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Des éditeurs remplacent leurs traducteurs par des IA

Des éditeurs remplacent leurs traducteurs par des IA

GeoComix

Le 27 mai à 15h28

« Il n’y a aucune raison que l’édition vive dans une réserve alors que l’intelligence artificielle finira par être utilisée dans tous les secteurs », explique au Figaro Renaud Lefebvre, directeur général du syndicat national de l’édition (SNE).

« Le téléphone a commencé à moins sonner, puis les deux maisons avec qui j’ai l’habitude de travailler m’ont tout simplement annoncé qu’elles préféraient se tourner vers des solutions d’intelligence artificielle, faute de moyens », confie de son côté Capucine, traductrice de livres pratiques, d’ouvrages de développement personnel et de biographies de stars.

« C’est la deuxième maison en quatre mois qui me propose des contrats au rabais, en troquant mon statut d’auteur pour celui de prestataire de services », témoigne un autre traducteur : « On me demande désormais d’éditer à la marge des textes, qui ont préalablement été traduits par une machine ».

« Dans les traductions littéraires, l’utilisation de l’intelligence artificielle n’est pas envisageable », tempère Anne Michel, à la tête du département étranger chez Albin Michel, qui note que « Dans les contrats rédigés par les maisons d’édition anglo-saxonnes, il est désormais demandé très spécifiquement, depuis plus de six mois, que les traductions soient faites par des humains et non par la machine ».

A contrario, des éditeurs de BD, mangas et webtoons se tournent désormais vers GeoComix/ComixSuite, une start-up française qui développe depuis 8 ans « une Intelligence Artificielle unique capable d'extraire et d'analyser tous les éléments présents sur une page de bande dessinée », de sorte d'automatiser la traduction et la réécriture des légendes dans plusieurs langues.

Une société britannique, DeepZen, « promet de son côté aux éditeurs de diviser par dix le temps de production d’un livre audio, et par quatre le coût de conception ». Le Figaro relève qu'Audible « propose déjà plus de 40 000 livres audio dont les voix sont générées par IA », et que le deuxième groupe d’édition du monde, HarperCollins, vient de son côté d’officialiser un partenariat avec la start-up de clonage de voix, ElevenLabs, afin d’élargir son catalogue de livres audio en langues étrangères à coût réduit.

« Nous sommes dans un moment pivot. C’est inévitable que des emplois soient décimés dans les prochains mois », explique au Figaro Stephan Kalb, membre du bureau de l’association professionnelle LESVOIX qui, avec le Syndicat Français des Artistes interprètes (SFA), a lancé une pétition en janvier, Pour un doublage créé par des humains pour des humains, qui affiche plus de 120 000 signatures :

« Nous risquons d’être parmi les premier·es à être remplacé·es, à très court terme par les outils de l’intelligence artificielle générative (IAG), capables de traduire, cloner, synthétiser des textes, des voix, des interprétations et des émotions avec une similitude étonnante. Nous sommes en première ligne car le traitement des données vocales nécessite moins de puissance de calcul que l’image. »

Le 27 mai à 15h28

Commentaires (51)

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L'exception culturelle a trouvé sa limite: la réduction des coûts.

J'attends avec impatience que les employés des sociétés de gestion des droits viennent pleurer pour leurs emplois à cause des traitements automatisés par l'IA.
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T'en fait pas pour eux.

Ils trouveront le moyen de taxer les IA.

La RTFM : Redevance pour Traductrion Faite par Machine
:cbon:
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On me dit dans mon oreillette que les cireurs de chaussures ont eux aussi écrits une lettre qui paraitra avant celle des cochers mais après ceux des crieurs publics.
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La grosse différence, c'est qu'autrefois, des métiers disparaissaient, mais dans le même temps, plein de nouveaux métiers voyaient le jour.

Mais aujourd'hui, avec l'IA, bien qu'on voie encore apparaître de nouveaux métiers de temps à autre, à mon avis, on se dirige tout de même vers une véritable hécatombe sur le marché de l'emploi et que les destructions seront infiniment supérieures à de potentiels nouveaux emplois (qui seront eux-mêmes en sursis, le temps que la robotique et l'IA s'améliorent encore).

