Des éditeurs remplacent leurs traducteurs par des IA
Le 27 mai à 15h28
3 min
IA et algorithmes
IA
« Il n’y a aucune raison que l’édition vive dans une réserve alors que l’intelligence artificielle finira par être utilisée dans tous les secteurs », explique au Figaro Renaud Lefebvre, directeur général du syndicat national de l’édition (SNE).
« Le téléphone a commencé à moins sonner, puis les deux maisons avec qui j’ai l’habitude de travailler m’ont tout simplement annoncé qu’elles préféraient se tourner vers des solutions d’intelligence artificielle, faute de moyens », confie de son côté Capucine, traductrice de livres pratiques, d’ouvrages de développement personnel et de biographies de stars.
« C’est la deuxième maison en quatre mois qui me propose des contrats au rabais, en troquant mon statut d’auteur pour celui de prestataire de services », témoigne un autre traducteur : « On me demande désormais d’éditer à la marge des textes, qui ont préalablement été traduits par une machine ».
« Dans les traductions littéraires, l’utilisation de l’intelligence artificielle n’est pas envisageable », tempère Anne Michel, à la tête du département étranger chez Albin Michel, qui note que « Dans les contrats rédigés par les maisons d’édition anglo-saxonnes, il est désormais demandé très spécifiquement, depuis plus de six mois, que les traductions soient faites par des humains et non par la machine ».
A contrario, des éditeurs de BD, mangas et webtoons se tournent désormais vers GeoComix/ComixSuite, une start-up française qui développe depuis 8 ans « une Intelligence Artificielle unique capable d'extraire et d'analyser tous les éléments présents sur une page de bande dessinée », de sorte d'automatiser la traduction et la réécriture des légendes dans plusieurs langues.
Une société britannique, DeepZen, « promet de son côté aux éditeurs de diviser par dix le temps de production d’un livre audio, et par quatre le coût de conception ». Le Figaro relève qu'Audible « propose déjà plus de 40 000 livres audio dont les voix sont générées par IA », et que le deuxième groupe d’édition du monde, HarperCollins, vient de son côté d’officialiser un partenariat avec la start-up de clonage de voix, ElevenLabs, afin d’élargir son catalogue de livres audio en langues étrangères à coût réduit.
« Nous sommes dans un moment pivot. C’est inévitable que des emplois soient décimés dans les prochains mois », explique au Figaro Stephan Kalb, membre du bureau de l’association professionnelle LESVOIX qui, avec le Syndicat Français des Artistes interprètes (SFA), a lancé une pétition en janvier, Pour un doublage créé par des humains pour des humains, qui affiche plus de 120 000 signatures :
« Nous risquons d’être parmi les premier·es à être remplacé·es, à très court terme par les outils de l’intelligence artificielle générative (IAG), capables de traduire, cloner, synthétiser des textes, des voix, des interprétations et des émotions avec une similitude étonnante. Nous sommes en première ligne car le traitement des données vocales nécessite moins de puissance de calcul que l’image. »
Le 27 mai à 15h28
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 27/05/2024 à 16h11
J'attends avec impatience que les employés des sociétés de gestion des droits viennent pleurer pour leurs emplois à cause des traitements automatisés par l'IA.
Le 27/05/2024 à 16h32
Ils trouveront le moyen de taxer les IA.
La RTFM : Redevance pour Traductrion Faite par Machine
Le 27/05/2024 à 16h52
Le 27/05/2024 à 17h28
Mais aujourd'hui, avec l'IA, bien qu'on voie encore apparaître de nouveaux métiers de temps à autre, à mon avis, on se dirige tout de même vers une véritable hécatombe sur le marché de l'emploi et que les destructions seront infiniment supérieures à de potentiels nouveaux emplois (qui seront eux-mêmes en sursis, le temps que la robotique et l'IA s'améliorent encore).
