Spotify affirme verser entre 0,006 et 0,0084 dollars par écoute aux ayants droit
Écoute que coûte
Le 05 décembre 2013 à 08h00
5 min
Économie
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Combien touchent les artistes lorsqu’une de leurs chansons est écoutée sur une plateforme de streaming ? Afin de donner des éléments de réponse à cette question plus complexe qu’elle n’y paraît, Spotify vient de se lancer dans un exercice de transparence finalement assez limité. La société suédoise, grande concurrente de Deezer, affirme que le taux moyen de redistribution à destination des ayants droit (producteurs, éditeurs, etc.) est généralement compris entre 0,006 et 0,0084 dollars « par stream » (écoute). Explications.
Si l’on savait jusqu’ici que Spotify, la célèbre plateforme de streaming musical, réalisait du chiffre d'affaire soit par le biais de la publicité (notamment lorsqu’il s’agissait d’écoutes gratuites), soit par le biais des abonnements versés par ceux ayant opté pour des formules payantes, l’on ne savait en revanche pas exactement comment elle rémunérait les ayants droit dont les œuvres sont disponibles au travers de ses services.
Dans un long billet publié mardi, l’entreprise suédoise donne davantage d’informations sur son modèle économique. Spotify commence en effet par expliquer qu’en mars 2013, elle comptait 24 millions d’utilisateurs : 18 millions ayant opté pour sa formule gratuite, et 6 millions ayant préféré sa formule payante à 9,99 euros par mois. Ce nombre d’utilisateurs est d’ailleurs en constante augmentation depuis 2009. « Pour chaque nouvel utilisateur Spotify, nous augmentons nos revenus et, par la même occasion, le montant des royalties que nous versons à l'industrie [musicale, ndlr] » poursuit la société. En l’occurrence, elle affirme avoir payé à ce jour 1 milliard de dollars de royalties, dont 500 millions uniquement pour l’année 2013.
Mais dans quelle mesure ces royalties sont-ils reversés ? Selon Spotify, ce sont environ 70 % de ses revenus qui servent à rémunérer les différents ayants droit : « labels, éditeurs, distributeurs, et, à travers certains distributeurs numériques, des artistes indépendants ». Ce n’est qu’à travers ces intermédiaires que la plus grande majorité des artistes est rémunérée pour l’écoute de ses œuvres sur Spotify. De nombreux éléments entrent en ligne de compte pour le calcul de ces royalties : le chiffre d’affaire réalisé mensuellement par Spotify, le nombre d’écoutes générées par les œuvres des ayants droit en question (et ce en prenant en considération le pays d’écoute, la formule de l’utilisateur, payante ou gratuite,...), la façon dont ont été négociés les droits avec Spotify, etc.
En moyenne, entre 0,006 et 0,0084 dollars par flux pour les ayants droit
« Chaque fois que quelqu'un écoute une chanson sur Spotify, cela génère un paiement. Mais Spotify ne calcule pas les royalties à partir d’un taux fixe "par flux" » explique l’entreprise. Autrement dit, tout ceci est très variable, et l’on est bien loin d’un système où chaque ayant droit percevrait mécaniquement X centimes d’euro pour chaque écoute. Spotify s’avance néanmoins en donnant une fourchette : « Récemment, ces variables ont conduit à un taux moyen de redistribution "par flux" compris entre 0,006 et 0,0084 dollars ». La plateforme de streaming assure qu’il s’agit là d’un taux moyen, mais que celui-ci est « considérablement plus élevé » si l’on prend uniquement le cas de rémunérations issues des formules payantes. A contrario, cela signifie que les taux moyens de redistribution issus uniquement du streaming gratuit, financé par la publicité, sont encore moindres... L’on regrettera que Spotify ne donne pas plus de précisions à ce sujet.
Et les artistes dans tout ça ?
