Comment le gouvernement veut élargir le blocage des sites
DNS over HTTPS
Le 29 mars 2021 à 15h21
8 min
Droit
Droit
Dans un amendement au projet de loi Séparatisme, le gouvernement étend la procédure de blocage des sites. Des hébergeurs aux FAI aujourd’hui, demain l’exécutif souhaite que des actions puissent être dirigées contre « toute personne » susceptible de contribuer à ces restrictions d’accès. Explications.
À l’Assemblée nationale, la piste portée par le député LREM Éric Bothorel n’avait pas vraiment eu les louanges de sa collègue Laetitia Avia. En soutien de son amendement n°657 au projet de loi Séparatisme (devenu « Respect des principes de la République »), l’élu voulait aiguiser la procédure de blocage des miroirs préparée par ce texte.
« Le projet de loi initial prévoit la possibilité pour l’autorité administrative ou le bénéficiaire d’une décision de justice constatant l’illicéité d’un site internet de demander le blocage ou le retrait de ce site aux hébergeurs et aux fournisseurs d’accès à internet ainsi qu’aux moteurs de recherche, et aux annuaires » résumait le député, pour juger la liste des intermédiaires concernés « trop limitative ».
« Les fournisseurs de nom de domaine et les fournisseurs de services de navigation sur internet peuvent aussi jouer un rôle clé en la matière ». Ces personnes devaient, selon lui, être « mobilisables ». Et le parlementaire des Côtes d’Armor de considérer en conséquence « préférable de ne pas s’en tenir à une liste limitative dans un contexte où les technologies évoluent très rapidement dans ce domaine, comme l’illustre par exemple la généralisation à venir du protocole DNS over HTTPS ».
L'opposition de Laetitia Avia
Son amendement ne visait donc pas à citer une liste exhaustive d’acteurs susceptibles d’agir. Le député a préféré évoquer la possibilité d’une action menée envers « toute personne » susceptible de contribuer à la lutte contre les sites miroirs.
Le 19 février dernier, la députée Laetitia Avia n’avait pas vraiment partagé cette analyse. Selon l’élue En Marche, il est nécessaire de répliquer exactement les compétences du juge dans cette procédure administrative. « Il ne faut surtout pas donner à l’autorité administrative des pouvoirs dont même un juge ne dispose pas ».
La problématique soulevée était jugée « très importante » par Cédric O. « Cet amendement, qui semble très technique, soulève (…) la question de l’utilité des mesures que nous votons : nous aurons beau voter une mesure, si elle n’a pas visé techniquement les bons intermédiaires, elle n’aura aucune effectivité. C’est une question essentielle ».
Cependant, le secrétaire d’État au numérique relevait dans le même temps que l’amendement « vise l’autorité administrative sans donner au juge la même latitude – latitude dont il devrait pourtant disposer ».
Dans le cadre de la navette parlementaire, l’exécutif promettait d’amender le dispositif pour corriger le tir. C’est désormais ce qui se produit au Sénat.
Le texte retravaillé pour le Sénat
Le gouvernement a déposé un amendement au même projet de loi afin de modifier non pas le texte en cours, mais la loi de 2004 qui fonde la responsabilité des intermédiaires.
Aujourd’hui, le texte de cette loi sur la confiance dans l’économie numérique prévoit que
« L'autorité judiciaire peut prescrire en référé ou sur requête, à toute personne mentionnée au 2 [aux hébergeurs comme YouTube ou Twitter, ndlr] ou, à défaut, à toute personne mentionnée au 1 [aux FAI ndlr], toutes mesures propres à prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d'un service de communication au public en ligne ». (Actuel 8. du I. de l’article 6 de la LCEN)
Le gouvernement lui préfère cette version :
« Le président du tribunal judiciaire, statuant selon la procédure accélérée au fond, peut prescrire, à toute personne susceptible d’y contribuer, toutes mesures propres à prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d'un service de communication au public en ligne ». (Futur 8. du I. de l’article 6 de la LCEN modifiée)
En clair ? Le gouvernement veut ouvrir le champ du possible dans les mains du juge, en considérant que le texte en vigueur actuellement « ne permet plus de répondre efficacement aux demandes de fermeture des sites ».