La bonne nouvelle, c'est que ça ne durera qu'un temps, tant qu'on aura du pétrole et de l'énergie bon marché. Viendra ensuite la fin du monde tel qu'on le connaît et le besoin de retourner travailler dans les champs 😱
Le 27/05/2024 à 17h46
Je sais pas chez vous, mais un simple exemple, chez moi tu veux un charpentier tu as entre 6 à 12 mois de délais... Et le Job n'est surement pas moins bien payé que traducteur. Un plombier à moins de lui faire refaire tout une salle de bain il se déplace mais tu n'auras jamais de devis, et j'en passe...
Le 31/05/2024 à 08h57
Le 27/05/2024 à 18h59
"M'sieu, c'est pas ça la trad', c'est l'IA qui le dit..."
Modifié le 28/05/2024 à 16h22
Donc l'analogie ne fonctionne pas vraiment.
Modifié le 28/05/2024 à 15h57
D'ailleurs, ça créer pleins de job dans les pays du "tier monde" sinon comment la modération automatique serait faite ! Imaginez internet sans modération...
Le 28/05/2024 à 16h22
Modifié le 28/05/2024 à 16h54
Le problèmes est probablement que les gens craignent de ne pas pouvoir avoir de quoi vivre à cause de l'IA. Coluche
Donc si l'IA
donnegénère assez d'argentauxpour les gens à qui elle a pris le travail, il n'y a pas de problème.Le 31/05/2024 à 16h40
Maintenant je fais de ingénierie argumentaire basée sur l'I.A. : je développe des phrases qui ne veulent pas forcément dire grand-chose d'intéressant ni même de compréhensible mais que je sais qu'elles me donneront raison quand mes managers les taperont dans copilot.
Le 01/06/2024 à 12h15
Ça m'inspire deux réflexions. La première, que tes managers ne te font pas confiance.
Et la seconde, qu'ils ont beaucoup de temps à perdre
PS : En écrivant un message, comment fait-on les pour citer quelqu'un ?
Le 01/06/2024 à 19h25
Le 28/05/2024 à 16h44
Le 28/05/2024 à 20h12
Pour les occuper, on créée (ou on leur laisse créer) des procédures plus ou moins absconses, qui ont tellement de paramètres et de cas particuliers qu'elles sont par définition non informatisables - voir le fiasco de Louvois, par exemple.
Le 28/05/2024 à 20h10
C'est pareil là-bas pour le repassage : un jour où j'avais besoin de mettre une chemise, ça a été branle-bas de combat pour retrouver leur fer à repasser, échec, ils sont sortis et sont revenus un peu plus tard avec ma chemise repassée.
Le 27/05/2024 à 16h58
Le 27/05/2024 à 17h40
Le 27/05/2024 à 18h03
Le 27/05/2024 à 19h46
Le 28/05/2024 à 01h03
Le 28/05/2024 à 08h44
Le 28/05/2024 à 19h09
Toi tu as peut-être découvert les transformers, les réseaux de neurones, les IA génératives et tout le toutim il y a deux ans quand OpenAI a présenté ChatGPT. Mais dans la traduction ça fait 10 ans que c'est en place commercialement. Et j'insiste : c'est la même technologie que celle utilisée aujourd'hui (attention-based RNNs). Je parle pas de traduction statistique là.
Modifié le 28/05/2024 à 20h33
Le 28/05/2024 à 20h17
Le 29/05/2024 à 03h45
Moi, je répondais juste à ton "on est au début". Non, dans le domaine de la traduction, on n'est pas spécialement "au début". Dans la génération de vidéos ou de modèles 3D par IA générative, là oui on est au début. Dans la traduction, on est sur 35 ans de recherche et quasi 10 ans de solutions commerciales basées sur les CNN et RNN (Baidu propose la sienne au public depuis 2015). Des mastodontes comme Google, Microsoft, Baidu y travaillent depuis une décennie. Des startups plus agiles comme DeepL aussi. DeepL qui a développé son modèle - toujours en usage - en 2016, et a commencé la constitution d'une base de données pour l'apprentissage dès 2007, à une époque où la grande majorité des PC tournaient encore sous Windows XP.
