Rapport Lescure : découvrez les futures compétences du CSA du Net
CSADOPI
Le 21 mai 2013 à 16h12
6 min
Droit
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Depuis Cannes, Aurélie Filippetti a confirmé le prochain élargissement des compétences du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Un premier texte en conseil des ministres avant août, pour « un examen le plus rapide possible ». PC INpact a passé en revue les 478 pages du rapport Lescure, histoire de dresser la liste des futures compétences dévolues au CSA, du moins selon les vœux de Pierre Lescure.
Télévision par Videcrab CC BY-SA 2.0
Le CSA n'est pas seulement connu pour menacer les chaines TV qui oseraient diffuser le clip College Boy d'Indochine. Olivier Schrameck, son président milite aussi pour une redéfinition sans tabou de ses missions, dont « une régulation des médias internet tout à fait différente des médias traditionnels ». En janvier dernier, le CSA proposait ainsi « d’étendre à l’ensemble des services de vidéo en ligne [ses] compétences », visant notamment la protection de l’enfance et de l’adolescence. Alors que le champ traditionnel de l'institution se réduit (un spectre de fréquence hertzienne limité exigeant une régulation), le CSA cherche par tout moyen dans internet une justification à sa survie.
Trouver dans internet une justification à la survie du CSA
On sait déjà que le Rapport Lescure veut repeindre la Hadopi en CSA avec quelques aménagements. En façade, les mesures semblent bien plus douces, presque fleuries : la Hadopi est tuée. La suspension est supprimée. C’est le CSA qui récupère l’intégralité de la réponse graduée, jusqu’à la sanction administrative de 60 euros. Si un seul jugement a été infligé dans le cadre d’Hadopi, au grand regret des ayants droit, la future CSADopi sera en capacité de monter largement en puissance pour démultiplier ces sanctions. Ajoutons que le rapport Lescure programme tout un arsenal contre les sites de streaming et de téléchargement direct, en plus de cette nouvelle arme contre le partage non autorisé.
Bref, le régime promu par Aurélie Filippetti, ancienne opposante d’Hadopi et de la négligence caractérisée, sera bien plus répressif puisque tout est fait pour faciliter l’automatisation de la sanction à outrance contre l'internaute et les mesures de filtrage et de blocage contre les sites.
Quel calendrier ? Depuis Cannes, la ministre de la Culture a expliqué qu’« en ce qui concerne la fin de la Hadopi, cela nécessite un texte législatif pour transférer un certain nombre de compétences vers le CSA. Et j'espère pouvoir passer ce texte en conseil des ministres, en tout cas, avant la fin de la session parlementaire (…) On espère que cette loi, qui donnerait de nouvelles compétences au CSA, pourra arriver à la rentrée ». Au quotidien Nice Matin, la ministre précise que « la loi va donner au CSA des compétences sur le suivi des sites et des pratiques en matière de droits d'auteur ».
Le CSA, futur régulateur du net
L’attribution des pouvoirs de la Hadopi au CSA n’est en réalité pas la seule extension des compétences du gardien technique et moral de la télévision et de la radio. PC INpact a consulté les 478 pages du rapport Lescure pour dresser ci-dessous la liste exhaustive des futurs pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel :
- Le CSA recevrait les déclarations obligatoires des SMAD dès le franchissement d’un seuil de déclenchement lié au chiffre d’affaires (p145) afin de faciliter leur identification et leurs obligations.
- Le CSA serait juge des engagements de tous les acteurs en ligne au profit de l’exception culturelle (mise en avant des vidéos françaises ou européennes sur la page d'accueil par exemple) (p.151) Des engagements qui pourraient être contrebalancés par une priorisation des débits.
- Le CSA promouvrait une autorégulation des sites de partages de vidéo pour qu'ils respectent les règles de déontologie, d'éthique des contenus et de préservation du pluralisme (p.151)
- Le CSA mettrait à ce titre en place un dispositif de labellisation pour identifier les sites adaptés aux mineurs (P151)
- Le CSA deviendrait l’autorité de régulation des médias audiovisuels et culturels, linéaires et non linéaires (p.154)
- Le CSA se verrait confier la mission d’observation des pratiques culturelles en ligne, aujourd’hui dévolue à la Hadopi, en lien avec les organismes sectoriels qui étudient, dans chaque domaine, l’état de l’offre légale et du marché.(p.154)
- Le CSA serait compétent pour trancher les différends sur le Must-distribute entre distributeurs et éditeurs de service : FAI, terminaux connectables, magasins d’application, plateformes auront une obligation de distribuer les services numériques conventionnés. (p166).
