Les effets psychologiques négatifs des réseaux sociaux liés aux croyances aux fake news
Accros aux infox

L'usage intensif des réseaux sociaux peut avoir des effets psychologiques délétères. Mais en plus du malêtre que cela engendre, des chercheurs ont découvert que les personnes qui sont touchées ont plus tendance à croire aux fausses informations qui circulent et à interagir avec les posts qui les font circuler.
Le 30 mai à 14h13
3 min
Réseaux sociaux
Sociaux
Les réseaux sociaux, utilisés de façon intensive, peuvent avoir des effets particulièrement néfastes pour la santé psychologique. Poussant au « doom scrolling », certains réseaux sociaux essayent de garder le plus longtemps possible leurs utilisateurs sur leurs plateformes. Depuis plusieurs années et dans divers pays (par exemple en France, aux États-Unis ou en Europe), les politiques pointent l’addictivité toxique des réseaux sociaux. Les réflexions sur leur capacité à nous plonger dans des états psychologiques très problématiques existent depuis 2010 alors que le succès de Facebook commençait à être mondial.
Des utilisateurs très perméables aux fausses informations
Mais en plus d'avoir des effets problématiques sur la santé mentale des utilisateurs, les personnes touchées seraient aussi plus portées à croire et à partager des fausses informations. C'est le résultat d'une étude de chercheurs de l'université du Michigan publiée dans la revue PLOS one au début du mois de mai. Dar Meshi et Maria D. Molina ont fait passer des tests à 189 étudiants en leur montrant 20 articles présentés de la même manière que des publications issues de réseaux sociaux. 10 exposaient de réelles informations validées par des vérificateurs indépendants. Les 10 autres étaient fausses.
Ils ont évalué le jugement des participants à l'égard de ces articles, mais aussi leur volonté de cliquer, de commenter, d'aimer et de partager les articles. Ils ont enfin utilisé un test existant, l'échelle de dépendance aux médias sociaux de Bergen (BSMA ou échelle de Bergen, la version française est ici), pour mesurer la dépendance des participants.
Comme ce genre d'étude est difficile à faire à grande échelle, ses résultats sont à consolider avec d'autres observations, mais ils permettent d'observer une certaine tendance.
Les deux chercheurs ont observé que, plus les participants avaient un score élevé sur l'échelle de Bergen, plus ils avaient tendance à croire les fausses informations. Et ceci sans observer la même tendance pour des informations exactes. De même, leur volonté de cliquer sur les fausses informations augmente avec cette tendance à l'addiction.
Les personnes avec un score élevé sur l'échelle de Bergen interagissent aussi beaucoup plus avec les posts, que l'information soit exacte ou pas.
Un signal à suivre pour le personnel médical
« Les personnes présentant des signes d'utilisation problématique des médias sociaux peuvent également être plus sensibles à la désinformation liée à la santé, une prise de conscience du degré d'utilisation des médias sociaux des patients par les cliniciens spécialisés dans différents domaines pourrait être bénéfique », explique aussi Maria D. Molina dans le communiqué de presse de l'Université.
Son collègue ajoute qu' « en identifiant les personnes les plus susceptibles de croire aux fausses nouvelles, nous pouvons contribuer à réduire leur propagation ».
Les effets psychologiques négatifs des réseaux sociaux liés aux croyances aux fake news
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Des utilisateurs très perméables aux fausses informations
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Un signal à suivre pour le personnel médical
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 30/05/2025 à 14h30
(...)
Les personnes avec un score élevé sur l'échelle de Bergen interagissent aussi beaucoup plus avec les posts, que l'information soit exacte ou pas."
Y'a qu'a voir les news importantes sur next comparé aux news à trolls
¯\_(ツ)_/¯
Certains se reconnaitront dans l'échelle de Bergen
Modifié le 30/05/2025 à 15h23
Dans mon entourage (perso ou pro), j'ai observé que les accrocs aux médias sociaux étaient surtout stressés. Ils sont abreuvés par l'algorithme en permanence de trucs anxiogènes entre deux publicités réconfortantes ou trois conneries de chats, résultat ça part en couille du quart de tour. J'en peux plus des discussions qui partent d'un coup en "et vous saviez que... {insérez le shitstorm du moment}" avec le ton scandalisé. J'en peux plus des positions binaires fermées.
Si je devais résumer mon impression sur les interactions humaines, je dirais que de nos jours où faut toujours être scandalisé pour un rien. Pire encore, si on ne manifeste pas cette position, on fini par se faire catégoriser chez "les méchants" (quels qu'ils soient). C'est lassant.
