[MàJ] Liste noire du travail illégal : les députés se rangent derrière l’exécutif
Noir c'est noir
Le 19 février 2014 à 07h50
7 min
Droit
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L’Assemblée nationale devrait commencer de débattre cet après-midi du texte de loi ouvrant la possibilité pour les juges d’épingler les professionnels et particuliers condamnés pour travail illégal sur une « liste noire » diffusée sur Internet. Le gouvernement vient d'ailleurs de déposer un amendement au travers duquel il apporte son soutien au dispositif, lâchant au passage un peu de lest en direction de l'opposition. Mais comme lors de l’examen du texte en Commission, les débats promettent d’être tranchés.
Après avoir été adoptée par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale la semaine dernière, la proposition de loi portant sur la sous-traitance et la lutte contre le dumping social doit être débattue à partir de cet après-midi en séance publique. Pour rappel, c’est au travers de ce texte que les élus du groupe socialiste veulent permettre au juge de mettre à l’index, sur Internet, les entreprises ou les particuliers ayant été condamnés pour des infractions relatives au travail illégal (fraudes aux revenus complémentaires, travail dissimulé,...).
Plus concrètement, tout magistrat étant en présence d’une « condamnation définitive d’une personne morale ou d’une personne physique à une amende d’au moins 15 000 € pour des infractions constitutives de travail illégal » pourra décider (ce ne sera donc pas systématique) d’infliger une peine complémentaire consistant à inscrire ce particulier ou cette entreprise sur une « liste noire » diffusée sur le site Internet du ministère du Travail. Seront ainsi à la connaissance du public, et ce pendant une durée d’un an : le nom et les coordonnées postales des personnes concernées - et éventuellement le numéro d’identification des entreprises (répertoire INSEE en France ou équivalent pour les autres États membres de l’Union européenne).
Comme l’ont démontré les débats en Commission, la pertinence et les modalités de mise en place de cette future liste noire donnent lieu à des points de vue particulièrement tranchés. Cette opposition se retrouvera une nouvelle fois lors de l’examen de la proposition de loi en séance publique.
Vers un nouveau rabais du seuil déclencheur ?
Plusieurs amendements ont en effet été déposés (voir redéposés pour certains), notamment afin de durcir le dispositif. Si le seuil de l’amende nécessaire pour que le juge puisse décider de cette peine complémentaire a été ramené de 45 000 à 15 000 euros en Commission, certains élus de la majorité aimeraient qu’il n’y ait plus de seuil du tout, mis à part celui de la condamnation bien entendu.
Aux yeux de la députée Chantal Guittet, laisser un tel seuil risque en effet de réduire « de manière considérable la portée de cette mesure ». L’intéressée prévient : « Afin de ne pas faire de cette liste noire une coquille vide, il est donc proposé de supprimer le quantum de 15 000 euros, afin que le juge puisse soumettre à l’inscription sur la liste noire, toute personne morale ou physique qui serait condamnée pour avoir eu recours à du travail illégal ». L’idée est ainsi de laisser chaque dossier à l’appréciation du juge.
Les socialistes veulent passer de un à deux ans la durée de publication des données
Autre proposition visant à muscler les réprimandes : rallonger la période durant laquelle les données d’une personne condamnées sont mise en ligne. D’un an, cette mise à l’index pourrait passer à deux ans « au plus ». C’est en tout cas ce que souhaite l’ensemble des députés membres du groupe socialiste, qui a déposé un amendement en ce sens.
De potentiels risques de contradiction avec la loi Informatique et Libertés
Du côté de l’opposition, le point de vue s’avère bien différent. Deux amendements ont en effet été déposés afin de supprimer purement et simplement ce dispositif. « Dans les faits, cette inscription sur une liste noire équivaut à une interdiction d’exercer puisque les entreprises sanctionnées seront exclues des marchés » craignent ainsi une dizaine de députés UMP, qui estiment qu’il serait préférable d’effacer ces dispositions « afin de laisser au juge, et à lui seul, la possibilité de prononcer une interdiction d’exercer, possibilité dont il dispose au titre des peines complémentaires qu’il peut prononcer dans pareil cas ».