Il est au final bien difficile de savoir d’après ces chiffres combien touchent ensuite les artistes, et non pas leur maison de disque ou leur éditeur. Rappelons toutefois qu’une étude publiée en février dernier par l’ADAMI évaluait à 0,0001 euro la somme reversée en fin de compte aux artistes pour un flux gratuit, contre 0,004 euro pour un flux « premium ». L’organisation dénonçait alors le rapport inégal entre artiste et producteur : 1 euro pour l’artiste / 18 euros pour le producteur.
Hier, Jean-Paul Bazin, directeur général gérant de la SPEDIDAM, a ainsi tenu à insister sur le fait que les rémunérations issues du streaming (et de la musique dématérialisée en général) étaient extrêmement faibles : « Du côté des artistes-interprètes (musiciens, choristes...) c'est simple, ils touchent 0 euro en provenance de la musique dématérialisée ». La société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes a ainsi rappelé que si l’artiste principal d’une chanson « perçoit des sommes dérisoires » en provenance des plateformes de streaming, « les artistes-interprètes quant à eux ne touchent rien ».
Lors de notre dossier relatif au label indépendant Talitres (voir ici), son responsable Sean Bouchard nous expliquait que le taux de reversement était de 0,08 centime d’euro sur les abonnements Premium de Deezer, contre 0,0015 centime par écoute pour les offres gratuites. L’intéressé se voulait malgré tout pragmatique : « À l’heure actuelle, mon point de vue est relativement simple. Il est de dire que plus que des plateformes qui vont générer des revenus pour les labels, ce sont des plateformes qui nous permettent de communiquer, d’avoir un acte de promotion et de relais pour nos artistes. Ce sont des sites qui peuvent nous permettre, outre le streaming qui ne rapporte presque rien du tout, d’engendrer des actes d’achat ou des gens qui viennent aux concerts. Pour moi, ce sont plus des plateformes promotionnelles qu’autre chose ».
Spotify affirme verser entre 0,006 et 0,0084 dollars par écoute aux ayants droit
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En moyenne, entre 0,006 et 0,0084 dollars par flux pour les ayants droit
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Et les artistes dans tout ça ?
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 05/12/2013 à 08h42
Finalement les pays musulmans extrémistes (je dis bien extrémiste, comme les talibans par exemple) ont raison d’interdire la musique. C’est plus égalitaire puisque personne n’a rien " />
Qu’en dit M. Pascal Nègre ?
Le 05/12/2013 à 08h44
En gros, avec leur chiffre, au bout de 75h d’écoute dans le mois, ils versent plus que ce que l’abonné paie.
Les gros consommateur de musique sont donc clairement pas rentables.
Le 05/12/2013 à 08h46
salut
“copie à refaire” !!! " />
(c’est TOUT leur système de RE-distribution)
Le 05/12/2013 à 08h47
Le 05/12/2013 à 09h05
L’organisation dénonçait alors le rapport inégal entre artiste et producteur : 1 euro pour l’artiste / 18 euros pour le producteur.
Je me souviens il y a quelques années, j’avais entendu dire Pascal Negre, ce saint homme, dire qu’il fallait arrêter de dire que les artistes étaient riches car il ne touchait que 1€ par CD et donc que très rare sont les artistes très riches. Mais a coté aucun invité n’avait demandé comment ca se faisait qu’un artiste ne touche que 1€ sur les 20€ d’un CD.
Donc le rapport de 1⁄18 est scandaleux mais dans la lignée décédée des CD
Le 05/12/2013 à 09h07
Le 05/12/2013 à 09h16
deleted
Le 05/12/2013 à 09h18
Le 05/12/2013 à 09h25
Et attention: 0,0001 euro ou 0.04 ce n’est pas PAR artiste. C’est pour l’ensemble des artistes. Si vous êtes un groupe de trois créateurs, vous divisez part trois ! " />
Le 05/12/2013 à 09h27
Le 05/12/2013 à 09h41
Le 05/12/2013 à 09h45
contre 0,004 euro pour un flux « premium ».
