L’UFC adresse des mises en demeure à Facebook, Twitter et Google+
« Les réseaux sociaux s’autorisent absolument tout »
Le 27 juin 2013 à 10h10
7 min
Droit
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L’UFC-Que Choisir vient d’adresser trois lettres de près de 100 pages à Facebook, Twitter et Google+. Les trois célèbres réseaux sociaux sont invités à modifier leurs conditions générales d’utilisations sous trois semaines, faute de quoi l’association de consommateurs pourrait les traîner devant la justice. À l’origine de coup de poing sur la table : une analyse juridique accablante de leurs conditions d’utilisation.
« Il faut bien se l’avouer, les réseaux sociaux s’autorisent absolument tout, et ils ne veulent absolument être responsables de rien » résume Amal Taleb, juriste pour l’UFC-Que Choisir. Et pour cause : utilisés quotidiennement par des dizaines de millions de Français, Facebook, Twitter et Google+ viennent de faire l’objet d’un examen approfondi de la part de l’association de consommateurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisation n’est pas contente ! Ces trois célèbres réseaux sociaux « font fi selon nous de leurs obligations légales pour faire main basse sur les données personnelles des utilisateurs » tonne-t-elle aujourd’hui. Un constat « qui fait froid dans le dos » d’après Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, et qui intervient en plein débat sur le projet de réglement européen et alors que Google pourrait bientôt écoper d'une sanction de la CNIL à cause de ses conditions d'utilisation.
Des conditions d’utilisation qui relèvent du parcours du combattant
Premier point de mécontentement de l’UFC-Que Choisir à l’encontre de Facebook, Google+ et Twitter : leurs conditions contractuelles. Ces longues pages de conditions générales d’utilisation lues par bien peu d’internautes ont en effet pour point commun « de ne donner aucune information claire sur les services » fournis par ces réseaux sociaux. D’ailleurs, comment s’y retrouver ? L’association de consommateurs a comptabilisé 21 pages A4 pour Facebook, 17 pour Twitter et 10 pour Google+. Lesquelles renvoient d’ailleurs vers de très nombreux liens hypertextes... Au final, un vrai parcours du combattant pour quiconque cherche à s’informer.
Outre leur volume impressionnant, c’est surtout la lisibilité de ces informations qui est vivement critiquée. « Les informations essentielles (responsabilité, récupération des données sur les divers terminaux, etc.) sont morcelées et distillées de manière éparse dans les conditions, au point qu’il est impossible de savoir l’étendue des données collectées ». D’autant que bien des pages se trouvent fréquemment disponibles qu’en anglais... D’après l’UFC, tout ceci tend à répondre à un seul et même objectif : « alimenter l’opacité du contrat, pour arracher un consentement global lourd de conséquences ».
Des clauses qui donnent les pleins pouvoirs aux réseaux sociaux
Un consentement global lourd de conséquences ? Absolument, à en croire le signal d’alarme tiré par l’organisation. Car ce problème de forme cache en réalité le cœur du problème : « Facebook, Twitter et Google+ s’octroient le droit d’utiliser toutes les données enregistrées par les utilisateurs eux-mêmes, y compris celles qu’il a supprimées. Ils croisent également toutes ses données avec celles communiquées par les autres internautes auxquels l’utilisateur est connecté ». D’après l’analyse de l’UFC-Que Choisir, les clauses des trois célèbres réseaux sociaux permettent ainsi une « collecte tous azimuts » des données personnelles de leurs utilisateurs.
Et ce, sans qu’il y ait besoin d’un accord préalable des intéressés. « Une date de naissance, une photo, un article ou une vidéo peuvent être récoltés, modifiés et exploités partout dans le monde par Facebook, Google+ ou Twitter - ou par un tiers !- sans que l’internaute n’ait donné un accord spécial. Quel que soit le degré de confidentialité souhaité par l’utilisateur, les réseaux et les tiers peuvent exploiter à loisir les données » s’insurge l’UFC.
