Hadopi : de la peur du gendarme, à la peur du virus
Même pas peur, même labeur
Le 30 juin 2017 à 08h51
6 min
Droit
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La Hadopi poursuit ses études autour du téléchargement illicite. Après avoir planché sur la consommation des plus jeunes, elle s’attache à démontrer que les sites contrefaisants sont dangereux pour la sécurité. Une manière pour la haute autorité de continuer sa mue.
Un lien ou trois, attention les dégâts. Tel est le bâton dont s’est saisie la Hadopi à l’occasion d’une conférence de presse hier en fin de journée, présentant son étude quantitative réalisée par l’Ifop (échantillon de 1 021 internautes de 15 ans et plus, suréchantillon de 516 consommateurs de biens culturels dématérialisés aux usages illicites). L’enjeu ? Découvrir le niveau de risque, perçu ou réel, sur ces plateformes de téléchargement : des nuisances comme des faux messages alarmants, courriers indésirables, ralentissements de l’ordinateur, publicités pornographiques, modifications des réglages du navigateur, ou de vrais préjudices (vol de données bancaires, l’usurpation d’identité, etc.
Résultats en mains, la Hadopi conclut que les internautes qui surfent sur les sites légaux sont ceux qui ont été les moins confrontés à ces problèmes, contrairement à ceux qui surfent sur les sites illicites occasionnellement. Quant à la perception du risque, elle « varie cependant selon les profils, les consommateurs illicites réguliers se montrant de manière générale les moins sensibles à ce danger, comparativement aux autres sous-populations » explique-t-elle dans cette étude qui segmente les non-consommateurs de produits culturels (24 % du panel), ceux qui consomment uniquement du licite (35 %) et ceux qui consommaient de l’illicite (13%) ou en consomment toujours (28 % du panel).
Le prix à payer ?
Piste d’explication : « les consommateurs illicites réguliers n’ont pas renoncé à ces pratiques : une aversion au risque moins importante pourrait expliquer la poursuite de leurs usages non autorisés malgré leur confrontation à ces dangers. Ou peut-être considèrent-ils ces préjudices potentiels comme le prix à payer d’une consommation gratuite ? ». Toujours l’œil sur les jauges de l’Ifop, la haute autorité affirme qu’une majorité des consommateurs illicites a diminué voire arrêté totalement ces pratiques pour se protéger contre les risques en ligne. Mieux : « L’offre légale apparaît tant aux consommateurs licites qu’illicites comme une « valeur sûre », moins exposée aux risques (virus, arnaques, mais aussi risques légaux) ».
62 sites manifestement illicites... et risqués
Par ailleurs, l’étude s’est appuyée sur des travaux visant 62 sites « manifestement illicites » (les sociétés de gestion collective apprécieront : la liste n’est pas détaillée). Elle en déduit que 49 d’entre eux « présentaient, au moment de l’observation, un risque potentiel pour la sécurité informatique des utilisateurs ou faisaient l’objet d’une alerte de sécurité auprès d’outils de recensement de sites potentiellement dangereux » : malwares (15 % des sites observés), pop-ups (95 %), annonces avec souscriptions « cachées » à des abonnements (71 %), demandes d’informations personnelles (42 %) bancaires (5 %), ou encore contenus inappropriés pour des mineurs (31 %).
De là, la haute autorité identifie trois grandes catégories : d’un, des anciens illicites qui après de mauvaises expériences, se sont « massivement tournés vers l’offre légale » tout en investissant « plus que les autres sous-populations, dans d’autres outils de protection tels qu’un antivirus payant ou un bloqueur de publicités ».
De deux, des consommateurs illicites réguliers, beaucoup moins sensibles à ces problèmes, « mais plus gênés par les nuisances qui y dégradent leur expérience utilisateur. Les publicités notamment constituent pour eux un inconvénient majeur de la consommation illégale, auquel ils tentent de remédier par l’installation de bloqueurs de publicité ».
Enfin, les consommateurs illicites occasionnels, qui ont un comportement intermédiaire, mais dont 79 % envisagent « de diminuer ou d’arrêter à l’avenir leur consommation illégale (contre 46 % pour les illicites réguliers) ».
Pour la Rue de Texel, ces éléments devraient être pris en compte « pour une action publique encourageant une consommation des œuvres en ligne respectueuse du droit d’auteur ».
La peur du virus
Le plus notable dans ces travaux n’est pas tant ces constats, presque évidents, que la démarche. Sous le règne de Marie-Françoise Marais et de Mireille Imbert-Quaretta, respectivement présidentes du collège et de la commission de protection des droits, la communication était essentiellement appuyée sur la riposte graduée, habillée en réponse pédagogique à coup d’avertissements déguisés en rappel à la loi.