Moi je trouve ça beau que l’état n’est pas réussi à mettre d’impôts sur l’air que l’on respire mais qu’il ai réussi à mettre une tva sur chaque son qui parviennent à nos oreilles. Cela donne les mp3 (stromae album mp3 de 5€ /13 chansons et donc avec 0,004 euro pour un flux « premium » : on est à 96 écoutes pour toutes écoutes, même dans le vide, même à moitié, avec erreur de téléchargement … etc.
Certain dirait que ce n’est pas cher, que c’est donné (ou presque puisque l’on est propriétaire de rien à la sortie, même pas d’une licence), que cela ne rapporte plus rien et que c’est donc pour cela qu’il faut par ailleurs pomper l’ensemble de l’industrie informatique pour faire baisser le nombre d’écoute par album à 50 voir 25 …
On vit vraiment une époque formidable ou l’impôt est vraiment facile !!
PS : je ne pense pas que la solution soit d’écouter stromae 100, 50 ou même 25 fois, il passe déjà en boucle à la radio et c’est franchement pas facile d’éviter son enthousiasme …
Le 05/12/2013 à 09h49
Le 05/12/2013 à 09h53
Après 5 ans auto produit Reznor est revenu vers un Label, ça lui laisse plus de temps pour se concentrer sur la musique et lui évite tout le marketing et autres distribution.
The Guardian
Le 05/12/2013 à 10h10
Y’a pas si longtemps sur France Inter, y’avait une interview de Stephan Eicher (peu importe si on le trouve cool ou pas :) ); et il disait à propos de Spotify : “j’ai fait le compte à la fin de l’année avec l’argent de Spotify j’ai de quoi acheter un jeu de cordes pour ma guitare”…
Je dis pas ça pour dire qu’il faut avoir pitié de tel ou tel artiste, je dis simplement que parfois on pourrait croire que “le système fonctionne” et qu’avec Spotify la vie est trop cool…sauf que ça marche pas. (Exception faite, peut-être, des très très très “gros” artistes) (bref je confirme la dernière partie de la news :) )
Le 05/12/2013 à 10h27
Le 05/12/2013 à 08h16
depuis le temps que ça chouine que les vilains producteurs ont la part belle dans le numérique, la spedidam ne sait toujours pas faire signer des contrats corrects à ses artistes ? Ils servent à quoi? Uniquement à ponctionner pour eux-même une partie des non-sommes reçues?
edit: en même temps si ils prétendent défendre les musiciens et choristes, qui sont payés au cachet à l’enregistrement et ne touchent rien sur les ventes, le 0 se comprend de leur côté…
Le 05/12/2013 à 08h22
Toujours les mêmes qui manges le gros du gâteau.
Vivement l’infarctus…
Le 05/12/2013 à 08h41
C’est normal que ce soit les producteurs qui touchent le plus d’argent, c’est eux qui ont financé l’artiste et ses enregistrements. Je ne comprends pas cette éternelle rengaine.
Le 05/12/2013 à 10h35
Le 05/12/2013 à 10h46
Le 05/12/2013 à 11h10
Oui 0,006 et 0,0084 dollars mais pour une ou deux oreilles ?
Le 05/12/2013 à 11h26
Le 05/12/2013 à 11h38
Ça serais bien d’avoir un aperçu du nombre d’écoute d’un titre “commercial” (genre ceux top 50 qu’on entends partout) et ceux moins connu (récents mais pas forcement des daubes) pour ce faire une idée. (Sur youtube ça peu vite monter en tt cas)
A 0.006 sa donne quand même 6k€ par million d’écoutes (par album ou par titre ?!)
Apres combien de benef net pour Spotify ? (2x, 10x, 200x plus ….!?)
Le 05/12/2013 à 11h40
Le 05/12/2013 à 11h46
Le 05/12/2013 à 12h02
Le 05/12/2013 à 12h25
Le 05/12/2013 à 12h41
Le 05/12/2013 à 12h57
Et puis cela dépend du contrat de l’artiste, Zazie expliqué une fois quelle vende zéro ou un million d’album elle sera payer le même prix. Donc après c’est pareille pour le streaming l’artiste n’en ferra pas la couleur.
