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La CNIL s’intéresse aux caméras « augmentées » chez les buralistes

La CNIL s’intéresse aux caméras « augmentées » chez les buralistes

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Fin 2024, 14 buralistes volontaires s’équipaient « d’un dispositif inédit de caméras de vérification d’âge » pour vérifier si un client est majeur ou non. Selon la Fédération des buralistes, ce projet allie « simplicité et respect des données personnelles ». La CNIL a décidé d’enquêter sur la conformité de ces dispositifs au regard du RGPD.

Le 20 mars à 14h01

De potentiels « risques pour la protection des données personnelles »

La Commission rappelle que « certains buralistes ont déployé des caméras s’appuyant sur l’IA pour estimer l’âge des clients et éviter la vente de produits interdits aux mineurs ». Afin de faire le point sur ces technologies, la CNIL a lancé des travaux en concertation avec les acteurs concernés.

Le fonctionnement est assez simple : « ces caméras scannent, au moment de l’achat, le visage de la personne pour estimer si celle-ci est mineure ou majeure et en informent le commerçant par un témoin lumineux (par exemple une lumière verte ou rouge) ».

Un projet pilote fin 2024

Ces dispositifs sont en place depuis fin 2024 à travers un projet pilote de la Fédération des Buralistes de Paris IDF chez « 14 buralistes volontaires », expliquait la Fédération. Comme le rapportent plusieurs de nos confrères, notamment Les Échos, « la machine n'est pas connectée à Internet et ne stocke aucune donnée personnelle. Un autocollant jaune vif à proximité de l'appareil prévient que l'établissement est doté d'un vérificateur d'âge : "Protection des mineurs, anonyme, sans enregistrement d'images, sans reconnaissance faciale" ».

Le communiqué affirme que le projet est conforme avec le RGPD : « Non connecté à Internet, l’appareil ne stocke aucune donnée personnelle, garantissant la sécurité et la confidentialité des clients ». À voir ce qu’en pensera la CNIL. Notez enfin que « l’objectif de cette phase pilote est de démontrer l’efficacité et la simplicité du dispositif, afin d’encourager un déploiement à grande échelle dans tout le réseau francilien ».

Pour la CNIL, ce « n’est pas anodin »

En effet, explique la CNIL, cette vérification à base de « traitements algorithmiques d’analyse automatisée d’images n’est pas anodin et peut comporter des risques pour la protection des données personnelles ».

Elle va donc examiner la conformité de ces caméras « augmentées » et des algorithmes associés au regard du RGPD. Les conclusions sont attendues à l’été 2025.

Caméras biométriques et augmentées, quelles différences ?

En novembre, après les Jeux Olympiques et Paralympiques, la Commission publiait un état des lieux des caméras « augmentées » dans les lieux publics. Elle en profitait pour rappeler la distinction entre caméras biométriques et « augmentées ». Deux critères sont à retenir :

  • la nature des données traitées : caractéristique physique, physiologique ou comportementale ;
  • l’objectif du dispositif : identifier ou authentifier de manière unique une personne.

La reconnaissance biométrique « cumulera toujours ces deux critères, tandis qu’une caméra "augmentée" n’en remplira aucun ». Quoi qu’il en soit, la CNIL ajoute que les caméras augmentées sont « par nature intrusives ». En effet, les « personnes ne sont plus seulement filmées, mais analysées de manière automatisée, en temps réel, afin de collecter certaines informations les concernant ».

En novembre dernier, la CNIL ajoutait que, « à l’exception du cadre expérimental prévu par la loi sur les Jeux olympiques et paralympiques du 19 mai 2023, il n’existe pas actuellement de texte spécifique encadrant l’usage des dispositifs de vidéo "augmentée" ».

Le sujet des caméras « augmentées » prend de l’ampleur ces derniers temps, pas uniquement sur la vérification d’âge d’ailleurs. Cette semaine, nous évoquions le cas de centaines de milliers de participants et spectateurs de courses à pied soumis à un logiciel de reconnaissance faciale pour rattacher les coureurs à leur numéro de dossard.

Commentaires (11)

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Il ne faudrait pas avoir à perdre du temps pour vérifier une pièce d'identité pour vendre du tabac !
Quelle horreur vous n'y pensez pas ! :fumer:
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Je ne comprends pas bien non plus le but de cette expérimentation, alors qu'un simple contrôle à l'aide d'une pièce d'identité suffit en cas de doute. C'est encore mettre de la technologie et de la surveillance là où il n'y a aucune nécessité réelle...