Si l’on sait de longue date que des réseaux tels que Facebook se servent des données personnelles de leurs utilisateurs pour ensuite proposer des publicités ciblées, l’UFC-Que Choisir s’élève aujourd’hui contre le caractère massif de cette exploitation commerciale, mais également contre ses dérives potentielles. « Facebook, Twitter et Google+ peuvent directement concéder les données à des tiers (nom, photo, etc.). Ainsi, une photo de vacances - quelle qu’elle soit - pourrait servir, à l’autre bout du monde, à illustrer une campagne de publicité sans consentement préalable et spécifique, ni contrepartie ».
Une qualité de service au bon vouloir des réseaux
Enfin, l’UFC regrette que Facebook, Twitter et Google+ ne se soucient pas plus de la qualité du service fourni. L’association fait valoir que ces trois réseaux sociaux « prétendent fournir "en l’état" le réseau social, alors qu’ils sont tenus d’assurer la sécurité de leur plateforme ». En clair, même si l’utilisateur ne peut plus accéder à son profil, ses photos ou ses vidéos... le réseau social conserve « la faculté de modifier ou de supprimer l’accès au service fourni, et potentiellement aux données mises en ligne, sans que jamais sa responsabilité ne puisse être engagée ». Le pendant étant ici l’impossibilité pour l’utilisateur d’obtenir ainsi tout dédommagement.
L’UFC menace d’une action en justice si rien n’est fait d’ici trois semaines
« Aujourd’hui, on ne peut plus parler de données personnelles : on est dans une situation de véritable captation tentaculaire, dans l’opacité, sans aucun consentement, de données personnelles » a conclu ce matin Alain Bazot au travers d’un point presse. Le président de l’UFC-Que Choisir estime qu’il ne faut pas prendre ces observations à la légère. « Est-ce qu’il faut attendre d’avoir un point de non-retour qui sera extrêmement préjudiciable pour l’ensemble de la société ? » s’est-il ainsi interrogé. « Le pire n’est pas sans doute encore arrivé et il est temps d’empêcher qu’il arrive ».
Pour ce faire, l’association de consommateurs a fait partir hier trois lettres de mise en demeure. Adressés aux sièges américains de Google et Twitter, ainsi qu’à celui de Facebook en Irlande, ces courriers de près de 100 pages chacun invitent les trois réseaux sociaux à supprimer et/ou modifier les clauses jugées abusives ou illicites par l'UFC. « À défaut de réponse sous 21 jours, l’UFC-Que Choisir se réserve le droit d’agir en justice » prévient l’organisation.
Mais l’association pourrait-elle faire le poids face à ces géants du Net si l'affaire se poursuivait devant les tribunaux ? « Je vous assure que face à une association comme l’UFC-Que Choisir - et peut-être d’autres associations après en Europe - les opérateurs prendront au sérieux ces menaces d’aller jusqu’au bout, car nous irons jusqu’au bout » tonne Alain Bazot.
Une campagne « Je garde la main sur mes données »
Le président de l’UFC-Que Choisir mise néanmoins sur une prise de conscience des responsables de Facebook, Twitter et Google+. L’association espère pouvoir mieux sensibiliser les internautes grâce à la publication de ces analyses, mais également au travers de deux vidéos de conseils de sécurisation des comptes Facebook et Twitter. De plus, elle en appelle aux internautes pour faire plier ces réseaux sociaux, puisqu'ils sont invités à rejoindre un mouvement intitulé « Je garde la main sur mes données ». Une pétition a ainsi été mise en ligne sur le site de l’UFC-Que Choisir.
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Des conditions d’utilisation qui relèvent du parcours du combattant
Commentaires (81)
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Le 27/06/2013 à 12h24
Le 27/06/2013 à 12h25
Wtf les commentaires?
“Coucou j’ai fais le choix d’insérer des données personnelles sur un site de partage donc implicitement je dois être d’accord que je n’ai plus aucun contrôle sur ces données?”
