Choix du moteur de recherche sur Android : Google vend trois places aux enchères, Qwant enrage
Enchères et en os
Le 02 août 2019 à 14h25
7 min
Internet
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Google va vendre aux enchères trois places que ses concurrents pourront acheter afin d'apparaître dans la liste des moteurs de recherche par défaut sur Android. La méthode fait bondir Qwant qui estime que ce système « ne profitera ni aux consommateurs européens ni à la libre concurrence ».
En mars, Google revenait sur la nécessaire évolution d'Android face aux exigences de la Commission européenne en annonçant que les utilisateurs d'Android pourraient prochainement choisir leurs navigateur et moteur de recherche par défaut pour Android. Pour rappel, Bruxelles a infligé au géant américain une amende de 4,3 milliards d'euros en juillet 2018 pour avoir abusé de sa position dominante sur Android afin d'imposer ses services. Google a depuis fait appel.
Le dispositif a été détaillé en avril, puis le déploiement a commencé en juin. L'année prochaine, un nouveau système sera mis en place. L'annonce a été faite au détour d'un billet de blog publié par Paul Gennai, responsable produit chez Google. Au-delà de l'apparence qui change, les trois places pour les concurrents de Google seront vendues aux enchères dans chaque pays de l'Espace économique européen (l'Europe des 28 avec l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse).
De son côté, « Qwant dénonce la communication de Google qui vise à mettre aux enchères le libre choix des consommateurs européens d'utiliser un autre moteur de recherche que Google Search ».
Quatre choix : Google toujours présent, trois places vendues aux enchères
Comme c'est le cas actuellement, la liste des moteurs alternatifs dépendra des pays, mais un formulaire aux moteurs intéressés de « demander à faire partie du nouvel écran de choix, qui apparaîtra lorsque quelqu'un installera un nouveau smartphone ou tablette Android en Europe ». La mise en place débutera l'année prochaine.
La page de sélection continuera d'afficher quatre moteurs de recherche dans un ordre aléatoire, dont celui de Google, toujours présent. Le gros changement par rapport à l'ancienne version est que la sélection des concurrents passera par des enchères à un tour pour chaque pays. Un seuil minimum sera défini pour chaque pays et les enchères seront renouvelées chaque année.
Pour pouvoir y participer, les moteurs de recherche doivent respecter certaines règles détaillées ici, et notamment proposer une application disponible gratuitement dans le Play Store.
Google ne précise pas que le choix peut entraîner le paiement d'une dîme de la part d'un moteur alternatif
Les offres ne seront pas rendues publiques
Les participants indiqueront le montant qu'ils sont prêts à payer lorsqu'un utilisateur sélectionne leur moteur de recherche à la place de celui de Google. « Les trois offres les plus élevées qui atteignent ou dépassent le seuil d’enchère pour un pays donné apparaissent dans l’écran de choix de ce pays », explique Google. En cas d'égalité, un tirage au sort sera effectué.
Par contre, « si moins de trois moteurs de recherche éligibles atteignent ou dépassent le seuil des enchères, Google remplira les emplacements restants de manière aléatoire à partir du pool des moteurs de recherche éligibles, qui comprendra ceux qui ont demandé à participer à l’écran de choix, mais n’ont pas soumis d’offre ».
La date limite pour soumettre son offre est fixée au 13 septembre et la liste des « gagnants » sera mise en ligne dans chaque pays de l'Union européenne au 31 octobre. Les offres des moteurs de recherche ne seront pas rendues publiques, ni même le nombre de participants par pays.
Cette « discrétion » n'est pas du gout de Qwant : « Google a choisi de faire appel de sa condamnation du 18 juillet 2018, dans une procédure dans laquelle Qwant est partie prenante. Qwant ne peut donc pas accepter que le processus d’enchères soit soumis à un accord de confidentialité tel qu'imposé par Google alors que sa plainte est toujours en cours. Un tel accord de confidentialité n'a aucune autre justification possible que la volonté de faire taire ses concurrents sur les anomalies qu'ils constateraient. C'est, là encore, un abus inacceptable de sa position dominante ».