Depuis plusieurs mois, la stratégie diffère : il s’agit désormais de défendre le consommateur, qu’il soit jeune comme cette étude sur les pratiques de consommation des natifs du smartphone, ou ce présent rapport sur le risque encouru sur les sites illicites.
Un symptôme : dans le questionnaire sur les risques relatifs au surf sur les sites illicites, la crainte pénale, que ce soit l’amende pour défaut de sécurisation ou l’action en contrefaçon, n’apparait pas, ou à peine. Dans ces 69 pages, les internautes citent seulement trois fois « le risque de poursuite judiciaire », loin derrière les spams, les pubs invasives et/ou pornographiques, etc. Une désertification bien normale compte tenu de la question posée, accès sur la pénibilité et donc plutôt l’absence de confort (« Parmi les inconvénients suivants le(s)quel(s) trouvez-vous le(s) plus pénible(s) lors de votre consommation de produits culturels sur des sites illégaux (téléchargement ou streaming) ? »).
Quand la Hadopi invite l'ARJEL et la CNIL
Une stratégie payante pour la Hadopi puisqu’hier, à Paris, étaient sur la scène à côté de Christian Phéline, président du collège et Pauline Blassel, secrétaire générale déléguée, non seulement la CNIL, mais également l’ARJEL et l’association e-enfance outre le juriste Fabrice Mattatia.
C’est d’ailleurs la première fois que la Rue de Texel parvenait à inviter d’autres autorités administratives à ses côtés. Et c’est aussi la première fois que la CNIL et la Hadopi vont travailler ensemble, cela a été annoncé hier soir, pour élaborer des fiches pédagogiques centrées sur leur domaine respectif.
Certes, la Hadopi n’a pas supprimé sa communication axée sur la peur du gendarme, mais elle l’a bien raréfiée. Budgétairement, c’est le poste le plus gourmand en subvention publique et l’institution peut s’enorgueillir d’avoir dépassé les 8 millions d’avertissements. Néanmoins, au-delà de ses murs, le silence l’emporte sur le bruit. Par exemple, les chiffres clés de la riposte graduée, autrefois diffusés chaque mois, ne le sont plus que chaque trimestre. Et encore sous une forme allégée, sans grand détail. Pire, la dernière mise à jour date du 14 février, enregistrant un retard de plus d’un mois sur le rythme de publication.
Hadopi : de la peur du gendarme, à la peur du virus
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Le prix à payer ?
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62 sites manifestement illicites... et risqués
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La peur du virus
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Quand la Hadopi invite l'ARJEL et la CNIL
Commentaires (65)
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Abonnez-vousLe 30/06/2017 à 08h58
Pour se prémunir des risques, 25% consomme moins de produits culturels
Quand on vous dit que la culture c’est dangereux!
Le 30/06/2017 à 09h01
Qui est la femme a droite de la photo ?
Sinon, que la hadopi change de stratégie de com, c’est assez malin. Mais ça ne sera pas plus efficace, amha, tant que les objectifs de la HA ne changeront pas, eux.
Le 30/06/2017 à 09h08
”….modifications des réglages du navigateur…”
" />
Le 30/06/2017 à 09h10
Pauline BLASSEL ?
J’attendais justement le premier commentaire sur cette charmante demoiselle " />
Le 30/06/2017 à 09h15
c’est dredi : commentaires sexistes…
et comme tu ne fais aucune réflexion du même ordre sur le gars à sa droite, c’est qu’en plus tu es homophobe !
Le 30/06/2017 à 12h31
Le 30/06/2017 à 12h32
Suffit de former les interfaces chaise clavier." />
Le 30/06/2017 à 12h43
Le 30/06/2017 à 12h52
Sauf que nous sommes “civilisé”. AAAAAh, cela veut rien dire.
Le 30/06/2017 à 13h03
Vu le comportement de certains, j’ai de gros doute sur le civilisé." />
Le 30/06/2017 à 13h28
Tu m’étonnes john!
ps : j’aime beaucoup ton chat.
Le 30/06/2017 à 13h32
Avec tout les anti truc dispo pour navigateur, il ne me faut pas me faire croire qu’il existe encore un risque de contamination…
Sauf si on est idiot au point de D/L un .exe à la con !
Non, sans déconner, tant que pas d’offres sans DRM et de qualitay, le tipiak et les offres BR amazon à 2€ resteront ma source de films.
Pour la musique, merci YT.
Pour le reste, merci Internet.
