Arm voudrait aussi racheter Intel, mais à la découpe
Grosse commande de popcorn chez AMD
Qualcomm, Apollo Global Management et maintenant Arm : les rumeurs de proposition d’achats se multiplient autour d’Intel. Le marché des CPU/SoC est en évolution rapide et la période difficile pour Intel, avec des pertes financières importantes.
Le 30 septembre à 11h36
6 min
Économie
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On rembobine un peu la bande. Le début de l’histoire remonte à la semaine dernière, quand le Wall Street Journal a affirmé que Qualcomm avait approché Intel en vue d’un rachat.
Une discussion avec Apollo Global Management serait aussi en cours. Cette société, spécialisée dans la gestion d’actifs, proposerait un investissement de 5 milliards de dollars, sous forme d’une prise de participation.
Here comes a new challenger : Arm
Le marché évolue rapidement, notamment avec la technologie Arm qui prend de plus en plus de place (RISC-V qui se prépare en coulisse). Apple utilise Arm pour développer ses propres puces Apple Silicon, avec un certain succès, tandis que Microsoft a sauté le pas pour sa dernière génération de Surface, avec les Snapdragon X Elite/Plus de Qualcomm.
Parallèlement, les temps sont durs pour Intel, qui a en ce moment un genou à terre (nous allons y revenir). Avec sa proposition de rachat (même à l’état de rumeur), Qualcomm enfonce le clou. Un coup dur pour l’image d’Intel, d’autant qu’il y a quelques mois/années, une telle proposition n’était pas envisageable.
Et voilà qu’un nouvel acteur entrerait dans la danse : Arm, comme l’explique Bloomberg. Détail intéressant, l'entreprise ne voudrait racheter qu'une partie : la division produits du fabricant, laissant de côté Intel Foundry, qui sera bientôt une filiale indépendante.
Intel aurait répondu rapidement à cette proposition avec un « non » ferme, selon les sources de nos confrères. Intel et Arm ont refusé de commenter l’affaire auprès de nos confrères.
Des pertes chez Intel, des bénéfices chez Qualcomm
Attardons-nous deux minutes sur le paysage actuel et les forces en présence. Pendant qu’Intel pleure sur ses résultats financiers, Qualcomm est à la fête. Dans son dernier bilan comptable (clos le 23 juin, publié le 31 juillet), Qualcomm revendique un chiffre d'affaires de 9,393 milliards de dollars avec 2,129 milliards de dollars de bénéfices nets, en hausse de respectivement 11 et 18 %.
Côté Intel, ce n’est pas la même musique (bilan clos le 29 juin, publié le 1ᵉʳ aout) : si les revenus sont de 12,8 milliards de dollars (en légère baisse de 1 %), l’entreprise enregistre surtout des pertes de 1,6 milliard de dollars sur le trimestre, contre un bénéfice net de 1,5 milliard de dollars un an auparavant.
Niveau finances, Arm est loin d’Intel et Qualcomm sur son chiffre d’affaires, avec « seulement » 939 millions de dollars au dernier trimestre, en hausse de 39 % sur un an. Le bénéfice net est pour sa part de 223 millions de dollars, en hausse de 112 %.
Les temps sont durs pour Intel
Les déboires financiers d’Intel ont conduit à de profonds changements. Il y a notamment le licenciement de 15 % de son personnel d'ici à la fin de l’année (soit environ 15 000 personnes) et une réorientation stratégique importante. Elle consiste en une séparation de son activité fonderie (Intel Foundry), qui va ainsi devenir une filiale. Puisque la porte de la scission est entre-ouverte, Arm tente de faire ses emplettes.
Intel annonçait aussi une rationalisation de ses investissements, dont le gel d’un projet d’usines à plus de 30 milliards de dollars en Allemagne. Au début du mois, le fondeur revoyait ses plans pour la fabrication des CPU en abandonnant le procédé de gravure 20A. Officiellement, c’était pour se concentrer sur le 18A qui donnait de bons résultats, mais aussi pour « optimiser [ses] investissements en ingénierie ». Bref, une réduction des coûts sur tous les segments pour essayer de limiter les dégâts.
Résultat des courses, les puces Arrow Lake sont « construites principalement à l’aide de partenaires externes et packagés par Intel Foundry ». Intel s’appuie déjà beaucoup sur son partenaire TSMC pour certaines parties de ses CPU. Sur Lunar Lake, c’est le cas des tuiles E-core et P-core (technologie N3B), alors que la génération précédente exploitait la technologie Intel 4. Il faudra donc attendre 2025 avec Panther Lake et Clearwater Forest pour que la production revienne chez Intel (18A).