Alors oui, à l'échelle de l'humanité on est certainement au début. Mais à l'échelle de l'informatique pas vraiment.
Le 29/05/2024 à 07h43
Le 28/05/2024 à 15h01
Je vois déjà les dégâts de google trad sur certains étudiants (bon, pas les meilleurs): une note technique, c'est du charabia. Mais pour eux c'est normal, puisqu'ils ne lisent que des notes techniques traduites. --> Ils reproduisent des tournures de phrase sur leurs propres création qui sont issues de mauvaises trad habituelles.
Le 28/05/2024 à 20h14
Le 27/05/2024 à 17h15
La recherche du coût le plus bas, ce n'est pas pas nouveau, et dans certains secteurs on a assez de recul pour voir si cela a été positif ou pas.
En 2007 j'étais dans une grosse SSII qui migrait tous les projets informatiques à Bangalore. 2 ans plus tard, ils ont tout rapatrié en France en urgence car les développements étaient catastrophiques, plus rien ne fonctionnait, déjà d'un point de vue qualité, mais aussi car les développeurs ne comprenaient pas les spécs et développaient l'inverse de ce qui était demandé ! *et ça s'est senti dans la satisfaction client et les reconduction de contrats...
Là aussi peut-être que l'IA aura un impact, mais comme partout il faut sur le long terme, quand l'IA sera passée de mode (j'ai l'impression qu'aujourd'hui on en met de partout juste pour faire moderne dans les plaquettes commerciales).
Le problème, c'est que même s'il y a un retour en arrière dans quelques temps, les emplois sont bien détruits aujourd'hui... Heureusement en France on a un système social qui nous prot... ah ben non raté, merci Macron et Attal.
Le 27/05/2024 à 18h05
Le 28/05/2024 à 08h00
Bon, ceci dit, traduire par l'IA des textes déjà en partie écrits par l'IA, je ne vois pas le problème.
Et puis vu comme certains se contentent de google trad (certains musées français, parcs d'attraction ont des traductions complètement incohérentes en anglais par exemple, je ne parle même pas de l'Allemand), le services de traductions en avait déjà pris un coup.
Y compris Ms, qui il y a quelques années fournissait un powerpoint intitulé "Coquillage Puissant" ou qui a mis des années à corriger le quotidien "10Go gratruit sur votre disque dur".
Sans parler des trads de doc technique, où est le technet/msdn collaboratif des années 2010? La qualité était top, maintenant même le texte anglais n'est pas toujours compréhensible.
Modifié le 27/05/2024 à 18h11
Le 27/05/2024 à 18h34
La plupart des traducteurs font dans ce cas savoir au client qu'il faudrait tout reprendre mais que comme ils sont pas payés au tarif d'une traduction (et que souvent ils ont pas la deadline appropriée non plus), ils vont juste corriger le plus gros, mais que le texte restera très mal écrit. Hélas, comme tout le monde a besoin de bouffer, les agences finissent parfois par tomber sur le mec un peu plus désespéré que les autres, qui va accepter de tout refaire pour un tiers du prix normal.
Le 27/05/2024 à 21h25
Le 27/05/2024 à 18h29
Mais plus globalement les traductions par l'IA ont un problème plus large de style. Toutes les traductions sonnent... ben... traduites, justement. Ça ressemble au genre de traduction qu'on fait en 1ère année d'études de langues, ou quand un texte est traduit en français par une personne dont le français n'est pas la langue maternelle.
C'est plein d'anglicismes, de tournures bizarres, d'expressions idiomatiques traduites littéralement, l'adaptation culturelle est inexistante, tout humour ou trait d'esprit se perd en chemin (et ne parlons pas des jeux de mots)... De plus, l'IA est globalement incapable de garder une cohérence de long terme, que ce soit en terme de glossaire, de choix des temps, de respect des genres ou de style. Et ça c'est pas le genre de trucs qui se corrige en vitesse. Repasser derrière l'IA et réécrire proprement, c'est souvent autant voire plus long que de traduire directement. Non parce que le premier brouillon "naïf", un traducteur expérimenté le fait à peu près en temps réel à mesure qu'il lit. Ce qui prend du temps, c'est les "finitions" justement.
