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Monopole : attaqué de toutes parts, Google refuse de céder Chrome, et d’ouvrir son index

Un grand pouvoir implique de grandes...

Monopole : attaqué de toutes parts, Google refuse de céder Chrome, et d’ouvrir son index

Flock Google surveillance

Après avoir été jugée, aux États-Unis, en situation de monopole sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, Google vient également de l'être pour ce qui est du marché de la publicité en ligne. L'entreprise, qui vient de faire l'objet d'accusations similaires au Royaume-Uni, essaie en outre de contrer la menace de devoir céder son navigateur Chrome, et d'ouvrir l'accès à ses données de recherche.

Le 23 avril à 09h37

En août 2024, le ministère de la Justice états-unienne (Department of Justice, DOJ) avait tranché : Google LLC, filiale d’Alphabet, est en position de monopole sur le marché de la recherche en ligne, et elle en abuse. 



Ce 21 avril, un nouveau chapitre s’est ouvert pour la société fondée par Larry Page et Sergueï Brin, qui tente de s’opposer aux conséquences susceptibles de lui être imposées. En octobre, nous détaillions en effet que le juge Amit P. Mehta envisageait des « mesures structurelles et comportementales qui empêcheraient Google d’utiliser des produits comme Chrome, Play et Android pour avantager Google search ou des produits et des fonctionnalités liées à Google search ».

Autrement dit, le DOJ réfléchissait à démanteler Google, et notamment à le forcer à se séparer de son navigateur. L’entreprise a décidé de monter au créneau avant qu'une décision finale ne soit rendue. Une bataille centrée sur les mesures de lutte contre sa position monopolistique s’est donc ouverte hier.

Et si les dirigeants d’Alphabet, comme ceux de la plupart des autres géants numériques du pays, ont fait en sorte de se rapprocher de la nouvelle administration états-unienne, cela ne leur assure pas pour autant d’éviter la condamnation. D’autant qu’en parallèle de ce procès, une autre juge fédérale états-unienne a conclu le 17 avril que Google était aussi en situation de monopole sur le marché de la publicité en ligne.

Au Royaume-Uni, l’entreprise doit par ailleurs se défendre face à une class action l’accusant… d’avoir abusé de sa position dominante pour surfacturer les annonceurs britanniques.

La fin de Chrome tel qu’on le connaît ?

La séparation de Google d’avec son navigateur, son magasin d’application ou son système d’exploitation de smartphone ne sont qu’une des pistes envisagées par la justice états-unienne. Comme nous l’expliquions en octobre, les démantèlements restent extrêmement rares aux États-Unis, surtout depuis 1984 (date de la séparation du géant des télécoms AT&T en de multiples filiales).

Néanmoins, l’industrie évoluant à marche rapide, le DoJ souligne que le monopole de Google participe à améliorer ses outils d’intelligence artificielle, désormais au cœur de toutes les attentions.

Google a, par exemple, accepté de payer Samsung chaque mois en échange de l’installation de son application d’IA Gemini sur tous ses appareils. Dans son jugement, relève Reuters, Amit Mehta avait souligné que ce genre d’accord unilatéral avec des constructeurs avait permis à Google de maintenir son monopole dans la recherche.

Google fait valoir, pour sa part, que la proposition du ministère américain de la Justice de scinder ses activités Chrome et Android affaiblirait la sécurité nationale et nuirait à la position du pays dans la course mondiale à l'intelligence artificielle, en particulier face à la Chine, souligne CNBC.

Loin de justifier de séparer Chrome de Google, analyse Platformer, ces éléments pourraient aussi pousser à obliger l'entreprise à partager son trésor de guerre, par exemple en ouvrant l'accès aux données relatives aux requêtes de recherche, aux résultats et à ce sur quoi les utilisateurs cliquent.

Google cherche de son côté à sortir l’intelligence artificielle du périmètre des discussions. L’entreprise a par ailleurs signalé qu’elle ferait appel du jugement une fois celui-ci rendu. Dans les derniers mois, elle a néanmoins fait évoluer la gouvernance du projet libre Chromium, qui soutient son navigateur.

OpenAi s'est de son côté déclaré intéressé par le rachat de Chrome si le tribunal tranchait en faveur du démantèlement. Son directeur exécutif a déclaré avoir contacté Google pour conclure un éventuel partenariat permettant à ChatGPT de s'appuyer sur les technologies de recherche de Google (en plus de son autre partenariat avec Bing de Microsoft), ce que cette dernière a refusé.