Pour ne rien arranger, Intel a mis des mois à réagir, puis à identifier et à corriger le souci (enfin les soucis) rencontré par ses utilisateurs sur plusieurs de ses processeurs, des Core i5 à i9 de 13ᵉ et 14ᵉ générations. Pas moins de quatre scénarios ont été identifiés et un troisième microcode a été mis en ligne la semaine dernière.
Pas de quoi redorer le blason de l’entreprise, qui affirme néanmoins à qui veut l’entendre que les autres CPU et les dernières générations Lunar Lake et Arrow Lake ne sont pas touchés. L’image de marque en prend néanmoins un coup, à ajouter au bilan financier et annonces qui en ont découlées.
x86, Arm, RISC-V : le marché évolue rapidement
Ce ne sont pas les seuls problèmes d’Intel. En plus de l’arrivée massive d’Arm, le marché continue d’évoluer rapidement et la suite se prépare déjà en coulisse avec l'architecture RISC-V. L’année dernière, cinq entreprises (Robert Bosch GmbH, Infineon Technologies AG, Nordic Semiconductor, NXP Semiconductors et Qualcomm Technologies) ont annoncé la création d’une entreprise commune.
Comme nous l’expliquions alors, Arm et Qualcomm sont deux partenaires proches, mais aussi en guerre ouverte, avec un passage par la case justice. Arm accuse Qualcomm d’utiliser illégalement certaines de ses technologies, suite au rachat de Nuvia. Qualcomm est l'un des principaux clients d’Arm, puisqu’il exploite ses technologies depuis longtemps dans ses puces Snapdragon pour les mobiles.
Arm, Intel et Qualcomm valorisées entre 102 et 187 milliards de dollars
L’année dernière, Arm est entrée en bourse, avec succès. Lancée à 51 dollars, l’action est rapidement montée à plus de 60 dollars, pour atteindre aujourd’hui 145 dollars, soit quasiment trois fois plus qu’au lancement. Arm est ainsi valorisée 153 milliards de dollars, contre 102 milliards de dollars pour Intel et 187 milliards de dollars pour Qualcomm.
Côté Intel, ça va un peu mieux. Après l’annonce de ses résultats catastrophiques en aout, l’action avait dévissé de près de 40 % en bourse. Depuis le début du mois et l’intérêt de plusieurs entreprises pour un rachat, l’action remonte doucement, mais surement. Elle a déjà repris près de 30 %. Avec 24 dollars au cours actuel, l’action est encore loin de son niveau de juillet (entre 30 et 35 dollars).
Arm voudrait aussi racheter Intel, mais à la découpe
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Here comes a new challenger : Arm
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Des pertes chez Intel, des bénéfices chez Qualcomm
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Les temps sont durs pour Intel
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x86, Arm, RISC-V : le marché évolue rapidement
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Arm, Intel et Qualcomm valorisées entre 102 et 187 milliards de dollars
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 30/09/2024 à 11h42
Le 30/09/2024 à 11h56
Les consoles de jeux chez Microsoft et Sony ? AMD. Prochaine Gen ? AMD.
Les consoles portables style SteamDeck de Valve, Rog Ally de Asus, et autres ? AMD.
Les laptops polyvalents intéressants pour faire plus que de la bureautique/web ? AMD.
Leur stratégie tournant autour des APU, sans chercher à faire du haut de gamme coûte que coûte, paie.
Ils se sont même payés le luxe de se refaire une image auprès des linuxiens, en mettant loin derrière les histoires de drivers mal ficelés et optimisés et pas libres.
Intel étant peu intéressant sur les GPU et iGPU, même si les pilotes sont libres aussi, AMD a clairement pris le dessus, on a des performances correctes, et ce sans bidouille.
Quand à Nvidia à ce niveau là, avec leurs pilotes proprios, c'est moins problématique qu'avant, mais ils sont passés de meilleure solution, à solution problématique, avec des soucis de mise à jour, support de wayland...
Intel domine encore sur la majorité des machines type pc de bureau & laptop, mais pour combien de temps ? Ils n'auraient jamais dû abandonner le segment des smartphones et pousser davantage le x86/64... J'avais un Asus Zenfone 2 à l'époque, un des rares à en avoir eu un... Ça tournait très bien !
