Vodafone passe un appel vidéo par satellite (AST SpaceMobile), avec un smartphone classique
Non mais allo quoi ?

Après le partenariat entre T-Mobile et Starlink pour des SMS, c’est au tour de Vodafone de s’acoquiner avec AST SpaceMobile pour réaliser un appel en vidéo par satellite, depuis une zone non couverte par la téléphonie mobile.
Le 31 janvier à 08h20
4 min
Internet
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Cette semaine, nous vous expliquions comment fonctionne le Direct-to-Device (ou Direct-to-Cell), c’est-à-dire des communications sur son smartphone qui passent par un satellite, sans avoir besoin de modifier la partie matérielle. Starlink propose déjà des SMS et se prépare à lancer des appels. Pour rappel, l‘Europe ne veut pas rester sur le bord de la route et annonce un partenariat avec Viasat.
Here comes a new challenger
Un nouveau joueur vient se joindre à la partie : l’opérateur britannique Vodafone. Il revendique le « premier appel vidéo spatial au monde à partir d’une zone sans couverture à l’aide d’un téléphone mobile standard et de satellites commerciaux ». Une manière musclée de répondre à Starlink de SpaceX (nous y reviendrons).
Vodafone enfonce le clou : « Il s’agit de la seule technologie satellitaire de ce type conçue pour offrir une expérience haut débit mobile complète et qui ouvre la voie à une connectivité numérique universelle ». La promesse est la même que celle de Starlink.
BlueBird : une mini-constellation à 700 km
L’opérateur utilise les satellites BlueBird d’AST SpaceMobile. Une société qu’il connait bien puisqu’il revendique en être « devenu l’un des principaux investisseurs » en 2019 suite à une levée de fonds (110 millions de dollars au total). Ces satellites sont au nombre de cinq pour le moment et se situent à 700 km d’altitude environ, selon ce document de 2022.


« Chacun dispose d’une antenne réseau à commande de phase mesurant 64 m² pour établir une connectivité directement avec les téléphones portables via des fréquences standard 3GPP, et en partenariat avec les principaux fournisseurs de services cellulaires du monde entier ».
On peut voir sur l’image ci-dessous les « antennes » des satellites une fois qu’elles sont déployées. La société est encore loin de pouvoir proposer une couverture mondiale puisque, selon ce document de la FCC, elle prévoit une constellation de 243 satellites sur 16 plans orbitaux.
Appels, 5G et débit jusqu‘à 10 Mb/s
Abel Avellan, CEO d’AST SpaceMobile ne manque pas de superlatifs lorsqu’il s’agit de parler de cette expérience avec Vodafone : « Ensemble, nous avons réalisé plusieurs premières mondiales en matière de connectivité haut débit basée dans l’espace, notamment le tout premier appel vocal basé dans l’espace, le premier téléchargement en 4G à plus de 10 Mbps et le tout premier appel vocal 5G ». L’entreprise espère même atteindre jusqu’à 120 Mb/s à l’avenir.
Vodafone compte continuer de mener des tests ce printemps, puis l’opérateur « introduira progressivement le service haut débit direct-to-smartphone sur les marchés européens plus tard cette année et en 2026 ».
AST SpaceMobile propose ci-dessous une photo du dessous (la face orientée vers la Terre une fois déployé dans l’espace) d’un de ses satellites. Il s’agissait du démonstrateur BlueWalker 3, précurseur de la série BlueBird. La surface était la même avec 64 m² environ.

L’opérateur britannique ne donne pas de plan ni de tarif pour la commercialisation de ses offres. Il explique sur cette page qu’il sera possible de souscrire à un pass journalier ou un abonnement au mois, en plus de son forfait classique. Un abonnement « standalone » est aussi au programme pour utiliser en toutes circonstances BlueBird. AST SpaceMobile vise ainsi tout type de population, de ceux qui ont des besoins ponctuels ou souhaitent avoir une solution de secours, à ceux qui sont dans des zones blanches.