Le 30/06/2017 à 13h39
Ma réponse dans quelques instants:
>> Wait 5 seconds >>
Ce matin, jean prend sa voiture: il y a un petit impact sur son pare-brise
>> Wait 4 seconds >>
Comme il fait froid il met le chauffage à fond
>> Wait 3 seconds >>
Et crac! une grande fissure apparait sur le pare-brise
>> Wait 2 seconds >>
Alors que s’il avait appelé Carglass, ca aurait pu être évité
>> Wait 1 seconds >>
En effet, si l’impact est plus petit qu’une pièce de deux euros
>> Skip Ad >>
Skip !
Non, la pub avant la vidéo ne gène absolument pas. " />
Le 30/06/2017 à 13h40
Penser le changer après les élections , mais le garde encore un peu.
Le 30/06/2017 à 14h57
Moooh. Petit chat va.
Le 30/06/2017 à 14h58
Pas mal ;)
Le 30/06/2017 à 15h34
“Soyons honnêtes : en vrai, on a une ébauche de commencement d’offre décente en musique et vidéo, mais uniquement en streaming DRMisé de qualité pourrie à correcte, et ne laissant qu’une place très succinte aux oeuvres qui ne sont ni populaires ni récentes.”
Où vont les pirates chercher leurs fichiers de bonne qualité si les légaux n’existent pas ?
Il y a une erreur dans l’équation." />
Le 30/06/2017 à 15h45
Les gens sont libres de consommer de la culture pour et avec les animaux." />" />" />
Le 30/06/2017 à 15h56
Sources non dématérialisées ou à l’étranger.
Le 30/06/2017 à 16h38
Le 30/06/2017 à 18h41
Adblock, seedbox, flexget et rss.
Je ne comprend pas l’étude.
Le 01/07/2017 à 11h42
Bien vu ! " />
Cela dit, j’ai évidemment un peu appuyé le propos. Dans l’absolu, je suis déjà bien content que Netflix soit arrivé. Je regrette juste que…
DU coup, les porteurs de catalogues continuent d’y aller “à reculons”, et le catalogue reste globalement “pauvre” (beaucoup d’oeuvres mais malgré tout un panel de genres et d’origines limité).
Le 01/07/2017 à 16h10
Pauline Blassel
Le 01/07/2017 à 21h15
Désolé, mais je ne comprend pas :/
Le 01/07/2017 à 23h14
Le 02/07/2017 à 15h19
peut être, que c’est (à ce moment là) qu’ils réalisent COMBIEN ils " /> le monde !
et ça fait 8 ans que ça dure c’te “farce” " />
Le 02/07/2017 à 22h21
Dans la culture, il y a aussi les sites porno avec des animaux, et j’ai mis tous les smileys disponibles " />
Le 02/07/2017 à 22h58
Dans la culture, il y a aussi les sites porno avec des animaux, et j’ai mis tous les smileys disponibles " />
Le 03/07/2017 à 08h25
Je suis un chat. C’est normal.
Le 03/07/2017 à 08h27
Euh. Oui. Mais non. Les animaux ont rien demandés et ne sont pas consentent!
Le 03/07/2017 à 09h15
Le 04/07/2017 à 10h40
Le 04/07/2017 à 12h00
Comme des écureuils?
Le 30/06/2017 à 10h53
" />
on connaît ses classiques
Le 30/06/2017 à 11h15
Le 30/06/2017 à 11h20
“25%: je consomme moins de produits culturels” et les achetants-droits ont laissé sortir cette étude? " />
Le 30/06/2017 à 11h20
Ce que je trouve hallucinant dans ce sondage c’est cette question:
“Q - Voici une liste de préjudices ou nuisances auxquels vous pouvez être confrontés en navigant sur Internet. Pour chacun de ces risques, indiquez si ça vous est arrivé une fois, plusieurs fois, si vous connaissiez ce risque sans y avoir été confronté ou si vous ne saviez pas que ça pouvait arriver. ”
Il n’est fait mention à absolument aucun endroit dans la question de sites de illégaux, mais de “navigation sur Internet” dans la question.
Du coup l’étude est totalement foireuse et fausse, non ?!
Le 30/06/2017 à 11h22
Chaque internaute est un pirate en puissance " />
Le 30/06/2017 à 11h32
Z’ont mis du scotch autour avant de …
Le 30/06/2017 à 11h42
Comment on fait quand on paie déjà une offre légale style Netflix dans mon cas et que l’on souhaite accéder à de contenus qui n’y sont pas ? On souscris OCS en plus ? Canalplay ? Amazon vidéos ?
