Depuis maintenant plusieurs semaines, c'est la guerre entre Broadcom (nouveau propriétaire de VMware) et plusieurs de ses clients. AT&T, Orange et Thales assignent leur « partenaire » en justice. Cela fait suite à une réorganisation complète des gammes et de très fortes hausses de tarifs. L’opérateur AT&T a longuement détaillé ses griefs.
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Selon l’argumentaire d’AT&T, Broadcom aurait exigé que son client souscrive à certaines offres groupées, et donc une explosion de la facture « de plusieurs centaines de millions de dollars en produits et service dont AT&T n’a pas besoin ».
The Register donne de nouvelles informations, récupérées dans un email (.pdf) envoyé par Susan Johnson (vice-présidente et directrice générale d’AT&T) le 19 août 2024, et qui semble être adressé à Hock Tan (CEO de Broadcom) : « Après plus de 10 ans de relations avec Broadcom, je suis au regret de vous annoncer que nous semblons être dans une impasse concernant notre accord avec VMware ».
Elle se fait l’écho d’une proposition de Broadcom, qu’elle juge totalement inacceptable : « Cette proposition d’augmentation annuelle de + 1 050 % en un an est extrême et ne correspond certainement pas à la façon dont nous nous attendons à ce que les partenaires fassent des affaires avec AT&T ».
Dans un autre document (.pdf), David J Brickhaus (vice-président de la technologie et des opérations mondiales d'AT&T) réfute l’argumentaire de Broadcom « affirmant qu’AT&T utilise de nombreux logiciels VMware anciens et non pris en charge », comme l’expliquent nos confrères.
« Brickhaus admet qu’AT&T utilise du code en fin de vie, mais seulement sur trois pour cent de ses serveurs qui n’exécutent pas de logiciels critiques et ne peuvent pas être mis à niveau pour exécuter des produits VMware plus récents », ajoute The Register. Bref, chacun déroule ses arguments.
Le rachat de VMware par Broadcom a été finalisé fin 2023, pour un montant de plus de 60 milliards de dollars. Le nouveau propriétaire des licences semble bien décidé à rentabiliser son investissement au plus vite, quitte à se fâcher avec plusieurs de ses gros clients. Les autres surveillent certainement de près les actions en cours.
Thales avait ainsi saisi le tribunal de commerce de Paris en référé, comme l’expliquait L’Informé. En effet, la société s’était vue imposer de nouvelles offres tarifaires, alors qu’elle « avait signé un contrat en 2022 avec VMware valide jusqu’en mars 2025 à des conditions différentes ». Thales a obtenu gain de cause en référé (procédure d'urgence) pour conserver ses offres actuelles, mais le jugement sur le fond est attendu pour la fin de l’année.
Commentaires (35)
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Ou alors je me trompe et il n'y a qu'eux qui maîtrisent?
Ou alors AT&T ont un hardware broadcom et sont captifs pour le software?
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- c'est extrêmement coûteux en temps
- c'est toujours risqué
- cela impose des downtimes
- cela chiffre forcément en argent (surtout Hyper-V)
J'espère que, tant la Commission Européenne que la FTC, américaines vont taper fort sur Broadcom.
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Historique des modifications :
Posté le 02/10/2024 à 19h42
C'est pour ça que Broadcom sait qu'ils ont une bonne partie du public qui restera client même avec des méga augmentations de tarif.
#3.8
Dans tous les cas, changer de techno signifie tout recertifier.
#3.9
Il existe des solutions logicielles lourdes qui , si elles sont virtualisés, ne sont certifiée que sur VMWare. Donc impossible de changer de solution comme ça.
(et t'inquiète pas que Broadcom ne va pas coller 1050% d'augmentation aux sociétés qui certifient leur propre soft uniquement sur VMWare...)
Et les certifications sont essentielles dans certains métiers , on te les demandes pour les assurances, la compta, ... bref c'est tout un écosystème qui s'est enfermé dans un système proprio et qui en paie les conséquences , ce qui est d'autant plus hallucinant qu'il existe depuis l'origine des solutions concurrentes open-source , certes sur certains aspects moins ergonomique (je pense à Xen, OpenStack, OpenOrchestra - proxmox il me semble est plus récent, et ne peux pas encore tout faire même si c'est celui que je préfère).
#4
On parle évidemment beaucoup de leurs très gros clients mais je serais curieux d'avoir les chiffres sur les entreprises possédant moins de 10 hyperviseurs, est-ce que les petites et moyennes entreprises vont se sortir les doigts et migrer à cause des nouveaux tarifs ?
#4.1
Même en perdant des clients, je pense la stratégie gagnante etant donné le peu d'elasticité de la demande. Oracle, SAP etc. sont de bon exemples d'une telle stratégie couronnée de succès.