Quoi qu'il en soit, chaque mois, les « gagnants » recevront une facture de Google dans laquelle sera indiqué le nombre de sélections effectuées par les utilisateurs (peu importe si l'utilisateur a par la suite modifié son choix) et le montant total dû.
La charge de Qwant sur les enchères de Google...
Pour le moteur de recherche européen misant sur le respect de la vie privée, « il ne revient pas à Google de faire désormais payer à ses concurrents son comportement fautif [en rapport à sa condamnation de juillet 2018, ndlr] et le montant de cette amende, par un système d'enchères qui ne profitera ni aux consommateurs européens ni à la libre concurrence, qui ne peut être que faussée par un tel procédé ».
Ce n'est pas tout. Qwant ajoute que « le processus d'enchères envisagé serait ouvert à de prétendus moteurs de recherche qui tirent leurs résultats et leurs revenus de Google, ce qui créera de facto une distorsion inacceptable et un risque élevé de manipulation, d'inéquité ou de déloyauté des enchères ».
Pour autant, Éric Léandri indiquait ce matin à Bloomberg que Qwant devrait participer aux enchères de Google. Interrogé sur ce point, le moteur de recherche européen nous précise qu'il n'avait « pas encore reçu les détails et notamment pas l'existence d'un accord de confidentialité. Cela a été précisé après coup à Bloomberg qui est en train de corriger ». « À ce stade, les conditions ne sont pas réunies pour avoir confiance dans le processus d'enchères », nous confie le chargé des relations médias de Qwant.
Ce n'est pas tout et la charge continue de plus belle : « La décision de la Commission européenne doit profiter aux consommateurs européens en assurant les conditions d'une liberté de choix qui repose sur les mérites intrinsèques de chaque moteur et les attentes des citoyens, notamment en matière de protection des données personnelles, et non sur leur capacité à financer Google ou à être financé par lui ».
... qui sont « justes et objectives » selon Google
Pour Google au contraire, il s'agit d'une manière de faire qui est « juste et objective [...] Elle permet aux moteurs de recherche de décider de la valeur qu’ils attachent à l’écran de choix et d’enchérir en conséquence ». Une manière de voir les choses... ses concurrents en auront certainement une autre, car ils devront se battre à coups de dollars pour espérer apparaitre dans la liste des choix.
En juillet 2018, lorsque la Commission européenne avait condamné Google à 4,3 milliards d'amende, elle expliquait que son abus de position dominante avait « privé ses concurrents de la possibilité d'innover et de lui livrer concurrence par leurs mérites ».
Qwant invite maintenant « les institutions et parties prenantes européennes à se saisir au plus vite de ce cas afin de faire respecter pleinement la décision de la Commission du 18 juillet 2018 ». Pour l'instant, aucune réaction ne semble avoir été faite du côté de Bruxelles.
Le choix proposé quand l'application Google Search est préinstallée
Dans une foire aux questions (bas de la page), Google précise que « la participation à l'écran de choix n'affecte pas la capacité des moteurs de recherche à conclure des accords de préinstallation avec des équipementiers ». Par contre, « l'écran de choix ne s'affiche que sur les appareils pour lesquels le fabricant OEM a choisi de préinstaller l'application Google Search ».
Bien évidemment, les utilisateurs ont toujours la possibilité de changer leur moteur de recherche par défaut par la suite... sans que celui ce ne doive payer une dîme à Google.
Choix du moteur de recherche sur Android : Google vend trois places aux enchères, Qwant enrage
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Quatre choix : Google toujours présent, trois places vendues aux enchères
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Les offres ne seront pas rendues publiques
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La charge de Qwant sur les enchères de Google...
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... qui sont « justes et objectives » selon Google
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Le choix proposé quand l'application Google Search est préinstallée
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 05/08/2019 à 06h46
lol bien joué google j’ai bien rit !
Ça m’a toujours fait marrer ces pleurnicheries autour des “abus de position dominante”. A ce que je sache, les mecs ne deviennent pas dans cette position tout seuls, c’est parque la très grand majorité de la population achète leurs produits qu’ils le deviennent. Et après ca chiale pour qu’ils s’auto suicide ?
Quoi qu’il en soit, payer n’est qu’une possibilité offerte. Si personne ne paye, le choix sera fait aléatoirement dans le pool, il n’y a donc pas d’attente à la concurrence à mon sens.
