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Consommation des datacenters en France : 2,4 TWh d’électricité et 6 millions de m³ d’eau

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Consommation des datacenters en France : 2,4 TWh d’électricité et 6 millions de m³ d’eau

En France, les datacenters ont consommé 2,4 TWh d’électricité en 2023 et 681 000 m³ d'eau en direct… car on passe à 6 millions de m³ en comptant la consommation indirecte. Sans surprise, des chiffres en hausse par rapport aux années précédentes.

Le 17 avril à 15h56

L’Arcep vient de publier la quatrième édition de son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » avec une évaluation de l'empreinte environnementale des acteurs du numérique en France sur l'année 2023. Il s’agit bien de 2023 ; un décalage « du fait du grand nombre d'acteurs concernés par la collecte de données environnementales ».

Consommation des datacenters en France : 2,4 TWh en 2023

La consommation électrique totale des datacenters en France est de 2,4 TWh sur l’année 2023, en hausse de 8 % sur un an. À titre de comparaison, cela correspond à la consommation annuelle moyenne d’environ 500 000 foyers français, selon les données d’Engie.

« La croissance de cette consommation reste soutenue malgré un ralentissement en 2023. Elle s’établit à+ 8 % après + 14°% en 2022 », explique le régulateur. Notez que les données de 2022 et 2021 ont été ajustés depuis le précédent observatoire.

À titre de comparaison, l’Agence internationale de l’énergie atomique (sous l’égide de l’ONU) expliquait que « les datacenters avaient consommé environ 460 TWh d’électricité en 2022 », et prévoyait que cette consommation pourrait dépasser les 1 000 TWh d'ici à 2026. La France représente donc moins de 0,5 % de la consommation mondiale

Île-de-France en force

Dans le détail des 2,4 TWh, 1,6 TWh provient directement des équipements informatiques, tandis que les 0,8 TWh sont attribués aux autres postes de consommations tels que le refroidissement et le tertiaire.

Le régulateur donne aussi quelques indications géographiques : « les centres de données mis en service entre 2021 et 2023 sont majoritairement situés en Ile-de-France ». Ils sont responsables de plus de 70 % de l’augmentation de la consommation.

PUE de 1,46, en baisse grâce aux « nouveaux » datacenters

L’Arcep donne également l'indicateur d'efficacité énergétique (Power Usage Effectiveness en anglais, ou PUE) moyen de l’ensemble des datacenters en France : 1,46 en 2023. Pour rappel, cela signifie que pour chaque kWh consommé par les équipements informatiques, le datacenter dans sa globalité, consomme 1,46 kWh. Il s’améliore doucement avec l’arrivée de nouveaux datacenters plus économes. Le PUE était de 1,51 en 2022.

L’Arcep le confirme dans son analyse : le PUE moyen est de 1,34 pour les datacenters de moins de 10 ans, « soit un peu plus d’un tiers des centres de données étudiés », contre 1,54 pour ceux mis en production avant 2013. Sur le graphique ci-dessous, on voit bien la différence en fonction de l’âge.

681 000 m³ d’eau en consommation directe…

Autre élément analysé, la consommation en eau. Quelques bases d’abord : « La quasi-totalité du volume d’eau prélevé par les centres de données en 2023 est de l’eau potable ». En 2023, il était question de 681 000 m³, soit 19 % de plus qu’en 2022. À mettre en balance avec les 755 000 m³ d’eau prévus pour les trois prochains datacenters qu’Amazon prévoit d’installer en Aragon, au nord de l’Espagne.

Deux raisons à cette hausse importante (quasiment identique en 2022, pour les mêmes raisons) : « les vagues de chaleur et les températures records des dernières années qui ont accru les besoins en eau de certains centres de données ». Le réchauffement climatique pourrait accentuer ce phénomène. « D’autre part, des facteurs externes à l’activité de centres de données, tels que des travaux d’aménagements des sites anciens, ont également contribué à cette hausse », ajoute le régulateur.

6 000 000 m³ d’eau en consommation indirecte

L’Arcep relève un point intéressant : il faut aussi compter le volume d’eau consommé indirectement (c’est-à-dire la consommation nécessaire au fonctionnement) : « Ce dernier dépend du mix énergétique français (par exemple, un peu plus de 2 litres d’eau pour 1 kWh d’origine nucléaire) ».

On change alors complétement de registre : « le volume d’eau prélevé directement par les centres de données (681 000 m³ en 2023) est faible au regard du volume d’eau consommé indirectement par les centres de données ». Le régulateur annonce ainsi un volume total (direct + indirect) « estimé à près de 6 millions de m³, soit la consommation annuelle moyenne d’eau en France d’environ 100 000 personnes ».

La liste des 21 opérateurs analysés

Pour rappel, l’Arcep considère pour ses analyses les opérateurs de colocation et de co-hébergement dont le chiffre d’affaires en France est égal ou supérieur à 10 millions d’euros hors taxes. « Ils représentent environ 50 % des centres de données de colocation en service en 2020 », selon une étude ADEME-Arcep.