À défaut d’arriver à une suppression en règle de l’article instaurant cette nouvelle peine complémentaire, l’opposition prévoit de se battre afin de pouvoir au moins encadrer davantage le dispositif. Les élus de l’UMP réclament ainsi que le décret précisant les modalités d’application de cet article soit pris après avis de la CNIL. « Sans même juger de l’efficacité du dispositif, il convient de s’assurer en premier lieu de sa conformité avec les dispositions de la loi n°1978 - 17 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. La rédaction de l’article incluant « les personnes physiques » dans sa cible, de sérieux doutes peuvent être émis à ce sujet » expliquent les parlementaires dans leur amendement.
C’est d’ailleurs en raison d’éventuels risques de non-conformité de ces dispositions avec la loi « Informatique et Libertés » que trois de ces députés souhaitent exclure expressément les personnes physiques du champ de cet article. Les personnes morales (entreprises, associations, etc.) deviendraient alors les seules à pouvoir être inscrites sur la future liste noire.
L'exécutif apporte son soutien au dispositif
Le gouvernement semble avoir entendu les mises en garde sur cette question. Ce matin, il a effectivement déposé un amendement prévoyant que la CNIL sera saisie avant la publication du futur décret d’application de cet article. Réécrivant pour la forme l’article instaurant cette liste noire, l’exécutif a néanmoins gardé tous les fondements du dispositif (et notamment le seuil des 15 000 euros). L’équipe de Jean-Marc Ayrault a par ailleurs compris le message envoyé par l’amendement défendu par l’ensemble du groupe socialiste, puisqu’elle fait déjà référence à une diffusion opérée « pour une durée maximale de deux ans ».
La suppression du dispositif écartée une première fois en Commission
Pendant les débats en Commission, le député Dominique Tian (UMP) avait lutté bec et ongle contre la mise en place de cette liste noire. « Quel intérêt de publier une liste noire sans que cela ait de conséquence pour la personne concernée, hormis celle de la stigmatiser ? C’est inepte, et ce serait en outre une incongruité juridique, car il existe un droit à l’oubli, avait ainsi défendu l’élu. C’est comme si l’on disait qu’une inscription sur le casier judiciaire n’a aucune portée, mais qu’il faut quand même la signaler au futur employeur ! Qu’une condamnation soit incompatible avec l’exercice d’une fonction, cela peut se comprendre ; que l’inscription sur une liste noire entraîne des sanctions, également ; mais, en l’occurrence, ce n’est pas de cela qu’il s’agit ».
Les députés siégeant en Commission n’avaient cependant pas donné suite à l’opposition du parlementaire, se rangeant derrière l’avis défavorable du rapporteur de la proposition de loi. « Notre intention, à terme, est de promouvoir la création et la publication d’une « liste noire » européenne, qui serait infiniment plus utile. En attendant, il serait bon que la France soit à l’avant-garde sur le sujet » avait ainsi expliqué le député Gilles Savary. Avant de poursuivre : « L’enjeu est également d’alerter le maître d’ouvrage sur les pratiques de l’entreprise : il s’agit, non pas de l’empêcher de traiter avec elle, mais de lui faire savoir qu’elle a des antécédents. (...) C’est le juge qui choisira de mettre en œuvre, ou non, cette disposition. Il s’agira d’une peine complémentaire qui n’interviendra que dans les cas les plus graves. Et être inscrit sur une telle liste n’empêchera pas une entreprise de travailler » a-t-il rétorqué.
[MàJ] Liste noire du travail illégal : les députés se rangent derrière l’exécutif
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Vers un nouveau rabais du seuil déclencheur ?
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Les socialistes veulent passer de un à deux ans la durée de publication des données
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De potentiels risques de contradiction avec la loi Informatique et Libertés
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L'exécutif apporte son soutien au dispositif
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La suppression du dispositif écartée une première fois en Commission
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 18/02/2014 à 11h42
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Le 18/02/2014 à 11h58
Vivement un site qui répertorie les politiques condamnés pour abus de bien sociaux, fraude divers et variées, prise illégale d’intérêts etc.." />
Le 18/02/2014 à 12h42
Le 18/02/2014 à 12h45
Le 18/02/2014 à 12h46
Le 18/02/2014 à 12h49
Le 18/02/2014 à 12h56
Le 18/02/2014 à 12h59
Le 18/02/2014 à 13h01
Le 18/02/2014 à 13h07
Supposons que je sois actionnaire d’une société. Le patron indélicat met en place des pratiques illégales dans la société. Avec tous les actionnaires de la société nous décidons de renvoyer pour faute grave le patron et imposons comme mandat au patron suivant de mettre la société en conformité avec la loi.