Le 05/08/2019 à 06h53
comme indiqué dans le terme lui-même, “abus de position dominante”, les lois ne sanctionnent pas le fait d’être le meilleur/plus présent auprès d’une population donnée mais le fait de profiter de cette position pour empêcher les autres de bosser voire d’exister.
Oui, ce sont les utilisateurs qui ont fait de Google l’acteur dominant dans les moteurs de recherche mais non, ce n’est cela qui est sanctionné en soi
Le 05/08/2019 à 07h23
Non, l’idée c’est d’enchérir sur le prix que tu (le moteur de recherche) devras payer par utilisateur qui te choisi. D’où la facture de google : nb utilisateurs t’ayant choisi * ton enchère.
Le 05/08/2019 à 08h12
Qwant tu n’as pas les moyens financiers, tu est perdu. " />
On dirait les jeux pay to win, où seuls les plus riches remportent et enchères et deviennent encore plus riches " />
Le 05/08/2019 à 08h29
Je comprends votre point de vue mais il est partiel.
L’abus de position dominante vient du fait qu’un acteur à suffisamment de pouvoir (cash) pour pouvoir tourner à perte le temps que plus aucun concurrent ne puissent survivre et ensuite mettre à exorbitant leur services incontournables.
Exemple : Rockefeller et la Standard Oil.
Le 05/08/2019 à 10h59
Ce que je trouve aberrant avec le cas android/google, c’est que google propose gratuitement Android sans ses services pour tout le monde.
Ils font le truc, le maintiennent et le font évoluer pour rien, et a coté, propose une version avec leurs services intégrés.
Et c’est dans cette version, de Android googlelisée, qu’on force Google à inclure des concurrents….
Alors qu’a coté de ca, personne n’a jamais rien dit a Apple, alors qu’ils ont longtemps été en tête avec des pratiques bien plus douteuses, et que coté MS, ils ont été au coin quelques années donc maintenant c’est bon -_-
Le 05/08/2019 à 11h49
Le 06/08/2019 à 07h05
Le problème, c’est que la meme pratique est considéré normale pour une petite entreprise mais deviens un abus des qu’elle grossi trop ….
Et c’est ca que je trouve anormal. Soit c’est tout le temps de l’abus, soit ca ne l’est pas. mais ca ne doit pas etre à géometrie variable !!!
Et justement, des qu’une entreprise grossi trop car ce qu’elle fait marche bien et plait à tout le monde, on decouvre subitement pleins d’abus qui en fait existent depuis le debut mais qui ne genaient personne jusque la … sauf que la on peut coller des amendes à tout va et traire un peu plus la vache .
Bref …
Le 06/08/2019 à 07h05
voir ma réponse ci-dessus
Le 06/08/2019 à 07h17
100% d’accord.
C’est comme si t’achetais une voiture Renault, mais que tu portais plainte car tu peux pas mettre un moteur peugeot dedans … c’est débile, mais comme c’est google go taper dessus et essayer de traire la vache.
Le 06/08/2019 à 07h57
oui c’est concept même d’abus.
Ta petite boîte n’a qu’une influence marginale sur le marché et n’a pas le pouvoir (le poids) d’empêcher un nouvel arrivant.
Une grosse entreprise, en revanche, qui serait largement leader sur son marché peut mettre en place des mécanismes (obligations contractuelles auprès des clients ou fournisseurs, mise en place de standards de fait auquels elle seule aurait accès, etc.) qui empêcherait la concurrence d’émerger ou de se battre à armes équivalentes.
Donc oui : c’est un délit qui a été taillé sur-mesure pour les (très) grosses entreprises, dans le sillage des autres lois antitrust, afin d’éviter que lesdites entreprises puissent impunément dire fuck aux marchés voire aux états.
Le 06/08/2019 à 08h06
Le 07/08/2019 à 06h27
Google n’a pas racheté Android et proposé Android gratuitement à des constructeurs pour rien. De la même manière, Coca-cola n’offre pas pour rien des réfrigérateurs, des verres, des distributeurs, etc, aux restaurateurs et aux débits de boisson. Ça s’appelle un modèle économique, un partenariat commercial.
