Matériaux critiques : l’Europe sélectionne 47 projets stratégiques, dont 9 en France
Drill, baby, drill

La Commission européenne a dévoilé mardi la liste des 47 projets industriels qui seront soutenus dans le cadre de la politique visant à renforcer l'autonomie et la souveraineté du continent sur les matériaux critiques, utilisés notamment pour les batteries et l'électronique. Neuf des projets lauréats sont en France.
Le 26 mars à 09h34
6 min
Économie
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Près d'un an après l'entrée en vigueur du Critical Raw Material Act (CRMA), en mai 2024, la Commission européenne a procédé à la sélection de 47 projets industriels considérés comme stratégiques au regard des objectifs fixés par le texte. Voté fin 2023, le CRMA fixe pour mémoire à l'Europe un triple objectif : répondre de façon autonome à 10 % de ses besoins d'approvisionnement en matériaux critiques à horizon 2030, réaliser à cette date 40 % des opérations de raffinage associées, et se doter d'une capacité industrielle permettant de recycler, sur le continent, 25 % de cette demande.

La mobilité électrique en tête des priorités
Le texte se concentre pour mémoire sur 17 matériaux considérés comme critiques, parce qu'ils participent directement aux capacités de production de secteurs stratégiques tels que la mobilité électrique (batterie, moteurs, aimants), l'électronique, la défense ou l'aérospatiale. Les projets sélectionnés dans le cadre du CRMA ciblent 14 de ces 17 matériaux.
Le lithium est de loin le plus représenté, puisque 22 projets touchent à son extraction, son raffinage ou son recyclage. Arrivent ensuite le nickel (12 projets), le graphite (11 projets), le cobalt (10 projets) et le manganèse (7 projets). Tous entrent en ligne de compte dans la fabrication des batteries électroniques. Trois autres projets concernent le tungstène, tandis qu'un dernier s'intéresse au magnésium, tous deux impliqués dans l'approvisionnement de la défense européenne.
Ensemble, ces 47 projets représentent un investissement cumulé prévisionnel de 22,5 milliards d'euros, estime la Commission européenne. Elle s'engage à leur apporter son soutien, qu'il s'agisse d'obtenir des financements, de faciliter les interactions avec les pouvoirs publics locaux, ou d'accélérer le calendrier des mises en chantier. Sur les grands projets industriels – à plus forte raison quand il s'agit d'activités minières – les délais administratifs peuvent en effet se révéler particulièrement longs. La Commission s'engage ici à ce que la délivrance des permis ne dépasse pas 15 mois pour les projets de transformation, et 27 mois pour les activités d'extraction.
Deux mines de lithium en France
Neuf des projets sélectionnés pour ce parcours accéléré sont situés en France. Et deux de ces neuf projets concernent l'extraction de lithium. D'un côté, on trouve le projet intégré (qui associe extraction et raffinage) porté par Imerys à Échassières, dans le centre de la France. La mise en exploitation est espérée, d'après l'industriel, pour 2028.
La société, qui exploite déjà une mine de kaolin dans la région, a en effet découvert que ce dernier surmontait une immense réserve de lithium, et cherche à en assurer l'exploitation pour les cinquante prochaines années. L'investissement serait de l'ordre du milliard d'euros. Le projet a fait l'objet d'un débat public tout au long de l'année 2024, à l'issue duquel Imerys a confirmé son intention de lancer le projet. L'entreprise a formulé quelques propositions visant à améliorer son acceptation par le public.
L'autre projet minier sélectionné prend place en Alsace. Développé par Eramet en partenariat avec Électricité de Strasbourg (ÉS), il ambitionne cette fois d'extraire et de raffiner du lithium à partir des saumures souterraines mises en œuvre dans des projets de géothermie. « À horizon 2030, l’objectif est de produire au moins 10 000 tonnes de carbonate de lithium issues de la géothermie par an. Cela représente environ 10 % à 15 % des besoins de l’industrie automobile française estimés pour 2030. De quoi fabriquer 250 000 batteries pour véhicules électriques chaque année », affirment les deux partenaires. Aux dernières nouvelles, le projet n'en est toutefois qu'au stade de la vérification de faisabilité technique. La décision d'investissement finale n'est pas attendue avant 2026.