Dans son annexe 5, l’Arcep donne la liste des 21 opérateurs qui doivent lui envoyer des données : Adista, Amazon Data Services France SAS, Ato, Celeste, Ciril Group, Cogent Communications France SAS, Colt technology Services, Data4 Services, Digital Realty, Equinix France, Free pro, Foliateam Opérateur, Global Switch, Hexanet, Kyndryl France, Orange, OVHcloud, Opcore, SFR, Sigma informatique et Telehouse.

Le bilan du régulateur comporte bien d’autres informations, que nous détaillerons dans une prochaine actualité.

Commentaires (23)

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6 000 000 m³ d’eau en consommation indirecte
Non si direct + indirect fait 6 000 000 comme indiqué par l'ARCEP ;
Le régulateur annonce ainsi un volume total (direct + indirect) « estimé à près de 6 millions de m³, soit la consommation annuelle moyenne d’eau en France d’environ 100 000 personnes ».
Remarque : comparer cela à la consommation de la population française alors que la consommation indirecte n'est probablement pas de l'eau potable est assez trompeur. :cartonrouge: à l'ARCEP On ne refroidit pas les centrales nucléaires à l'eau potable.

En plus, je suis surpris par ces 5,4 millions de m³ en indirect. Édit : Si je divise au lieu de multiplier, ça ne va plus ! Je corrige mon calcul et supprime ce qui est inutile.

Si on part des 2,4 TWh et des 2 litres d’eau pour 1 kWh d’origine nucléaire, on arrive à 4,8 millions de m³.

Ils tirent ce nombre de ce livre blanc, mais ce n'est pas très cohérent parce que ce dernier indique près de 3 l d'eau par KWh d'électricité nucléaire et pas 2 comme indiqué par l'ARCEP.
Le reste de la consommation d’eau est celle consommée pour la fabrication des équipements IT (pour rappel près de 4m3 d’eau ultra pure pour un wafer de silicium, source EIME). Cette eau n'est pas consommée en France, donc, inutile de la comparer avec la consommation française.
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La comparaison est en effet trompeuse puisqu'il faut utiliser de l'eau dans l'appareil de production électrique pour potabiliser de l'eau (pompage, épuration etc) utilisée ensuite par les centres....
De quoi justifier que pomper (et réchauffer) plus d'eau non-potabilisée pour les data-centers serait une bonne idée.
Les agriculteurs seront ravis de l'apprendre. :/

Pas d'avis sur le rapport entre kWh M³. En revanche, les chiffres de la production ne sont pas très clairs de base : le détail de la vitesse de propagation du signal peut être simulé mais personne ne communique à ce sujet.
[Un compteur intelligent fournirait idéalement cette information relative pour au moins énoncer des chiffres de GES valides et reproductibles]
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"On ne refroidit pas les centrales nucléaires à l'eau potable."

Tout à fait d'accord ! :yes:

Et même si c’était le cas pour les datacenters, cette eau n'a été ni polluée ou ni contaminée par d'autres rejets comme peut l’être de l'eau usée qui demande ensuite un traitement dans les centrales d’épuration de l'eau.

Elle est simplement passée dans des tuyaux, tuyaux qui doivent aussi propres voire même beaucoup plus propres et en très bon état que ceux de vieilles canalisation usagées.
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Alors on parle toujours d'eau brute en entrée, qu'il va falloir filtrer et/ou purifier, déminéraliser, osmoser avant de s'en servir. Mais pas besoin de chlore comme pour de l'eau potable, ok.

Pour les centrales nucléaires l'eau vient du fleuve, mais c'est dur de la recycler pour l'agriculture ensuite, elle s'est évaporée.

Pour un système adiabatique pareil, eau osmosée, mais elle part en vapeur, donc elle est perdue pour l'humain. Pas pour la nature, mais bon, c'est des m3 en moins pour le reste du fleuve ou des nappes.

Pour un système de watercooling sinon, ben non ce n'est pas aux normes alimentaires.
Et je te déconseillerai de boire l'eau de ton watercooling après avoir fait tourner le truc 1 mois dedans sans aucun test bactérien ni d'oxydes métalliques.

Même pour arroser les champs ou tes bégonias, je ne le ferai pas si j'y tenais.
:chinois:
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"filtrer et/ou purifier, déminéraliser, osmoser avant de s'en servir. " ? Pourquoi ?

Et pourquoi utiliser de l'eau potable pour du watercooling ?

Dans certains pays qui ont connu pendant plusieurs décennies des problèmes de pénurie d'eau, malgré les trombes d'eau pendant certaines saisons, il avait été mis en place dans les années 50, deux systèmes pour l’approvisionnement en l'eau:

- l'eau "potable" - mais il faut s'habituer à boire de l'eau d'une piscine

- l'eau pour les toilettes... elle moins chlorée mais nettement plus salée

Heureusement plus vraiment maintenant suite à la construction de larges réservoirs 1 , réservoirs 2 ainsi que grâce à l'aide de son voisin d'à coté.