La bonne nouvelle, c'est que ça ne durera qu'un temps, tant qu'on aura du pétrole et de l'énergie bon marché. Viendra ensuite la fin du monde tel qu'on le connaît et le besoin de retourner travailler dans les champs 😱
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On va revenir aux métiers manuels peut être, ceux que l'IA ne saura pas faire toute seule ! Il faut essayer de voir un peu de bon dans tout cela, peut être que certaines filières vont pouvoir revenir un peu vers le devant de la scène !

Je sais pas chez vous, mais un simple exemple, chez moi tu veux un charpentier tu as entre 6 à 12 mois de délais... Et le Job n'est surement pas moins bien payé que traducteur. Un plombier à moins de lui faire refaire tout une salle de bain il se déplace mais tu n'auras jamais de devis, et j'en passe...
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data scientist :)
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On parie combien que bientôt, ça sera au tour des profs de langues?
"M'sieu, c'est pas ça la trad', c'est l'IA qui le dit..."
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C'est oublié que contrairement à autrefois où un métier a chassé un autre, comme le souligne Okki), l'informatique (pas uniquement l'IA) supprime davantage de métiers qu'ils n'en créent.

Donc l'analogie ne fonctionne pas vraiment.
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C'est pas le problème de l'ia que des métiers ne se créent pas. C'est à la société de se construire autour de ça. Il ne faut pas oublier que la base du progrès technologique, c'est de faire en sorte qu'on en ai moins à faire. Si quand le "progrès" amène ça on se plaint alors on est bien en France :francais:

D'ailleurs, ça créer pleins de job dans les pays du "tier monde" sinon comment la modération automatique serait faite ! Imaginez internet sans modération...
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Je me permets d'encadrer ton message...
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Je suis d'accord avec tes 2 premières phrases.
Il ne faut pas oublier que la base du progrès technologique, c'est de faire en sorte qu'on en ai moins à faire. Si quand le "progrès" amène ça on se plaint alors on est bien en France.
Le problèmes est probablement que les gens craignent de ne pas pouvoir avoir de quoi vivre à cause de l'IA.
A la télé ils disent tous les jours : "Y a trois millions de personnes qui veulent du travail." C'est pas vrai : de l'argent leur suffirait.
Coluche

Donc si l'IA donne génère assez d'argent aux pour les gens à qui elle a pris le travail, il n'y a pas de problème.
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Moi ça m'a rajouté une nouvelle pression et de nouveaux moyens... mes managers vérifient tout sur copilot maintenant. Je les ai vu taper mot pour mot plusieurs fois des phrases que je sortais en réunion directement dans copilot pour vérifier mes dires.

Maintenant je fais de ingénierie argumentaire basée sur l'I.A. : je développe des phrases qui ne veulent pas forcément dire grand-chose d'intéressant ni même de compréhensible mais que je sais qu'elles me donneront raison quand mes managers les taperont dans copilot.
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« Je les ai vu taper mot pour mot plusieurs fois des phrases que je sortais en réunion directement dans copilot pour vérifier mes dires. »

Ça m'inspire deux réflexions. La première, que tes managers ne te font pas confiance.
Et la seconde, qu'ils ont beaucoup de temps à perdre :bravo:

PS : En écrivant un message, comment fait-on les pour citer quelqu'un ?
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Ils font ça pour tout le monde, ils passent leur temps en séminaire avec 'crosoft et reviennent avec les idées de 'crosoft... et puis quand on émet un avis professionnel qui ne va pas dans le même sens que 'crosoft ils commencent à s’inquiéter... Je ne peux pas écrire les détails ici, mais ça pourrait finir en recueil de blagues...
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C'est ce qui était annoncé pour les hopitaux et les administrations, l'informatique devait remplacer les milliers de cols blancs de nos administrations... que neni, la surcharge administrative a au contraire fait augmenter le nombre de personnels administratifs dans les hopitaux par exemple (alors qu'ils sont informatisés)
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Là aussi, le problème est différent : les hôpitaux et les administrations ont été utilisés pour réduire les chiffres du chômage, par des embauches massives de personnes qu'il faut bien occuper. Et dans les hôpitaux, les personnes embauchées n'étaient pas du personnel médical, trop long à former.
Pour les occuper, on créée (ou on leur laisse créer) des procédures plus ou moins absconses, qui ont tellement de paramètres et de cas particuliers qu'elles sont par définition non informatisables - voir le fiasco de Louvois, par exemple.
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Pour les cireurs de chaussures, le problème est différent : ils ne sont pas assez payés, donc n'ont pas le droit de travailler en France. Quand j'ai demandé du cirage et une brosse chez mes beaux parents, en Chine, ils m'ont d'abord regardé drôlement, puis ils sont sortis et sont revenus 10 minutes plus tard avec mes chaussures cirées.
C'est pareil là-bas pour le repassage : un jour où j'avais besoin de mettre une chemise, ça a été branle-bas de combat pour retrouver leur fer à repasser, échec, ils sont sortis et sont revenus un peu plus tard avec ma chemise repassée.
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À mon avis il va y avoir un retour en arrière sur la traduction par IA. Face aux tournures de phrase bizarres, aux contresens et aux approximations, soit les gens se tourneront vers la version originale s'ils le peuvent, soit les plaintes vont remonter et les éditeurs s'apercevront que ça coûte aussi cher de faire corriger à la main des traductions automatiques, que de les faire entièrement à la main (comme ça a été le cas pour le journalisme assisté par IA: https://www.arretsurimages.net/articles/a-lest-republicain-rapport-tres-mitige-sur-lusage-de-chatgpt).
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Soit l'IA va s'améliorer, et fera le job de mieux en mieux. Ce qui me semble réellement à sa portée pour le coup, il ne faut pas oublier qu'on est qu'au début...
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On n'est pas vraiment aux débuts de la traduction via l'IA. Google Traduction est en ligne depuis 18 ans et utilise des réseaux de neurones depuis 2016. DeepL est en ligne depuis 2017 et continue à faire des erreurs grossières (rien que dans le précédent article de NXI sur la pétition des comédiens de doublage, il avait traduit "voice talents" par "chanteurs").
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Bah pour moi ça confirme juste que c'est le début 🙂
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Ça dépend à quelle échelle tu te situes. Mais 18 ans dans le domaine de l'informatique c'est pas exactement une petite période.
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Je pense que tu sais très bien ce que je veux dire et tu sais très bien qu'on est en plein dans l'explosion de l'IA donc que cela va évoluer très vite. Après, si tu veux te donner raison parce qu'il y avait un petit poil d'IA dans un outil y a 18, ok, si ca peut te faire plaisir ! :)
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On est certes dans l'explosion de l'IA et les investissements sont beaucoup plus élevés qu'avant, mais je maintiens que non, l'IA dans la traduction c'est vraiment pas neuf. Même en limitant l'IA aux réseaux de neurones récurrents, c'est un des premiers domaines - peut-être le premier domaine - à avoir mis des réseaux de neurones dans ses applis. Bien avant stable-diffusion et Midjourney, et bien-sûr bien avant ChatGPT.

Toi tu as peut-être découvert les transformers, les réseaux de neurones, les IA génératives et tout le toutim il y a deux ans quand OpenAI a présenté ChatGPT. Mais dans la traduction ça fait 10 ans que c'est en place commercialement. Et j'insiste : c'est la même technologie que celle utilisée aujourd'hui (attention-based RNNs). Je parle pas de traduction statistique là.
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Attention, les transformers datent de juin 2017 (papier Attention Is All You Need), mais sinon, oui, tu as raison l'IA dans la traduction, c'est assez vieux comme on peut le lire dans la page en lien et les Transformers s'appuient sur des technos de 1992 et 2014.
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Donc on va multiplier les investissements, on va multiplier les acteurs, on va multiplier les cas d'usage, multiplier les DC, mais vous avez raison, ça va stagner encore très longtemps parce que ça existe depuis 18 ans, donc forcément, rien de nouveau.
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Personne ne dit que ça va "stagner encore très longtemps", on n'en sait rien. Les progrès ne sont pas linéaires de toute façon. On peut avoir des progrès fulgurants en l'espace de trois mois puis 10 ans de stagnation. Comme on peut avoir des progrès plus graduels pendant 5 ans, puis 3 ans de pause, puis un nouveau breakthrough, puis... bien malin qui peut prédire l'avenir.

Moi, je répondais juste à ton "on est au début". Non, dans le domaine de la traduction, on n'est pas spécialement "au début". Dans la génération de vidéos ou de modèles 3D par IA générative, là oui on est au début. Dans la traduction, on est sur 35 ans de recherche et quasi 10 ans de solutions commerciales basées sur les CNN et RNN (Baidu propose la sienne au public depuis 2015). Des mastodontes comme Google, Microsoft, Baidu y travaillent depuis une décennie. Des startups plus agiles comme DeepL aussi. DeepL qui a développé son modèle - toujours en usage - en 2016, et a commencé la constitution d'une base de données pour l'apprentissage dès 2007, à une époque où la grande majorité des PC tournaient encore sous Windows XP.