En les écoutant faudrait souscrire à tout…
Le 30/06/2017 à 11h50
Le 30/06/2017 à 11h52
Le 30/06/2017 à 11h55
Le retour du mythe selon lequel les sites illégaux sont blindés de virus…..
En fait hadopi à fait un retour vers le passé hein ^^
Le 30/06/2017 à 11h58
Le 30/06/2017 à 12h01
Le 30/06/2017 à 12h03
Bref, tout se déroule comme prévu… équilibrage de l’offre/demande face aux risques et aux prix du marché.
Les pirates d’eau-douce ont migré vers des plateformes légales de streaming.
Les pirates d’eau-de-mer continuent l’illégal, même si les pubs/captcha sont chiants.
Le 30/06/2017 à 12h08
Je vois que pas mal de gens ici, sont des animaux.
Sinon, pour la protection, il y a toujours des modules : ublock orgin, yesscript, https everywhere (pas ghostery svp, il y a tracker dedans). etc
Et pour le porno (youporn, xhamster etc), vous devriez arrêter d’en consommer comme cela (cf : pornocratie)
Le 30/06/2017 à 12h18
Juste une question idiote (Oui je sais on est dredi alors je me lâche " /> ) : pourquoi quand vous prenez des tofs des membres de HADOPi, ils font tous des têtes d’enterrement/Putain qu’est ce que je m’emmerde ?
Ils sont comme ca ou vous prenez les tofs au bon moment ? " />
Le 30/06/2017 à 12h28
Alors tu doit être fan de l’OC! ;)
 https://unodieuxconnard.com/
Le 30/06/2017 à 09h15
Qui est la femme a droite de la photo ?
..me suis posé la même question ?
elle ne doit pas être TRES connue !
ou bien ?
" />
Le 30/06/2017 à 09h18
On en parle dans les commentaires sur presque chaque news d’hadopi !
Le 30/06/2017 à 09h18
Je note régulièrement ce genre de commentaires déplacés sur NI.
Dégoutant au possible.
Le 30/06/2017 à 09h21
Tout a été calculé …quand on voit les médias parler des malware ou virus sans savoir faire la différence …
Cela veut mettre les gens dans une “peur” juste avant les vacances de Juillet Août et des lois vont encore passer crème avant la rentrée …
#complotforever
" />
Le 30/06/2017 à 09h21
merci !
Le 30/06/2017 à 09h26
c’est pas un complot, c’est la leçon n°1 du petit guide du gouvernement : les lois qui pourraient poser un pb d’opinion publique sont votées durant l’été, et zou " />
Le 30/06/2017 à 09h29
j’aime beaucoup la façon d’augmenter artificiellement le “risque” en mettant la catégorie “qui permettent d’accéder à du porn” au même niveau que “vol des données bancaires” et “malware”.
Marrant que l’ifop n’ait pas parlé du rootkit de sony ou de intel , du fait que les drm des sites licites peuvent se comporter comme des malwares (installation non désirée, blocage de fonctionnement quand il le décide, et sur décision de quelqu’un d’autre que l’admin de la machine. Suppression de donnée si il le souhaite etc…)
Niveau conclusion biaisée sur donnée biaisée, on continue de racler…
Le 30/06/2017 à 10h00
C’est pas faux et assez intelligent comme virage stratégique.
Personnellement je suis abonné chez Google Play pour la musique et Netflix pour les vidéos, ça reste un budget assez conséquent environ 25 euros par mois soit 300 euros par an pour moi et ma petite famille. Le seul truc qui pêche c’est le catalogue trop restreint, pas assez de nouveautés et pas assez de vieilleries :‘(
Bon pour le Pr0n il y a youporn, pornhub, hamster, snapchose, jackylescroissantcho, etc.
Le 30/06/2017 à 10h10
ou alors dans la nuit du 24 / 25 décembre ou 31 décembre/1er janvier (flamby nous l’a mis à l’envers plusieurs fois de cette manière
Le 30/06/2017 à 10h10
Désolé, je ne peux cacher ma vrai nature…. macho, sexiste, homophobe et zoophile !!
Allez bon week end !!
Le 30/06/2017 à 10h10
Donc, en gros, ce qui gêne le plus les tipiaks, c’est la pub ?
Un peu comme à la télé, ou au ciné, en somme…
Heureusement qu’on paye des millions chaque année pour entendre ça.
Le 30/06/2017 à 10h10
C’est marrant, on dirait pas de la Badoit…
Le 30/06/2017 à 10h11
Le 30/06/2017 à 10h23
Le 30/06/2017 à 10h28
Le 30/06/2017 à 10h47
Ben non ils avaient du chatterton