Et une ONG écologiste (oui je sais...écolo , ONG ) avait dit :

"Une société ou un pays sur cette planète qui utilise de l'eau potable pour la chasse d'eau de ses toilettes n'est pas une société à vocation à durer dans l'avenir"

On verra...
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Alors pour du watercooling on n'a pas besoin d'eau potable, mais vu le prix de ces systèmes et pour éviter un taux de panne on va éviter une eau trop calcaire, trop acide, avec des ions ou d'autres résidus qui pourraient interagir avec tout le matériel.
Pour rappel le watercooling est nécessaire surtout en cas de forte densité de watts/baie, les GPUs par exemple. Ca couterai trop cher de flinguer un rack NVIDIA pour avoir économisé le traitement en amont.

Ensuite en adiabatique il faut osmoser l'eau en amont pour ne pas flinguer le "carton ondulé" qui sert d'échangeur. C'est une belle usine en amont aussi, mais pareil, on ne peut pas économiser là.

Après la chasse d'eau, oui c'est connu.
Même sans chasse d'eau, tu peux chier dans le fleuve quand tu habites en haut de la montagne, mais il faut voir l'impact à l'embouchure de certains fleuves en Asie quand tout le monde est passé.
:bocul:
Sans chasse d'eau ni évier.
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Pour les centrales nucléaires l'eau vient du fleuve, mais c'est dur de la recycler pour l'agriculture ensuite, elle s'est évaporée.
Non, l'ultra majorité est rejetée au même endroit qu'elle est prélevée
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Ah ? Je n'en connais que 2 autour de chez moi : L'Homme d'Arme (Cruas) et Saint-Paul-Trois-Châteaux (Tricastin).
Elles sont très proches du Rhône, et elles ont 1 tour d'évaporation par réacteur. Je pensais que ça suffisait à refroidir, le Rhône n'étant que le fournisseur d'eau.

Tu dis qu'elles recrachent aussi de l'eau chaude dedans ?
Dans ce cas, alors ce n'est pas comptabilisé dans la consommation d'eau ?
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https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/fonctionnement-dun-reacteur-nucleaire
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Je comprends pas trop le pourquoi de cette mise en exergue de la consomation d'eau indirecte.
De ce que je comprends de l'article se serait la consomation de la production electrique, donc elle est deja considérée comme directe dans ce champs là.
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OK big brother. L'eau prélevé (et à 99% restitué au même endroit) par les centrales électriques devient de la "consommation indirecte". rappel : elle n'est pas consommée.

À quand une étude sur la consommation en eau du chauffage domestique ?
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info.gouv.fr République Française

Ton problème vient de cette fumisterie.

Présenter les "petites surfaces" comme une condition particulière prévalant sur des conditions générales c'est le psychodrame autour du mot "besoin" plutôt que "consommation".

En effet, Bug Brother reçoit maintenant des déclarations de malfaçons tant qu'elles n'éxcèdent pas 40m2.

Green narcosis !
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J'espère pour toi que ton chauffage domestique tourne en boucle fermée !!

Et que tu restitues l'eau de tes douches dont tu ne consommes donc rien...
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Ce qui m'étonne le plus, c'est que seule 0,5% de la consommation des data centres mondiaux à lieu en France, sachant que les français comptent pour un peu moins d'1% de la population mondiale. Nous sommes loin d'être un pays sous-développé. Les data centres sont-ils si concentrés au USA ? Sommes nous particulièrement à la ramasse ? A t'on un chiffre consolidé au niveau européen (grosomodo 6% de la population mondiale) ?
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Es-ce pertinent de comparer à la population ? Un européen ne consomme pas du numérique, nécessitant des datacenters, de la même manière qu'un intouchable de Calcutta.
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C'est bien le sujet du commentaire. De part notre utilisation du numérique, nous devrions être largement au dessus de la conso moyenne, pas en dessous.
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Ou nous consommons des services numerique non francais
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Nous sommes loin d'être un pays sous-développé. Les data centres sont-ils si concentrés au USA ? Sommes nous particulièrement à la ramasse ?
Bien au contraire, nous sommes en avance. Nous avons une électricité parmi les moins carbonés au monde grâce au nucléaire.
Ce que tu constate, c'est juste les raisons qui font qu'il faut pousser à l'électrification.
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Tiens, Microsoft n'est pas dans les 21 opérateurs analysés ?
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J'allais poser cette question. Ont ils leur datacenter en propre ou sont ils inclus dans un autre nom ?

Au vue du nombre d'entreprises intéressées par Azure, d'organismes disposant des suites M365, et des contrats publics gagnés par le passé. Il est très difficile à imaginer qu'ils n'aient pas 10M d'€ de chiffre d'affaire en activité datacenter en France.
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Aucun sens cette histoire de consommation d'eau...
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6 000 000 m³ d’eau... pinaise.... çà en fait des boutanches de pastaga pour éponger tout çà.
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Oui enfin le pastis à l'eau chaude... Ou alors avec autant de glaçons que d'eau !

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