Alors oui, à l'échelle de l'humanité on est certainement au début. Mais à l'échelle de l'informatique pas vraiment.
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Donc, tu avais très bien compris ce que je voulais dire a mon mess avant ce dernier, qui commence par cette même phrase...bref.
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Soit la moins chère l'emportera, et comme réinvestir dans des meilleurs modèles nécessite de l'argent mais que la situation actuelle semble être: il faut récolter l'argent ... On risque effectivement d'avoir d'abord une perte / un méchant biais qui s'installera.

Je vois déjà les dégâts de google trad sur certains étudiants (bon, pas les meilleurs): une note technique, c'est du charabia. Mais pour eux c'est normal, puisqu'ils ne lisent que des notes techniques traduites. --> Ils reproduisent des tournures de phrase sur leurs propres création qui sont issues de mauvaises trad habituelles.
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Pour certaines catégories de livres, les contresens et tournures bizarres n'ont jamais été un problème pour les éditeurs. Je me souviens par exemple des livres de Mercedes Lackey, chez Pocket, où des sections entières du texte original ont disparu à la traduction.
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J'attends de voir.
La recherche du coût le plus bas, ce n'est pas pas nouveau, et dans certains secteurs on a assez de recul pour voir si cela a été positif ou pas.

En 2007 j'étais dans une grosse SSII qui migrait tous les projets informatiques à Bangalore. 2 ans plus tard, ils ont tout rapatrié en France en urgence car les développements étaient catastrophiques, plus rien ne fonctionnait, déjà d'un point de vue qualité, mais aussi car les développeurs ne comprenaient pas les spécs et développaient l'inverse de ce qui était demandé ! *et ça s'est senti dans la satisfaction client et les reconduction de contrats...

Là aussi peut-être que l'IA aura un impact, mais comme partout il faut sur le long terme, quand l'IA sera passée de mode (j'ai l'impression qu'aujourd'hui on en met de partout juste pour faire moderne dans les plaquettes commerciales).

Le problème, c'est que même s'il y a un retour en arrière dans quelques temps, les emplois sont bien détruits aujourd'hui... Heureusement en France on a un système social qui nous prot... ah ben non raté, merci Macron et Attal.
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Oh ben de toute façon pour les traducteurs le système social, même avant Macron, il était pas glorieux : la plupart des traducteurs sont freelance, donc pas de chômage, quasiment pas d'indemnités journalières, etc.
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Le problème n'est pas l'IA, ses capacités... C'est ce qu'en font les gens. Et c'est aussi le système: même ceux qui sont convaincus que l'IA n'est pas prête seront certainement forcés d el'utiliser au moins un peu pour rester compétititfs.

Bon, ceci dit, traduire par l'IA des textes déjà en partie écrits par l'IA, je ne vois pas le problème.

Et puis vu comme certains se contentent de google trad (certains musées français, parcs d'attraction ont des traductions complètement incohérentes en anglais par exemple, je ne parle même pas de l'Allemand), le services de traductions en avait déjà pris un coup.

Y compris Ms, qui il y a quelques années fournissait un powerpoint intitulé "Coquillage Puissant" ou qui a mis des années à corriger le quotidien "10Go gratruit sur votre disque dur".

Sans parler des trads de doc technique, où est le technet/msdn collaboratif des années 2010? La qualité était top, maintenant même le texte anglais n'est pas toujours compréhensible.
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Ma compagne a exactement vécu ca : elle a travaillé pour un des leaders du marché, et elle est donc passée de "copywriter" à "correcteur" : le texte de base des sites dont elle devait s'occuper était généré par IA. De la gnotte en barre : entre les phrases redondantes, le manque d'identité du texte par rapport au commanditaires etc. Bref, il a fallut tout reprendre la plupart du temps... pour un tarif au rabais : on n'est pas payé au même tarif quand on est copywriter et qu'on part de 0 ou qu'on reprend un texte (même s'il est généré comme une mer...e et qu'on doit tout réécrire)
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Même chose dans la traduction. Il y a une forte demande pour de la MTPE (machine translation post-edition, repasser derrière la machine quoi) où il faudrait tout reprendre, mais c'est payé au prix d'une relecture.

