Apple a moins d’un mois pour se mettre en conformité avec le DMA
C'est pas bien, pas bien, pas bien

Les pratiques anti-steering de l’entreprise ne passent toujours pas auprès de la Commission européenne. Apple a bien présenté des améliorations, mais elles ont été jugées insuffisantes par l’Europe. Désormais, Apple a moins d’un mois pour se conformer pleinement, sous peine d’une astreinte journalière.
Le 28 mai à 17h45
5 min
Droit
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La Commission européenne a publié le détail de sa décision, prise le 22 avril. On peut y lire notamment ce que l’on savait déjà : Apple ne respecte pas le DMA et se fait épingler pour ses pratiques anti-steering.
Pour rappel, il s’agit de tous les mécanismes mis en place pour empêcher les éditeurs tiers de communiquer directement avec les utilisateurs sur la disponibilité de meilleurs tarifs ou de promotions ailleurs, notamment sur le site officiel de l’éditeur. Ces pratiques sont au cœur des plaintes de Spotify depuis longtemps, qui avait fini par supprimer la possibilité de s’abonner à travers son application mobile. L’entreprise suédoise a été très critique de la « taxe Apple » de 30 % sur tous les achats in-app.
Apple a donc présenté en mars une nouvelle version de ses règles afin que la Commission européenne l’examine. On connait le résultat : une amende de 500 millions d’euros pour plusieurs violations du DMA. La Commission avait communiqué sur la décision, sans donner le détail de ses motivations. C’est désormais chose faite.
La Commission persiste et signe
Pour la Commission européenne, il ne fait aucun doute qu’Apple « sape l’efficacité » du DMA en restant dans une interprétation a minima du texte.
Par exemple, il était reproché à la société de ne pas autoriser les liens externes. Elle en permet désormais un par application (le minimum), mais sans laisser aucune latitude aux développeurs. Impossible par exemple de transmettre des informations sur le compte dans l’URL pour personnaliser la page d’arrivée. Ce lien provoque l’affichage d’un message perçu comme anxiogène, dans la lignée de celui affiché par l’App Store quand on s’apprête à payer via un système de paiement autre que celui fourni par l’App Store.
Autre élément noté par l'Europe, la commission prélevée sur les achats réalisés via ces liens externes. Apple réclame 27 %, soit 3 % de moins que pour un achat réalisé totalement au sein de l’App Store. Une différence minimale, qui suscite l’agacement de la Commission.
Ces 27 % sont d’autant plus visibles qu’ils étaient au cœur de l’affrontement entre Apple et Epic aux États-Unis. Or, chez l’Oncle Sam, cette commission vient de sauter, Epic ayant remporté une importante victoire. Les pratiques anti-steering d’Apple prennent sérieusement du plomb dans l’aile des deux côtés de l’Atlantique.
Moins d’un mois pour corriger le tir
Dans la décision du 22 avril, on peut lire qu’Apple avait 60 jours pour obtempérer. À publication de cet article, le 28 mai, il reste donc moins d’un mois avant la fin du délai accordé, fixé a priori au 22 juin.
« Compte tenu de la gravité du non-respect par Apple de l'article 5, paragraphe 4, du règlement (UE) n° 2022/1925, telle qu'établie dans la présente décision, et considérant que le non-respect a été constaté de manière continue, la Commission conclut qu'il est nécessaire d'imposer des astreintes conformément à l'article 31, paragraphe 1, point h), du règlement (UE) n° 2022/1925 si Apple ne mettait pas en œuvre des mesures permettant de mettre effectivement fin à l'infraction dans un délai de 60 jours calendaires à compter de la date de notification de la présente décision », indique la Commission européenne dans sa décision.
Apple doit donc corriger le tir ou se préparer à des astreintes journalières, qui pourraient être salées. Elles devraient en effet « être suffisantes pour assurer le respect par Apple de la présente décision et pourraient tenir compte des ressources financières importantes » de l’entreprise, précise la Commission. Pour cette dernière, Apple n’a tout simplement avancé aucun « argument convaincant ».
