Connexion
Abonnez-vous

Des agriculteurs, surveillés par satellite, dénoncent un « flicage » kafkaïen

Des agriculteurs, surveillés par satellite, dénoncent un « flicage » kafkaïen

Photo de Louis Reed sur Unsplash

Le 31 janvier à 07h00

Depuis janvier 2023, rappelle France Bleu, la Commission européenne « impose un suivi en temps réel des terres exploitées par les agriculteurs » via les images Sentinel fournies par le programme européen Copernicus afin de vérifier si ce qu'ils déclarent est conforme à ce qu'ils font pour toucher les aides de la Politique Agricole Commune (PAC).

Or, « beaucoup d'agriculteurs ont l'impression que Big Brother est dans les champs », et se plaignent de ce qu'ils perçoivent comme du « flicage ». Un « non-sens paysan, comme ils l'appellent, qui leur "boufferait 40 % de leur temps" », rapporte France Bleu.

Valentin Garnet, éleveur laitier installé depuis trois ans à Marigny-le-Lozon, dans le centre-manche, explique en effet que les déclarations PAC qu'il doit faire en mars/avril ne correspondent pas forcément à ce qu'il est amené à faire par la suite. Or, « si on le dit, il va falloir le faire », quand bien même à cause de la météo « tout peut changer » entre-temps, déplore l'éleveur laitier :

« Sauf que tous les trois jours, une photo satellite est prise pour savoir si ça a bien été fauché, s'il a bien des bêtes dans la parcelle, si on a respecté nos engagements. Si on n'a pas pu respecter nos engagements, il faut faire une dérogation pour dire qu'on n'a pas pu. Il faut justifier, ça donne une charge administrative supplémentaire et tout ça, c'est du temps. Un agriculteur passe en moyenne par semaine 50 à 60 heures à travailler et si on rajoute encore de l'administratif, on n'est pas dans notre élevage et on ne cherche pas à faire du bon boulot. »

Le 31 janvier à 07h00

Commentaires (62)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar
Alors si j'entends que les agriculteurs travaillent trop et que la paperasse c'est désagréable ; "« si on le dit, il va falloir le faire »"l'argument est fallacieux. Le contrôle satellite permet de vérifier que les subventions de la PAC vont bien pour des travaux fait.

Par ailleurs (sauf s'ils ont changés) les dossiers PAC ne demandent pas de préciser les jours de fauche, déplacement des bêtes etc. Il devrait suffir que sur certaines images et pendant la saison les pré soient bien fauchés ou occupés par les bêtes. En gros le problème c'est de ne plus pouvoir remplir n'importe quoi dans les dossiers PAC pour optimiser les retombées d'aides.
votre avatar
Non c'est pas fallacieux : quand tu déclares une parcelle comme étant dédiée à telle ou telle culture, tu ne peux pas en changer par la suite, quand bien même la météo ou les maladies rendent cette culture absurde. Ou alors il faut faire beaucoup plus de paperasse, ou s'assoir sur les aides.

J'aide régulièrement des maraichers à remplir leurs dossiers pour la PAC parce que c'est trop compliqué pour eux. Et je constate que c'est effectivement d'une complexité débile. Et dans 50% du temps, quand ça devient trop le bordel, ils me disent juste de laisser tomber.

On en est là, des grosses exploitations qui passent plus de temps à remplir des formulaires qu'à être dans leurs champs, et les moins gros qui abandonnent ces mêmes formulaires pour pouvoir bosser sans pouvoir en vivre.
votre avatar
Là on est sur un problème de PAC pas de la surveillance. Je te rejoins sur le fait qu'il est complexe de prévoir et de ne pas s'adapter en fonction des conditions.
Ce qui me gène avec l'argument c'est qu'on donne du financement publique pour une action et qu'on s'offusque qu'il y est contrôle sur la réalisation.
Encore une fois, revoir les règles de la PAC (et tout ce système qui fait vivre beaucoup de GAEC plus de subventions que du produit de leur travail), je suis franchement pour ; mais pour moi c'est 2 sujets.
votre avatar
votre avatar
N'est-il pas prévu que les déclarations soient rendues obsolètes par ce "flicage" ? En gros, si Sentinel détecte que le pré à été fauché, les aides associées sont débloquées, etc : plus besoin de faire des déclarations, et voilà de la paperasse en moins pour les agriculteurs, non ?
votre avatar
Les déclarations sont un poil plus complexes que ce qui est détectable par satellite.
votre avatar
OK, mais du coup, à quoi servent les satellites, alors ? A juste valider une portion de la déclaration ? Si c'est le cas, c'est quoi l'intérêt pour l'agriculteur ? Ça serait donc effectivement un "flicage".
votre avatar
Oui, à valider une partie de la déclaration uniquement. Ça économise beaucoup de temps humain aux services contrôleurs (à condition que l'IA ne génère pas trop de faux positifs), mais ça n'a aucun intérêt pour l'agriculteur.
C'est plutôt du stress pour l'agriculteur, qui doit maintenant en plus surveiller s'il y a des demandes de photos (en cas de doute ou d'anomalie à la vue satellite, il faut aller prendre une photo sur le terrain avec une appli sur smartphone).