La plupart des traducteurs font dans ce cas savoir au client qu'il faudrait tout reprendre mais que comme ils sont pas payés au tarif d'une traduction (et que souvent ils ont pas la deadline appropriée non plus), ils vont juste corriger le plus gros, mais que le texte restera très mal écrit. Hélas, comme tout le monde a besoin de bouffer, les agences finissent parfois par tomber sur le mec un peu plus désespéré que les autres, qui va accepter de tout refaire pour un tiers du prix normal.
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Et ces mêmes textes serviront ensuite d’apprentissage aux iA suivantes :eeek2:
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Ça me paraît dingue d'utiliser l'IA aujourd'hui pour traduire des bouquins, faut avoir aucune espèce de respect pour la qualité (et pour ses lecteurs). Non seulement il y a régulièrement des erreurs grossières - bon, ça encore, tu peux le rattraper in-extremis en faisant relire. Le plus souvent, l'IA ne respecte même pas les normes typographiques de base qui ont normalement court dans l'édition (guillemets français, espaces insécables avant les double-signes de ponctuation, espaces fines le cas échéant, crochets à l'intérieur des parenthèses, etc.). Bon, ça encore, tu peux le faire corriger presque automatiquement avec un bon logiciel (faut quand-même un humain pour vérifier qu'il y a pas de problème de guillemets imbriqués ou autres)

Mais plus globalement les traductions par l'IA ont un problème plus large de style. Toutes les traductions sonnent... ben... traduites, justement. Ça ressemble au genre de traduction qu'on fait en 1ère année d'études de langues, ou quand un texte est traduit en français par une personne dont le français n'est pas la langue maternelle.

C'est plein d'anglicismes, de tournures bizarres, d'expressions idiomatiques traduites littéralement, l'adaptation culturelle est inexistante, tout humour ou trait d'esprit se perd en chemin (et ne parlons pas des jeux de mots)... De plus, l'IA est globalement incapable de garder une cohérence de long terme, que ce soit en terme de glossaire, de choix des temps, de respect des genres ou de style. Et ça c'est pas le genre de trucs qui se corrige en vitesse. Repasser derrière l'IA et réécrire proprement, c'est souvent autant voire plus long que de traduire directement. Non parce que le premier brouillon "naïf", un traducteur expérimenté le fait à peu près en temps réel à mesure qu'il lit. Ce qui prend du temps, c'est les "finitions" justement.

Alors, je comprends que les bouquins de développement personnel c'est pas de la grande littérature, mais tout de même... quand je pense que les traductions de simples articles de journaux par l'IA sont souvent loin d'être parfaites (c'est généralement très compréhensible, mais "pas pro"), j'ose pas imaginer la gueule du bouquin entier traduit de la sorte.
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Pour l'instant on voit surtout les résultats produits par des IA généralistes. Faudrait voir ce que donne une IA entrainée spécifiquement pour la traduction de bouquins selon le type, l'époque, l'auteur...

C'est certain qu'on ne traduit pareil du William Shakespeare et du Terry Pratchett.
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On n'en est même pas à se questionner sur traduction de Shakespeare vs. Pratchett. On en est pour l'instant encore à essayer de faire comprendre à DeepL que non, "largely" au sens de "en grande partie" ou de "fortement" ne se traduit pas par "largement" quand on est sérieux. Ou à GPT4o que oui, bien sûr, littéralement "to posture" c'est se positionner, mais qu'au sein d'une phrase pour signifier que quelqu'un prend une position publique pas tout à fait sincère, il vaut mieux reformuler. Ou que oui, "current" signifie "actuel", mais que dans une phrase exprimée au futur ça colle pas trop et que là encore il vaut mieux reformuler.

Franchement, faut pas les laisser traduire sans surveillance même des textes simples, actuels et écrits dans un langage neutre, si on veut un résultat pro et publiable sans honte. Faut systématiquement qu'une personne réellement bilingue et avec de vraies compétences en traductologie repasse derrière, et c'est long.