Alors, je comprends que les bouquins de développement personnel c'est pas de la grande littérature, mais tout de même... quand je pense que les traductions de simples articles de journaux par l'IA sont souvent loin d'être parfaites (c'est généralement très compréhensible, mais "pas pro"), j'ose pas imaginer la gueule du bouquin entier traduit de la sorte.
Le 28/05/2024 à 00h12
C'est certain qu'on ne traduit pareil du William Shakespeare et du Terry Pratchett.
Le 28/05/2024 à 01h46
Franchement, faut pas les laisser traduire sans surveillance même des textes simples, actuels et écrits dans un langage neutre, si on veut un résultat pro et publiable sans honte. Faut systématiquement qu'une personne réellement bilingue et avec de vraies compétences en traductologie repasse derrière, et c'est long.
Après pour un usage interne et comprendre le sens général d'un texte, oui ça fait l'affaire. Mais pour l'instant ça s'arrête là. Pour moi, une boîte qui publie des bouquins traduits par l'IA ne mérite pas le titre d'éditeur.
Le 28/05/2024 à 12h51
"Des intelligences artificielles, hein ? Tant qu'elles restent des outils et non des maîtres, on s'en sortira. Mais si jamais une de ces machines commence à croire qu'elle peut penser mieux que moi, je lui montrerai ce que c'est qu'une véritable mise à jour."
Modifié le 28/05/2024 à 10h29
Dès lors il est impossible de garantir un résultat, ce qui est inenvisageable dans un domaine qui réclame une précision objective.
Peu importe les progrès des IA, avoir bon du premier coup à 100% devient dans ce cas un objectif inatteignable.
Et même dans des domaines subjectifs, le résultat même si il peut paraître cohérent peut tout simplement ne pas convenir.
Les personnes travaillant dans la création pourront témoigner que c'est déjà la cas avec leurs clients même sans IA ^^.
J'émets donc des doutes sur l'IA en tant qu'outil autonome.
J'y vois davantage d’intérêt en tant outil d'assistance pour un être humain.
Le 28/05/2024 à 09h49
Faute de moyens ?
Qu'en sera-t-il quand les prix seront à la hauteur des investissements jusque là consentis par les fournisseurs d'IA ?
Le 28/05/2024 à 10h01
Le 28/05/2024 à 10h06
Modifié le 28/05/2024 à 10h28
Cette hypothèse selon laquelle l'IA sera partout me fascine.
Aujourd'hui alors que des milliards sont investis, aucune débouchée rentable n'existe encore et pourtant certains s'accordent à affirmer que l'IA sera partout.
Pour le moment, j'ai davantage l'impression que c'est la prochaine bulle qui va faire pschit...
Le 28/05/2024 à 11h26
Le 28/05/2024 à 11h44
Le 28/05/2024 à 11h24
Pas d’auteur = pas de droit d'auteur. Si l'auteur du texte original décide de partir chez un autre éditeur avec la traduction par I.A., l'éditeur d'origine ne touche rien sur cette dernière.
Modifié le 28/05/2024 à 11h50
https://www.lejournaldesarts.fr/actualites/la-justice-americaine-considere-quune-creation-par-ia-nest-pas-une-oeuvre-de-lesprit
Je ne sais pas par contre ce qu'il en est en France et en Europe.
Le 28/05/2024 à 12h02
Et non, je n'exagère malheureusement pas. Il suffit de voir le cas du journal d'Anne Franck. L'autrice principale est décédée en 1945. Son journal a été publié par son père qui en a notamment fait une relecture et supprimé certains passages trop personnel (même si une version intégrale a été ensuite publiée). Il est considéré comme co-auteur (de la version pas intégrale donc). Comme il n'est décédé "quand" 1980, les droits d'auteur courent toujours et cette oeuvre ne tombera véritablement dans le domaine publique quand 2050...
Le 29/05/2024 à 22h59