En soi c'est normal qu'il y ait contrôle. Il faudrait juste pouvoir déclarer facilement les changements ultérieurs, sans sanction financière ou dossier énorme. Mais je crois que du progrès a été fait sur ce plan-là en 2023.
votre avatar
Ça dépend si la surface non cultivé c’est un crop circle ou pas. :humour:
votre avatar
Serie à voir : Clarkson's farm

C'est pas mal pour comprendre la complexité de ces metier quand on y connais rien.
Et quand Jeremy Clarkson s'y mets, lui a la possibilité de se "planter" de part sa situation financière et est accompagné.

La dimension contraintes, normes, ... et tout autre pour un exploitant qui doit tout faire seul !
votre avatar
Si les contraintes pour toucher les aides de la PAC sont trop fortes et prennent trop de temps, il y a une solution : ne pas les demander. Ils gagneront 33 à 40 h par semaine d'administratif.

C'est un calcul économique à faire.
votre avatar
Je connais beaucoup d'agriculteurs qui font ça effectivement. Mais ça ne règle pas leur problème de bosser 60h par semaine (en saison) pour gagner 400€-600€ par mois.
votre avatar
S'ils ne gagnent effectivement que ça, il vaut mieux qu'ils changent de métier.
votre avatar
Facile à dire. Mais quand ils croient en ce qu'ils/elles font (nourrir tes concitoyens), qu'il n'y a pas d'autres métier disponible dans leur région, et qu'ils ne sont formés à rien d'autre (certains n'ont qu'un bac technique en agronomie en poche, voire moins), et qu'il faut qu'ils remboursent leurs prêts pour l'achat de terrain/bâtiments/serres/machines agricoles, c'est tout de suite plus compliqué ...
votre avatar
S'ils pensent être investis d'une mission, c'est autre chose.

À ce niveau de revenus, il est inutile d'être qualifié pour faire autre chose payé au SMIC.

Enfin, s'ils sont trop endettés, par rapport à ce que ça leur rapport, c'est soit qu'ils ont fait un mauvais business plan, soit que leur exploitation est rentable et qu'ils auront plus de revenu disponible une fois les emprunts d'investissement remboursés. Ne pas oublier que le remboursement des emprunts augmente leur capital (pour tout ce qui est terrains et bâtiments) : c'est du revenu. Les agriculteurs font partie de ceux qui ont le plus de capital en France : ils sont très largement au-dessus du capital moyen des français. Voir par exemple ici
votre avatar
Le capital vaut s'il peut être liquidé.

Or, toutes ces fermetures d'exploitations ne contribuent qu'à diminuer la valeur réelle de ce patrimoine, étant donné qu'il est racheté par les plus grosses exploitations en mode boule de neige.

C'est d'ailleurs ce qui est reproché par nombres d'agriculteurs : devoir grossir sans cesse pour de nouvelles aides, payer les dettes, répondre aux demandes des grossistes ...

Le "yaka changer" est un peu facile ici, quand tu t'es endetté sur des décennies.
votre avatar
Comme l'indique ton lien, la plupart du capital des agriculteurs est lié à leur activité. C'est aussi ce qui fait qu'ils sont très largement plus endettés que les autres catégories socio-professionnelles. Et si leur activité n'est pas rentable (mauvais plan, aides financières prévues mais non versées - coucou la PAC-, maladies, météo, catastrophes, etc.), ils ne peuvent ni tirer de revenus de ce capital, ni rembourser leurs dettes. Reste à vendre ce capital, en espérant trouver un acheteur. Mais avec la concentration des terres et la précarité du milieu, presque personne ne veut devenir agriculteur, la profession se casse la gueule depuis des décennies, et trouver qq'un pour racheter du matériel et/ou reprendre une exploitation est quasi-impossible. Notamment parce que ça coûte trop cher à l'achat, et que la rentabilité de l'exploitation est loin d'être assurée. Ensuite, ce capital se dévalorise à vitesse grand V. Un ami a repris des serres pour du maraîchage : non maintenues pendant 2 ans, il y avait tellement de travaux à faire pour pouvoir les utiliser qu'elles valaient ... 0 €.