- Le CSA infligerait des sanctions quant aux conditions de reprise des services par les distributeurs, après avis de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP). (p166).
- Le CSA serait le régulateur des mesures techniques de protection (MTP ou DRM) et de l’interopérabilité, aujourd’hui confiés à la Hadopi. (p.198)
- Le CSA aurait des pouvoirs étendus dont la capacité de s’autosaisir, d’instruction et d’inciter à l’émergence d’un droit souple dans le secteur des verrous technologiques recommandation, etc. (p.198) Afin d’assurer la transparence du secteur, confier au CSA une mission d’observation et d’analyse du partage de la valeur entre producteurs et éditeurs et services en ligne (p.228).
- Le CSA hériterait des compétences de la Hadopi sur la riposte graduée. Seule l’enveloppe de la Hadopi est donc supprimée non la logique que combattait autrefois Aurélie Filippetti. (p.381)
- La Commission de protection des droits de la Hadopi serait transférée entre les murs du CSA pour y gérer la partie instruction (p.382)
- Le Collège du CSA infligerait la sanction de 60 euros aux abonnés coupables de négligence caractérisée (p.382), après cette phase d’instruction.
- Les sites conventionnés par le CSA seraient considérés par hypothèse « légaux » ils pourront à ce titre être survalorisés dans les moteurs de recherche. (p.411).
Précisons que l’association des principaux acteurs du web 2.0 (Microsoft, Google, Facebook, eBay, PriceMinister, etc.) avait déjà critiqué cette piste qui « comporte le risque non négligeable au vu des positions prises par le CSA jusqu’à maintenant de transposer la régulation audiovisuelle à l’Internet, et ainsi de restreindre la liberté d’expression. » Pour les principaux acteurs du web, en effet, « l’internet n’a pas besoin d’un CSA du Net, d’un régulateur souhaitant imposer quotas, interdictions de diffusion ou une hiérarchisation des informations. »
Rapport Lescure : découvrez les futures compétences du CSA du Net
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Trouver dans internet une justification à la survie du CSA
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 21/05/2013 à 17h47
Le 21/05/2013 à 17h53
Quand on sait le mode de nomination des membres et surtout du président du CSA, bonjour la Censure Servile Automatique." />
Le 21/05/2013 à 18h03
Le 21/05/2013 à 18h38
Le 21/05/2013 à 18h41
Ce sont vraiment des MALADES !!
Quelle bande de nazes.
C’est pire qu’avec Sarkozy, c’est pas peu dire !!
Aurélie l’opportuniste a retourné son pantalon (chanson de Dutronc) et Fleur d’Oranger est son aide de camp.
Le 21/05/2013 à 19h18
CSA : Chaque Site Analysé
Le CSA serait juge des engagements de tous les acteurs en ligne au profit de l’exception culturelle (mise en avant des vidéos françaises ou européennes sur la page d’accueil par exemple) (p.151)
" />
Allô Google, tu peux mettre que des vidéos françaises sur youtube.com ? fr.youtube.com ?
Le CSA promouvrait une autorégulation des sites de partages de vidéo pour qu’ils respectent les règles de déontologie, d’éthique des contenus et de préservation du pluralisme (p.151)
éthique : ne pas favoriser des contenus par rapport aux autres ? préservation du pluralisme : ne pas se focaliser sur un pays par exemple ? tiens j’ai l’impression d’avoir lu le contraire quelque part
Le CSA serait compétent pour trancher les différends sur le Must-distribute entre distributeurs et éditeurs de service : FAI, terminaux connectables, magasins d’application, plateformes auront une obligation de distribuer les services numériques conventionnés. (p166).
Apple, tu distribues pluzz sur IOS, itunes, Mac OS… ? Google sur Androïd ? Microsoft sur Windows et Windows Phone ? Orange, SFR, Bouygues, Free sur la TV/ADSL ? Canonical, sur Ubuntu ? La fondation Debian, sur Debian (etc) ? Mozilla, sur Firefox OS ? chépuki sur Tizen ? " />
Les sites conventionnés par le CSA seraient considérés par hypothèse « légaux » ils pourront à ce titre être survalorisés dans les moteurs de recherche. (p.411).