Après pour un usage interne et comprendre le sens général d'un texte, oui ça fait l'affaire. Mais pour l'instant ça s'arrête là. Pour moi, une boîte qui publie des bouquins traduits par l'IA ne mérite pas le titre d'éditeur.
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j'ai demandé à ChatGPT (4o) de me dire ce que penserait mémé Ciredutemps des IA (dans Terry Pratchett):

"Des intelligences artificielles, hein ? Tant qu'elles restent des outils et non des maîtres, on s'en sortira. Mais si jamais une de ces machines commence à croire qu'elle peut penser mieux que moi, je lui montrerai ce que c'est qu'une véritable mise à jour."
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Ce qu'on oublie de dire est que l'IA fournit par essence un résultat non prédictif.

Dès lors il est impossible de garantir un résultat, ce qui est inenvisageable dans un domaine qui réclame une précision objective.

Peu importe les progrès des IA, avoir bon du premier coup à 100% devient dans ce cas un objectif inatteignable.

Et même dans des domaines subjectifs, le résultat même si il peut paraître cohérent peut tout simplement ne pas convenir.
Les personnes travaillant dans la création pourront témoigner que c'est déjà la cas avec leurs clients même sans IA ^^.

J'émets donc des doutes sur l'IA en tant qu'outil autonome.
J'y vois davantage d’intérêt en tant outil d'assistance pour un être humain.
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« Le téléphone a commencé à moins sonner, puis les deux maisons avec qui j’ai l’habitude de travailler m’ont tout simplement annoncé qu’elles préféraient se tourner vers des solutions d’intelligence artificielle, faute de moyens »

Faute de moyens ?

Qu'en sera-t-il quand les prix seront à la hauteur des investissements jusque là consentis par les fournisseurs d'IA ?
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Ça sera trop tard : les traducteurs auront changé de métier et les éditeurs paieront le prix fort pour un service plutôt moins bon.
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Quand je vois que Google annonce invertir 100 Milliards, je crains le big crash...
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« Il n’y a aucune raison que l’édition vive dans une réserve alors que l’intelligence artificielle finira par être utilisée dans tous les secteurs »

Cette hypothèse selon laquelle l'IA sera partout me fascine.

Aujourd'hui alors que des milliards sont investis, aucune débouchée rentable n'existe encore et pourtant certains s'accordent à affirmer que l'IA sera partout.

Pour le moment, j'ai davantage l'impression que c'est la prochaine bulle qui va faire pschit...
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Elle a un potentiel pour faire pschit, mais pour le moment, elle est surtout occupée à détruire les emplois (parceque les employeurs virent déjà en pensant aux lendemains avec l'I.A.), le savoir-faire et la volonté d'étudier certains domaines.
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C'est effectivement le second (deuxième ?) effet du pschit à savoir une perte de savoir-faire qui va catalyser le pschit...
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Un gros problème de concurrence déloyale serait si ces traductions bénéficient de la même protection au niveau du droit d'auteur que si elles avaient été faites par un vrai traducteur humain.

Pas d’auteur = pas de droit d'auteur. Si l'auteur du texte original décide de partir chez un autre éditeur avec la traduction par I.A., l'éditeur d'origine ne touche rien sur cette dernière.
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Il y a eu une décision de justice dans une affaire aux Ètats-Unis qui a statué précisément que le droit d'auteur ne pouvait pas être appliqué pour une œuvre générée par une IA:
https://www.lejournaldesarts.fr/actualites/la-justice-americaine-considere-quune-creation-par-ia-nest-pas-une-oeuvre-de-lesprit

Je ne sais pas par contre ce qu'il en est en France et en Europe.
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Ils ne sont pas fous. Les textes traduits sont retravaillés derrières par un humain (a minima hein, mais grosso modo, simple relecture comme dit dans l'article). Et des modifications, même mineur, peuvent suffire pour considérer la personne comme co-auteur (ou ici auteur puisque l'IA ne peut pas l'être).

Et non, je n'exagère malheureusement pas. Il suffit de voir le cas du journal d'Anne Franck. L'autrice principale est décédée en 1945. Son journal a été publié par son père qui en a notamment fait une relecture et supprimé certains passages trop personnel (même si une version intégrale a été ensuite publiée). Il est considéré comme co-auteur (de la version pas intégrale donc). Comme il n'est décédé "quand" 1980, les droits d'auteur courent toujours et cette oeuvre ne tombera véritablement dans le domaine publique quand 2050... :craint:
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Demandez donc à l'IA de vous redonner la traduction de la version originale d'un livre en français vous verrez ce que ça donne ;)

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