C'est pour toutes ces raisons que beaucoup se considèrent coincés et en viennent à se suicider. Beaucoup plus que dans la population générale au passage. Si le capital dont tu parles était vraiment une richesse, on en serait pas là aujourd'hui.

Je pensais que tout le monde était conscient de ces réalités, mais c'est peut-être parce que je fréquente beaucoup le milieu. Du coup, c'est ça qu'ils racontent sur les plateaux télés ? Relativiser la condition des agriculteurs en allant cherry-picker le moindre chiffre qui va dans ce sens ? Et mettre la faute de leur condition sur leur dos ?
S'ils pensent être investis d'une mission, c'est autre chose.
Nourrir la population, c'est une « mission » très concrète je trouve. Si personne ne s'y « investi » comme tu dis, on n'est pas dans la merde ...
votre avatar
Oui, comme dans toute entreprise, si les revenus ne suffisent pas (activité non rentable), on va vers le dépôt de bilan. Ça a failli arriver à Next INpact.

Ensuite, si la valeur nette de leurs terres et autres investissements reste faible malgré le remboursement des emprunts, c'est aussi que le business plan est mauvais et qu'il ne fallait pas investir.
votre avatar
Franchement Fred, pas toi...

Il faut vraiment tout ignorer du monde agricole pour dire ca. Ce n'est ABSOLUMENT pas un metier comme un autre, il y a toute une notion de patrimoine, de traditions, de rapport à la terre derrière tout ca. C'est ancré extrêmement profondément.
C'est toute la question, cet ancrage, que les citadins ne comprennent pas pour la plupart.
votre avatar
On peut changer de métier tout en restant agriculteur.

Tu peux passer au bio, tu peux passer à la vente directe, tu peux passer par une autre coopérative.
C'est certes compliqué et plus facile à dire qu'à faire, mais ce n'est pas impossible.

De toutes façons cela ne pourra pas durer comme cela éternellement: pris à la gorge entre l'industrie pétrochimique (phytosanitaires), les complexes agro-alimentaires: les agriculteurs s'endettent sur des dizaines d'année tout en ne produisant pas forcément de la qualité.

Et en parallèle, il y a les mêmes consommateurs qui "soutiennent" les agriculteurs mais qui préfèrent se nourrir dans les grandes surfaces plutôt qu'au marché ou en vente directe... A un moment donné, il faut aussi comprendre qu'on est chacun responsable de la situation actuelle.
votre avatar
Si on reste agriculteur on ne change pas de metier.
Et pour avoir plusieurs connaissances qui ont fait cette transition, oui c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire.

"Et en parallèle, il y a les mêmes consommateurs qui "soutiennent" les agriculteurs mais qui préfèrent se nourrir dans les grandes surfaces plutôt qu'au marché ou en vente directe... A un moment donné, il faut aussi comprendre qu'on est chacun responsable de la situation actuelle."

C'est mon cas. Circuit court.
Mais c'est par nos votes qu'on changera les choses (celles là et d'autres). L'UE a atteint depuis longtemps un niveau d'incohérences hors sol intenable.
votre avatar
Les marchés je me méfie... beaucoup (en tout cas en ile de France, je sais c'est pas le nombril de la France) achètent au MIN (Rungis etc), et te vendent du "maraicher". Origine France sur la cagette veut pas dire juste rémun du producteur.

Perso je suis parfois laxiste pour les fruits/légumes (le semi grossiste du coin me va bien) mais je soutiens des initiatives comme "c'est qui le patron" pour les produits dispo...
votre avatar
Tu fais bien de te mefier des marchés.
Le mieux ce sont les Amap ou d'aller à la ferme ou en coopérative directement.