Sa version ne vise plus les seuls FAI et hébergeurs, un périmètre que l’exécutif juge trop restreint. « En effet, les récentes évolutions technologiques conduisent à la multiplication du type d’acteurs pouvant être utilement sollicités pour faire cesser une illicéité ».
Il cite à titre d’exemple « l’émergence du nouveau protocole "DNS over HTTPS" (DoH) [qui] pourrait impliquer des acteurs tels que les exploitants de serveurs DoH ».
Pour le gouvernement, pas de doute, « il est dès lors nécessaire d’élargir le champ des acteurs visés par l’actuel 8 du I de l’article 6 de la LCEN à l’ensemble des acteurs ayant la possibilité de prendre des mesures pour prévenir ou faire cesser un dommage occasionné par le contenu d’un service, telles que par exemple le blocage d’un site internet ou le retrait d’un contenu ».
Vers une procédure dite accélérée au fond
Son amendement ne s’arrête pas là puisqu’il s’attaque également aux questions de procédures. « Il est proposé de remplacer les procédures de référé et de requête de la LCEN par la procédure accélérée au fond prévue par le nouvel article 481 - 1 du code de procédure civile (CPC) ».
Une procédure contradictoire qui permettra « aux parties d’obtenir une décision au fond, et non provisoire, contrairement aux dispositifs procéduraux actuels ». Selon l’exécutif, « cette modification permet d’apporter une réponse plus adaptée aux parties en garantissant leur sécurité juridique, puisque les décisions de blocage de sites auront ainsi un caractère définitif et non plus provisoire comme c’est le cas actuellement ».
Enfin, ce dispositif, inspiré de l’initiative du député Bothorel, modifie l’article 19 du projet de loi Séparatisme. Il élargit son champ à « toute personne susceptible » de contribuer au blocage d’un site miroir.
En somme, avec cette réforme, il sera possible de saisir la justice pour espérer obtenir des mesures de blocage à l’encontre « de toute personne susceptible » d’apporter son concours, dont des prestataires ou des éditeurs qui ne sont ni hébergeurs ni FAI.
Une fois la décision de blocage obtenue, toute personne intéressée pourra demander, via une autorité administrative, à « toute personne susceptible d’y contribuer » d’empêcher l’accès à un miroir identique ou équivalent au site bloqué. À défaut, le président du tribunal judiciaire sera saisi. Statuant selon la procédure accélérée au fond, il pourra étendre ce blocage.
Une formulation très générale
Avec une telle formulation, commente Stéphane Bortzmeyer, « vous pouvez demander à l’hébergeur, au serveur DoH, au registre des noms de domaine ou à l’auteur d’un logiciel, dont l’éditeur d’un navigateur. Avec une formulation si générale, on peut aussi intégrer l’opérateur réseau ou le FAI ».
Le spécialiste des réseaux constate « de plus en de plus de pression sur les éditeurs de logiciels, notamment pour les faire retirer des stores. Des décisions traitées par des IA ou des humains sous-payés ».
Pour Éric Bothorel, il faut donner à la justice les moyens d'agir
« L’engagement pris au ban de l’Assemblée nationale est tenu », commente pour sa part le député Éric Bothorel, joint par Next INpact. « Depuis ces débats, il y a eu un travail avec le cabinet de Cédric O et nous aboutissons à une rédaction qui semble remplir les objectifs que je m’étais fixés : donner à la justice des moyens d’agir qui tiennent compte des évolutions techniques ». Le député des Côtes-d’Armor souligne les limites actuelles du blocage DNS, qui échouait sur le terrain opérationnel. Et celui-ci de citer le cas de Démocratie Participative, site raciste qui « se joue des décisions de justice ».
« Avec la procédure accélérée au fond et une extension du périmètre des acteurs, ce futur cadre offre la possibilité de saisir un éditeur de navigateur, les responsables de chez CloudFlare, quiconque en mesure de limiter l’accès. Un contenu jugé totalement illicite ne doit plus être accessible ».
