L’armée autorisée à faire des tests de surveillance en France
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Le 12 février 2019 à 10h14
5 min
Droit
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La dernière loi de programmation militaire a modifié l’article L2371-2 du Code de la Défense pour revoir l’encadrement des essais des outils de surveillance en France. En pratique, un véritable laboratoire avant déploiement de solutions opérationnelles. La CNCTR a récemment rendu son avis sur le sujet autorisant ce déploiement.
Initialement, cet article autorisait la direction générale de l’armement, service chargé de qualifier les outils de surveillance et les militaires des unités des forces armées triées sur le volet « à mettre en œuvre les mesures d'interception » aux fins « d'effectuer des essais » sur le territoire.
La prose était très peu encadrée puisque ces opérations ne faisaient l’objet d’aucun autre formalisme. Dans la version revue et corrigée en 2018, l’article a fait l’objet d’une refonte complète.
Une déclaration préalable auprès de la CNCTR
Les essais sont désormais soumis à une obligation de déclaration préalable auprès de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement (CNCTR).
Ils sont en outre beaucoup plus détaillés, quoique restant très vastes : ils concernent l’accès aux données de connexion, la géolocalisation et les interceptions de sécurité par IMSI catcher (L. 851 - 6 et II de l'article L. 852 - 1), les interceptions opérées sur un réseau de communications fermé exclusivement hertzien (L. 852 - 2), toute la surveillance des communications internationales (L. 854 - 1) ou des autres échanges hertziens (L. 855 - 1 A).
Plusieurs garanties sont maintenant prévues. Les données glanées par des agents individuellement désignés et habilités peuvent être conservées, mais seulement pour la durée de ces essais. Cette dernière n’est pas fixée par le législateur, puisque dépendant de chaque technique et résultat. Ces informations doivent ensuite être détruites au plus tard une fois ces tests terminés.
Toujours selon le nouvel article L2371-2, la CNCTR doit également être « informée du champ et de la nature » de ces essais, par le biais d’un registre des opérations réalisées. Document qui doit lui être communiqué sur demande.
L’avis de la CNCTR sur l’arrêté d’application
Un arrêté publié le 18 janvier dernier au Journal officiel a décrit ces différentes garanties. On apprend que ces tests couvrent « les travaux de recherche et de développement, de vérification, de validation ou de qualification de ces appareils ou dispositifs techniques ». Soit un champ très vaste, là encore.
De même, la déclaration préalable adressée à la CNCTR y est également détaillée. Elle doit intégrer toute une série d’informations :
- L'identification du service ou de l'unité déclarant ;
- Les objectifs des essais et, le cas échéant, le programme dans lequel ils s'inscrivent ;
- L'identification des appareils ou dispositifs techniques faisant l'objet des essais et la nature de la technique au titre de laquelle ces appareils ou dispositifs sont mis en œuvre ;
- Les dates de début et de fin de la campagne d'essais ;
- Le lieu de mise en œuvre de la campagne d'essais ;
- L'identification du service ou de l'unité conduisant ces essais ;
- La référence de la demande d'autorisation présentée sur le fondement des dispositions du Code pénal relatives aux interceptions
Enfin, le registre des opérations techniques doit reprendre la quasi-totalité de ces données et identifier les dispositifs de stockage, ainsi que « le certificat de non-exploitation et d'effacement, à l'issue de la campagne d'essais, des données potentiellement recueillies »
Conformément aux vœux du législateur, cet arrêté était lui-même soumis à avis préalable de la CNCTR. Suite à notre demande de communication, la commission a bien voulu diffuser son avis.
Pas d'action en piratage informatique contre les militaires concernés
Ce document du 8 novembre 2018 est précieux puisqu’il indique déjà que ces essais ont pour objectif d’ « appuyer l’action des forces armées engagées dans des opérations à l’étranger, en leur donnant la maitrise des outils qui permettent le recueil hors du territoire national de renseignements d’intérêt militaire ».
Mieux, sans cet encadrement législatif et réglementaire, ces essais constitueraient autant d’infractions pénales, « dès lors qu’ils sont susceptibles d’entraîner l’interception résiduelle de communications privées ».