Après, acheter de saison ca aide aussi
votre avatar
Comment ça, c'est pas la saison des fraises là ? :-D
Tout à fait d'accord pour les saisons. En plus le gout est meilleur, même si c'est du agro-industriel.
votre avatar
"passer au bio", c'est bien facile à dire.
déjà, pendant 3 ans, l'agriculteur va travailler en bio mais sans en avoir le label.
donc ça lui coute le bras que coute le bio à produire (bah oui pas d'engrais / désherbant dégueu pas cher pour produire, donc faut travailler autrement, produire moins etc)
Mais pendant sa transition, les produits sont achetés par les coop comme non bio (normal il faut 3 ans de culture bio pour le label), donc il prend la double peine...
On va me dire oui mais dans 3 ans il se sucrera les fraises à les vendre 40% plus cher en label bio... faut tenir 3 ans (déjà que c'était dur avant la conversion)
votre avatar
Les agriculteurs de maintenant sont des entrepreneurs et ils sont pour beaucoup qualifiés, diplômés.

Il faut donc qu'ils raisonnent en entrepreneurs.
C'est tout ce que je dis.
votre avatar
Non. Encore une fois, juste non. Je peux comprendre qu'on ne soit pas au courant de la situation agricole en France - c'est vrai que c'est un milieu particulier - mais dans ce cas pourquoi balancer des contre-vérités à tout va ?

Les agriculteurs aujourd'hui sont majoritairement des anciens (1), qui n'ont qu'une qualification minimale, voire aucune à une époque où ça n'était pas obligatoire. Et le contexte de production a énormément changé entre l'époque à laquelle ils ont débuté leur exploitation et aujourd'hui. Aujourd'hui justement, il faut "juste" un bac pro (2), et s'il y a effectivement un volet économique de gestion d'exploitation, ce n'est pas le coeur de la formation, qui est plutôt axé sur ... la culture et l'élevage, bizarrement.

Si les agriculteurs raisonnaient effectivement en entrepreneurs comme les autres, ils abandonneraient tous ce secteur économique en crise depuis des décennies, qui ne leur permet pas de vivre de leur travail (3). Et le pays ne produirait aucune nourriture. Je maintiens donc qu'il faut que ces agriculteurs puissent faire leur métier. Et que la production de nourriture, ce n'est pas un secteur comme les autres, puisqu'il est vital, littéralement.

(1) https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806717#titre-bloc-13
(2) https://www.onisep.fr/ressources/univers-metier/metiers/agriculteur-agricultrice#formations-diplomes
(3) https://www.insee.fr/fr/statistiques/5434584#titre-bloc-4
votre avatar
C'est marrant, tes liens vont dans mon sens :
Le niveau de diplôme des agriculteurs s'est cependant fortement élevé ces dernières décennies.
Donc, les jeunes qui s'installent sont plus diplômés. Et ce sont eux qui s'endettent essentiellement.
Un rôle de chef d'entreprise
Quelle que soit la taille de son exploitation, l'agriculteur se pose les mêmes questions qu'un chef d'entreprise.
Ton troisième lien ne dit pas qu'ils ne vivent pas de leur travail ou il faudrait citer précisément le passage.

Comme il parle de revenu du ménage et que souvent le conjoint travaille ailleurs, il est normal que seule une partie du revenu du ménage provient de l'activité agricole (1/3). Le conjoint en rapporte pas loin de la moitié puisque 20 % de ce revenu vient du revenu des terres qu'ils possèdent et qu'ils se louent ) eux-même via leur société agricole. Ce genre de montage est aussi utilisé couramment par les autres entrepreneurs qui louent des locaux à leur entreprise.
Donc, en fait, c'est 53,33 % des revenus du ménage qui sont d'origine de la production agricole.

