OpenStack rejoint officiellement la Linux Foundation
Showtime
Alors que les tensions grimpent autour des licences VMware, l’Open Infrastructure Foundation rejoint officiellement la Linux Foundation. Cette « fusion » permet à OpenStack de rejoindre un large écosystème d’autres solutions, avec lesquelles les synergies seront d’autant mieux travaillées.
Le 28 juillet à 16h32
5 min
Logiciel
Logiciel
En mars dernier, les deux fondations signaient un accord important. L’Open Infrastructure Foundation – anciennement OpenStack Foundation – rejoignait la Linux Foundation, probablement la structure la plus importante de ce type dans le monde du logiciel libre. Elle chapeaute en effet de nombreux projets et coordonne de vastes efforts. Elle se définit d’ailleurs elle-même comme une « fondation de fondations ».
Si cette fusion est intéressante, c’est parce qu’OpenStack a largement gagné en visibilité ces dernières années, et tout particulièrement depuis un an et demi. Suite au rachat de VMware par Broadcom pour la somme gargantuesque de 61 milliards de dollars, de fortes tensions sont apparues autour des licences de produits. Broadcom a supprimé nombre d’entre elles, préférant des formules sur abonnement souvent plus onéreuses, car regroupant de nombreux produits, y compris quand on en souhaite qu’un ou deux.
Nouvelle maison
En mars dernier, on apprenait que les conseils d’administration de l’Open Infrastructure Foundation et de la Linux Foundation avaient approuvé à l’unanimité l’incorporation de la première au sein de la seconde. La signature a été un signal fort, annonçant que des synergies plus fortes allaient naître entre OpenStack et d'autres projets, en particulier avec Kubernetes.
Depuis le 23 juillet, OpenStack et ses projets attenants sont officiellement gérés par la Linux Foundation. On y retrouve donc d’autres produits comme Kata Containers, Zuul, StarlingX et Airship. Leur gouvernance technique passe donc entre les mains de la Linux Foundation même si, dans la pratique, la plupart des personnes impliquées sont toujours là.
L’objectif d’OpenStack – créer une infrastructure cloud ouverte – est parfaitement aligné avec ceux de la Linux Foundation (et du libre en général). Tous les projets gérés jusqu’ici par l’Open Infrastructure Foundation (OpenStack Foundation initialement en 2012) héritent donc des ressources de la Linux Foundation, dont les outils, le pilotage, le support juridique, tout ce qui touche à la gouvernance et à l’organisation, ainsi que les opportunités de rapprochement avec des centaines d’autres projets.
Rapprochement avec Kubernetes
Canonical se réjouit particulièrement de cette fusion. L’éditeur aime à rappeler qu’il a fait partie des premiers contributeurs d’OpenStack à sa création en 2010 (issu d’un partenariat entre la NASA et Rackspace). L’entreprise dit avoir été rapidement « profondément impressionnée » par la vision et la mission du projet et est aujourd’hui son troisième plus gros contributeur, avec 25 000 commits jusqu’à présent.
Canonical note que l’évolution d’OpenStack s’est faite en parallèle d’un autre avènement : celui de Kubernetes. Dans son sillage, la manière de déployer et d’exécuter des applications s’est largement transformée, signant l’explosion des solutions basées sur des conteneurs logiciels. Or, selon Canonical, si Kubernetes excellait à gérer des applications, il « manquait de capacités de gestion de l'infrastructure ». De ce constat sont nées les premières idées de convergence avec OpenStack. Un esprit de collaboration qui aurait d’abord rencontré « quelques frictions initiales », mais les deux communautés auraient assez vite reconnu « la valeur de l'alignement de leurs efforts ».
Plus concrètement, OpenStack continuera d’être géré comme un projet autonome, « mais désormais dans le cadre d'un écosystème unifié qui inclut également Kubernetes ». Les deux sont considérés comme des technologies complémentaires.
Rappelons que Kubernetes n’est pas directement géré par Linux Foundation, mais par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), qui en est une émanation. La CNCF est une fondation spécialisée dans les technologies « cloud-native » (conteneurs, orchestration, microservices…)
Momentum
On ne sait pas si les discussions ayant entrainé cette fusion de deux fondations est une conséquence du rachat de VMware par Broadcom, mais il est probable que l’opération ait joué au moins un rôle de catalyseur. Sur le blog d’OpenStack, on peut lire un billet datant du 18 juin revenant sur le sujet.