Avec une telle rédaction, la procédure de blocage « change de paradigme », puisqu’auparavant, il était impossible de les attaquer sur le terrain de la LCEN, CloudFlare n’étant ni hébergeur ni FAI. « Ils devront rendre des comptes le moment venu devant la justice. Je ne dis pas que tout va être réglé, mais on passe d’un monde qui ignorait les subtilités techniques à un monde où on donne à la justice les moyens lui permettant de mettre au tribunal des éditeurs comme CloudFlare ».
Comment le gouvernement veut élargir le blocage des sites
-
L'opposition de Laetitia Avia
-
Le texte retravaillé pour le Sénat
-
Vers une procédure dite accélérée au fond
-
Une formulation très générale
-
Pour Éric Bothorel, il faut donner à la justice les moyens d'agir
Commentaires (38)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 29/03/2021 à 15h59
Peut être qu’un jour ils se rendront compte que bloquer le nom de domaine ne supprime en rien un site…
Le 29/03/2021 à 16h34
Non, mais il faut être honnête quand même, ce blocage suffit pour >90% de la population.
Le 29/03/2021 à 16h56
Ils devraient passer directement à l’étape du méga intranet français avec tous les flux qui transitent par un filtre gouvernemental, ça irait plus vite et ce serait plus simple pour eux…
Le 29/03/2021 à 17h04
Donc on bloque le site via le dns du fai mais on ne fait rien contre l’auteur du site ?
J’ai dû rater quelque chose sinon c”est comme si on interdisait les voitures à un voleur en pensant que cela l’arrêtera.
Le 29/03/2021 à 17h26
Si l’auteur du site est étranger, et le site hébergé à l’étranger… les moyens qu’ils ont de bloquer sont le DNS et l’adresse IP.
Le 30/03/2021 à 00h49
en tous cas je manage un serveur dns DOH et n’étant pas français même s’il m’envoi une demande leur demande je l’envoi immédiatement a /dev/null.
Et vu que la grande majorité des DNS publique utilisé ne sont pas hébergé en France .. encore une loi inapplicable yippie yeah !
Le 30/03/2021 à 06h43
Bonjour, cela se traitera au niveau européen, dès lors que la notion de représentant légal pour les intermédiaires ainsi que la coopération avec les autorités nationales à la suite d’injonctions sera applicable. Dans un monde idéal, l’idée c’est de renforcer l’arsenal à disposition de la justice , au niveau FR, et de responsabiliser les acteurs ( y compris de l’application du droit de chaque état, au niveau EU) https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/europe-fit-digital-age/digital-services-act-ensuring-safe-and-accountable-online-environment_fr #Dsa
Le 30/03/2021 à 08h54
Bonjour au regard de votre pseudo, je suppose que vous êtes le député à l’origine de cette loi??
Je salue cette loi qui semble montrer une connaissance de la technique de la part du législateur mais je suis réservé au regard de sa grande portée et de son extraterritorialité. Au regard de sa portée, elle exige une limitation dans le temps et une justice puissante et indépendante. Malheureusement, notre pays consacre si peu à ses magistrats …
Cette loi doit rester un derniers recours quand un hébergeur n’a pu être contacté (et l’exécutif oublie régulièrement cette étape et passe par le blocage).
Le 30/03/2021 à 09h14
Alors je ne suis pas à l’origine de la loi, qui est un Projet de loi ( initiative gouvernement) et non une Proposition de Loi ( initiative parlementaire) mais je comprends le sens de votre question. Et oui, c’est le même Eric Bothorel. Sur les moyens de la Justice, il est permis d’espérer que via le parquet numérique les choses progressent enfin. Sur l’extraterritorialité, cela se gère ( de mon point de vue) dans l’articulation des mesures de la présente loi, et de la notion de responsabilité des acteurs agissant en EU via le règlement DSA. Et l’échelon EU est le bon. A vérifier quand mm qu’un représentant légal en EU ( c’est une demande réccurente de Richard Malka que d’en avoir dans chacun des pays) sera convocable devant des juridictions des pays et rendre des comptes sur la base du droit de chacun des pays. Bien à vous.
Le 31/03/2021 à 09h55
Bonjour Monsieur le député,
Comme d’autres je salue votre volonté de dialoguer sur ce site web. C’est agréable.