Sur le fait que l'agriculture n'est pas un secteur comme les autres, je suis assez d'accord, j'ai déjà dit qu'il était subventionné à peu près partout. Et la PAC reste le premier poste du budget de l'UE et la France le premier bénéficiaire.
votre avatar
C'est marrant, tes liens vont dans mon sens :
Pas du tout. Du coup ça sera ma dernière intervention, ta mauvaise foi à ce sujet commence a être manifeste.
Donc, les jeunes qui s'installent sont plus diplômés. Et ce sont eux qui s'endettent essentiellement.
1. Les jeunes sont plus diplômes que les anciens, et on parle ici d'un bac pro, pas d'un diplôme de commerce qui ouvrirait magiquement les clés de l'entreprenariat facile.
2. Mon lien pointe vers l'âge moyen des agriculteurs, qui est très élevé. Ce qui signifie que la grande majorité n'a même pas cette formation à minima. Donc je le répète : non, les agriculteurs "de maintenant" ne pas pas des jeunes entrepreneurs. Ce sont surtout des anciens, qui pour beaucoup ne savent pas se servir d'un ordinateur (y compris pas mal de plus jeunes).
3. Si les jeunes agriculteurs s'endettent, c'est parce qu'ils se lancent et qu'ils ont besoin d'investissement de départ, comme les anciens avant eux. Ils doivent juste emprunter globalement plus, parce que le foncier agricole a augmenté, et surtout parce qu'aujourd'hui les exploitations les plus rentables sont les plus grosses. Donc il faudrait avoir une grosse exploitation dès le début, ce qui est impossible, à moins d'hériter.
Ton troisième lien ne dit pas qu'ils ne vivent pas de leur travail ou il faudrait citer précisément le passage.
Oui effectivement, ce n'est pas bonne ancre, le paragraphe que je lisais est juste au-dessus (j'ai edit mon post précédent) :
* « Les ménages agricoles sont également davantage exposés à la pauvreté monétaire »
* « La pauvreté y est de surcroît plus intense »
* « ils sont plus souvent sujets à des insuffisances de ressources »
Et tout ça en prenant en compte qu'ils travaillent beaucoup plus que la moyenne (même pour des « entrepreneurs »), et qu'ils ne peuvent pas avoir de vacances, ni se permettre d'être malade (à moins d'être suffisamment gros, encore une fois). Un ami maraîcher s'est pété les croisés en été, il a juste dû arrêter de produire pendant 6 mois. Et a donc dû s'assoir sur les revenus de sa production, et sur ce qu'il avait déclaré en prévisionnel à la PAC.

Ce ne sont pas les gros exploitants industriels rentables qui manifestent aujourd'hui. Ce sont les plus petits, qui n'ont pas règles taillées sur mesure par la PAC, ni de marge de manœuvre auprès des revendeurs, qui ne produisent pas de produits "à haute valeur ajoutée" pour l'exportation, ni ceux qui peuvent se permettre des se payer des assurances hors de prix pour les coups durs.

C'est pourtant pas compliqué, il suffit de se renseigner sur leur revendications, qui ne datent pas d'hier, plutôt que d'écouter les propos hors-sol des polémistes et des réactionnaires ...
Sur le fait que l'agriculture n'est pas un secteur comme les autres, je suis assez d'accord, j'ai déjà dit qu'il était subventionné à peu près partout
Du coup pourquoi tu prétends qu'il leur suffirait de raisonner en entrepreneurs ? Les entrepreneurs (hors-agricoles) n'ont pas du tout ces contraintes, et raisonnent dans un contexte qui est complètement différent.
votre avatar
À propos de l'âge, on lit à ton premier lien :
55 % des agriculteurs ont 50 ans ou plus (figure 3b), soit 24 points de plus que pour l'ensemble des personnes en emploi (31 %). En particulier, 13 % des agriculteurs ont 60 ans ou plus, contre 3 % des personnes en emploi.
Ça fait 42 % des agriculteurs entre 50 et 60 ans. Tu les appelles "des anciens" (!) alors qu'ils sont plus jeunes que moi. Je ne sais qu'en penser.
Par contre, je disais que c'étaient plutôt les jeunes qui s'endettaient, les anciens, comme tu les appelles ont probablement remboursé une bonne partie de leurs emprunts (les durées d'emprunt vont au max sur 25 ans pour du foncier agricole).
Les jeunes sont plus diplômes que les anciens, et on parle ici d'un bac pro, pas d'un diplôme de commerce qui ouvrirait magiquement les clés de l'entreprenariat facile.
On est d'accord qu'un bac pro est un peu juste pour devenir exploitant agricole. Pour cela, comme on le voit dans ton lien 2 précédent, il y a le BTSA analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole (ACSEA). Un bac + 2 est probablement une meilleur assurance de réussir.

Mais le problème n'est pas différent dans les autres métiers où l'on est indépendant, comme l'artisanat.

Sinon, tu ne peux pas à la fois m'expliquer qu'il est difficile de vendre des terres un bon prix parce que personne ne veut faire agriculteur et me dire maintenant que le foncier agricole a augmenté. C'est contradictoire.

