Adoption définitive du projet de loi contre le terrorisme, successeur de l’état d’urgence
Prêt pour le JO... ou le Conseil constitutionnel
Le 19 octobre 2017 à 15h45
4 min
Droit
Droit
Après les députés, les sénateurs ont adopté le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Le texte est maintenant prêt pour être publié au Journal officiel, sauf si le Conseil constitutionnel venait à être saisi.
Comme une lettre à la Poste. Sans surprise, les sénateurs ont adopté le projet de loi censé prendre le relai de la fin de l’état d’urgence au 1er novembre.
Lors des débats finaux sur le texte arbitré en commission mixte paritaire, le sénateur Philippe Bas a marqué sa préférence pour voir cet état exceptionnel une nouvelle fois prorogé, parce que de son point de vue, cette nouvelle législation risque de « rendre désormais caduc l'état d'urgence ».
Le gouvernement a pourtant repoussé cette idée, préférant la modification du droit commun : « avec ce texte, nous mettons de notre côté toutes les chances de prévenir en amont la commission d'actes de terrorisme » a assuré Jacqueline Gourault, ministre d’État auprès du ministre de l’Intérieur. « Prévention de la radicalisation par des fermetures de lieux de culte où des idées de haine et de violence seraient propagées, surveillance d'individus, voire visite domiciliaire, sont autant de mesures qui y contribuent ».
Un gouvernement hermétique aux critiques selon une élue
Durant les échanges sur ce texte, quelques égratignures ont été à relever. Josiane Costes (RDSE) a ainsi critiqué « le rôle réduit du juge judiciaire au profit du juge administratif qui se bornera à constater l'existence d'une note blanche ». De son point de vue, « en l'absence de garanties procédurales, la garantie des droits reposera avant tout sur l'éthique des fonctionnaires ».
Éliane Assassi a été plus féroce : « Le gouvernement s'est montré hermétique aux critiques des associations et des syndicats, mais aussi à celles du Défenseur des droits, des experts de l'ONU et encore à celles des parlementaires opposés à ce déferlement de mesures sécuritaires ».
S'attaquer aux racines du terrorisme, plutôt qu'à ses effets
L’élue GCRC salue certes l’abandon de l’obligation faite au suspect « de déclarer les numéros d'abonnement et les identifiants techniques de ses moyens de communication électronique » (voir notre actualité). Cependant, « l'accord du juge des libertés et de la détention pour la retenue sur place des personnes dont le domicile est perquisitionné a été rejeté. L'économie générale du texte n'a pas été remise en cause » conclut-elle.
Et pour cause, les mesures individuelles telles que les perquisitions (renommées visites et saisies, notamment informatiques) pourront être enclenchées dès lors qu'un individu a un comportement qui laisse à penser qu'il est en lien avec le terrorisme.
Pour la parlementaire, plutôt que ces mises à niveau sécuritaires, les vraies racines du mal se trouvent ailleurs : « le terrorisme se nourrit de la guerre du pétrole et du trafic d'armes. Il faut dénoncer le rôle trouble joué par les puissances régionales que sont la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar ainsi que les pratiques scandaleuses de certaines entreprises françaises, au premier rang desquelles Lafarge ».
Au Sénat, 244 pour, 22 contre
Au final, sur les 266 suffrages exprimés au Sénat, 244 ont été pour l’adoption et seulement 22 contre. Dans le groupe socialiste républicain, sept ont voté contre (MM. Henri Cabanel, Xavier Iacovelli, Jean-Yves Leconte, Mmes Marie-Noëlle Lienemann, Angèle Préville, Sophie Taillé-Polian, M. Jean-Claude Tissot). Mais 70 autres se sont abstenus.
Chez les centristes, 46 ont voté pour. Seule Nathalie Goulet s’est abstenue. Dans le groupe LREM, aucune surprise : les 21 sénateurs ont voté en faveur du texte d’origine gouvernemental. Remarquons l’opposition des 15 élus du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Le projet de loi a donc été définitivement adopté. Il est prêt maintenant à être envoyé au Conseil constitutionnel si celui-ci est saisi. À défaut, il pourra être publié au Journal officiel.
Adoption définitive du projet de loi contre le terrorisme, successeur de l’état d’urgence
-
Un gouvernement hermétique aux critiques selon une élue
-
S'attaquer aux racines du terrorisme, plutôt qu'à ses effets
-
Au Sénat, 244 pour, 22 contre
Commentaires (65)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 19/10/2017 à 15h52
" />
Le 19/10/2017 à 15h54
Ainsi s’éteint la liberté…
Le 19/10/2017 à 16h00
« avec ce texte, nous mettons de notre côté toutes les chances de prévenir en amont la commission d’actes de terrorisme »
Comme avec l’état d’urgence en gros. Mais là, c’est plus mieux.
Le 19/10/2017 à 16h08
Le 19/10/2017 à 16h10
La “chasse aux bougnouls” est ouverte ! " />
Le 19/10/2017 à 16h26
C’était joué d’avance. En Marche c’est les Républicains décomplexés.