Le 30/09/2024 à 13h36
Par contre, l'abandon de Intel risque de faire mal à AMD: Intel reste LA marque (et je pense que ces annonces de rachat sont surtout pour abaisser cette perception), et si Intel disparaît, il n'est pas sûr que AMD soit reconnu pour reprendre le flambeau (à tort ou à raison)
Le 30/09/2024 à 15h44
Quelle serait aussi l'impact pour l'exploitation des licences de brevets, des accords de licence croisée entre AMD et Intel. Si le racheteur casse les accords, AMD pourrait se retrouver sans droit de continuer ses activités x86.
Le 30/09/2024 à 18h50
https://www.tomshardware.fr/bientot-des-processeurs-arm-signes-amd-et-nvidia-dans-nos-pc/
Modifié le 30/09/2024 à 19h01
Le 30/09/2024 à 19h27
Et malgré tout, c'est ARM qui sera le roi; car ARM ce n'est pas la fabrication mais le design. Et je ne suis pas sûr de moi, mais je pense que ça passe par des royalties à ARM (que ce soit Intel, AMD ou autres)
Et pire, c'est avoir encore un unique compétiteur (ARM); ce qui trouble les autres marchés qui dépendent de celui-ci par manque de concurrence (un autre chapitre à la "Intel / AMD")
D'où, le consensus, toujours selon mon avis de pécore, d'avoir une alternative (RISC-V?) afin de limiter les dépendances et jouer sur les tarifs.
M'enfin, je ne peux être que spectateurs de tout ceci. Qui vivra, verra.
Le 01/10/2024 à 08h03
Le 30/09/2024 à 19h06
je pense que les USA interviendront pour forcer un accord.
Le 30/09/2024 à 11h46
Le 30/09/2024 à 11h51
Bref Intel est loin d'être dans le mal financièrement, avec quasi 30 milliards de dollars de cash dispo
Le 30/09/2024 à 16h28
Le 30/09/2024 à 12h00
Je suis un peu old-school, j'ai toujours PC fixe / portable, mais j'imagine que les nouvelles générations font tout sur smartphone, ce qui pourrait justifier une baisse d'Intel…
Modifié le 30/09/2024 à 12h38
justement, parce qu'on parle d'AMD en parallèle, Intel est très généraliste, alors que AMD ne fait que des CPU et GPU à ma connaissance, donc la disparition des PC fixes pourrait bien plus l'affecter.
Le 30/09/2024 à 12h48
Le 30/09/2024 à 13h02
Le 30/09/2024 à 22h06
Modifié le 01/10/2024 à 10h33
Les marges sont faibles c'est clair (quand MS vient pour 4 millions de Xbox, ça négocie sec) mais ça fait du volume pour garder la place dans les Fab avec GlobalFoundries.
Le danger pour AMD c'est surtout de manquer le train de la hype sur les GPU de calcul, les marges sont indécentes.
Le 01/10/2024 à 11h09
NVidia faisait des tablettes (qu'on pouvait utiliser en tablette ou en console), ça a été remarqué et ils n'ont plus le droit d'en faire suite à accord commercial avec Nintendo.
Le NVidia T234/T239 n'est apparu dans aucun appareil pour le moment, y compris dans une shield "console" ... Nintendo aurait-il élargi l'exclusivité? Je le pense franchement.
Tout cela pour dire: NVidia garde un bon pied dans la porte. Il a respecté l'accord avec N, mais ils semblent rester capables dans ce domaine. Ils ne tentent pas d'investir le marché, laissant Nintendo faire le job. Mais ils sont là.
Le 30/09/2024 à 18h54
Le 30/09/2024 à 12h44
Le 30/09/2024 à 13h58
Et puis rappelons que la plupart des architectures n'ont été supportées que par un seul acteur ce qui a créé une compétition entre architectures. Le marché du processeur grand public/serveur est tellement énorme qu'il ne faut pas trop s'inquiéter.
Le 30/09/2024 à 13h22
Modifié le 30/09/2024 à 23h43
Modifié le 01/10/2024 à 08h11
STMicroElectronics étant le nom actuel de l'ancien SGS-Thomson.
Le 01/10/2024 à 09h24
Le 04/10/2024 à 12h12
C'est cette licence qu'avait utilisé Cyrix pour démarrer la fabrication de ses processeurs.
Le 11/10/2024 à 11h10