Ton dernier lien mis à jour dit juste que Les disparités de niveaux de vie sont cependant plus fortes. Le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes ne dépasse pas 9 800 euros par an.
Je veux bien croire que pour eux, c'est difficile, mais ce n'est pas la majorité.
On lit juste au-dessus : Au sein des ménages agricoles, 50 % des personnes ont un niveau de vie par unité de consommation inférieur à 22 200 euros par an en 2018 (figure 2). Ce niveau de vie annuel médian est comparable à celui de l’ensemble des membres des ménages qui perçoivent des revenus d’activité.

C'est le fait qu'il y ait plus de disparités que dans la population totale active qui fait que certains agriculteurs ont des difficultés.

Je me demandais pourquoi tu citais la "pauvreté monétaire" et en lisant ce paragraphe et le suivant, j'ai compris pourquoi, il y avait ce distinguo que l'on ne fait pas en général.
Cette pauvreté monétaire correspond à ce qu'ils se versent comme salaire et c'est globalement plus faible que pour la population active pauvre, d'où l'affirmation que La pauvreté y est de surcroît plus intense.
Mais au paragraphe suivant, on nous explique un truc qui semble contradictoire : le taux de pauvreté en conditions de vie des exploitants agricoles est deux fois moindre que celui de l’ensemble de la population. On a l'explication juste après : Compte tenu de la nature de leur activité, une partie des dépenses privées des ménages agricoles (logement, dépenses d’énergie, etc.) peuvent être intégrées dans les comptes de l’exploitation. Plus souvent propriétaires de leur habitation que l’ensemble des ménages, ils ont moins souvent des difficultés de logement. Ils sont également moins affectés par des restrictions de consommation courant.

Comme une partie de leurs dépenses du ménage est supportée par l'exploitation, c'est autant de dépenses en moins par rapport au reste de la population et ils vivent au final globalement mieux que d'autres avec un revenu (apparent) plus faible.
En plus, fiscalement, c'est intéressant qu'une partie des dépenses du ménage soit compté en charge pour l'exploitation, ça diminue le bénéfice imposable.

En gros, ce que je lis est conforme à ce qui était dit dans l'émission vrai ou faux du WE dernier où José Bové qui était invité était plutôt d'accord avec ce que disaient les journalistes. Les salaires bas qu'ils se versent ne représentent pas tout.
votre avatar
agriculteurs entre 50 et 60 ans. Tu les appelles "des anciens" (!) alors qu'ils sont plus jeunes que moi. Je ne sais qu'en penser.
Pour une population en âge de travailler entre 15 et 64 ans, oui, 50-60 c'est des anciens.
Désolé pour toi 😅
votre avatar
Moi, je ne suis pas désolé : je ne travaille plus. :D
votre avatar
Fainéant :cartonrouge:




🤭
votre avatar
Moi, j'ai discuté avec un éleveur de chèvres très impliqué dans Solidarité Paysans (https://solidaritepaysans.org/) et dans l'enseignement. Il est également très endetté, à la suite d'une erreur de jugement dans son exploitation.
Ce qu'il voit, c'est qu'au lycée agricole, personne ne parle de l'endettement, de la charge financière, des dangers. Lui, il est très content parce qu'au lycée de son coin, le prof d'économie accepte de parler de ça, de mettre en relation des agriculteurs endettés avec des étudiants, pour un partage d'expérience. Et que c'est très loin d'être le cas partout. La chambre d'agriculture (qui peut être différente selon les régions) ne veut pas le mettre en avant pour « ne pas faire peur ».

Petite note à part, il est également pas mal en contact avec les banquiers, qui sont une des premières lignes d'alerte pour les agriculteurs en difficulté. Oui, les banquiers sont leurs alliés dans cette affaire.

Ma conclusion, c'est qu'on verdit le tableau aux futurs agriculteurs, en évitant de leur parler des dangers, et qu'au final, quand ça arrive (et ça arrive à beaucoup), ça fait des drames.
votre avatar
Ça pourrait être un raisonnement valide. Mais là, ils sont des dizaines de milliers à ne gagner que ça. Ma conclusion, c'est qu'il faut plutôt regarder pourquoi ils sont aussi nombreux dans cette situation difficile. Et ne pas hésiter à ce dire que c'est le système qu'il faut changer.
votre avatar
C'est rigolo les chiffres, on peut leur faire dire n'importe quoi. Ces 400-600€ correspondent à quoi ? Au net qu'ils se versent après avoir remboursé l'hypothèque/location de la ferme, payé les charges, les frais etc ? Ou un brut auquel il faut enlever tous les frais ?
votre avatar
J'ai un voisin qui a choisi de ne pas demander d'aide PAC pour pouvoir faire ce qu'il veut, il a quand même été contrôlé.
La plupart des contraintes sont là, que tu demandes les aides ou non.
votre avatar
Contrôlé pour quoi et par qui ?
votre avatar
Un contrôle PAC, sans demander d'aides PAC.
votre avatar
Et ils contrôlaient quoi du coup ?
votre avatar
Je ne sais pas, je n'ai pas les détails.
Mais ce ne sont pas les règles qui manquent, même sans aides.
votre avatar
Donc un contrôle normal ?