Une partie des techniques liées au DNS/DoH est basé sur logiciels libres (que vous connaissez bien car vous avez rédigé un rapport à leur sujet) et je vois difficilement comment des intermédiaires non-européens pourraient être contraints à suivre des décisions de blocage venant de la France.
Le 29/03/2021 à 17h42
Ah oui, c’est vrai qu’il y a ça…
Le 29/03/2021 à 22h26
J’aurais dû faire “reply”. dsl
Le 29/03/2021 à 20h49
Le sous-titre de l’article, priceless
Les français vont devenir des spécialistes en VPN et/ou DoH en moins de 3 semaines
Le 29/03/2021 à 22h22
Bien sûr “ecatomb” que l’objectif c’est de traduire les auteurs devant la justice. Mais dans certains cas, sans éteindre d’éventuelles poursuites contre les auteurs, la procédure de blocage de l’accès à un contenu peut être protectrice, et la première protection pour les victimes. Même si cela ne constitue pas en soi, ni une conclusion satisfaisante, ni une juste réparation du préjudice. Il y a des victimes ou des proches de victimes, qui ne demandent parfois à défaut d’aboutir à traduire le ou les auteurs devant un tribunal, à minima, que cesse la diffusion ( ou le libre accès ) par exemple d’une image et commentaires dégradants pour ne pas dire abjects ( mais surtout illicites) d’un proche. J’ai en mémoire, et pour exemple, la publication de la scène de crime des attentats d’aout 2020 à Kouré, avec des commentaires haineux en guise d’accompagnement éditorial. Je souhaite protéger les proches de ces victimes. Et ce n’est qu’un exemple. Son auteur est connu. Et c’est un autre sujet que son arrestation. Sans pouvoir et vouloir ici en dire plus. Vous comprendrez je crois. Bien à vous. Eric.
Le 30/03/2021 à 02h03
Belle réponse 👍
C’est vrai que les moyens de la justice sont actuellement limités (et sa surcharge n’aide pas), cela sera sans doute la seule solution applicable (et plus rapide)
Le 30/03/2021 à 02h49
Que le coût du blocage soit à la charge du plaignant dans ce cas.
Car pour des situations somme toute assez rares c’est l’ensemble des intervenants qui paient, c’est à dire les français.
Et ça c’est injuste.
Le 30/03/2021 à 05h54
Mais n’importe quoi, il te parle d’une réparation d’un préjudice. Où as tu déjà vu qu’il soit à la victime de réparer son propre préjudice ?
Donc dans son propre exemple de scène de crime d’attentats auquel tu réponds, t’as vraiment l’intention de demander aux victimes (ou plutôt leurs proches) de payer les trois francs six sous que demandent les FAI pour ajouter un domaine dans blacklist_fr.txt ? C’est abject
Le 30/03/2021 à 09h03
oui. Ne perdons pas de vue que le but ultime, toujours, c’est que les victimes puissent mettre les auteurs au tribunal ( ce qui entre nous soit dit, ne résoud pas le pb d’une publication en ligne à supprimer) . Et que cet amendement n’a d’autres visé, que de rendre plus efficace l’applications des mesures de limitation d’accès à un contenu prononcées par la justice. Aujourd’hui, ça relève plus souvent du symbole. Après, suis pas naïf, il existera probablement des moyens de contourner le truc. Mais si c’est le fait de quelques geeks à capuches basés à berkeley ( chacun appréciera mon aversion pour les caricatures), ou de la bande de Mr Robot… ce sera comme ça. Mais ça réduira quand mm l’exposition au plus grand nombre. et c’est le but ( si c’est moins d’audience, potentiellelement c’est moins de revenu ( pour ceux qui monétisent ces contenus)).
Le 30/03/2021 à 02h34
Celà passe dans le projet de loi séparatisme, mais quelle est la part des blocages (et de leur contournement) qui est dans le sujet ?
En modifiant la LCEN sans restriction, l’amendement va plus loin, et s’applique donc aussi pour le droit d’auteur par exemple.
Sinon, les blocages venant d’autorités administratives ne sont pas publics. Comment demander à un navigateur à licence libre d’en tenir compte ? Soit la liste devient publique, soit la licence n’est plus respectée.