L’étude d’impact annexée à la LPM2019-2015 ne disait pas autre chose : « Bien que des moyens de communication plastrons soient utilisés pour ces essais, les opérations matérielles de qualification n’en demeurent pas moins potentiellement attentatoires à la vie privée dès lors que des communications privées peuvent être de manière résiduelle interceptées, communications qui ne sont en tout état de cause pas exploitées ».
En somme, les essais sur le terrain ne sont pas censés glaner des communications de tiers, mais ce risque n’est pas impossible. Il était donc nécessaire de sécuriser l’action des agents de la direction générale de l’armement, en écartant toute possibilité de poursuite pénale.
Dans son avis, la CNCTR ne voit finalement aucune objection à la lecture du projet d’arrêté qui lui fut soumis. Elle relève néanmoins que le texte ne fixe aucun délai pour adresser la déclaration préalable.
À tout le moins, elle demande donc à être informée de ces tests dans un « délai suffisant » pour avoir la possibilité d’ « examiner et formuler, le cas échéant, les observations nécessaires pour garantir le respect de la loi ». Même sans délai suffisant entre la déclaration et la mise en œuvre de ces outils, la procédure resterait malgré tout conforme puisque le législateur s’est contenté d’une déclaration simplement « préalable ».
L’armée autorisée à faire des tests de surveillance en France
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Une déclaration préalable auprès de la CNCTR
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L’avis de la CNCTR sur l’arrêté d’application
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Pas d'action en piratage informatique contre les militaires concernés
Commentaires (44)
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Abonnez-vousLe 12/02/2019 à 11h59
Que feront-ils si les données résiduelles concernent de l’échange d’images à caractère pédophile, ou des préparations d’attentats ou, pire encore: du téléchargement du dernier album du dernier poulain en date d’une maison de disque française ?
Le 12/02/2019 à 12h06
Le 12/02/2019 à 12h11
Nan mais arrêtez d’être parano. La police et la gendarmerie ont leurs propres moyens encadrés par la loi, ils n’ont pas besoin que l’armée s’en mêle. Par contre l’Armée doit former ses troupes aux opérations au Sahel et on ne forme pas en mission de combat.
La délimitation légale DGSI/DGSE et police/armée est très claire en France.
Le 12/02/2019 à 12h47
Les commentaires parano sont amusants puisque la Gendarmerie officie depuis plusieurs siècles sur le territoire intérieur tout en faisant partie des forces armées françaises.
Pour autant, la loi martiale ne s’applique pas forcément en France.
Le 12/02/2019 à 13h06
C’est de pire en pire les commentaires de NXI, tout comme la tournure de certains articles… J’ai parfois l’impression d’être dans une annexe de la LFI..
Le 12/02/2019 à 13h14
Le 12/02/2019 à 13h15
Tu peux toujours lire Le Figaro. " />
Le 12/02/2019 à 13h28
Et pourquoi pas Minute ?
Le 12/02/2019 à 13h31
Personnellement, je suis pour qu’on s’interroge et pour la méfiance. D’ailleurs, c’est ce qui me plaît dans les articles de Marc Rees.
Ce qui me laisse perplexe, c’est qu’il suffit qu’un article pose une incertitude pour que le quidam s’empresse d’imaginer des choses. C’est peut-être parce que j’ai fait mon Service national dans l’armée et que les plus jeunes que moi ne savent pas certaines choses, mais ça me laisse perplexe quand même : ne pas savoir que les armées (Terre, Marine, Air) sont toujours actives et disposent de privilèges sur le monde civil, même en temps de paix, ça me paraît bizarre dans une démocratie.
Le 12/02/2019 à 13h33
Après une recherche Google, je ne connais pas ce pokémon. " />
Le 12/02/2019 à 13h33
si je ne dis pas de bêtise, les “données résiduelles” semblent être ce qu’ils auraient choppé sans le vouloir (dommage collatéral, faux positif ou effet de bord, appelles ça comme tu veux)
Par ailleurs, ta question tombe sous une autre règle : tout fonctionnaire qui a connaissance d’un crime ou délit doit en aviser la justice
Le 12/02/2019 à 13h33
Sans être aussi tranché que toi, on ressent clairement une défiance permanente envers le gouv. et les commentaires sont plus souvent qu’a l’accoutumée assez complotistes.