Historique des modifications :
Posté le 02/10/2024 à 12h30
Je pense que le but est d'augmenter le CA, en faisant raquer les clients les plus dépendants. Même en perdant des clients, je pense que ca peut etre une stratégie gagnante. Oracle, SAP etc. en sont de bon exemples!
#4.2
Historique des modifications :
Posté le 02/10/2024 à 12h34
La stratégie de Broadcom est de simplifier l'offre, de pousser dehors les petits clients et de compenser la perte financière par une augmentation des marges sur les plus gros clients. Moins de produits au catalogue, moins de clients, cela permet de diminuer les coûts. L'autre levier pour augmenter les marges, c'est d'augmenter le prix. Soit tu augmentes le prix de chaque produit et il faut y aller progressivement, soit tu changes l'offre commerciale en ne proposant plus que des packs qui contiennent plus de fonctionnalités que le client utilisera ... mais qu'il payera quand même. Cependant, Broadcom y est allé vraiment trop fort, tellement fort que même les gros clients veulent partir.
Posté le 02/10/2024 à 12h35
La stratégie de Broadcom est de simplifier l'offre, de pousser dehors les petits clients et de compenser la perte financière par une augmentation des marges sur les plus gros clients. Moins de produits au catalogue, moins de clients, cela permet de diminuer les coûts. L'autre levier pour augmenter les marges, c'est d'augmenter le prix. Soit tu augmentes le prix de chaque produit et il faut y aller progressivement, soit tu changes l'offre commerciale en ne proposant plus que des packs qui contiennent plus de fonctionnalités que le client souhaite ... mais qu'il payera même s'il ne les utilise pas. Cependant, Broadcom y est allé vraiment trop fort, tellement fort que même les gros clients veulent partir.
#4.3
A l'inverse les gros ont les deux, et si le coût VMWARE représente 20% de ton systeme productif et qu'il se prends 1000% d'augmentation, sa fait bien plus mal que si ce n'est que 5% de ton cout que se prend 1000% d'augmentation.
Pour moi les petits clients vont raquer, les gros se barrer.
Surtout qu'un petit client présente des avantages :
- Il a pas le poids pour l'ouvrir quand il a un problème (incident, compatibilité, ...)
- On peut lui revendre plein d'expertise et truc complémentaire pour compenser ce qu'il ne peut pas s'offrir en interne.
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Posté le 02/10/2024 à 13h47
Je dirais l'inverse : les petit clients n'aurons pas les compétence / ressource pour migrer en sécurité sur autre chose.
A l'inverse les gros ont les deux, et si le coût VMWARE représente 20% de ton systeme productif et qu'il se prends 1000% d'augmentation, sa fait bien plus mal que si ce n'est que 5% de ton cout que se prend 1000% d'augmentation.
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#7
Pour ce qui est de Thales, on sait s'ils ont prévu de changer de crémerie une fois leur contrat actuel arrivé à son terme ?
#7.1
Dans les solutions techniques de remplacement, il ya les autres solutions de virtu dont ProxMox & HyperV.
Mais il ya aussi ...Nutanix (hyperconvergence) et les hyperscalers, cad les cloud (amazon, azure et google).
Or Thales par exemple a signé une coentreprise, S3NS, pour exécuter du GCP.
Orange a fait pareil avec Azure (Bleu).
Du coup, ils ont pas mal de portes de sortie.
C'est comme pour Oracle :
un gain à court terme, et une destruction quasi assurée à long terme
Sur les boites que je connais, elles ont TOUTES un projet de sortie de Oracle.
ça mettra qqs années, et c'est donc qqs millions engrangés, mais pour un banissement côté Achats.
Au point que plusieurs de ces boites ont même fait des règles : si le produit utilise du oracle, NOGO. Il sera refusé.
Et au final, même sur des produits Saas, les éditeurs jouent le jeu et étudient postgre (ou sql server)
#7.2
Pour ces dernières, si leurs clients demandent dans les cahiers des charges une virtu ESX ou une ferme Vdi, etc... ou bien pour les contrats juteux de maintien en condition (en gros le SAV amélioré demandant souvent d'avoir une plateforme de référence) alors il restera du VMWare dans leurs murs. Et je pense qu'il en restera beaucoup, et au moins le temps que les marchés s'éteignent/se renouvellent.
Les clients de Thales sont, pour une part non négligeable, étatiques. Si pour maintenir leur système la facture quadruple à cause de VMWare, ça paiera.
Parce que c'est compliqué d'expliquer qu'un SI qui tourne et est sécurisé doit être remplacé pour des raisons économiques
Parce que c'est compliqué de swapper un SI critique, tant physiquement (dédoublement des serveurs le temps de la bascule), temporellement (la partie réalisation est le moins long, il y a aussi toutes les phases de qualif et d'homologation à passer, et ça, c'est TRES douloureux), et en compétence (syndrome du Windows: je ne connais pas d'admins qualifiés Proxmox, et même Hyper-V... un chef d'admins refusera que son staff touche à un truc pour lequel personne n'a été formé)
Parce que cette même RH est de toute façon en sous-effectif et n'a déjà pas le temps de traiter toutes les urgences, donc rajouter une transformation majeure des SI... à part trouver une DeLorean...