Le 05/12/2013 à 13h10
Le 05/12/2013 à 14h19
Le 05/12/2013 à 14h34
Et du coté de Qobuz ? Quelqu’un à une idée du niveau de rémunération ?
Le 05/12/2013 à 14h35
Le 05/12/2013 à 17h38
Le 05/12/2013 à 17h53
Marrant les commentaires qui trouvent les système normal…
Je voudrais bien voir combien sont prêt à travailler quasi gratuit, parce que le gentil investisseur/patron l’aide à avoir de la “visibilité”…
Entre 3 et 7% pour un CD, 18 fois moins qu’un producteur, (312 000 écoutes sur spotify pour gagner l’équivalent de la vente d’un seul LP!). Les proportions de rémunérations entre Spotify/producteurs/éditeurs et artistes sont ridicules. Ils investissent et donnent de la visibilité certes, mais n’auront rien à vendre si les artistes n’étaient pas là. Point.
Que ceux qui trouvent ce système qui fait de l’argent pour tous sauf le producteur est correct se fassent payer en visibilité, je veux bien une photo de leur frigo ensuite…
J’hallucine un peu là… " />
Allez aux concerts près de chez vous, pas seulement ceux à 80 euros l’entrée, et discutez avec les groupes, y’a de quoi revenir un peu sur terre sur la vie qu’on mène pour défendre notre musique.
Le 05/12/2013 à 18h46
Et pendant ce temps là, les télés et radios paient respectivement 5% et 6% de leurs recettes à la SACEM (contre 70% pour Spotify), ce qui pour une radio comme Fun Radio correspond à 0,0553 euros la minute, à diviser par le nombre d’auditeurs moyen ; je n’ai pas trouvé le nombre d’auditeurs moyens, mais c’est 3.513.000 auditeurs par jour, 1.512.000 pour la matinale, donc on peut supposer sans trop de risque qu’il y a au moins 500k auditeurs en moyenne ; avec une durée moyenne de chanson d’environ 3 minutes, ça nous fait donc une redevance moyenne par chanson de 0,0553*3⁄500000 = 3.318e-06 €, soit 500 fois moins que Spotify (et encore je pense que j’ai été particulièrement conservateur sur le nombre d’auditeur moyen), et malgré tout les vampires que sont les majors continuent de se plaindre que ces services ne “rapportent pas assez” et à les envoyer dans le mur… (et prétendaient à un moment que les services comme Spotify ne payaient pas assez par rapport aux radios parce qu’un passage radio c’était ~0,005 euros, en oubliant qu’un passage radio, il y avait des milliers d’auditeurs).
Le 05/12/2013 à 18h56
Je rajouterai aussi pour ceux qui défendent les majors parce que c’est eux qui font les investissements et prennent les risques : lorsque Grégoire (le premier artiste MyMajorCompany) a sorti sont premier album, MMC avait communiqué sur les chiffres, qui étaient particulièrement à l’avantage de l’artiste par rapport aux majors “classiques”, et ça donnait en gros :
On avait donc sur le prix de gros HT de 10 € :
Et il faut se dire que cette répartition est très largement à l’avantage de l’artiste par rapport aux contrats avec les éditeurs “classiques”.
Il y a vraiment encore des gens pour justifier le parasitage des majors ?
Le 06/12/2013 à 09h28
Le 06/12/2013 à 09h36
Le 06/12/2013 à 09h41
Le 06/12/2013 à 10h12
Le 06/12/2013 à 11h41
Je suppose qu’ici personne ne travail pour une boite qui vend leur presta bxp plus cher qu’il n’est payé pour celle ci " />" />
Le 06/12/2013 à 16h11
Le 06/12/2013 à 16h46
Le 06/12/2013 à 16h57
Le 06/12/2013 à 17h00
Le 10/12/2013 à 10h21
Le 10/12/2013 à 10h24
Le 10/12/2013 à 20h14
Le 11/12/2013 à 10h50