" /> Liste blanche d’un côté, liste noire secrète dans l’autre article, mais tout va bien… Mais faites votre moteur de recherche rienkavous, surréférencez, mettez des pastilles rouges, vertes ou roses à pois bleus, et laissez ceux qui essayent d’avoir des résultats un minimum cohérents.
Le 21/05/2013 à 20h01
Ca me dégoute mais si je me fais l’avocat du diable, je dirais que c’est aussi complètement anormal qu’on puisse voir une vidéo de qqun qui se fait décapiter sur Facebook, et que ce même Facebook rechigne à la retirer. Après, si des gamins peuvent voir ça, faut pas s’étonner qu’il y ait besoin de régulation (Allez pas me dire que les parents doivent surveiller ce à quoi leurs gamins ont accès sur internet. Là, c’était sur Facebook).
C’est éxactement ce qu’a dit je ne sais plus qui à propos des Google glass. C’est génial, mais il suffit qu’un con en fasse une utilisation illégale ou amorale pour que la chasse aux sorcière commence. C’est pareil pour internet.
Le 21/05/2013 à 21h01
Je croyais impossible de faire plus usine à gaz que hadopi…il se pourrait que je me sois trompé.
Le 21/05/2013 à 21h03
Le 21/05/2013 à 21h09
Le 21/05/2013 à 21h14
Le 21/05/2013 à 21h39
" /> Montrons tous notre amour pour ce cher csa.
Jetons nos tv et économisons ainsi la redevance à nos cher élus.
Le 22/05/2013 à 00h01
Mais, je ne comprends pas : on sait depuis le début que tout ceci n’est qu’une vaste blague, dont les deux buts principaux sont :
1 - l’instauration d’une amende automatisée, pas du tout conforme aux Droits de l’Homme mais la France s’en bat déjà depuis longtemps (depuis 1791 en fait, elle sera pas restée longtemps révolutionnaire)
2 - l’installation des amis et autres “méritants” à des postes “clef” : des postes où ils ont une sécurité de l’emploi, aucune responsabilité personnelle et surtout une très très bonne paye sans compter les extras.
Alors plutôt que de feindre l’étonnement et compagnie, ça serait chouette de revenir au fond du problème : La politique en France, c’est le jeu de celui qui arrivera à créer le plus d’emplois pour ses potes.
Après, je ne suis pas contre l’idée de descendre point par point leur argumentaire à deux balles, mais on sait très bien (j’espère que je ne suis pas le seul, enfin, j’ai bon espoir " /> ) que leur job c’est justement de raconter n’importe quoi : pendant qu’on parle de ce qu’ils racontent, leur système continue de s’instaurer plus profondément.
Le 22/05/2013 à 00h05
Bon, depuis le temps que le CSA reclamait la capacite legale de controler le Net (ou du moins ce qu’on en voit depuis la France), il n’est pas etonnant que “quelqu’un” finisse par le lui accorder. En France, si tu as un peu voix au chapitre, il te suffit de te plaindre jusqu’a ce que tu obtiennes ce que tu veux. Sans cela, tu parles dans le vide. En France, nos politiques ne savent pas dire “non”. Ou s’y tenir.
Le 22/05/2013 à 02h11
Le 22/05/2013 à 04h05
Bon bah voila, on va l’avoir notre “Internet civilisé”, il suffisait de changer de “président”.
Le 21/05/2013 à 16h18
inutile
Le 21/05/2013 à 16h28
en ces heures de restriction à tous va, on devrait fermer le csa + la hadopi et pouf plein de sous de gagnés
Le 21/05/2013 à 16h29
Bien plus qu’inutile…. Dangeureux
Le 21/05/2013 à 16h38
La neutralité du net est morte.
Le 21/05/2013 à 16h39
Je vais finir par arrêter de lire PCI avec toutes ces news suite au rapport Lescure :
ça me coûte trop cher en claviers ! " />
Le 21/05/2013 à 16h44
Donc en gros à terme la France va s’asseoir sur la LCEN (distinction hébergeur / éditeur) et c’est le grand retour de l’ORTF incarné par le CSA mais sur Internet.
