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Orange et HP construiront le supercalculateur classifié dédié à l’IA de défense

Pas mal non ? C'est français

Orange et HP construiront le supercalculateur classifié dédié à l’IA de défense

© DGA/MIP

Le ministère des Armées l’a confirmé jeudi : la mise en place du « plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe » est désormais confiée au groupement constitué par HP et Orange, vainqueurs face à Atos. Le projet doit aboutir à une mise en service d’ici fin 2025, sous la houlette de l’agence ministérielle pour l’IA de défense, qui franchit la barre des 100 ingénieurs.

Le 25 octobre à 15h23

Atos, qui discute actuellement avec l’État au sujet de l’acquisition de ses activités stratégiques, ne construira finalement pas le futur supercalculateur dédié à l’IA dans la défense française. Le ministère des Armées a en effet annoncé jeudi (PDF) avoir sélectionné le groupement constitué par HPE (Hewlett-Packard Entreprise) et Orange pour la réalisation de ce centre de données, qualifié de  « plus importante capacité de calcul classifiée dédiée à l’intelligence artificielle d’Europe ».

Deux candidats en lice

Installé au Mont-Valérien à Suresnes, aux portes de Paris, le supercalculateur sera hébergé et infogéré par la direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information de la Défense (Dirisi). Son exploitation sera quant à elle confiée à l’Amiad, l’Agence ministérielle de l'intelligence artificielle de défense, créée et installée en mars dernier.

Deux candidats s’affrontaient pour la réalisation de ce projet, dont l’enveloppe prévisionnelle gravite entre 200 et 300 millions d’euros. Atos, acteur historique du supercalcul grâce aux activités de Bull, faisait pour beaucoup office de favori. L’entreprise dispose d’une légitimité en la matière, elle travaille depuis 2004 avec la Direction des applications militaires (DAM) du CEA, et lui a fourni ses derniers systèmes dédiés en 2021. Enfin, Atos présente l’avantage d’être une entreprise française, là où son concurrent Orange a fait le choix de s’allier avec un acteur américain.

« Ce calculateur ne sera pas connecté à internet et sa maintenance sera réalisée par des citoyens français habilités au secret de la défense nationale », prend soin de préciser le ministère des Armées dans sa communication. Une façon de souligner que même si les composants sont américains, la souveraineté de l’infrastructure et des traitements qui y seront effectués est garantie.

Souveraineté et composants américains

C’est aussi le point de vue qu’a défendu Sébastien Lecornu, ministre des Armées, le 15 octobre dernier, devant la commission de défense du Sénat (voir vidéo, à partir de 54 minutes environ).

« La souveraineté en la matière est un bon débat, précisément parce qu’il n’y en a pas », a fait valoir le ministre, expliquant que 90 à 95% des GPU équipant les supercalculateurs dans le monde provenaient de NVIDIA, et soulignant que les deux offres, Atos d’un côté et Orange / HP de l’autre, s’approvisionnaient chez le numéro un.

Le ministre a par ailleurs appelé à ne pas confondre sécurité et souveraineté, expliquant que le cahier des charges s’appliquait en des termes similaires aux deux candidats. « Quels que soient ceux qui mettront en œuvre cette affaire, toutes les procédures seront respectées. Comme je le dis souvent, beaucoup d’ordinateurs du ministère des Armées ont Microsoft, c’est comme ça, il n’y a pas de solution française. C’est plutôt la mise en œuvre de ce soft, la manière dont les ingénieurs le mettent en œuvre, avec nos protocoles de sécurité, qui nous permet justement de ne pas avoir d’ingérence », a-t-il illustré.

Toute considération sur les systèmes d’exploitation mise à part, quels sont dans ce cas les critères qui ont présidé au choix de l’offre Orange / HP ? Le ministère ne livre aucune information à ce sujet, mais le processus de décision semble ne pas avoir été de tout repos.

« Sur les deux réponses en cours, vous avez une réponse qui apparaît sûrement anormalement faible, et une réponse dont on pourrait se poser la question (…) d’une proportion anormalement forte », a révélé Sébastien Lecornu en commission, évoquant des décalages « sur le critère des délais, du prix, de la performance et du staff humain qui est mis à disposition ». Du fait de ces écarts « anormaux », le ministre ajoute qu’il a demandé au Contrôle général des armées de reprendre l’ensemble du processus d’attribution.

Moins de dix jours plus tard, celui-ci a donc finalement validé la procédure, et déclenché l’attribution du marché. « Le supercalculateur sera livré à l’autonome 2025 et pleinement opérationnel fin 2025 », annonce le ministère.

