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Les États-Unis traquent les propos des étudiants étrangers pour révoquer leurs visas

Les États-Unis traquent les propos des étudiants étrangers pour révoquer leurs visas

Marco Rubio a évoqué l'idée le mois dernier. Mais un système d'analyse des réseaux sociaux est déjà en place et traque les propos de 1,5 million d'étudiants étrangers à la recherche de raison de révoquer leurs visas. Le système a été développé sous l'administration de Joe Biden.

Le 11 avril à 14h40

Une équipe spéciale du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) utilise un des outils pour analyser les messages postés par les étudiants étrangers, explique NBC.

Le mois dernier, le secrétaire d'État des États-Unis, Marco Rubio, affirmait vouloir mettre en place un système appelé « Catch and Revoke » pour traquer les étudiants étrangers qui porteraient des propos étiquetés comme « pro-hamas » en vue de révoquer leurs visas.

Selon des sources de NBC, un outil d'analyse de données est déjà en place au sein du DHS pour « passer au crible l'historique des médias sociaux des quelque 1,5 million d'étudiants étrangers qui étudient aux États-Unis afin de trouver des motifs potentiels de révocation de leur visa ». Une recherche est aussi effectuée par cette agence pour vérifier si ces étudiants ont fait l'objet d'une inculpation ou d'une condamnation pénale, affirment ces mêmes sources.

L'utilisation d'un outil développé sous Joe Biden

Mais cet outil aurait été développé alors que Joe Biden était encore au pouvoir, explique NBC, selon une responsable du DHS de l'époque. « Nous ne visions pas les activités ou les discours politiques. Nous ne les examinions que s'ils incitaient à la violence », a-t-il justifié auprès du média américain.

Le régime de Donald Trump a indiqué mercredi scruter les médias sociaux des étrangers qui demandent le statut de résident permanent légal, les étudiants étrangers et les étrangers affiliés à des établissements d'enseignement. Il recherche tout propos considéré comme antisémite en vue de refuser leurs demandes d'immigration.

« En surveillant les détenteurs de visas et de cartes vertes et en les ciblant sur la seule base de leur expression protégée, l'administration passe d'un engagement de l'Amérique en faveur d'un discours libre et ouvert à la peur et au silence. Malheureusement, cette hostilité semble être l'objectif de l'administration », a déclaré la Foundation for Individual Rights and Expression, association de défense de la liberté d'expression sur les campus américains.

La mise en place d'un nouveau maccarthysme dénoncée

Axios fait remarquer que, lors de la campagne présidentielle américaine l'année dernière, les créateurs du Projet 2025, qui soutenaient Donald Trump, avaient aussi prévu un projet de ce type. Nommé « Project Esther », il prévoyait « d'utiliser les remarques anti-israéliennes comme motif d'expulsion des détenteurs de visas d'étudiant et de cartes vertes », explique le média américain. Il donnait des arguments juridiques pour le mettre en place.

Axios souligne que l'antisémitisme des conservateurs n'est pas visé. Le média rappelle qu'Elon Musk, qui avait une carte verte avant de devenir citoyen américain en 2022, a fait plusieurs saluts nazis lors de l'investiture de Donald Trump, soutient le parti d'extrême droite allemand AfD et, en 2023, a répondu « vous avez dit la vérité » à un message antisémite sur son réseau social. Ces deux messages sont toujours en ligne sur X.

« L'esprit de Joseph McCarthy [voir Maccarthysme] est bien vivant dans l'administration Trump, qui a passé des mois à qualifier malhonnêtement d'antisémites les critiques légitimes des crimes de guerre du gouvernement israélien à Gaza, à mener des chasses aux sorcières dans les collèges américains et à menacer les droits à la liberté d'expression des immigrés », a déclaré Edward Ahmed Mitchell, directeur national adjoint du Conseil des relations américano-islamiques, dans un communiqué obtenu par NBC.