Peut-on croiser les doigts pour une saisie du CC ? Si je ne me trompe pas, entre l’AN et le Sénat, on a bien les 60 parlementaires requis.
Le 19/10/2017 à 16h40
Le 19/10/2017 à 16h48
On parle de Lafarge à chaque fois, c’est volontaire d’oublier que la France est un bac à sable d’investissement pour le Qatar ? à commencer par un certain club de foot parisien ?
Le 20/10/2017 à 08h15
Le 20/10/2017 à 08h43
Prison non, assignation à domicile, port d’une balise à la cheville, perquisition et immixtion arbitraire dans la vie privée, restriction de mouvement, oui…
Pour ce qui est de permettre à l’exécutif de garder une personne en prison au delà du cadre d’une condamnation, il y avait déjà la loi Dati… à l’époque on avait déjà les mêmes rengaines disant que non c’était pas une dérive, qu’il faillait pas être parano…
Le 20/10/2017 à 08h53
Le 20/10/2017 à 09h25
Le 20/10/2017 à 09h47
Le 20/10/2017 à 10h11
On mélange tout, on cri au loup, génial l’argumentaire.
Le 20/10/2017 à 10h19
https://wiki.laquadrature.net/%C3%89tat_urgence/Recensement voilà un recensement de sources.
Le 20/10/2017 à 10h28
Merci pour le lien, je ne connaissais pas.
Bon en tout cas après la lecture du 10ème articles, il n’y a toujours aucune perquisition “sans raison” et “totalement arbitraire”. Ouf.
Je continu la lecture, mais peu de chance pour des choses arbitraires. Je vois mal une enquête dire “tiens, on va perquisitionner chez lui, au pif, on a aucun élément, que dalle, peut être sur un coup de bol …” Mouarf
D’ailleurs, c’est là toute la différence entre la vraie vie, et les films. Il y a parfois des soupçons dont il faut vérifier la teneur par une enquête… C’est dingue ! Une enquête, OMG !!!
Le 20/10/2017 à 10h32
Le 20/10/2017 à 10h44
De toute façon, les “raisons sérieuses de penser”, elles sont communiquées lors des perquisitions ou elles restent secrètes ?
Parce que si elles restent secrètes, on aura du mal à dire que c’est sans raison ou totalement arbitraire. " />
Est-ce que fréquenter une mosquée salafiste est une raison valable pour une perquisition ? Si oui, qu’en est-il de la liberté de culte ?
Dans cette liste, il y a aussi un cas d’erreur de domicile pour des perquisitions, puisque tu demandais des sources là-dessus.
Sinon, le fait que tu ne connaissais pas le lien prouve que tu abordes le sujet de façon partiale. Il me semble que tu es du métier.
Le 20/10/2017 à 10h54
Peut-être parce que les gens qui se sont fait perquisitionner sans raisons ont plutôt le réflexe d’éviter de faire des vagues plutôt que de publiciser ça à tout va, par crainte de représailles ?
Tu n’as qu’à voir le documentaire Nothing to Hide, pour faire le lien : il est assez facile de fabriquer une image d’un citoyen qu’on veut vraiment pourrir, pour que les différents rouages judiciaires se mettent en branle sans sourciller. Tout comme il est très facile désormais de museler son expression sur le net (un p’tit coup de “trouble à l’ordre public” et c’est réglé o/).
Mais bon, tu as raison, tout va bien, cette loi est parfaite dans le meilleur des mondes, et si plusieurs dizaines d’association de défense des libertés des droits fondamentaux, non seulement françaises mais également européennes et même internationales, ont envoyé des avertissements publics et forts sur les risques qu’engendrait cette loi… C’est juste pour justifier leur existence… " />
Le 20/10/2017 à 10h55
Le 20/10/2017 à 10h58
Le 20/10/2017 à 11h13
Le 20/10/2017 à 11h25
Le 20/10/2017 à 11h29
Le 20/10/2017 à 14h44
Le 20/10/2017 à 14h48
Le 20/10/2017 à 14h56
Le 20/10/2017 à 15h00
En complément des réponses de Fred42 que je plussoie fortement, la prison n’est pas la solution miracle. Les mesures alternatives donnent en général de meilleurs résultats en terme prévention de la récidive.
Le 20/10/2017 à 15h58
Le 20/10/2017 à 17h01
Le 20/10/2017 à 18h21
Et d’autres ne voient pas les difficultés que les services investigation rencontrent pour le moindre cas de merde et l’inefficacité de leurs actions dû à la sur-protection des libertés des potentiels terroristes.
Mais ça, tout le monde s’en fou, 200-300 morts par an c’est une broutille.
Luttons.
Le 20/10/2017 à 19h14
Le 22/10/2017 à 11h25
Le 19/10/2017 à 17h00
Chez les non-inscrits à l’Assemblée, il y a beaucoup d’opposants au texte (au pifomètre) ?
Le 19/10/2017 à 17h05
Ah ok donc ça hypothèque grandement les chances de saisie.
