Point de Contact a enregistré en 2024 + 133 % de contenus pédocriminels dont 46 % non-réels
et un doublement des contenus terroristes

En 2024, Point de Contact relève une surreprésentation des éléments à caractère intimes ou sexuels parmi les contenus illégaux qu'elle a eu à transmettre aux autorités où dont elle a demandé la suppression aux hébergeurs. Elle relève par ailleurs un doublement des contenus terroristes.
Le 20 mai à 09h15
6 min
Société numérique
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En mauvaise posture financière au début de l’année 2024, Point de Contact s’est restructurée. Spécialisée depuis 26 ans dans la fourniture d’outils de signalement des contenus illicites en ligne, l’association est présidée depuis mai 2024 par Mark Pohlmann, PDG d'Aeteos, une entreprise spécialisée dans l'informatique cognitive.
Nommée signaleur de confiance par l’Arcom en mars 2025, l’association revient dans son rapport annuel sur ses activités de 2024 et sur les tendances qu’elle observe dans la masse des contenus problématiques qui lui sont remontés.
En 2024, Point de Contact a traité 42 713 signalements, un nombre en hausse de 64 % par rapport à l’année précédente. Dans le lot de ces alertes générées par des internautes, particuliers ou professionnels, des partenaires du réseau INHOPE de notification des contenus pédocriminels, ou directement générés par ses membres, 57 % (24 454) constituaient des contenus illégaux. La majorité de ces éléments ont fait l’objet d’une alerte aux autorités, et 3 365 d’une notification à des hébergeurs de contenus.
Les filles et les femmes surreprésentées dans les images à caractère intime ou sexuel
Au sein de ces signalements – dont un seul pouvait contenir plusieurs images ou contenus –, Point de Contact a identifié plus de 28 000 images et vidéos à caractère pédocriminel. 90 % de ces images mettaient en scène des filles, 10 % des garçons. Par ailleurs, 46 % étaient constituées de contenus « non-réels », c’est-à-dire de dessins ou d’images générées par IA.
Parmi les contenus traités, l’association souligne par ailleurs que 8 contenus illégaux sur 10 impliquaient en 2024 la publication de contenus intimes ou sexuels sans le consentement des personnes représentées. Dans l’immense majorité des cas, ces dernières étaient des femmes.
Point de contact salue par ailleurs la fermeture du site coco.gg, opérée en juin 2024 à la suite d’une enquête européenne (des autorités de France, de Bulgarie, d’Allemagne, de Lituanie, des Pays-Bas et de Hongrie étaient impliquées). « En 3 ans, rappelle le document, plus de 23 000 procédures judiciaires ont été ouvertes contre le site, aboutissant finalement à sa fermeture ». Le site avait notamment été utilisé par Dominique Pélicot, condamné à 20 ans de réclusion criminelle en décembre 2024, pour recruter les agresseurs de son épouse.
Point de Contact souligne un renversement de la tendance dans les cas de sextorsion, qui représentent 12 % des contenus à caractère intimes ou sexuels qu’elle a eu à traiter : les hommes sont surreprésentés parmi les victimes de ce type de publications. « On a l'impression que diffuser l'image des femmes, c'est déjà une victoire parce que ça les humilie, soulignait l’avocate et cofondatrice de l’association #StopFisha Rachel-Flore Pardo en 2022. Alors que pour les hommes, c'est souvent pour obtenir des fonds », des faveurs, voire un retrait politique, comme l’ont suggéré les affaires Griveaux ou Artigues.
Le racisme, en tête des discours haineux
Outre ce type de problématique, Point de Contact constate que 1 signalement sur 10 relevait de propos haineux illégaux. La loi française encadrant strictement ce type de propos – c’est-à-dire que ceux ne remplissant pas les critères d’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination relèvent de la liberté d’expression –, ils représentent moins de 10 % des discours signalés comme potentiellement haineux (126 cas sur les 1 648 signalements reçus en la matière).
En 2024, Point de Contact constate que l’origine est le principal motif de discrimination, suivi par la religion et l’orientation sexuelle. Elle relève que la part de contenus haineux en fonction de l’identité de genre ont le plus augmenté (8 % de ces contenus contre 1% en 2023 et 3% en 2022).