À la différence d’Apple, Android détient 90% du marché des services numériques en Union européenne. C’est un peu normal que, d’une façon ou d’une autre (peut-être que l’UE choisit la moins bonne solution), Google rende des comptes à la puissance publique. Et dire que Apple ne rend aucun compte est abusif, par exemple : Next INpact
Le 02/08/2019 à 14h47
L’actualité a été modifiée pour ajouter la réponse de Qwant sur sa participation aux enchères.
Spoiler : « À ce stade, les conditions ne sont pas réunies pour avoir confiance dans le processus d’enchères » ;)
Le 02/08/2019 à 14h56
Curieux, je n’ai jamais utilisé le moteur de recherche intégré (si on parle bien de l’application installé sur android et non pas l’utilisation d’un moteur dans un navigateur).
J’ai regardé par curiosité la procédure actuelle pour changer ce moteur de recherche par défaut, et, surprise, on doit passer par Chrome (si j’ai bien compris). Sauf que chez moi, je l’ai désactivé.
Le 02/08/2019 à 14h58
Énorme… Comme quoi ces sociétés ne doutent de rien.
Moi j’ai découvert le combo brave + qwant. Et j’espère sincèrement qu’ils se feront une place.
Le 02/08/2019 à 15h07
Le ballot screen a bien tué achevé IE.
Peut-être que cette idée fera couler Google " />
Le 02/08/2019 à 15h14
Le 02/08/2019 à 15h24
Je sens venir une nouvelle condamnation de Google pour outrage à magistrat et discrédit jeter sur une décision de justice, sans compter l’aggravation de l’amende initiale.
Google fait semblant de jouer au con avec les enchères sur le ballot screen, ça devrait leur retomber dessus.
Je suis curieux de voir si Bruxelles a le courage de ses idées et sanctionnera google encore plus fort.
Le 02/08/2019 à 15h30
Microsoft enrage de ne pas avoir eu cette idée pour le ballot screen " />
Le 02/08/2019 à 15h31
Ce qui est encore plus magique, c’est que tu devrais payer ta place dans le ballot screen et en plus tu payes chaque fois que tu es choisi.
🤪
Le 02/08/2019 à 15h36
Le 02/08/2019 à 15h42
Le 02/08/2019 à 15h57
Le 02/08/2019 à 16h06
Le 02/08/2019 à 16h22
parce que tu crois vraiment que les avocats surpayés de Google ne savent pas ce qu’ils font avec cette ‘manœuvre’ ?
Le 02/08/2019 à 16h45
Les modalités de l’enchère ne sont pas les mêmes pour tous, Google est dans la liste sans avoir à y participer.
…
Leur choix me semble tellement être la définition de l’abus de position de dominante que je dois rater une subtilité.
Le 02/08/2019 à 17h13
Le 02/08/2019 à 17h43
Le 02/08/2019 à 17h46
Le 02/08/2019 à 18h08
Enorme troll de Google, dans l’idée j’adore.
Cela dit, on soulève le noeud du problème, Google est juge et partie : son modèle économique est basé sur l’utilisation du moteur de recherche, il y a donc bien une perte financière à “céder” sa place sur l’appareil, ça a donc du sens.
En revanche, ça veut dire que Google est positionné de façon avantageuse puisqu’il sera sur 100% des appareils, contre x% pour les autres, suivant leurs capacités financières.
Il arrivera un moment où le modèle économique d’Android devra être remis en cause en Europe.
Le 02/08/2019 à 18h22
" />" />" />" />
Le 02/08/2019 à 18h33
Le 02/08/2019 à 19h00
Le 02/08/2019 à 19h05
Le 02/08/2019 à 19h51
Le 02/08/2019 à 20h16
Le 02/08/2019 à 20h54
Le 03/08/2019 à 00h05
Je suis assez d’accord avec Qwant. Mais comment choisir quels moteurs afficher?
Le 03/08/2019 à 06h10
Le 03/08/2019 à 10h40
À côté de ça on ne peut même pas ajouter Qwant manuellement dans les moteurs de recherche sur Safari iOS…
C’est un miracle qu’ils arrivent à faire autant parler d’eux en étant à ce point ignorés par Apple et Google.
Le 03/08/2019 à 14h38