Le 30/03/2021 à 02h36
Ils comptent exiger de Mozilla de bloquer des sites ? Même en supposant que cela passe et cela serait un dangereux précédent que d’autres gouvernements profiteront, j’imagine que ce sera un bête fichier que l’on pourra effacer. La loi indique qu’il faut prévenir/cesser le dommage, elle n’indique pas que cela doit être inviolable/hardcodé.
Ou les DoH étrangers ? J’imagine les gérants de serveurs OpenNIC se marrer d’avance…
Et les utilisateurs qui ont des box/routeurs capables de faire cela, l’autorité va exiger d’eux d’ajouter les sites en question dans la blacklist ? Après tout, ce sont des entités « capables d’apporter leur concours », n’est-ce pas… J’attend la lettre.
Le 30/03/2021 à 05h52
L’histoire du blocage devrait être une mesure d’accompagnement d’une vrai justice et d’une politique publique homogène dans le temps . Quand on voit de quelle manière on a laissé le forum 16-25 de jvc d’epanouir, laissé youtube (Google) diffuser des milliers de contenus pirates, laissé des dizaines de sites de désinformation proliférer en les legitimant par l’usage ( coucou fb, Twitter, rt, etc.. .).
Quand on laisse la politique ou l’opinion publique jouer aux justiciers, ça donne rien de bon. Il est possible de faire des exemples avec des gros sites plutôt que de dépenser des milliers a bloquer des petits sites fréquenté par des petits groupes.
Progressivement on etablierait la norme sociale et le public saurait quel est le niveau de légalité. L’éducation numérique aussi peut jouer un rôle.
La chose qu’on perçoit c’est que l’argent participe a la decision de la légalité, et que le niveau de nuisance aussi.
Le 30/03/2021 à 06h04
Le 30/03/2021 à 06h17
“toutes mesures propres à prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d’un service de communication au public en ligne”
Le juge pourra demander à EDF de couper le courant sur tout le territoire \o/
Le 30/03/2021 à 06h39
Vous devriez lire l’article, qui explique justement comment appliquer cette loi, qui a justement pour but de répondre au déploiement de DoT ou DoH. (Indication : la majorité des accès au Web se font depuis une machine presque entièrement contrôlée par un acteur, dont le nom commence par G.)
Le 30/03/2021 à 06h46
Google (et Apple) ont déjà retiré des applications de leur magasin d’applications, car elles permettaient « d’accéder à des contenus haineux » donc c’est un scénario possible.
Les petits malins frimeurs (« je suis un reBeLZ, je compile moi-même le noyau OpenBSD ») s’en tireront certainement. On n’est pas en Corée du Nord. Mais la grande majorité des citoyens sera impactée, ce qui est bien le but des censeurs (à part en Corée du Nord, les censeurs ne visent jamais 100 % d’efficacité).
Ceux-là, c’est facile de les bloquer au niveau IP.
Plus délicat mais la solution est connue : promouvoir (lourdement) les accès via un mobile où, cette fois, l’intégralité du chemin (y compris le terminal) est contrôlée par un petit nombre d’acteurs sur lesquels la loi peut taper. Ce n’est pas par hasard qu’il y a tant de marketing pour le mobile, c’est parce que c’est un monde bien plus « civilisé » (comme disait Sarkozy). Et puis voir le point plus haut : si la censure n’est contournée que par la poignée de geeks barbus qui gère un TP-link avec OpenWRT, cela ne gêne pas trop les censeurs.
Le 30/03/2021 à 06h56
C’est quand même une loi qui part d’un bon sentiment, mais qui selon le gouvernement qui arrive en place, sera une arme redoutable pour censurer tout et n’importe quoi…
Le 30/03/2021 à 07h07
Normalement la justice est indépendante dans notre pays … enfin normalement … la plupart du temps
Le 30/03/2021 à 07h11
C’est vrai que la justice n’a jamais subit la moindre influence ni pression d’un gouvernement
Le 30/03/2021 à 12h24
Bonjour M. Bothorel , très content de vous voir venir discuter ici d’un projet de loi - ce simple fait montre de votre part un réel intérêt sur la question qu’a titre personnel j’apprécie beaucoup.
Pour en venir au projet de loi.