Tu as fais le choix conscient d’y insérer des données personnelles et celles-ci peuvent être utilisées, soit mais c’est quand même bien différent de ce qui se passe sous le capot.
Je crois que le pompom revient à … Drepanocytose : “qui part en croisade contre la liberté d’entreprendre…. ” en parlent de l’UFC. Pousse encore plus loin ton analyse et on en viendra à discuter de la faim dans le monde. Il est où le lien entre la “liberté d’entreprendre” (et non faire n’importe quoi) et le partage de données privées à ton insu sur Facebook?
Le 27/06/2013 à 12h25
Le 27/06/2013 à 12h25
Le 27/06/2013 à 12h26
Le 27/06/2013 à 12h27
Le 27/06/2013 à 12h28
Le 27/06/2013 à 10h40
Quel que soit le degré de confidentialité souhaité par l’utilisateur, les réseaux et les tiers peuvent exploiter à loisir les données »
éternelle question : si c’est confidentiel qu’est ce que ça fiche sur une plateforme dont l’essence même est le partage ?
Le président de l’UFC-Que Choisir mise néanmoins sur une prise de conscience des responsables de Facebook, Twitter et Google+.
Le 27/06/2013 à 10h44
Le 27/06/2013 à 10h47
Le 27/06/2013 à 10h49
Le plus marrant, c’est qu’après avoir lu l’article sur les méchants réseaux sociaux sur le site de l’UFC, je peux le partager via facebook, google+ et/ou twitter. Il me suffit de cliquer à la fin de l’article ! " />
Le 27/06/2013 à 10h49
Le 27/06/2013 à 10h58
Ah oui c’est sûr que les 3 géants doivent trembler …
Mon dieu mais faut arrêter à un moment donné quand même " />
Le 27/06/2013 à 10h59
Le 27/06/2013 à 11h02
Le 27/06/2013 à 11h03
Le 27/06/2013 à 11h05
Le 27/06/2013 à 11h08
Le 27/06/2013 à 11h10
Le 27/06/2013 à 11h11
Vous êtes ridicules " />
Donc on fait rien, on laisse les gens se faire baiser au mépris de la loi ?
Lois auxquels vous participez en élisant vos représentant à l’Assemblé National.
Avec ce genre de discours, on peut ranger la vaseline, à sec ça passera très bien.
" />
Le 27/06/2013 à 11h12
Le 27/06/2013 à 11h13
Le 27/06/2013 à 11h14
Le 27/06/2013 à 13h35
Le 27/06/2013 à 13h40
Le 27/06/2013 à 13h42
Le 27/06/2013 à 14h03
Le 27/06/2013 à 14h48
Le 27/06/2013 à 15h16
Le 27/06/2013 à 15h25
Le 27/06/2013 à 17h53
C’est un peu trop tard, cela fait des années que l’on sait que les réseaux sociaux n’ont aucun respect des données personnelles et que leur seul et unique but c’est de les aspirer pour les vendre/utiliser. Il fallait réagir bien plus tôt.
Le 27/06/2013 à 21h45
Le 27/06/2013 à 23h32
UFC Que Choisir VS Facebook/Google/Twitter : autant dire un combat perdu d’avance, c’était même pas la peine d’enclencher une procédure judiciaire… Aucune chance de gagner, trop puissant derrière, encore contre Twitter ils ont une mini-chance mais alors Google et Facebook pouaaaa !
" />
Sinon Clubic Pro :
“L’UFC-Que Choisir estime que les réseaux sociaux sont trop flous (màj)”
Sérieusement ? Merde alors !
Le 27/06/2013 à 10h25
Prem’s " />
Ah non, je voulais dire “Prism”. " />
Le 27/06/2013 à 10h28
ils sont gâtés les réseaux sociaux en ce moment " />
mais ça ne m’étonne pas plus que ça… " />
Le 27/06/2013 à 10h29
Le 27/06/2013 à 10h31
Le 27/06/2013 à 10h32
Suffirait pourtant d’un phrase dans les conditions du service : “Vous acceptez d’offrir votre vie personnelle à notre service et aux régies publicitaires partenaires.”