Commentaires (19)

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"Free speech is back" qu'ils disaient...
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Etats-Unis bientôt rebaptisée République Démocratique d'Amérique ?
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Les USA présentent de forts indicateurs de dictature, l'état de droit est occupé à s'évaporer à grande vitesse. Il suffit de regarder le cas des Vénézuéliens qui se sont fait déporter et incarcérer à perpétuité dans un bagne au San Salvador sans avoir pu avoir accès au moindre recours, sans jugement, et sans même avoir été correctement identifiés ( un juge a bien, prononcé une injonction temporaire qui a été activement ignorée par le gouvernement et imprimée sur du PQ par la cour suprémaciste, renforçant la perspective que le judiciaire n'a plus de pouvoir sur l'exécutif)). Il a juste suffi que Trump ordonne et paf... au goulag, sans jugement, sans prononcé de peine, sans droit à la défense, sans espoir de sortir autrement que les pieds devant. Les USA inventent la lettre de cachet sous-traitée à l'étranger.
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République Bananière du Trumpistan, tu veux dire. :nonnon:
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Correction : Républque Démocratique Populaire d'Amérique.
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Encore un exemple d'outil de surveillance créé "seulement pour contrer le terrorisme, promis juré" qui se retrouve utilisé à d'autres fins :frown:
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Quand on pense que la Commission Européenne et de nombreux gouvernements de la zone poussent pour mettre fin au chiffrement de bout en bout et poussent les entreprises américaines à analyser nos communications interpersonnelles, on se dit qu'on est dirigés par des cons, voir des traîtres.
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Il n'y a pas de rapport avec le chiffrement : les propos recherchés sont librement accessibles sur les réseaux sociaux.

Mais je suis d'accord avec toi que vouloir avoir la possibilité de lire des messages chiffrés de bout en bout est une connerie sans nom.
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Jusqu'à quand vont-ils se limiter au contenu public pour ce genre d'exercice? Déjà à la douane il y a des intrusions sévères et arbitraires (cfr EFF et par exemple leur https://www.eff.org/wp/digital-privacy-us-border-2017 ) Dans la mesure où l'U.E. veux mordicus le suivi total des communications interpersonnelles, il ne faut pas parier que les USA de Trump seront plus raisonnables.
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« Nous ne visions pas les activités ou les discours politiques. Nous ne les examinions que s'ils incitaient à la violence »
Le discours politique s'est tellement radicalisé qu'il devient difficile de ne pas l'amalgamer avec une incitation à la violence.
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Comme quand Trump invitait les défenseurs du second amendement à s'occuper d'Hillary Clinton?
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Oui, entre autres.

Avant, le discours politique consistait à convaincre les opposants.
Maintenant, il consiste à convaincre ses partisans qu'il faut annihiler le camp adverse.
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Dans ce genre on voit tout de même beaucoup plus un camp politique que l'autre...
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C'est bien évidemment le camp d'en face qui est le pire.
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On voit plus côté Trump en ce moment car il l'exprime sans problème avec le maximum de visibilité lié à son statut.

De l'autre côté, un sondage est apparu il y a quelques jours qui affirmerait que la moitié des sympatisants considéreraient qu'un assassinat de Trump serait « partiellement justifié ». Dans le détail (second graphique) c'est à relativiser mais il y aurait une frange pour, et mon usage du conditionnel est justifié par la provenance du sondage. Mais vu tout ce que j'ai eu l'occasion de lire et avec l'histoire Luigi, je ne serai pas étonné qu'il y ait un fond de vérité.

Les USA se sont probablement radicalisés jusqu'au point de non-retour.
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Oui, enfin, les USA ont une culture où la mise à mort d'autrui n'est pas souvent un problème. L'administration Trump elle-même ne réclame t'elle pas la mort de Luigi Mangione?

Dans un pays empreint d'une culture mortifère où le concept de justice et d'état de droit sont souvent menacés, l'image du vengeur qui fait justice a encore de beaux jours. Les républicains sont les premiers promoteurs de cette ligne morale quand ils ne sont pas au pouvoir et on ne compte plus les appels au meurtre et à la violence, y compris par Trump lui-même.

Semer et récolter... pas de quoi être surpris.
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Et bientôt inciter les enfants à dénoncer leurs parents ?
« Vaporisés, comme on disait »
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C'était pas l'administration Reagan qui faisait déjà ça dans sa lutte contre la drogue?

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