AST SpaceMobile tacle SpaceX… qui a envoyé les satellites BlueBird
AST SpaceMobile revendique être « le premier et le seul réseau haut débit mobile dans l’espace qui fonctionne directement avec des smartphones standard, non modifiés, pour plusieurs utilisateurs. Cela va au-delà d’autres constellations de satellites en orbite terrestre basse qui n’ont jusqu’à présent facilité que la messagerie texte ».
Starlink n’est pas cité, mais c’est évidemment la cible. Ironie du sort, les satellites BlueBird ont été lancés en septembre 2024 avec une fusée… Falcon 9 de SpaceX. Rappelons que Starlink a déjà réalisé un appel vidéo en mars de l’année dernière, lors d’un test après la mise en orbite des premiers satellites compatibles avec cette technologie.
Vodafone passe un appel vidéo par satellite (AST SpaceMobile), avec un smartphone classique
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Here comes a new challenger
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BlueBird : une mini-constellation à 700 km
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Appels, 5G et débit jusqu‘à 10 Mb/s
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Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 31/01/2025 à 09h41
C'est assez surprenant de se dire qu'on peut "capter" du réseau balancé depuis 300km, ça laisse songeur sur la puissance du signal émis, ou pas ?? Quand on pense que parfois on a du mal à capter le signal de l'antenne du coin...
Modifié le 31/01/2025 à 15h02
(édit: reformulé)
Le 31/01/2025 à 13h53
Le 31/01/2025 à 14h43
Pour en savoir un peu plus sur ce type d'antennes, c'est ici Et c'est aussi très utile pour la partie émission du satellite.
Modifié le 31/01/2025 à 14h53
j'imagine mal un téléphone portable équipé d'une antenne de 64m²
edit: my bad, je pensait que neod parlais de l'antenne côté téléphone...
edit2: voir ce commentaire:
Le 31/01/2025 à 14h57
Le 31/01/2025 à 17h22
Donc, pour que tout le monde comprenne bien : les téléphones sont standards et c'est le satellite qui fait en sorte qu'il puisse recevoir les ondes radio standard venant du téléphone et dans l'autre sens que ses émissions soient reçues par le téléphone.
Remarque : AST SpaceMobile annonce aussi une offre spécifique avec des téléphones satellites comme indiqué dans le pdf en lien dans l'article et aussi une offre via des antennes spécifiques pour différents usage pro (avions, bateaux, bâtiments, etc.)
Le 31/01/2025 à 13h50
Le 31/01/2025 à 14h45
Le 31/01/2025 à 14h52
je pensait que les appels par satellite passaient en utilisant la puce gps, et que donc ils utilisaient les fréquences gps...
faut que je dorme...........
Le 31/01/2025 à 15h36
mais de toute façon, le gps n'est absolument pas bi-directionnel, le téléphone n’envoie strictement rien sur les fréquences GPS, il n'est que récepteur.
tous les systèmes analogues (Galiléo, GLONASS, ...) fonctionnent de la même manière :
les satellites émettent un "bip" horodaté avec leur position dans l'espace (qui leur est indiquée par des stations au sol, donc fixes et dont on connaît la position géographique précise),
c'est quand le téléphone (ou autre terminal) reçoit les "bips" de plusieurs satellites qu'il peut calculer lui-même par triangulation sa propre position
les satellites ne reçoivent rien du tout de la part des terminaux, merci aux séries tv / films d'avoir entretenu la confusion (si google sait où se trouve un véhicule, c'est uniquement grâce à la data du téléphone du conducteur ou à la sim intégrée, pas via le réseau satellitaire GPS)
Le 31/01/2025 à 15h49
Le 01/02/2025 à 08h33
Le 05/02/2025 à 06h34
Le 31/01/2025 à 22h17
Si ils mettent ça en place, quelque chose doit m'échapper.
Modifié le 02/02/2025 à 15h34
Vu que les téléphones possèdent désormais une antenne qui émet dans les trois axes, on peut considérer que l'émission est relativement homogène et que la quantité d'énergie envoyée vers le satellite est proportionnelle à un angle solide pas bien grand en effet mais maximisé par la taille importante de l'antenne du satellite.
Il reste en suite à appliquer les pertes liées à la distance parcourue et on ne doit pas être trop mal.
Le 05/02/2025 à 07h11
Ne pas oublier que le débit est fortement asymétrique : le tel reçoit 10mbps du satellite, mais le satellite doit pas recevoir grand chose en provenance du tel, ça ce voit dans la vidéo : Le gars avec le bonnet qui émet ne bouge pas mais est pixelisé façon fichier real média de 1997 (je pense que le débit n'est pas bien élevé sans doute moins de 100kbs), ensuite on ne voit plus que la réception de l'appel dans la vidéo qui est de bien meilleure qualité.
Le 01/02/2025 à 08h30
L'antenne et le satellite faisant le boulot d'écoute. Sur terre les antennes ne peuvent pas être démesurées donc on en mets un peu partout.
J'ai bon ?
Le 01/02/2025 à 10h27
En fait, cette distance n'est pas si grande que ça pour l’atténuation.
Sur terre, en zone rurale (donc sans obstacle ni rebond des ondes), les fréquences 700 MHz permettent une portée de 8 km. Le site d'AST parle d'utiliser les 850 MHz aux USA. On est proche en terme de fréquence et donc de portée (je n'ai pas trouvé la portée pour les 850 MHz).
Le rapport des distances au carré donne donc une atténuation supplémentaire (aux 8 km) de 7656 pour 700 km et 3906 pour 500 km. Disons entre 4000 et 8000 d’atténuation pour arrondir et tenir compte des fréquences un peu moins bonnes.
On est donc dans des ordres de grandeur où avec des antennes telles que celles de ces satellites (64 m²) , il est assez probable que l'on récupère un signal correct.
Remarque complémentaire : la demande à la FCC indique : On n'est donc pas dans les fréquences hautes utilisées pour la 5G qui permettent du débit mais qui portent bien moins loin.
Le 01/02/2025 à 16h45
Autre point qui m’interroge, admettons que le satellite arrose tranquillement, comment le téléphone arrive-t-il à lui envoyer des données ?