Nommée par Donald Trump, la nouvelle directrice du département de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles du DOJ, Gail Slater, était présente à l’ouverture du procès aux côtés d’autres membres de l’équipe, pour souligner qu’il s’agissait d’un enjeu non partisan. « C’est l’avenir d’internet qui est en jeu », a-t-elle déclaré. La plainte initiale contre Google avait été déposée lors du premier mandat de Donald Trump, puis traité lors du mandat de Joe Biden.

Cinq milliards de livres sterling en jeu

En parallèle, l’entreprise doit se défendre face à une action collective déposée le 16 avril devant le tribunal d’appel de la concurrence, la juridiction en charge des problématiques monopolistiques au Royaume-Uni, relève The Guardian. Déposée par Or Brook, maître de conférence en droit et politiques de la concurrence à l’université de Leeds, le recours accuse la société d’avoir profité de sa position de monopole dans le marché publicitaire pour surfacturer les annonceurs. 



De fait, Google Ads fonctionne sur un système d’enchères : plus une entité est prête à payer, meilleures seront ses chances de voir sa publicité arriver en tête des résultats sur le moteur de recherche. L’action collective demande 5 milliards de livres sterling de dommages et intérêts (soit 5,85 milliards d’euros) et appelle toute organisation britannique ayant utilisé les services publicitaires de Google du 1er janvier 2011 au 15 avril 2025 à les rejoindre.

Le recours présente des arguments similaires à ceux employés aux États-Unis, rapporte l’Usine digitale, dont les accords conclus avec des fabricants de smartphone pour réinstaller Chrome et Search sur de multiples appareils Android, et ainsi asseoir sa position.

Commentaires (12)

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Android avait été épargné par cette volonté de démantèlement dans les premières décisions, il me semble. Mais depuis qu Google a décidé d'internaliser son développement, je me demande si ça ne va pas influencer les décisions.
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Attention au titre trompeur de la brève. Ça ne changera rien dans les faits. C'est juste la branche de dev qui devient unique. Ceux qui développaient sur la branche ASOP développeront sur la branche interne et la seule chose que ça change, c'est qu'il y aura quelques semaines de décalage dans la visibilité des évolutions. Rien qui ne devrait changer la position d'un juge.
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J'avais bien compris cette histoire. Cela dit, Android reste une pierre angulaire de l'écosystème Google et il me semble qu'ils jouissent d'API auxquelles les tiers n'ont pas forcément accès. Un gros comme Samsung peut maintenir sa version de l'OS et potentiellement les retirer, mais les autres intégrateurs qui se contentent d'Android One donnent une position dominante de facto à Google sur l'écosystème.
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C'est bien possible.
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Il faut qu'Android puisse continuer à être financé, par contre, la séparation de Chrome ferait le plus grand bien au monde des navigateurs, c'est devenu le nouvel IE6.
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Il faut qu'Android puisse continuer à être financé
C'est pareil pour Chrome. Et si c'est pour que Chrome tombe entre les mains d'OpenAI, comme envisagé dans l'article, je ne suis pas sûr que ça soit une avancée.

Pour eux, je comprends bien l'intérêt : être présent d'un seul coup sur la très grande majorité des PC et des smartphones Android et donc se mettre entre la requête de recherche WEB et la recherche elle même pour ensuite faire une réponse grace à la réponse du moteur de recherche.
Comme l'article de Bloomberg n'est pas en accès libre, je ne peux pas en deviner plus. Mais ça serait un moyen de remplacer un partenariat que Google refuse aujourd'hui de faire avec eux.
Ça ferait de l'IA d'OpenAI le nouveau point d'entrée vers le WEB. C'est assez terrifiant en fait.

Entre ça et la situation actuelle, je préfère encore la situation actuelle.

Je dis ça en étant utilisateur de Firefox, même sur smartphone, donc sans parti pris pro Chrome/Google.
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Tu veux mon index.... Voici mon majeur.
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Non merci, j'ai une idée d'où ça a traîné :p
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Et en plus, au moins pendant 18 ans :mdr:
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Méééheuuu... lèche moi tranquille :D
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On peut toujours rêver.
ça fait un moment que les USA n'ont pas démantelé un boite pour monopole (la dernière fois c'est une boite de télécoms de mémoire)
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(la dernière fois c'est une boite de télécoms de mémoire)
Elle est même citée dans l'article :D

Monopole : attaqué de toutes parts, Google refuse de céder Chrome, et d’ouvrir son index

  • La fin de Chrome tel qu’on le connaît ?

  • Cinq milliards de livres sterling en jeu

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