Cinq projets de raffinage
La Commission européenne sélectionne par ailleurs cinq projets de transformation implantés en France. Bien qu'il fasse depuis peu l'objet d'une nouvelle concertation, le très important projet d'unité de conversion de nickel et de cobalt porté par Electro Mobility Materials Europe (Emme) à Bordeaux n'est pas du nombre, en dépit de ses ambitions significatives (transformer annuellement 20 000 tonnes de nickel et 3 000 tonnes de cobalt en sulfates de qualité batterie).
L'Europe a en revanche retenu l'usine Caremag, portée par la startup lyonnaise Carester dans le bassin de Lacq, à proximité de Pau, dont la première pierre a été posée mi-mars. Après sa mise en service, prévue d'ici deux ans, cette unité devrait, selon l'entreprise, raffiner 5 000 tonnes de concentrés miniers par an et recycler en parallèle quelque 2 000 tonnes d'aimants. La production annuelle serait de l'ordre de 600 tonnes par an d’oxydes de dysprosium et terbium, et 800 tonnes d’oxydes de néodyme et praséodyme.
En Savoie, c'est le projet BAM4EVER, porté par Tokai Cobex et déjà soutenu par l’État français dans le cadre des plans France Relance et France 2030, qui bénéficie du viatique européen. Son ambition est de produire jusqu'à 50 000 tonnes de graphite synthétique à partir de 2028, utilisé pour la production d'anodes destinées aux cellules de batteries de véhicules électriques.
Un autre projet lié au graphite prend place dans le Nord, au sein de la fameuse Battery Valley imaginée dans le cadre des plans de soutien à l'économie française. Porté par le Canadien Northern Graphite, il ne fait cependant l'objet d'aucune concertation publique à ce stade.
La startup strasbourgeoise Viridian Lithium, qui travaille à la création d'une usine de production d'hydroxyde de lithium monohydrate de qualité batterie à Lauterbourg, dans le Bas-Rhin, fait également partie des lauréats. L'entreprise, qui table sur une production de l'ordre de 28 500 tonnes par an à horizon 2028, a récemment reçu 118,9 millions d'euros, soit environ 40 % du financement de son projet, sous forme de crédit d'impôts de la part de l’État français dans le cadre de la loi industrie verte.
Enfin, l'exécutif européen retient le projet Gallicam, qui vise à développer une unité de production de précurseurs de matériaux actifs de cathode (également appelés « pCAM ») au sein de l'usine de transformation de nickel de Sibanye-Stillwater à Sandouville. Le projet, récemment soumis à concertation, doit en principe encore faire l'objet d'une enquête publique, avant d'entrer en construction.
Deux projets dédiés à la fin de vie
Le tour d'horizon se conclut avec un soutien apporté à deux projets dédiés au recyclage des matériaux critiques. L'un d'eux, situé dans le nord et porté par Orano Batteries, se consacrera à la seconde vie des matériaux critiques contenus dans les batteries lithium-ion. Le deuxième prend place à Noyarey, en Isère, où l'initiative Magfactory doit à terme permettre de fabriquer jusqu'à 1 000 tonnes d'aimants par an, à partir d'aimants usés.
Matériaux critiques : l’Europe sélectionne 47 projets stratégiques, dont 9 en France
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La mobilité électrique en tête des priorités
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Deux mines de lithium en France
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Cinq projets de raffinage
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Deux projets dédiés à la fin de vie
Commentaires (34)
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Abonnez-vousLe 26/03/2025 à 10h30
Sur le fond de la news, je trouve ça bien qu'on pollue chez nous pour une fois. Ça permettra aux gens de se rendre un peu plus compte que nos décisions impactent les sols.
Le 26/03/2025 à 10h30
La voiture électrique est le futur de la voiture mais la voiture n'est pas le futur de la mobilité.