Un supercalculateur pour l’armement « info-valorisé »

Quels en seront les usages ? Il « permettra à la France de traiter souverainement de données confidentielles, pour le besoin des armées ainsi qu’aux entreprises de défense », explique le ministère.

Cette nouvelle infrastructure – nom de code Asgard – doit notamment soutenir les travaux des Armées et des industriels de défense autour des dispositifs d’armement « info-valorisés », c’est-à-dire soutenus par l’intelligence artificielle, à l’image des programmes Scorpion (véhicules terrestres médians) et SCAF (Système de combat aérien du futur).

Elle a également vocation à soutenir les nombreux projets de recherche relatifs à l’IA, à l’échelle des différents corps de l’Armée. En mai dernier, le Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique, spécialisé dans l’écoute sous-marine, indiquait par exemple qu’il ferait appel à l’Amiad pour soutenir le travail de ses « oreilles d’or » grâce à l’IA.

Il sous-tendra également les différents projets de l’Amiad, qui se félicite à cette occasion d’accueillir bientôt son centième ingénieur – sur un plan de recrutement qui prévoyait 300 ingénieurs, chercheurs et doctorants, civils ou militaires, d’ici 2026. L’agence annonce ainsi avoir débuté le déploiement de Génial, un agent conversationnel, « équivalent d’un ChatGPT défense », dont l’accès sera ouvert à tous les agents du ministère des Armées dès la fin de l’année.

Le 25 octobre à 15h23

Commentaires (7)

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J'allais faire une remarque sur l'armée américaine qui mettait à jour ses systèmes nucléaires (en partie) avec des disquettes 8 pouces, mais Seb m'a emboité le pas. La simplicité est parfois une bonne solution, pour ne pas finir avec un HAL 9000 (ou CARL 500 en français).
Orange? Alors là ça donne pas confiance... Combien de leurs produits et solutions ont fini aux oubliettes car mal conçus et développés? Ouch...
Comme dit par le ministre dans son passage au Sénat, pour le coup Orange, HP ou les autres intervenants sont tenus par un cahier des charges extrêmement strict, et on peut supposer que les Armées savent s'assurer qu'il est respecté. Les intervenants, quels qu'ils soient, peuvent avoir du mal à délivrer, pour plein de raisons, mais en principe ils peuvent pas faire n'importe quoi :D
N'était-ce pas cas aussi du super logiciel de paie développé pour les armées il y a quelques années ? Peut-être n'avait-il pas fait l'objet d'un cahier des charges aussi strict. :mrgreen:
Il est devenu quoi d'ailleurs ce soft ? O:-) :mdr:
Haaa tu fais allusion à Louvois, une gabegie de qualité prestige :D

ça a été remplacé y'a quelques années par un autre soft, Source Solde, que cette fois l'Armée a eu le bon sens de ne pas développer en interne. De mémoire, c'est Sopra qui pilote maintenant
L’agence annonce ainsi avoir débuté le déploiement de Génial, un agent conversationnel, « équivalent d’un ChatGPT défense », dont l’accès sera ouvert à tous les agents du ministère des Armées dès la fin de l’année.


Ils n'ont manifestement pas écouté le podcast Génial de Mathilde Saliou, qui dénonce justement les biais et autres hallus, qui entraînent des conséquences parfois dramatiques sur des vies humaines (allocs coupées, soupçons de fraude sans fondement, chômage, recrutement...) !

:mega: Non mais allo les gars ! Vous dépensez des milliards pour cette merde, alors qu'il y a des alternatives à l'IA bien plus efficaces et moins coûteuses en temps de calcul ? Et toutes les recherches très avancées en informatique (autre que l'IA) de ces dernières années, c'est pour les Dugong ?

Ils sont absolument adorables et méritent d'être protégés, c'est un fait, mais désolé, les "compioutaires", ils s'en fichent comme de leur premier brin d'algue...

(EDIT: en fait, plus ça va, plus je pense que les AI actuelles sont juste pour compenser le fait qu'on n'a toujours pas découvert de civilisations extra, du coup l'humanité qui ne croit plus au Père Noël se sent horriblement seule et abandonnée, du coup : IA qui parle, n'importe quoi pour meubler le vide, intérieur et extérieur... :craint: )
Urgence à IA pacifiste, ce serait quand même plus futé.

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  • Deux candidats en lice

  • Souveraineté et composants américains

  • Un supercalculateur pour l’armement « info-valorisé »

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