J'ai souvent l'impression d'être plus détendu vis à vis des sujets de sociétés, préférant observer et prendre du recul, que les accrocs aux médias sociaux qui vident leurs chargeurs d'indignations/accusations en une seconde sans jamais accepter une prise de recul.
Le 30/05/2025 à 16h04
(du coup ça m'a fait réfléchir : est-ce réellement pertinent ? Je n'ai pas la réponse.)
Le 30/05/2025 à 16h33
Hier encore je disais à ma femme "plus le temps passe, plus j'ai l'impression d'être en complet décalage : les personnes réagissent au quart de tout, à chaud, et gobent tout ce qu'elles voient tourner sur les réseaux."
Je note tout cela particulièrement avec un ami, qui traîne (malheureusement) beaucoup sur Tik Tok. Plusieurs fois je lui ai fait la remarque de ses réactions, du contenu dont il est abreuvé et dont il me parle ensuite. Le même qui va critiquer les vidéos générées par IA, les fake news... alors qu'il en est abreuvé en permanence. La différence étant que cela va dans le sens de ce qu'il pense et le conforte dedans.
Et ne parlons pas de personnes dans mon entourage proche qui, en plus, cumulent avec CNews et cie.
J'ai l'impression de vivre un expérience sociale géante par moments.
Le 01/06/2025 à 18h15
En marketing, ça s'appelle l'engagement. Et les neurosciences savent obtenir l'accord de l'utilisateur. C'est d'ailleurs pour ça que ce qu'on voit sur les plateformes de réseaux sociaux est un amalgame d'informations contradictoires, plus ou moins vraies. C'est publicitaire, ça en appelle à l'affecte, ça désoriente pour mieux guider vers les solutions faciles ou « réconfortantes » comme déjà dit.
Le 02/06/2025 à 09h39
Modifié le 30/05/2025 à 16h01
Une étude américaine réalisée sur 189 étudiants en Université (recrutés en ligne *) montre que les personnes les plus accros aux réseaux sociaux sont les plus susceptibles de croire ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux.
(*) après en avoir exclus 17 qu'ont pris le truc à la plaisanterie, et 1 qu'a répondu n'importe quoi.
Mon interprétation personnelles des résultats, juste en regardant les graphiques de la page 7.
Crédibilté
Les accros aux rézos croient davantage (+ ~20%) aux fake news que les non-accros.
Mais tout le monde croit davantage aux vraies news qu'aux fake news.
Intention de cliquer et partager
Pour tout le monde, les fake news donnent davantage l'envie de cliquer/partager
Les accros aux rézos ont davantage (+ ~20%) envie de cliquer/partager que les non-accros.
Intention de commenter et liker
Pas de différence quel que soit le type de news vrai/fake ou le degré d'accro aux rézos.
Le 31/05/2025 à 00h26
Le 02/06/2025 à 11h25
Crédibilité
"mais tout le monde croit davantage aux vraies news qu'aux fake news" : mais avec une tendance linéaire de rapprochement entre les vraies et fausses avec l'augmentation du score accro aux rézos (presque rejoins pour les forts accros). "Mais" OK, mais un petit mais.
Intention de cliquer et partager
Les accros vont beaucoup plus cliquer sur les fake que les non-accros.
Précision qui a grande importance, car au final comme les accros like plus, commentent plus et partagent plus, si dans tout ça la proportion de fake est plus grande, ça diffuse plus.
Je souligne aussi la conclusion de l'article qui va dans le sens de pas stigmatiser des accros aux rézos : c'est très intéressant de voir l'intérêt médical pour traiter des personnes en détresse psychologique.
Modifié le 01/06/2025 à 14h24
Et le réseau s'appelle "truth"...
Le 01/06/2025 à 16h39
Modifié le 01/06/2025 à 17h48
La raison est un moyen de distinguer le vrai du faux.
La première est issue de la sensibilité propre à chacun (subjectivité). La seconde est universelle (objectivité).
« Croyance ou raison représentent deux manières opposées de juger la réalité et de faire apparaître la vérité. Il y a un conflit … »
https://www.letudiant.fr/lycee/methodologie-lycee/article/la-verite-la-raison-et-la-croyance.html
Le 02/06/2025 à 09h48
Modifié le 02/06/2025 à 23h03
Mais ça confirme que le nom du réseau "Truth Social" et extrêmement mal choisi…