Il faut faire des choses simples, faciles à produire, facile à réparer et facile à recycler.
La résilience n'est pas dans la performance, c'est même le contraire. Je vous renvoie à l'écoute ou la lecture de gens très intéressants comme Aurélien Bigot, Olivier Hamant, Arthur Keller, Guillaume Faburel ...
Le 26/03/2025 à 11h07
Le 26/03/2025 à 11h24
Tout ça pour dire qu'on ne va pas pouvoir remplacer tous les VT par des VE.
Et que la première chose à faire c'est protéger et restaurer la biodiversité. Et faire des trous dans la terre pour en extraire des minéraux pour nos joujous technologiques, c'est plus un problème qu'une solution.
Le 26/03/2025 à 13h31
à partir du fait qu'un VE mobilise plus de matériaux qu'un vélo. Ce n'est pas par rapport aux vélos qu'on compare, mais par rapport aux VT (qui vont mobiliser un peu moins de matériaux, mais consommer beaucoup plus de ressources, notamment de pétrole, sur leur durée de vie).
Déjà, c'est mieux de faire ces trous chez nous où on peut justement s'assurer de ne pas faire totalement n'importe quoi vis-à-vis de l'environnement. Par ailleurs, il y a certainement des objets de consommation moins indispensables qu'une voiture dont on peut se passer avant la mobilité (et on ne peut pas défaire le mal qui a été fait en 80 ans dans l'urbanisation par et pour la voiture).
Et non, ce n'est pas plus un problème qu'une solution, l'effet est étudié (et a été synthétisé par le GIEC). Entre des VT et des VE, il n'y a pas photo, il est nécessaire de basculer aux VE. Si ça se fait en réduisant le parc auto, tant mieux, mais je n'y compterais pas trop si j'étais toi.
Le 26/03/2025 à 15h55
Le 26/03/2025 à 16h10
Le 26/03/2025 à 11h42
Le 26/03/2025 à 13h31
Le 26/03/2025 à 14h17
Le 26/03/2025 à 16h12
Le 26/03/2025 à 13h32
Le 26/03/2025 à 12h14
Le 26/03/2025 à 13h39
https://kakoblogsciences.com/2023/02/19/debunk-interview-les-metaux-dans-la-transition-energetique/comment-page-1/
Mais quel pourrait bien être l'intérêt d'un poutinophile de pourrir l'opinion publique envers l'électrification ?
Le 26/03/2025 à 17h38
Le 26/03/2025 à 19h33
Le 26/03/2025 à 17h28
https://bonpote.com/ocean-de-fake-news-sur-la-voiture-electrique/
Et en effet, il est crédible qu'une bonne part de propagande anti-VE soit financée par les producteurs de pétrole et de gaz (US, Russie), de la même manière qu'ils ont financé pendant des décennies (et encore aujourd'hui) de la propagande mensongère sur le réchauffement climatique.
Le 26/03/2025 à 17h36
Le 26/03/2025 à 19h36
Modifié le 26/03/2025 à 12h37
Mais c'est un début.
Quand la baisse sera significative, je pense qu'on verra des modèles vraiment plus light.
Je ne sais pas si on reviendra à des modèles tel l'AX, avec ses 750kg, mais ça serait cool.
Dommage qu'on n'est pas les mains libres pour du retrofit comme dans certains pays.
Sur une AX, un petit moteur élec et une petite batterie suffirait.
Le 26/03/2025 à 13h41
Le 26/03/2025 à 14h18
https://autocatalogarchive.com/wp-content/uploads/2016/08/Citroen-AX-Electrique-1995-FR.pdf
Le 26/03/2025 à 15h57
Le 26/03/2025 à 16h38
Après, il ne faut pas se mentir, la fiche technique ne fait vraiment pas rêver, même pour l'époque. Il ne faut faire que des trajets en ville (75km d'autonomie, 91km/h max, 0-50km/h en 8.3s, ce n'est pas fait pour faire de la compagne) avec l'accès à une prise 220V (8h de charge, merci). Et, il y a aussi les batteries nickel-cadmium bien sensible à l'effet mémoire (et bon, tu n'as pas intérêt à balancer du cadmium partout dans la nature).
