’est que j’ai vraiment envie de me faire chier pour rien vu le contenu habituel de mes mails (dans le sens de l’interêt qu’ils ont pour eux).
Ca peut servir à certaines entreprises pour garder la confidentialité mais la teneur de la majorité des emails et sms du monde doit être franchement sans interêt pour la nsa.
Si on veut vraiment les emmerder, faut s’envoyer des milliers de mails inutiles par jour pour les flooder (genre avec un pied de page qui contient tous les mots clés qui doivent faire biiip chez eux).
Le 14/08/2013 à 10h13
Le 14/08/2013 à 11h04
Le 14/08/2013 à 11h39
Le 14/08/2013 à 12h16
Le 14/08/2013 à 13h29
Le 14/08/2013 à 14h27
Le 15/08/2013 à 12h14
Il confond communication anonyme et communication chiffrée. SMTP, le protocol d’émail est fédéré et non centralisé… et je vois pas trop ce que vient faire cette saloperie de “propriété intellectuelle” démago ici (le brevet est une cochonerie archaïque qui ne mérite que la poubelle).
C’est bien puant…
Le 13/08/2013 à 17h05
Le 13/08/2013 à 17h10
Le 13/08/2013 à 17h13
Le 13/08/2013 à 17h14
Le 13/08/2013 à 17h19
Le 13/08/2013 à 17h19
Le 13/08/2013 à 17h20
Ouais, le problème principal c’est plus que Google, Yahoo et Ms détienne une large part des comptes mails et qu’en plus ils sont américains. Je pense que les solutions qui ne sont pas sur le sol américains sont déjà un poil plus sécurisé rien que pour ne pas y être.
Le 13/08/2013 à 17h20
Ceux qui parlent d’interdire le cryptage se lancent dans une bataille dont on n’est pas près de voir le bout.
La stéganographie n’est qu’un exemple de contre mesure évidente.
Le 13/08/2013 à 17h26
Le 13/08/2013 à 17h27
Le 13/08/2013 à 17h28
Le 13/08/2013 à 17h30
Le 13/08/2013 à 17h31
Le 13/08/2013 à 17h32
Le 13/08/2013 à 17h33
Le 13/08/2013 à 17h34
Pour Phil Zimmermann, créateur de PGP, l’email a fait son temps
Utilisons tous la messagerie de Facebook.
" />
Le 13/08/2013 à 17h34
Le 13/08/2013 à 17h35
Le 13/08/2013 à 17h37
Le 13/08/2013 à 17h40
Le 13/08/2013 à 17h41
Le 13/08/2013 à 17h42
Le 13/08/2013 à 17h44
Le 13/08/2013 à 17h45
Le 13/08/2013 à 17h47
Le 13/08/2013 à 17h52
Le 13/08/2013 à 17h52
Suffit de communiquer “en clair” mais de coder son message par mots clés, les allemands ont intercepté tous les messages de Radio Londres sans avoir pu (sauf tortures) en comprendre le sens alors que pendant ce temps là, les bombes de la bande de Turing cassait tout les codes et méthodes de chiffrements adverses ^^
Le 13/08/2013 à 17h58
Le 13/08/2013 à 18h13
Le 13/08/2013 à 18h21
Le 13/08/2013 à 18h33
Le 13/08/2013 à 18h37