Doublement des contenus terroristes
Avec 163 contenus identifiés, l’association constate par ailleurs un doublement de la proportion de discours terroristes qu’elle a eu à traiter en 2024 par rapport à 2023. Intervenant dans le rapport de l’association, le spécialiste du terrorisme Alexandre Rodde souligne le « rajeunissement des mis en cause pour des faits de terrorisme », qui « communiquent plus que leurs ainés sur les réseaux sociaux » pour y déclarer « leur engagement idéologique violent ». Si la tendance, constatée par d’autres organismes, est inquiétante, elle permet aussi « une détection et des poursuites judiciaires plus fréquentes », signale l’expert.
Parmi les idéologies violentes, Alexandre Rodde souligne une répartition d’ « environ 60 % » des contenus « liés à l’ultra-droite, 30 % à des contenus jihadistes et 10 % liés à l’ultra-gauche ». Ces proportions ne sont pas transposables hors ligne, indique-t-il, où le terrorisme jihadiste reste « la première menace sur le territoire national » et « l’activité opérationnelle » des militants d’ultra-droite « reste réduite ». L'ultra-gauche est décrite comme « discrète », recourant à « des messageries cryptées » et interagissant « plus souvent hors des réseaux sociaux « classiques » ». Pour comparaison, entre 2017 et 2023, 41 attentats islamistes, neuf d'ultradroite et un d'ultragauche avaient été déjoués par les autorités, selon France Info.
Alexandre Rodde souligne par ailleurs de nouvelles tendances dans l’extrémisme violent : la mouvance incel, dont « une minorité d’individus ont planifié ou tenté de commettre des attaques en France au cours des derniers mois, notamment à Eysines (Gironde) en mai 2024 », et les groupes gores, « qui
mélangent pédopornographie, satanisme, ésotérisme et néo-nazisme ». Certains de leurs membres ont « plusieurs attaques à l’arme blanche en Europe en 2024, notamment en Suède. Les arrestations ont également été nombreuses aux États-Unis, au Brésil et au Royaume-Uni. »
Point de Contact a enregistré en 2024 + 133 % de contenus pédocriminels dont 46 % non-réels
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Les filles et les femmes surreprésentées dans les images à caractère intime ou sexuel
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Le racisme, en tête des discours haineux
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Doublement des contenus terroristes
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 20/05/2025 à 10h26
Le 20/05/2025 à 10h50
Pour 2023, ils écrivaient dans leur rapport : On devait donc être très loin des 46 %.
L'augmentation de 133 % est donc essentiellement liée à des images non réelles (107 % par rapport au nombre de contenu pédos de l'an dernier).
Je ne sais trop quoi en penser. L'IA génère des images pédo évitant ainsi des agressions de mineurs ou ajoute des images incitant à l'agression des mineurs ? À moins que ce ne soit plus de contenu disponible sans effet sur le terrain.
Le 20/05/2025 à 11h34
Le cerveau a par ailleurs la fâcheuse tendance à ne pas se satisfaire des mêmes stimulis à cause de l'homéostasie (habituation au stimuli) et demande toujours plus pour retirer la dopamine, ce qui enferme dans la consommation de plus en plus extrême.
Le 20/05/2025 à 13h37
Le 21/05/2025 à 10h47
A ton avis, pourquoi dans aucune pays de la terre, il est autorisé d'avoir des relations avec des mineurs (peu importe l'âge légal qui le définit) ? Cite moi un pays qui autorise les contenu pédoporno comme stratégie de réduction des agressions.
Je n'ai pas accès aux moteurs de recherche d'études sur le sujet mais la neuroscience du cerveau est claire sur ce point. Doctor K en parle très souvent sur ses stream :
Le 20/05/2025 à 13h51
Le 21/05/2025 à 10h57
Elles peuvent rester intérieures et être combattues pour se transformer en tendances refoulées ou sortir dans la réalité extérieure et devenir des actes pervers comme Pelicot et sa femme ou les violeur d'enfant à peine nés.
Elles peuvent arriver sans qu'on le veuille et repartir aussi vite qu'elles sont arrivées. Mais des fois elles restent, surtout si elles sont entretenues (c'était mon point).