Le 27/06/2013 à 10h36
« À défaut de réponse sous 21 jours, l’UFC-Que Choisir se réserve le droit d’agir en justice » prévient l’organisation.
“lol” ça compte comme une réponse ? " />
Ils doivent être terrifiés les trois gros devant l’UFC " />
Le 27/06/2013 à 10h40
En même temps quand on part du principe que dès qu’on met qqch en ligne, où que ce soit, on en est dépossédé, quoi qu’en disent les CGV/CGU… Eh bien on se fiche de la problématique du “que deviennent mes données ?” . En tout cas c’est ma façon de voir la chose. Si je ne veux pas qu’une donnée soit utilisable par des tiers autres que ceux que je choisis, je me débrouille pour la passer ailleurs que par le cloud/les réseaux sociaux…
Après, j’en parlais lors d’un MeetUp sur les senseurs, et des gens de la CNIL nous disaient que n’importe quelle donnée peut être mixée à une autre et permettre de découvrir qqch… Les joies du Big Data donc. Donc même la chose la plus insignifiante que tu postes en ligne pourra se retourner contre toi/fournir beaucoup d’infos sur toi. Soit-disant leur collecte et aujourd’hui anonyme, mais en repartant de mon concept que rien de ce qui va sur le web reste privé… on n’y croit pas trop ;) (soyons pragmatiques !)
Bref pour en revenir au sujet : “je garde la main sur mes données” => je les garde chez moi, je les crypte avant de les envoyer… Bref sans connaissances technique on est vite dépassé et il est vite difficile de garder la donnée privée… privée.
Le 27/06/2013 à 11h18
Le 27/06/2013 à 11h18
Le 27/06/2013 à 11h19
Le 27/06/2013 à 11h26
Le 27/06/2013 à 11h31
L’adhésion à un de ces réseaux sociaux révèle tout de même chez l’internaute un tendance marquée au désir d’étalage de sa vie privée… non ? Alors bon… c’est une question de choix personnel. Personne ne les force à le faire.
Le 27/06/2013 à 11h32
Ahhh l’UFC…
Encore une association de gauchistes qui part en croisade contre la liberté d’entreprendre….
S’ils jugent les gens stupides pour faire des choses qui pourraient leur être néfastes, qu’ils les laissent donc faire.. Les gens sont assez grands pour se protéger tout seuls, et ils sont libres de faire même des choses qui vont contre leurs intérêts. De même que FB est libre de faire du business…
Et on menace de porter ca face à des juges encore plus à gauche, et très connus pour leur antiaméricanisme primaire….. Pffff, c’est de la jalousie envers les vrais entrepreneurs, ouais, et un aveu d’échec : personne n’est assez courageux pour la libre entreprise en France.
Où va le monde ma bonne dame ?
Le 27/06/2013 à 11h34
Le 27/06/2013 à 11h46
Le 27/06/2013 à 11h46
Le 27/06/2013 à 11h51
Le 27/06/2013 à 11h52
Le 27/06/2013 à 12h00
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Le 27/06/2013 à 12h04
Le 27/06/2013 à 12h07
Le 27/06/2013 à 12h29
Le 27/06/2013 à 12h29
Le 27/06/2013 à 12h33
Le 27/06/2013 à 12h35
Le 27/06/2013 à 12h37
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Le 27/06/2013 à 12h43
Le 27/06/2013 à 12h45
Le 27/06/2013 à 12h47
Le 27/06/2013 à 12h47
Le 27/06/2013 à 12h50
Le 27/06/2013 à 12h58
Le 27/06/2013 à 13h00
Le 27/06/2013 à 13h30
s’octroient le droit d’utiliser toutes les données enregistrées par les utilisateurs eux-mêmes, y compris celles qu’il a supprimées. Ils croisent également toutes ses données avec celles communiquées par les autres internautes auxquels l’utilisateur est connecté ».
C’est pas clair.
Le 27/06/2013 à 13h32