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Deutsche Telekom va construire un cloud IA industriel à 1 milliard d’euros à Munich

Aller anfang ist schwer

Deutsche Telekom va construire un cloud IA industriel à 1 milliard d’euros à Munich

Deutsche Telekom a annoncé mardi la transformation imminente d'un centre de données installé à Munich en une « usine IA ». Le projet, chiffré à 1 milliard d'euros, doit voir le jour dès 2026, au service des clients industriels du pays.

Le 05 novembre à 15h55

Les chiffres évoqués n'ont rien à voir avec les promesses d'investissement formulées par les grands noms de l'IA et du cloud aux États-Unis, mais ils devraient tout de même contribuer à augmenter de 50 % la capacité de calcul IA disponible en Allemagne, affirme Deutsche Telekom. L'opérateur a en effet annoncé, mardi 4 novembre, la construction prochaine d'une « usine IA » dotée d'un budget d'environ 1 milliard d'euros.

0,5 exaflops et 20 Po de stockage

Pour ce faire, Deutsche Telekom ne partira pas de zéro : l'entreprise indique qu'elle va convertir un datacenter déjà existant, en partenariat avec un intégrateur spécialisé, l'Allemand Polarise, pour l'équiper de plus d'un millier de systèmes NVIDIA DGX B200 et de serveurs NVIDIA RTX Pro équipés d'environ 10 000 GPU de classe Blackwell. L'ensemble devrait être accompagné de 20 Po de stockage et délivrer une puissance de calcul de l'ordre de 0,5 exaflops.

La réutilisation d'un centre de données existant, déjà construit et disposant d'une alimentation électrique adaptée, permet à Deutsche Telekom d'avancer un calendrier particulièrement optimiste : son usine IA devrait ainsi débuter ses opérations dans le courant du premier trimestre 2026. NVIDIA est présenté non seulement comme un fournisseur, mais aussi comme un partenaire du projet, ce qui a vraisemblablement permis de sécuriser les approvisionnements nécessaires sur un marché à flux tendus.

De l'idée à l'annonce officielle, il ne se serait écoulé que six mois, clame l'opérateur allemand dans un communiqué, qui indique avoir développé son projet indépendamment du plan d'action de la Commission européenne pour le développement de l'IA sur le Vieux Continent.

Un cloud piloté par une stack SAP

Le projet se veut porté par des enjeux de souveraineté, à la fois nationale et économique. Cette usine IA a en effet vocation à servir les besoins des acteurs industriels du pays, estime l'opérateur. « L'ingénierie mécanique et l'industrie ont fait la force de ce pays. Mais là aussi, nous sommes confrontés à des défis. L'IA représente une formidable opportunité. Elle contribuera à améliorer nos produits et à renforcer nos atouts européens », promet Tim Höttges, PDG de Deutsche Telekom. L'opérateur indique que plusieurs « partenaires et clients » ont déjà manifesté leur intérêt pour ce futur cloud IA, parmi lesquels Siemens et Deutsche Bank.

En matière de débouchés, il évoque par exemple la création de jumeaux numériques dans l'automobile ou l'aéronautique, mais aussi le « développement de robots grâce à l'apprentissage et à la validation basés sur des simulations physiquement précises ». Ici, le destinataire est nommément cité : il s'agit de la société Agile Robots, spin-off de l'Institut de robotique et de mécatronique du German Aerospace Center, également basée à Munich.

Si la dominante de ce cloud IA se veut à la fois allemande et industrielle, Deutsche Telekom adopte en réalité une approche plutôt agnostique. De la même façon que le futur Campus IA français sera ouvert aux GAFAM, Deutsche Telekom accueillera ainsi l'américain Perplexity parmi ses clients, sans doute rejoint à terme par d'autres acteurs du monde des grands modèles de langage (LLM).

L'opérateur s'est par ailleurs assuré les services d'un autre poids lourd allemand : l'éditeur de progiciels SAP. « Deutsche Telekom fournit l'infrastructure physique, et SAP fournit la plateforme et les applications SAP Business Technology, y compris les technologies d'IA modernes », indique l'entreprise, qui capitalisera donc sur cette « Deutschland-Stack » pour aller chercher des clients allemands sensibles aux problématiques de souveraineté géographique.

Le projet, soutenu par le ministre fédéral du Numérique, Karsten Wildberger, doit faire office de figure de proue pour l'initiative « Made 4 Germany » qui, à la façon du Choose France orchestré par Emmanuel Macron, vise à jouer des synergies avec une sélection de cent entreprises de premier plan pour encourager le développement de nouvelles activités économiques sur le sol allemand.