Le 12/02/2019 à 13h42
Pourtant, avec juste ce mot clé, le M étant en majuscule, la première réponse est la bonne.
Le 12/02/2019 à 13h46
Oui, mais je ne connaissais pas avant. " />
J’ai bien vu qu’il s’agissait d’un “journal” d’extrême droite.
Le 12/02/2019 à 13h52
Ctrl F + “complot” … Tiens donc…
Le 12/02/2019 à 14h17
L’armée n’a pas les mêmes droits et devoirs que les civils, rien d’anormal.
Si tu as fait le service militaire tu as du remarquer que tu pouvais être privé de liberté ou corvéable gratuitement sans passer par un service juridique (ça s’appelle le trou). Tu peux conduire un véhicule sans permis, tu peux utiliser des armes chargées à balles réelles sans port d’arme ou permis de chasse…
Pour être sincère, je n’ai jamais été très rassuré de voir des fusiliers commandos d’à peine 20 ans, se promener dans les rue de Paris avec un fusil d’assaut chargé (vigipirate) mais que je sache il n’y a eu pas d’incident notable.
Le 12/02/2019 à 11h03
“Il y a une raison pour laquelle on sépare l’armée et la police. L’une combat les ennemis de l’État, l’autre sert et protège les citoyens. Lorsque l’armée remplit les deux tâches, alors les ennemis de l’État ont tendance à devenir les citoyens eux-mêmes.” W. Adama
Le 12/02/2019 à 11h21
Sur écoute ® Mozinor : YouTube
Le 12/02/2019 à 11h50
Le fait de tester ou s’entrainer sur le territoire national ne signifie pas que ces moyens seront utilisés pour surveiller le territoire national.
Pour choper des mecs de Daesh, des moyens d’écoute policier destiné à la surveillance des téléphones seront plus adapté que des moyens ROEM plus traditionnels destinés à localiser un radar ou une radio d’une nation ennemie.
Le 12/02/2019 à 11h53
Peut-on immaginer des essais de très longue voir interminable durée?
Le 12/02/2019 à 14h55
Pas d’incident parce que ces armes ne sont pas armées la plupart du temps (Il y a un chargeur mais il faut connaitre le fonctionnement d’un Famas pour tirer avec). Par contre c’est rarement des fusiliers commando mais plutot des mix réservistes et de militaires de bases (Il suffit d’avoir la formation de base PROTERRE pour être affecté à Sentinel que la majorité des militaires possèdent).
La loi est surtout la pour combler un vide juridique, il était évident que le tests/formations d’interceptions électronique fait en France sont effectués sur du trafic réel.
Je rappelle que les forces de l’ordre ont un accès direct à ces informations auprès des opérateurs téléphoniques sur simples demandes ( Même pas besoin d’un juge).
Le 12/02/2019 à 14h59
N’écoute pas les facheux, ne lis que la presse qui mérite de l’être :
https://www.lecanardenchaine.fr/vie-privee-cest-termine/
Ceci dit, tu/vous pouvez lire tout ce qui vous plaira ; après tout, nous vivons en pays libre ;-)
Le 12/02/2019 à 15h11
Le 12/02/2019 à 15h37
Effectivement il n’y a pas de vide juridique mais disons que l’environnement juridique n’était pas le bon pour leur mission.
Pour les écoutes dites administrative :
  Service PublicTout ca a été fait lors de la fameuse loi relative au renseignement de 2015 qui a introduit les pouvoirs spécifique de l’état d’urgence dans le cadre habituel pour les services de renseignement ( Celle avec les fameuses boites noires chez les opérateurs ).
Le 12/02/2019 à 16h02
Le 12/02/2019 à 16h29
Le 12/02/2019 à 17h42
Si un modo passe par ici, ça serait sympa de dégager le bot yadlajoie de NXi.