Pays de meeeeerde " />
Le 19/10/2017 à 17h10
Ils préfèrent faire l’autruche, nous avons bien saisi (voir autre article)
Le 19/10/2017 à 17h52
Le 19/10/2017 à 18h34
#VivelaRance
Le 19/10/2017 à 19h00
Le 19/10/2017 à 19h01
" />
Le 19/10/2017 à 19h13
Quand tu vois comment se comporte la classe politique avec le Qatar, tu vois malheureusement que le PSG est le cadet de nos soucis… " />
Le 19/10/2017 à 20h08
Le 19/10/2017 à 21h07
Le 20/10/2017 à 07h12
Ho punaise, enfin terminé cette interminable attente entre le cadre administratif et judiciaire. Enfin un peu d’outils pour pouvoir mettre à mal les mis en cause dans les affaires de terrorisme qui ne sont que trop défendu encore avec les lois toujours d’actualité…
Et en plus, tout ça sous le contrôle d’un juge (certes, uniquement administratif).
De quoi obtenir des preuves avec plus de facilité sur l’ensemble des perquisitions pour ensuite passer réellement au cadre judiciaire et pouvoir faire condamner la personne.
Ces nouveaux outils accéléreront les procédures et on entendra peutêtre moins que un tel était surveillé et on savait qu’il allait passer à l’action, mais on a rien pu faire…
Les seuls gros problèmes restent les sous effectifs de la DCRI, et que le gouvernement ne s’attaque pas à la source du problème mais à leur conséquence, comme l’on fait remarqué plusieurs.
Le 20/10/2017 à 07h22
Je ne vais pas pouvoir m’empêcher de rire grassement lors de conférences si quelqu’un prononce une ânerie genre “patrie des droits de l’homme”
Le 20/10/2017 à 07h54
Le 20/10/2017 à 07h59
“S’attaquer aux racines du terrorisme, plutôt qu’à ses effets” ben justement, ça donne l’impression du contraire " />
Le 20/10/2017 à 07h59
Bon ben une mise à mort de la fameuse “patrie des Droits de l’Homme” en bonne et dûe forme, comme prévu. Et vu que les députés et sénateurs sont trop cons pour privilégier le peuple à leur petite place, je parie ce que vous voulez que le CC ne sera pas saisi.
Le 20/10/2017 à 08h09
Le 20/10/2017 à 11h34
L’assignation a résidence des militants écolo n’a jamais eu pour but de dire que c’était des terroristes.
C’était pour plus facilement mettre à disposition les forces de polices contre le terrorisme et ne pas avoir besoin de s’occuper de manifestations violentes.
D’autre part, les militants écolo assignés à résidence n’avaient pas que la seule étiquette “Militant écolo”, ils avaient aussi l’étiquette d’avoir su rassembler des personnes au sein de manifestations qui ont dégénérées et étaient de facto capable d’ameuter du monde avec un fort risque de violences.
Notre société actuelle tolère les manifestations de personnes plutôt orientées à gauche au prétexte qu’ils représentent l’ultime liberté d’expression, et on constate qu’à chaque manifestation de gauche il y a des dérives de violences. Et si on les écoute, eux seuls auraient légitimité à exprimer leurs revendications…
Après recherche sur l’excellent lien de Fred42 , je n’ai pas vu d’assigné à résidence après la cop21 qui étaient simplement écolo-bio…
Le 20/10/2017 à 11h37
Le 20/10/2017 à 11h41
Le 20/10/2017 à 11h52
J’ai lu cet article et beaucoup d’autres. Donc assigné à résidence jusqu’à la COP21 effectivement. Non après. Et soupçonné de faire partie de l’ultra-gauche.
Donc, encore rien de choquant.
Le 20/10/2017 à 12h11
Le 20/10/2017 à 12h49
Le 20/10/2017 à 12h56
C’est un conseiller juridique.
Un mec extrêêmement dangereux donc, “virulent et violent.”
Et privé de son droit de manifester.
Le 20/10/2017 à 13h01
Pas de bol, les manifestations sont encadrées par la loi, c’est écrit dans les textes.
On ne peut pas manifester comme ça n’importe comment, parcequ’on l’a décidé. Les manifestants ne sont pas la majorité, et la majorité qu’il y a autour a aussi des droits à savoir vivre librement et ne pas être empêché par des casseurs qui se croient être la voix du monde.
Le 20/10/2017 à 13h12
Le 20/10/2017 à 14h01
Le 20/10/2017 à 14h02
Le 20/10/2017 à 14h03
Le 20/10/2017 à 14h04
Le 20/10/2017 à 14h23
Les raccourcis hors contexte c’est l’apanage des extrêmes… Il faut replacer la phrase dans le contexte que ces manifestations portaient un publique qui font régulièrement des violences…
Inutile de discuter après tout
Vous avez raison.. La démocratie le montre…
Le 20/10/2017 à 14h29
Le 20/10/2017 à 14h42
Faux et faux.
Elu de manière démocratique.
Justement c était l idée, ça devrait être forfaitaire pour l égalité, pas que ça se joue en fonction de l avocat.
Les victimes (par exemple de viol), le restent, il n y a pas de gravité pour elle, que le coupable paye son tribu.
Mais c’est un autre débat, et vous avez raison… Au revoir