Les éléments sont désormais connus : la suppression de produits, les changements radicaux dans les licences, l’incertitude chez les entreprises clients et les questionnements sur les solutions logicielles à apporter. Dans ce contexte, un produit libre et gratuit attire les regards.
Rapidement, la question de la complexité a été de toutes les conversations : les approches très différentes rendaient les projets de migration complexes et couteux. OpenStack en profitait d’ailleurs pour publier très officiellement son guide de migration depuis VMware. En octobre 2024, quand a été lancée la 30ᵉ version d'OpenStack, la simplification des migrations figurait également partie les nouveautés principales.
OpenStack rejoint officiellement la Linux Foundation
-
Nouvelle maison
-
Rapprochement avec Kubernetes
-
Momentum
Commentaires (25)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousLe 28/07/2025 à 17h32
Le 28/07/2025 à 17h50
Le 28/07/2025 à 18h26
Il est, pour les VMs, le pendant de ce que Kubernetes et le CNCF sont aux conteneurs.
Le 28/07/2025 à 19h45
https://www.openstack.org/software/
Modifié le 28/07/2025 à 20h03
Le 29/07/2025 à 09h50
A noté que de mémoire le CERN à un des plus gros clusters Openstack.
Par contre je suis curieux de voir ce que fait Redhat. Avec Openshift ( containers /k8s), kubvirt (vm) et Openshift Data Fondation ( s'occupe de tout ce qui est stockage (S3, Ceph)) et Openshift Virtual Network, ils déjà quelque choses qui regroupe une petite partie de ce que fait Openshift. Toute petite cette mais à mes yeux la plus utilisé. Or Redhat est aussi un grand contributeur de Openstack me semble il.
Le 29/07/2025 à 12h24
Le 29/07/2025 à 17h15
Le 28/07/2025 à 20h19
Le 29/07/2025 à 09h58
Comme indiqué dans le "guide de migration depuis VMware" a la fin de l'article:
- OpenStack technologies are more discrete—a collection of microservices composed from several projects (Nova, Neutron, Cinder, Horizon, etc.),
- VMware is more monolithic, with everything integrated into large stacks (vCenter, vCD).
Aussi géniale que soit l'alternative proposée, elle ne correspond pas aux attentes des entreprises en terme de "packaging" du produit/service.
Le 29/07/2025 à 12h17
Modifié le 29/07/2025 à 12h31
La plupart des boîtes, qui n’ont plus de technique qu’un admin qui suit une procédure, et un DSI qui cherche la simplicité et chasse les coûts (humains) elles choisiront le package :(
Le 29/07/2025 à 16h57
Le 29/07/2025 à 17h10
Le 29/07/2025 à 18h40
Petite astuce si on veut les mettre en rogne: leur dire que Openshift n'est qu'une surcouche à K8S.
Le 29/07/2025 à 18h57
Les microservices ont vendu du rêve en simplifiant le développement. Dans les faits, on a juste déplacé la complexité du développement vers la complexité du déploiement/configuration. K8s est le mal nécessaire pour gérer cette nouvelle complexité.
Modifié le 29/07/2025 à 21h54
Les architectures micro-services sont inhérentes aux infras élastiques (aka cloud) et la combinaison des deux permet d'adapter finement la consommation de ressources en fonction de la charge, c'est tout. Personne n'a jamais dit que c'était particulièrement simple à architecturer.
Maintenant en ce qui concerne k8s, il faut faire le distingo entre le besoin réel du client et la branlette k8s que l'on retrouve sur les architectures. Il se trouve que je suis archi cloud publique (essentiellement aws, et on parle d'archi de boites du cac) et je passe mon temps à devoir re-concevoir des projets qui peuvent tourner très simplement sur ecs. Sauf que soit le commerce a décidé de vendre un truc de fou à un client qui n'y connaît rien, soit le client ne souhaite pas entendre parler d'autre chose parce qu'il a trop investi et enfin il y a les rares cas où k8s est difficilement remplaçable.