Le 12/02/2019 à 20h53
c’est pas toutafé pareil de s’entrainer avec un char leclerc ou le system d’interception cobra ou encore un SA crotale sur le plateau d’albion, ou dans le cosse, qu’une camionnette banalisé qui se promène a s’entrainer a faire des interception en plein paris. Leur zone d etir est encadré dans un domaine militaire. Rien ne les empêche de faire joujou dans des base militaires avec plein de personel qui surf sur internet avec leur téléphone.
d’expérience je sais que les conversation privée seront écouté par des oreilles, ou des mails intercepté et lu, même si ce n’est pas enregistrée je n’en n’ai pas l’envie.
Le 13/02/2019 à 06h22
So say we all !
Le 13/02/2019 à 06h29
Si tu es plus à l’aise avec Valeur Actuelle, rien ne te retiens ici.
Et si pour toi conserver un esprit critique c’est être FI… ben là je peux rien pour toi.
Le 13/02/2019 à 08h00
Ce n’est pas être parano que de pointer qu’il y aura à coup sûr des abus, comme il y en à toujours.
Le soucis réside plutôt dans la mise à disposition de plus en plus large de ce type d’outils.
Le 13/02/2019 à 08h08
Le 13/02/2019 à 08h19
Il n’est jamais trop tard, comme on dit :)
On sera dans la rue quand il sera possible de ficher des gens en les assimilant à des casseurs et en les interdisant de manife… es… ter… oh wait.
P.S. : Je ne crois pas au complot. Par contre je crois à la convergence des intérêts formant des groupes ayant pignon sur rue, organisés et puissants, et à l’instinct de préservation de cette puissance. On peut toujours légitimer très légalement l’existence de ces groupes : élections, état d’urgence, menaces extérieures, lobbyisme, libéralisme économique, etc…
Le 13/02/2019 à 08h50
Le 13/02/2019 à 09h11
Le 13/02/2019 à 09h59
Et donc… Si on suit ton raisonnement… Toi t’es un partisan de Ronald Reagan militant pour sa réélection ? Tu sais qu’il est mort ? Et qu’on est en 2019 ?
J’veux dire… T’as raison, faut assumer son appartenance et son soutien idéologique. Donc vas-y Carbier, on te regarde, assume :p
Le 13/02/2019 à 10h47
Il a annoncé il y a peu avoir voté pour un candidat ayant fait 6% au premier tour de la dernière présidentielle.
Et ce candidat, c’est …….
… HAMON.
C’est vrai qu’il est très près de Ronald Reagan, ce Hamon !
Le 13/02/2019 à 10h57
C’est marrant parce que t’as pris mon message, ridicule au demeurant, dont le but était de pointer le ridicule et l’absurdité de la logique d’affiliation à un partie politique sur la seule base de bribes idéologiques, au pied de la lettre. Marrant… Vous… Connaissez le second degré ?
Et puis… il annonce ce qu’il veut, et il vote bien ce qu’il veut, ça ne change rien à ce qu’il dit sur ce site.
Je m’arrête pas à un vote pour qualifier une personne. Respectons-nous un minimum.
P.S. : Moi j’ai voté Chirac au premier tour des présidentielles 2017. C’est donc qu’il était candidat. Et que je vois des politiciens qui sont morts…
P.P.S. : Tu tiens des dossiers sur des membres du site où tu répertories toutes les petites données croustillantes ? C’est flippant !
Le 13/02/2019 à 11h01
Le 13/02/2019 à 11h07
De prime abord, moi aussi ^^
Puis après j’ai pensé … “tradition” :p
Le 16/02/2019 à 18h37
Twitter
Le 17/02/2019 à 08h21
Curieux cette façon de penser.
On peut se poser la question des débordements sur l’utilisation, je ne vois pas en quoi cela fait un article à tendance “complotiste”.
C’est ce qui fait en soit que l’on fait de l’information et l’ouverture à l’esprit critique.
Le 18/02/2019 à 09h50
perso. : ça me va ! " />
Le 18/02/2019 à 11h13
Et a activement participé à toutes les horreurs commises par l’état français sur sa population, a commencer par les déportations de la WWII pour aller direct au plus glauque.
Sa citation d’une oeuvre de SF est tout à fait applicable à la France.