J’en comprends les finalités - dans un autre domaine nous avons sur ce forum débatu de la volonté de restreindre l’accès à la pornographie aux enfants. C’est important car, pour moi, dans les 2 cas si les objectifs sont différents ( votre exemple sur les photos des victimes d’attentats est parlant) , les moyens mobilisés sont similaire.
Et, pour moi, les inconvénients le sont aussi:
En technique la censure est une censure, quelque soit le sujet et la légitimité. DoH est apparu entre autre en réaction à la volonté de certains gouvernement d’utiliser ce moyen pour empêcher leurs citoyens d’aller voir certains contenus. Les VPN sont utilisés pour contourner des restrictions géographiques artificielles , ou pour télécharger du contenu protégé. Et ce n’est pas que les geek: A partir du moment où pour X et Y raison le DNS a été changé, et le DoH activé et que ça marche “mieux” , les gens vont le laisser, car on le leur a appris.
Le changement de serveur DNS va finir par faire partie de la “panoplie de nettoyage” d’une machine neuve, comme de nettoyer les programmes superflus comme candycrush et réinstaller Acrobat Reader.
A la rigueur ce type de mesure a un intérêt pour éviter l’accès par inadvertance, ok. Mais il faut être conscient, et je crois comprendre que c’est le cas au vu des commentaires ci-dessus, que ça n’éliminera pas le contenu effectif - pour cela il faut poursuivre (et donc trouver) les auteurs et/ou diffuseurs, et ça…
Ce qui me fait peur c’est la sur-enchère. Si l’on commence à dire qu’on peux censurer pour X ou Y raison, énormément de structures peuvent avoir un intérêt à ça. Je pense ici aux entreprises qui pourraient vouloir faire taire des lanceurs d’alertes, des ayants droit qui peuvent vouloir supprimer des sites web, l’intérieur qui ferait bien disparaître des vidéos de violences policières, des politiques avec des “affaires”,…. bref ce qui “protège” justement le public et les initiateurs c’est justement le fait que, techniquement, il est très très difficile de “dé-copier” un contenu. La chine le fait, même elle avec un succès mitigé et avec des menaces explicite sur l’intégrité physique des gens qui s’y essaie.
Vous allez me dire que c’est le rôle des média de s’assurer de cela. Et c’est vrai…. mais pas au tout le temps: Les médias sont, parfois, informé des faits en même temps que le public à l’heure actuelle.
Pour terminer, je ne vois qu’assez peu le volet éducatif dans ces projets de loi. On ne pourra pas empêcher quelqu’un de malsain de poster des vidéo d’assassinat, ou quelqu’un d’aussi malsain d’en chercher. Par contre on peux expliquer que non, aller chercher explicitement ces vidéo c’est PAS OK (et bien sur contraindre Google à les déréférencer, même si à mon sens , comme pour le piratage c’est avant tout une histoire de savoir qui va s’épuiser en premier). Un autre truc, on peux ptet aussi demander aux média d’arrêter de faire la “pub” de ces contenus sous la forme d’articles de presse.
Mais sur le long terme je vois pas d’autre solution constructive.
Le 30/03/2021 à 12h55
« Il ne faut surtout pas donner à l’autorité administrative des pouvoirs dont
même un juge ( d’instruction ) ne dispose pas ».
ah..quand-même, ils se rendent compte qu’ils vont “un peu” TROP loin !!!
Le 30/03/2021 à 13h34
A la base (cf les news précédentes) ça visait quelques youtubeurs la loi avia, notament bruno le salé, le raptor et quelques autres (bah vi ça va pas dans le sens du poil, donc forcément, par content, donc on sévi en bloquant certaines de ces vidéos, ça ne fonctionne pas donc hop on pond une loi.), la liberté d’expression, selon eux doit aller que dans un sens..
ça me rappelle une constitution européenne pour lequel un certain électorat avait voté non, et finalement passé en douce par sarkozy….
Quand au blocage des sites, je suis vraiment partagé, est ce aux parents de faire le nécessaire, ou comme dans certains pays du globe à faire (ne pas prendre ce que je vais dire au pied de la lettre) l’éducation sexuelle de leurs bambins…j’ai vraiment pas d’idée sur la question :/
Le 30/03/2021 à 16h41
De toute façon il peuvent même faire ce qu’il veulent au niveau législatif, mes domaines DNS se trouve dans un pays qui place la vie privée avant tout et qui ne fait pas partie de l’Europe donc /dev/null.