Je ne suis pas agriculteurs, mais j'ai moi aussi des contrôles réguliers sans avoir d'aides.
Pourtant, mon travail ne risque pas de polluer des rivières ou d'empoisonner des gens…
votre avatar
A partir du moment où un agriculteur utilise des produits phytosanitaires pour ses terres, des médicaments pour ses bêtes ou de déclare exploitant bio, il ne fait pas ce qu'il veut.

En gros ce n'est pas parceque tu ne touches pas d'aides de la PAC pour faire ce que tu veux, encore plus quand tu ne fais pas de ventes directes mais que tu es rattaché à une coopérative.

Bref; la question de Fred42 est pertinente: il a été controlé par qui et pour quoi ?
votre avatar
On aimerait de la Commission européenne la même énergie pour maîtriser les frontières, aller gagner des parts de marchés pour l'économie européenne, rendre la démocratie aux peuples ...
votre avatar
C'est beau de rêver! Il en sera de la grosse commission comme des lobbies qui la cornaquent et dont la FNSEA fait partie (cf copie article ci dessous et les investissements à l'étranger dans la bouffe importée contre laquelle... ils appellent à manifester: Le "en même temps" macroniste, ils adorent!): Laisser passer l'orage et "business as usual"...

twitter.com Twitter
votre avatar
Rendre la démocratie aux peuples ?
votre avatar
1. réguler un domaine
2. jusqu'à étrangler financièrement les travailleurs
3. et les rendre dépendants des subventions/aides
4. afin d'avoir le contrôle sur les forces de travail.

Oups. Je l'ai dit à voix haute ? désolé. Oubliez-cela.
votre avatar
Je n'ai pas compris à quel moment de ton raisonnement tu as intégré le fait que les agriculteurs étaient
- pris à la gorge en amont via les conglomérats pétrochimiques ou agroalimentaires qui soient vendent leurs produits avec des marges énormes, soient interdisent aux agriculteurs d'utiliser leurs propres semences ?
- pris à la gorge en aval pour les cours du marché et/ou les centrales d'achat

Sachant que les aides partent principalement pour payer ces complexes plutôt que les agriculteurs eux mêmes ?
votre avatar
"- pris à la gorge en aval pour les cours du marché et/ou les centrales d'achat"

Le marché ca se régule (sacrilègipopette. !). Surtout pour des biens hautement stratégiques comme celles qui gouvernent la souveraineté alimentaire.

Quand on fout du libre echange de partout, le responsable n'est pas le marché, mais celui qui ne le regule pas.
votre avatar
Les agriculteurs, un peu partout dans le monde sont subventionnés. Dans l'UE, c'est par la PAC et ça coûte assez cher.

Réguler le marché en plus de cela, ça fait peut-être beaucoup. Mais c'est ce qu'a fait la France pour les agriculteurs français, avec les lois EGAlim. Ça ne suffit peut-être pas à cause de la concurrence étrangère, y compris de l'UE.

Il y a peut-être un problème de taille pour tout un tas d'exploitations en France.
votre avatar
Reguler le marché ici, ca veut dire ne pas l'ouvrir au 4 vents et surtout surtout ne pas le rendre déloyal par construction.
Jamais un eleveur feancais ne pourra rivaliser avec un bresilien ou un néo-zélandais qui n'ont absolument pas les mêmes contraintes, par exemple.
En plus d'etre une hérésie economique, c'est une gabegie écologique.

On a ruiné nos industries comme ca, ca ne leur suffit pas ? Il faut en plus qu'ils nous rendent dependants de l'extérieur pour un truc aussi crucial que l'alimentation ?
votre avatar
Les agriculteurs français qui exportent ne sont pas d'accord avec la fermeture des marchés.