Et il faut pas oublier de saupoudrer sur tout ça la peur du changement (la conduite du changement est probablement encore plus ardue pour les techos que pour les utilisateurs) et l'ensemble de la base documentaire à produire (il y a des études de sécurisation Proxmox par l'ANSSI?)
Sincèrement, tout ceux qui parlent de migration faciles n'ont jamais eu à se frotter à l'inertie et les effets de bords énormissimes que cela implique.
Je pense que, au contraire de ce qui a été écrit plus haut, ce sont davantage les petites structures qui pourront éventuellement bouger, mais les grosses boites surtout les AT&T et les Thales, ils ouvrent leur gueule mais je mets un billet que seul quelques SI vont migrer pour le symbole, mais pas tout, et surtout de manière lissée sur une décennie.
Indice de compréhension: quand on voit les Microsoft et cie proposer des contrats de support spécifiques industrie pour des systèmes d'exploitation plus qu'obsolètes, cela laisse comprendre à quel point cela va être complexe de remplacer une solution complète de virtualisation quand ... il reste encore des Win7 sur certains postes client et qu'il est encore possible de croiser un Win2012R2 dans une VM en prod.
Broadcom est en train de faire un coup à la Adobe... à l'époque, vous souvenez-vous de ce qu'on en disait? Ben en attendant, Adobe a gagné, tous ces produits sont soumis à abonnement, ça a donc été accepté (certes, dans le cas des outils de création, c'est quasi impossible de remplacer leurs logiciels)
#7.3
Mais en interne, ne vont-ils pas se presser de migrer ? Parce que VMWare pourrait être tenté de faire d'autres augmentations...
#7.4
A leur place, je profiterais plutôt de la gestion de l'obsolescence: si il y a une campagne de renouvellement/évolutions majeures entrainant une rupture technologique, ce serait le moment opportun de changer l'architecture de virtualisation du SI concerné. Si et seulement si il y a une directive contraignante à cela; d'un point de vue technique/ingénierie, il n'y a aucune raison de remettre en question le choix initial d'un ou des produits VMWare. Ah si, peut-être une: si ils font pire que Cisco sur la gestion de la validation des licences
#7.5
#7.6
Le soucis de ces produits "ésotériques" (au sens des parts de marché) est la disponibilité des compétences pour la mise en oeuvre et l'administration. Pour sa maison ou sa start-up un admin peut s'autoformer, mais dans un tel cadre sensible, l'improvisation ne peut (devrait) pas être envisageable. Or, la filière est déjà sous tension dure, et les moyens, limités.
#8
Je ne serais en aucun cas surpris de voir la quasi totalité des clients Vmware fuir et la boite se casserla gueule faute de clients ...
#8.1
mais oui, je suis aussi sur ce sentiment.
Comme Oracle qui a tué sa base de données.
#8.2
#8.3
#8.4
le JDK Java a été plutôt anticipé je trouve. On a eu bcp de move avant qu'Oracle ne dégaine sa politique de contrôle.
bon du coup, c'est Amazon qui est maintenant le vendor de JDK le plus populaire ^^
https://newrelic.com/resources/report/2023-state-of-the-java-ecosystem#most-popular-jdk-vendors
En 2020, 75% des JDk étaient Oracle
En 2023, 28% pour Oracle et ... 31% pour Amazon
Et oui, pas de bol ... changer un jdk est bien plus simple et rapide que changer son moteur de bdd.
#9
Il ne reste plus que la France et le Danemark (je crois) dans le monde ou les nouveaux contrats d'embauche par Broadcom n'ont pas été finalisés/validés (seuls les 33% de virés d'office a eu lieu)
Les lois du travail étant très complexes dans notre pays et les avocats étant payés à l'heure... chi va piano, va sano e va lontano
Quand les contrats Broadcom vont être proposés chez nous pour remplacer les contrats sous régime Vmware ( on parle d'octobre mais bon ...) il y aura pas mal d'experts sur le marché français pour aider les migrations de sortie
D'ailleurs les propositions d'embauche ne manquent pas en ce moment mais les concernés attendent de lire les modalités des "severance package" avant de se décider.
Il vaut mieux se faire virer en touchant une bonne prime que partir sans rien.
Et d'après ce qui se passe dans les autres pays d'Europe, il n'y a pas besoin d'être trop timide sur le prix des prestations vu que c'est ça ou le rançonnage Broadcom.
#10
https://redhat.wd5.myworkdayjobs.com/jobs/?q=mtv