Apple ne cache pas sa colère
Dans un communiqué fourni à 9to5Mac, Apple semble particulièrement remontée :
« Rien dans la décision de 70 pages publiée aujourd'hui ne justifie les actions ciblées de la Commission européenne contre Apple, qui menacent la vie privée et la sécurité de nos utilisateurs en Europe et nous obligent à donner notre technologie gratuitement. Cette décision et cette amende sans précédent ont été prises après que la Commission a continuellement changé les règles du jeu en matière de conformité et a bloqué à plusieurs reprises les efforts déployés par Apple pendant des mois pour mettre en œuvre une nouvelle solution »
Un argumentaire déjà connu, qu’Apple a répété ad nauseam depuis des mois dans une charge continue contre le DMA. Les arguments de la vie privée et de la sécurité, en particulier, étaient au cœur d’une rhétorique sur les dangers du DMA. Apple n’hésitait ainsi pas à déclarer que la réglementation allait rendre les iPhone européens moins bien protégés que ceux du reste du monde, même si ces iPhone restaient les smartphones les plus sécurisés du marché (sic).
« Cette décision est mauvaise pour l'innovation, mauvaise pour la concurrence, mauvaise pour nos produits et mauvaise pour les utilisateurs. Pendant que nous faisons appel, nous continuerons à nous engager auprès de la Commission pour défendre les intérêts de nos clients européens », a ajouté Apple.
Apple a moins d’un mois pour se mettre en conformité avec le DMA
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La Commission persiste et signe
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Moins d’un mois pour corriger le tir
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Apple ne cache pas sa colère
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 28/05/2025 à 20h42
La seule chose qui soit mauvaise c'est cette tendance a empêcher au marché d'exister, d'avoir des attitudes anti concurrentielle assumées, de prétendre etre au dessus des lois de pays dont elle se pretend être fervente defenseuse. Les seuls intérêt qu'elle defend ce sont les siens
De toute époques les marchands ont voulu le contrôle des états et de leurs valeurs, Apple n'est pas différente de la compagnie des Indes, juste une version contemporaine dont la seule qualité est de proposer des produits datés technologiquement et très ainsi qu'un moyen de se différencier socialement. C'est l'ananas du 21e siècle .
Alors franchement, je trouve parfaite reponse a une époque où en plus il est nécessaire que l'ue bombe le torse face a une Amérique en roue libre
Le 29/05/2025 à 00h29
Comme l’USB C qui remplace le Lightning obsolète ?
Ah non on a droit à de l’usb C mais avec de l’USB 2.. mesquinerie.
Le 31/05/2025 à 20h54
Le 02/06/2025 à 04h14
Il faut bien segmenter le marché, business is business.
Qui travaille en usb2 aujourd'hui à part une souris ou un clavier ?
Le 29/05/2025 à 11h04
Que la Commission force Apple à faire sauter les 50 centimes par téléchargement et MàJ/an et la notarisation des apps.
C'est inadmissible.
Le 29/05/2025 à 14h35
Maintenant que c'est une énorme source de revenu pour tout le monde ça veut couper les revenus d'Apple. Mais à ce que je sache ces mêmes entreprises n'ont pas participé à la création de cet écosystème, c'est juste Apple qui a investi et pris le risque de le faire, ça me semble logique qu'ils récoltent le fruit de leur travail, non ?
Le 29/05/2025 à 15h17
Ou a defaut je conseille la série documentaire d'Arte sur le capitalisme américain qui montre bien que l'essor populaire correspond avec l'arrêt des monopoles aux USA.
On oublie trop facilement qu'un monopole casse les règles via la corruption ou le lobbying. On a tous vu le chantage économique aux présidentielles aussi.
Les forfaits téléphones et internet sont très bas en France grace à une concurrence importante et des contraintes réglementaires qui facilitent la portabilité. C'est un vrai avantage gagné à coup de forceps contre Orange j'en suis sûr.
Les autres exemple ne manquent pas.
Le 29/05/2025 à 16h26
Ah bon?
On peut publier des applications sur iOS sans dépendre d'Apple?
Je ne savais pas!
Le 30/05/2025 à 00h20
Ils ont fait un choix à l'époque de sa création, en savant parfaitement que ça allait créer une situation de monopole. Ils auraient parfaitement pu rester sur le fonctionnement décentralisé de l'époque. Ils auraient pu faire le choix d'avoir un système de vérification des applications par des partenaires (par exemple des éditeurs d'antivirus) pour certifier une application, tout en laissant les éditeurs fournir l'application comme ils le souhaitent.
Ils ont fait le choix du Minitel.
Apple n'est pas à plaindre.
Le 31/05/2025 à 00h27
Modifié le 30/05/2025 à 07h44
C'est pas bien, Spider ZED et BigFlo&Oli