Sera-t-on toujours sur la liste noire ?
Le 18/02/2014 à 13h09
Le 18/02/2014 à 13h10
Le 18/02/2014 à 13h19
Le 18/02/2014 à 13h21
C’est pas ce que tu disais dans l’aure message " />
Mais c’est moi qui ne sais pas lire et ne comprends rien, désolé du dérangement " />
Le 18/02/2014 à 13h32
Le 18/02/2014 à 13h46
Il s’agira d’une peine complémentaire qui n’interviendra que dans les cas les plus graves.
Et qui décidera ce qui est grave et qui ne l’est pas ?
Les juges, le Parquet ? " />
Gageons que ce sera le tour des pédophiles, puis de ceux qui auront commis des infractions routières, téléchargé illégalement, traversé hors des clous, etc…
Le droit à l’oubli sera réservé à ceux qui auront de bons avocats ! " />
Le 18/02/2014 à 14h08
Le 18/02/2014 à 14h37
Le 18/02/2014 à 14h51
Ils pourraient les obliger à porter un signe distinctif aussi, genre un carré ou une étoile; colorée pour que ça se voit de loin?
Sinon, la lapidation en prime time à la TV par les participants de la star académie?
Par contre, s’ils sont aussi pédophiles, il faut les protéger.
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Le 18/02/2014 à 14h52
Le 18/02/2014 à 14h54
Le 18/02/2014 à 15h02
Le 18/02/2014 à 15h42
Il y a une méthode plus efficace : obliger les délinquants à porter une étoile noire cousue sur leurs vêtements.
Certains ministres et députés devraient relire leurs manuels d’histoire de temps en temps…
Le 18/02/2014 à 18h06
Le 18/02/2014 à 18h20
Le 18/02/2014 à 19h23
Je propose d’y ajouter les élus et les hauts fonctionnaires condamnés dans le cadre de leurs fonctions
Le 18/02/2014 à 19h44
Le 18/02/2014 à 19h45
Le 19/02/2014 à 08h12
Le 19/02/2014 à 08h13
Le 19/02/2014 à 08h17
Le 20/02/2014 à 15h38
Le 20/02/2014 à 17h21
Le 21/02/2014 à 04h26
Le 21/02/2014 à 06h34
Le 18/02/2014 à 11h59
Je voit pas trop l’intérêt perso " />
Le 18/02/2014 à 12h02
Il s’agira d’une peine complémentaire qui n’interviendra que dans les cas les plus graves.
Vous venez pourtant de dire que c’était à la tête du client au bon vouloir laissé à la discrétion du magistrat à partir de 15K d’amende ?
En attendant, il serait bon que la France soit à l’avant-garde sur le sujet
ça nous apporte quoi, concrètement ?
Enfin, comme déjà dit dans une actu précédente, pourquoi ne pas faire la même chose pour les élus ? avec un temps de publication raisonnable, genre jusqu’à la fin de l’échéance électorale suivante ?
édit : carbonized par un alcoolique " />
Le 18/02/2014 à 12h05
Le 18/02/2014 à 12h08
Le 18/02/2014 à 12h11
Le 18/02/2014 à 12h11
Le 18/02/2014 à 12h11
Ce qui est marrant dans l’histoire, c’est que ces même députés défendent le droits à l’oublie sur internet.
Car si la liste de ces mauvais employeurs sera bien de 1an sur le site du ministères du travail, rien n’est dit sur la reprise de ce contenu sur d’autres sites.
Le 18/02/2014 à 12h14
Le 18/02/2014 à 12h17
Le 18/02/2014 à 12h18
Le 18/02/2014 à 12h19
Je suis vraiment pas pour cette mesure. Chacun sait que tout ce qui est publié sur le net y reste pour toujours ou presque. Même dépublié sur le site original ce sera copié quelquepart. Toute sanction doit être proportionnée, et une sanction qui a une durée illimitée ne peut pas être proportionnée.
On prend le risque d’arriver à un système comme aux US où on est puni toute sa vie pour une erreur.
Le 18/02/2014 à 12h26
Le 18/02/2014 à 12h29
Le 18/02/2014 à 12h35
Le 18/02/2014 à 12h37
Le 18/02/2014 à 12h41