Le 30/07/2025 à 13h37
Les architectures micro-services étaient déjà un des principaux arguments pour OpenStack, k8s apportant surtout une meilleure performance pour les micro-services éphémères, instanciés à la volée (ok, je caricature un peu).
Pourtant le fait que les différentes briques de OpenStack soient chapotées par le projet principal permettait d'avoir un ensemble relativement plus cohérent que celui de k8s.
Je n'ai par exemple jamais eu besoin d'un équivalent du CNCF Landscape pour m'y retrouver.
Aujourd'hui chaque fois que je vois passer une infra k8s je suis sûr de découvrir au moins un ou deux composants dont je n'ai jamais entendu parlé avant et qui ont pourtant des privilèges élevés sur l'infra. Cela donne une impression d'un système en kit qui va à l'encontre de l'argument "les entreprises préfèrent les offres packagées tout compris"
Le 30/07/2025 à 13h54
Sinon, c'est vrai que Kubernetes a ce côté "infiniment modulaire" qui nécessite d'avoir des architectes chevronnés pour garder la plateforme saine. Dès qu'on oublie de gérer kubernetes comme un service gouverné via une offre de service et qu'on commence à installer tout et n'importe quoi dessus (surtout les opérateurs), il y a un gros risque de perte de contrôle.
Enfin, que ce soit pour VSphere, Openstack ou Kubernetes, je dois dire que la plupart des infras que j'ai fréquenté posent de gros problèmes de résilience, souvent parceque les entreprises qui utilisent ces technologies n'appliquent pas les recommandations des fournisseurs et se laissent porter par la perception que ce qu'elles ont fait est suffisant, quitte à perdre l'infra pendant plusieurs jours en cas de problème en centre de calcule.
Le 30/07/2025 à 17h42
Par ailleurs je ne parlais pas d'un micro-service devant tourner exclusivement en VM, mais qu'il n'était pas forcement nécessaire de tout casser et passer à K8s pour mettre en place une architecture orientée service, tant que la performance n'est pas un sujet. En particulier quand le "micro-service" en question est un binaire de plusieurs centaines de Mo...
Résultat de mon point de vue la différence éphémère/persistant (ou à la rigueur statefull/stateless) est aussi importante que VM vs Conteneur pour faire ses choix d'architecture.
Pour le reste, nous sommes d'accord.
Le 30/07/2025 à 23h55
Pour le reste, on est bien entendu pas obligé de passer par du kubernetes pour faire du microservice, mais plus on s'éloigne des méthodes de travail liées à ce genre de plateforme, plus on se retrouve avec des brouettes de problèmes à régler et à des pertes d'agilité qui rendent l'aventure micro-service beaucoup moins rentable.
Enfin, quand je vois "plusieurs centaines de Mo" pour le binaire d'un microservice, je vais chercher une pelle car il y a un monolithe à déterrer.
Et pour conclure: Un micro-service statefull est un antipattern qui rend le scale-out ou la tolérance de panne hazardeux.
Modifié le 29/07/2025 à 17h21
Une solution comme oVirt est bien plus pertinente pour remplacer VSphere mais malheureusement RedHat a tué son produit basé sur oVirt quelques mois avant que broadcomm ne commence à truander ses clients (et Openshift Virt ne me semble pas non-plus être la bonne direction pour la majorité des entreprises)
Modifié le 29/07/2025 à 17h29
Sinon, beh y’a proxmox, pour celleux qui n’ont pas besoin d’une CMP sur étagère, c’est amplement suffisant, surtout avec les apports de la v9
Édit: et pis VMware aussi faisait du IAAS hein, vcloud director c’était quand même pas mal sur les dernières versions
Le 29/07/2025 à 18h40
vcloud director d'un point de vue architecture c'est tout de même un peu beaucoup mettre du rouge à lèvres sur un cochon.
Quand à Proxmox, c'est rigolo pour un home lab, mais pas pour une infra avec des dizaines de noeuds physiques.
Le 29/07/2025 à 19h03
Sinon il y a aussi XCP-NG. La société est française mais j'en entend très peux parler en France.
Signaler un commentaire
Voulez-vous vraiment signaler ce commentaire ?