Et tans qu’un DNS non filtrant est en revolver pour le DOT/DOH c’est non bloquante (et encore une fois un VPN plus tard et c’est contourné).
Enfin quelqu’un de cohérent dans les commentaires de toute façons beaucoup sont dans mon cas le pays du dns ne va pas répondre aux injonction européenne avec du domaine privacy, donc les demande et injonction parte a /dev/null quoi qu’il en soit, le DNS doit resté non filtrant, qu’il prennent leur responsabilité car reporté la charge du blocage sur des acteurs tier du a leur non compréhension de comment fonctionne le net deviens lourds.
S’il ma fallu 2 clic pour créer un serveur DNS résolvant directement a la racine n’importe qui peut le faire.
Enfin je confirme que cette loi est INAPPLICABLE car si un seul dns (Spoiler alert ce sera le cas) refuse de se soumettre a la loi, toute la loi deviens inutile car comme dit plus haut ca fera partie du rituel de nettoyage du pc / router quand on en installe un nouveau.
Donc encore une loi inutile d’un gouvernement inutile qui ne comprend rien au réseau qu’il tente de réglementé.
Ca en deviens une parodie tellement les loi qui veulent filtré le net/chiffrement sont a des années lumière des réalité du terrain.
Le 30/03/2021 à 16h42
Je me demande comment ils vont faire pour imposer le filtrage à tous les forks de Mozilla Firefox.
Le 30/03/2021 à 19h28
Le retrait de Trump et des comptes conspirationnistes de l’« alt right » américaine des réseaux sociaux grand public a grandement réduit leur portée, réclamant aux sympathisants des efforts que les plus radicaux font, mais qui peinent à convaincre les plus indécis, réduisant ainsi la portée des discours… dérangeants.
Le hic n’est pas tant dans l’inefficacité de la mesure, qui l’est, même partiellement, mais dans le surblocage, en particulier en impliquant des acteurs jusqu’ici neutres et ignorants des contenus qu’ils véhiculent.
Le 31/03/2021 à 06h34
Pour moi, blocage & dé-référencement c’est pas la même chose: Bloquer, c’est empêcher la liberté d’expression: C’est souvent justifié , mais les outils mis en place, si ils marchent, pourront être utilisés à des fins moins justifiable ensuite (Heureusement que ça marche pas techniquement, du coup).
Par contre, dé-référencer c’est, à mon sens, supprimer la publicité , donc la diffusion. On t’empêches pas de parler, juste tout le monde s’en fout.
Il y a quand même un risque sociétal, c’est celui de créer une “bulle” d’initiés qui se partagent en sous-main des URL non référencés publiquement plutôt que d’utiliser la réfutation publique. C’est un choix de chaque gouvernement, mais ça n’entrave en rien la liberté d’expression, qui n’est pas une obligation d’écouter.
L’intérêt c’est que , même si Google dé-référence des vidéos et des recensement de violence policière à la demande du gouvernement (au hasard), les citoyens peuvent tout de même y avoir accès , puis agir en conséquence selon leur propre convictions.
Le 31/03/2021 à 13h20
Donc quand on a supprimé “l alt right” des réseaux sociaux, on a donc bloqué les noms de domaine de ces réseaux sociaux ? Si c’est pas le cas, alors ton commentaire est hors sujet.
Le 02/04/2021 à 19h27
Que te répondre ? Pardon pour le bruit ?
Le 04/04/2021 à 06h11
Vu ce qui se lit ici, et franchement c’est agréable de pouvoir discuter de ce point sereinement, j’envisage qu’on puisse avec celles et ceux qui le souhaitent sur un mode plus interactif, en visio par exemple). C’est pas pour baisser le trafic de nextimpact, c’est juste qu’il y a des points qui mériteraient probablement un échange plus interactif. Si il y a des candidats, suffit de le dire ici. 1 ou 2, 5 ou 10, peu importe, un temps d’échange Pirl ( presque In real life)