Comme quoi après DADVSI et HADOPI il y a la promesse d’une autre saison qui sera passionnante (Est-ce que Bruxelles acceptera ? Le CSA pourra-t-il être à la hauteur de ses missions ? À quels postes les anciens d’HADOPI seront-ils recasés ? Vivendi sortira-t-il un amendement de la mort qui tue ? …).
Pour le savoir stay connected.
Le 21/05/2013 à 16h47
Je sais pas pourquoi, mais dès la nomination de…cette femme (je risquerais d’être grossier), je sentais que quelque chose clochait.
Ils réussissent à faire pire que les précédents.
Bande de malades.
Le CSA serait juge des engagements de tous les acteurs en ligne au profit de l’exception culturelle (mise en avant des vidéos françaises ou européennes sur la page d’accueil par exemple) (p.151)
Mais c’est n’importe quoi !
Internet permet de s’affranchir des limites géographiques, pourquoi obliger à mettre en avant des vidéos heuuuufrançaaiiiiiiiseuh ?
Toucher au fonctionnement de YouTube en gros…quand est-ce qu’ils comprendront qu’un site internet est différent de la TV ?
Le 21/05/2013 à 16h51
..quand est-ce qu’ils comprendront qu’un site internet est différent de la TV ?
Ils doivent penser qu’une playlist c’est comme une chaine tele.
Bientot tous sur Freenet ou alternative ?
Le 21/05/2013 à 16h52
ben on est pas rendu quand on voit la “Boite à Con” ca augure rien de bon " />
Le 21/05/2013 à 17h12
Le 21/05/2013 à 17h16
Attendons de voir ce qui sera réellement effectif, mais à lire ça j’ai l’impression qu’on risque de regretter amèrement Hadopi, finalement.
Promouvoir l’exception culturelle, c’est bien joli sur le papier, mais si c’est pour imposer des quotas de vidéos françaises comme à la radio, non merci.
On n’est au XXIème siècle, bordel, ils feraient bien de se mettre à la page au lieu de recycler les vieilles recettes.
Le 21/05/2013 à 17h20
Les sites conventionnés par le CSA seraient considérés par hypothèse « légaux » ils pourront à ce titre être survalorisés dans les moteurs de recherche. (p.411).
A wé, quand même " />
ensuite, plus qu’à obliger les FAI à bloquer tout les sites non CSA proof.
Et op, revoilà le minitel.
Le 21/05/2013 à 17h28
Le 22/05/2013 à 04h23
Une chose est certaine, le CSA ne va pas s’ennuyer pour contrôler les 100 heures de vidéo mises en ligne chaque minute…
Le 22/05/2013 à 05h11
Le 22/05/2013 à 06h07
Question toute conne : mais qui veut du CSA sur le NET ?
Les utilisateurs n’en veulent pas.
Les professionnels n’en veulent pas.
Seul le CSA veut du CSA sur le Net !?
Hallucinant !
Le 22/05/2013 à 06h40
Qu’est-ce que la France aime le contrôle total par l’état. !!!
C’est vraiment un pays TRES conservateur (de gauche et de droite)
Quand est-ce qu’on va évoluer et devenir un peu moderne ?
Le 22/05/2013 à 06h41
Le 22/05/2013 à 08h15
Je résume :
Encore un truc monté par des gens qui n’y connaissent rien, qui a des ambitions démesurées pour le contrôle du net et ne se rend pas compte que ce qu’il veut faire est purement et simplement inepte, qui va s’avérer au final inutile parce qu’il ne peut pas fonctionner faute de prise en compte de la réalité (comment contrôler un réseau mondial et gigantesque avec un organisme lilliputien et local), et qui va nous coûter cher avec nos impôts pour un résultat dérisoire.
Marrant, mais ça me rappelle quelque chose…
Le 22/05/2013 à 08h31
Les proxys vont à nouveau chauffer à plein régime dans quelque temps.
Quand les ayants-droits comprendront que rien ne s’arrangera tant qu’ils soutiendront cette logique coûteuse, absurde et infantilisante, peut-être qu’on pourra enfin passer à des perspectives plus sérieuses et durables..
Le 22/05/2013 à 09h04
Le 22/05/2013 à 18h37