Modifié le 26/03/2025 à 21h05
Et 90km/h pour la campagne ça suffit largement.
J'ai une berline hybride rechargeable avec 50km (35 plutôt) d'autonomie. Je suis en bordure d'une ville de 30 000 hab, à la campagne. Et j'arrive à tourner principalement sur l'électricité. Je recharge certes tout les soir, mais ça le fait. Alors 75km d'autonomie c'est le grand luxe pour moi.
Je vise les 100km pour être tranquille.
Le 0 à 100 qu'est-ce qu'on s'en fiche?
Le 27/03/2025 à 10h48
Bon, aussi, les 75km, ce sont des km de fiches techniques, on les connait. À ceci, il faut tenir compte que ce type de batterie (nickel-cadmium) sont connus pour avoir un très fort effet mémoire (si tu fais tous les jours le même trajet, c'est le pire).
Le 0 à 100, ou de manière générale, l'accélération, c'est quelque chose qui se montre important pour effectuer certaine manœuvre en toute sécurité. C'est un vécu personnel, mais faire une insertion dans une rocade lorsque la voie ad hoc est très courte avec une voiture qui manque cruellement de punch, c'est terrifiant. Dans un autre cas, il y a le dépassement qui demande une voiture un peu nerveuse, mais clairement, vu les perfs annoncées, dans un dépassement, on ne s'attend pas que cette voiture soit l'actrice qui double, mais plutôt celle qui se fait doubler tant elle peinera à rouler à 90, et encore plus au moindre relief. Donc non, l'accélération, ce n'est pas que pour les kékés pour faire vroum vroum, mais aussi quelque chose qui permet de faire des manœuvres de manière plus sereine.
Le 27/03/2025 à 14h59
Le 26/03/2025 à 20h59
Le 26/03/2025 à 20h57
Un moteur élec capable de sortir 60cv ça doit pas peser bien lourd, par contre la batterie ,oui. Mais dans la limite du même poids que l'original (à quelque chose près, il me semble).
Le 27/03/2025 à 10h43
Le 26/03/2025 à 16h06
* l'aide à freinage d'urgence
* les systèmes de détection d'obstacle en marche arrière
* l’avertisseur de fatigue et d’inattention
* l’alerte du franchissement de ligne,
* le régulateur de vitesse intelligent,
* la « boîte noire » embarquée,
* un pré-équipement pour rendre possible le montage d’un dispositif d’éthylotest anti-démarrage,
* un système de lecture des panneaux
En 2026, il faudra entre autre rajouter :
* le détecteur d’usagers vulnérables
* une zone d'impact étendue en cas de choc avec la tête d'un piéton, afin de réduire le risque de blessure
Et tout ça se rajoute à la longue liste d'équipement qui étaient déjà obligatoires.
Et Si tu comptes juste partir d'une AX, pour remplacer le moteur thermique par un moteur électrique+batterie en gardant le poids original, tu risques d'être très limité par l'autonomie. Regarde du côté de la Citroën Ami, tu auras surement une meilleure expérience (485 kg sur la balance, grâce à une législation très légère pour les voitures sans permis qui permet un équipement totalement inexistant)
Le 26/03/2025 à 20h39
Modifié le 26/03/2025 à 21h13
Il n'existe aucun quadricycle électrique léger pour 4 personnes.
Mais oui, ce serait parfait.
Et je pense ce serait parfait pour plein de gens, en fait.
Ça permettrait 90% des usages domestiques.
Pour le reste, y'a la location, les bus, les trains, les avions (encore un peu).
Il pourrait y avoir des constructeurs locaux. Comme il en existe déjà certains pour des buggy par exemple, ou des répliques de méhari élec. Sauf que c'est ouvert !! Je veux juste pareil mais fermé 😭🤣
Le 26/03/2025 à 21h14
Y'a des 2CV retrofitées par exemple !!