Les deux voisins auront d'ailleurs bientôt l'occasion d'échanger leurs vues sur le sujet puisque, comme le rappelle Contexte, le cloud et la préférence européenne devraient être les deux principaux sujets de discussion du sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique, organisé le 18 novembre prochain.

Commentaires (6)

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Tout ce qui touche à SAp de près ou de loin, dans mon monde pro, a moins d’être expert c’est compliqué et personne comprends pourquoi ça l’est autant 😂
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Démarche intéressante, mais cela va rester sur un marché de niche.
DeutscheTelekom via T-Systems avait déjà lancé des solutions de "cloud souverain" il y a 10 ou 15 ans.

Je bossais alors pour des entreprises en Allemagne. J'avais demandé si le cloud souverain était une option, la réponse fut limpide: non, on veut pas d une solution restreinte sur les fonctionnalités (par rapport aux versions normales, il s'agissait de Azure de MS), et probablement + chère.

J ai peur que ce projet connaisse le même destin.

Dans un cas comme dans l autre, il faut légalement contraindre les administrations ou entreprises à utiliser les services locaux. Sinon elles ignoreront les offres et préféreront les solutions standards moins chères et surtout avec + de fonctionnalités.
Que Siemens et Dt Bank soient intéressés est bien, mais qu'ils deviennent client est une autre paire de manches..
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Comment tu peux contraindre, légalement, une administration ou entreprise à utiliser des services locaux qui ne fournissent peut-être que le quart des fonctionnalités de la concurrence, mais pour un prix doublé ?
Ca n'a aucun sens. Tu peux faire cela si les deux offres sont équivalentes. Là la contrainte légale aurait du sens.

Sinon ça signifie subventionner, indirectement, des entreprises mais avec tous les abus possibles en terme d'offres/tarifications (car aucun contrôle direct possible, vu que ce ne sont légalement pas des subventions).
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C'est un excellent moyen de braquer les gens que de les obliger à utiliser un truc nul et cher. C'est la méthode française de passage aux services numériques : utilisez notre truc nul qui marche pas, c'est obligatoire. Plutôt que testez notre truc pratique et bien fait et vous ne voudrez plus vous en passer. Et après on se demande pourquoi les français n'aiment pas les services numériques...

Mais je pense qu'en Europe dans ce domaine on a les moyens de proposer des trucs biens et comparables aux services des boîtes américaines. Même si ça restera peut-être plus cher, au moins l'utilisateur pourra en faire ce qu'il veut. Après parfois il faut aussi trier un peu dans les exigences, lesquelles sont vraiment utiles.
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investir de grosses sommes dans l'ia là ya du monde mais investir pour faire marcher des fonctionnalités de l'iot qui était porteur ya pas si longtemps et bien ya plus personne. J'ai plusieurs soucis avec une sim DT pour des objets iot, une fonctionnalités qui a disparu du jour au lendemain sans explication obligé d’implémenter un workaround en urgence, et d'autres fonctionnalités qui ne fonctionne pas donc obligé de se réveiller plus souvent pour checker des messages donc conso qui s'envole et donc on ne tiens pas le target de duré de vie.
Question au support c'est votre faute c'est marqué comme étant supporté donc ça devrait marcher, ça ne marche plus idem c'est votre faute on a rien changer au coeur de réseau donc ne viens pas de nous. Sérieux vachement utile les gars.
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SAP BTP n'est en rien "souverain", la plupart des services sont du repacking d'outils cloud existant avec un parfois nom SAP :
https://discovery-center.cloud.sap/serviceCatalog

Historiquement SAP hébergeait le cloud sur ces propres DC (principalement à Frankfort), mais ces services sont décommissionnés et l'hébergement actuel est exclusivement gérés par les hyperscalers chronologiquement : AWS, GCP, puis Azure (et Alibaba pour le marché chinois).

Côté IA SAP a conçu Joule, qui est un chatbot entrainé sur les technos SAP : côté EndUser tu demandes au chatbot ce que tu souhaites et l'IA cherche dans le merdier des données existants, et va jusqu'à générer l'appli SAP correspondante (création de la CDS, génération du Fiori Element, et création des droits), c'est assez impressionnant.
Côté développeur, ils l'ont entrainé sur l'ABAP (langage SAP backoffice), et le framework Fiori pour le front (JS / TypeScript): c'est ni plus ni moins que du Copilot spécialisé SAP.

Là aussi c'est du 100% cloud publique sur hyperscaler américain.

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