Après, si l'on ne veut pas de poulets brésiliens élevés aux hormones, il faut interdire les produits d'animaux élevés aux hormones, c'est simple.
votre avatar
Réguler le marché d'import cela me parait essentiel: ne serait-ce qu'en termes de normes écologiques et de qualité.

Par contre, et c'est la qu'il risque d'y avoir un joli retour de baton: la France est exportatrice et pas qu'un peu.
votre avatar
https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/271841-balance-commerciale-agroalimentaire-francaise-un-excedent-menace

Les principaux importateurs de produits bruts sont en UE, le premier pays tiers etant l'Algerie qui omporte du blé et continuera de le faire, l'importation de céréales etant vitale au Maghreb, structurellement.

Pour les produits transformés les plus gros importateurs sont les US, la Chine, le Japon, la Suisse et Singapour, pays qui eux mêmes regulent à mort et exportent beaucoup dans d'autres domaines.
votre avatar
Oui et ?

C'est bien ce que je dis en réponse à un commentaire qui nous explique que c'est la régulation qui a amené les agriculteurs la où ils sont.
votre avatar
c'est intégré dans"la régulation du domaine", puisqu'elle permet à des concurrents étrangers de vendre sur le même marché mais avec des couts de prod plus bas.

Le reste est un effet d'aubaine:
- les prix sont tirés vers le bas par la concurrence
- Le prix bas étant fixé, les vendeurs sont obligés d'atteindre un volume critique de vente pour être rentable
=> la chime est contente, les banques/assurances sont contentes, les centrales d'achat sont contentes.

On déclenche une course au productivisme totalement inutile d'un point de vue humain, mais qui a l'avantage de booster l'économie. Et l'économie c'est la raison d'être de la zone euro.
votre avatar
Complotiste :fumer:
votre avatar
Y a du monde derrière eux quand ils prennent leurs fourches pour marcher sur le gouvernement.
Ce même monde qui est en grande partie responsable de la situation de part ses consommations.

Je me demande à quel moment les agriculteurs vont se retourner et les pointer leur fourches vers tout ceux qui les "soutiennent' en achetant des produits d'importation !

Pour tout l'administratif, sous réserve qu'ils gagnent normalement leur vie en bossant normalement, moi j'y verrait une source d'emplois... La simplification je n'y crois pas...
votre avatar
À moins d'avoir une excellente boule de crystal, ça serait les pointer aussi vers ceux qui les soutiennent vraiment.

Sans compter que ceux qui achètent de l'importation n'ont parfois pas les moyens de faire autrement ou même ignorent acheter de l'importation.

Justement, ils gagnent moins (ou même sont déficitaires) en travaillant plus.
votre avatar
Ce sont des produits de premières nécessité.

Ceux de mon entourage qui se plaignent de leur pouvoir d'achat, des prix et qui vont justement fermer les yeux sur la provenance ont pourtant une consommation de produit non essentiel importante ( bien plus que celle de mon foyer et pourtant on se prive de rien).

Je n'ai pas l'impression que ce soit spécifique à mon entourage mais je me trompe peut être, les raccourcis sont vite pris...
En voilà un : il y a moins de bagnole sur le parking du truc qui vend des produits en circuit court (et avec des tarif franchement intéressant sur une bonne partie des références) que sur celui du magasin action à coté.

Après effectivement, il y a une partie de la population qui est "pauvre", et pour laquelle il est important d'avoir de l'import (et de ne pas le surtaxer, justement pour conserver une offre à la hauteur de leur porte-feuille).
Et si le reste de la population consommait avec un peu de discernement (sans pour autant être chauvin) sa devrait suffire à l'équilibre !
votre avatar
Il faudrait importer pour les pauvres des produits qui ne génèrent pas d’activité locale, donc qui créent localement du chômage... donc des pauvres ?

Hum, je crois que ce modèle est déjà a l’œuvre.
votre avatar
Quand il est démontré que ce n'est pas la passion ni les qualifications qui manquent, et que la seule réponse à la faiblesse ou l'absence de possibilité de dégager des revenus c'est "z'ont qu'à changer de métier", on est au niveau zéro de tentative de compréhension du problème, non ?

La critique destructive (encourageant la destruction) sans proposer de solution positive (qui basculerait alors comme constructive) est toujours inutile.

Des agriculteurs, surveillés par satellite, dénoncent un « flicage » kafkaïen

Fermer