Je vois bien les erreurs venir quand une personne fait plus vieille ou plus jeune que son âge.
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J'avoue ne pas trop savoir quel est le but de ces dispositifs, sinon décharger le buraliste d'une demande qui doit souvent virer au conflictuel plus que le temps à y passer. Puis le pb n'est pas de trier entre un gamin de 12 ans et un jeune adulte de 18, mais bien plutôt le cas de l'ado de 16/17 ans qui peut faire un peu plus que son âge: La tranche d'âge potentiellement douteuse pour un œil humain entraîné ça doit être 16/22 ans... sachant qu'un mineur de 16 qui essuie un refus va juste demander à un pote de 18 d'y aller à sa place et lui filer la 1ère clope du paquet pour le service rendu! Et quand il en a marre de filer des clopes? Bin il utilisera l'imprimante/scanner de la maison voir la plastifieuse (même pas dit qu'expliquer qu'on ne prends qu'un scan imprimé avec soi car maman en a marre de faire refaire les papiers perdus ne suffise!) avec un peu de retouche au passage: Je pense que ça passera chez l'immense majorité des buralistes.
Tout ceci est donc en pratique une vaste hypocrisie, surtout si on cumule au fait que si la cam se plante c'est toujours le buraliste qui aura vendu à un mineur sans demander une pièce d'identité ni se tromper en l'examinant de son comptoir blafard qui sera en tords!
Sinon, personnellement, quand je sors dans la rue à pieds (en véhicule j'ai bien mon permis, mais même pas la CI) j'ai rarement une pièce d'identité sur moi: En cas de perte c'est trop galère à renouveler (plus encore si on n'a plus rien pour justifier de son identité car on traîne toujours la totale sur soi!) et cela a désormais un coût. Si on veut que j'ai cela sur moi, il faut résoudre avant tout ces deux problèmes (avec éventuellement juste une ou deux"wildcard" côté coût sur la durée de validité afin de prévenir les abus). Après tout, c'est l'état qui impose de pouvoir justifier de son identité...
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C'est pas comme si toutes les orga de protection de la vie privée avaient prévenu que ce genre d'abus était inévitable. On en est plus à des petites notices "et au fait on vous filme oui c'est illégal mais on s'en tape" on en est à le faire sans en avoir rien à secouer et sans rien dire.
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" ces caméras scannent, au moment de l’achat, le visage de la personne pour estimer si celle-ci est mineure ou majeure"
Comment ces caméras peuvent-elles définir l'âge de quelqu'un?!
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Selon la base de données sur laquelle l'algorithme a été entraîné.
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J'ai du mal à voir la plus value du système, s'il n'est pas reconnu par le législateur et homologué par qui de droit.
Car en l'état, c'est une obligation de résultat, et non de moyens

Positif = lumière verte sur majeur --> OK
Négatif = lumière rouge sur mineur --> OK
Faux négatif = lumière rouge sur majeur --> carte d'identité --> OK
Faux positif = lumière verte sur mineur --> Hors la loi

Ça permet d'écrémer quelques cas, de légitimer la demande de carte d'identité (c'est pas moi, t'es toujours mon pote, mais là c'est le système qui veut), mais à moins que le système soit calibré sur 20 ans pour éliminer les faux positifs (et encore), il risque plus de créer de l'insécurité juridique qu'autre chose.
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C'est peut-être pour se dédouaner sur la machine, là où le contrôle d'une pièce d'identité est fait directement par le buraliste. "Si c'est l'algorithme qui le dit, et que vous n'êtes pas contents, adressez-vous à son créateur".
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C’est exactement ça.
« Ah tiens la machine estime que vous êtes peut être mineur(e). Ça ne vous dérange pas que je vérifie votre âge ? Comprenez : En cas de vente à un mineur je risque 750€ d’amende. »

Versus

« Vous êtes majeur(e) l? » avec un air suspicieux.
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Dans ce cas je peux leur vendre une caméra factice avec un détecteur de présence & une led rouge pour 20% de moins que le prix qu'ils paient actuellement :francais:
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Je doute qu'une caméra fasse mieux qu'un œil humain...

La CNIL s’intéresse aux caméras « augmentées » chez les buralistes

  • De potentiels « risques pour la protection des données personnelles »

  • Un projet pilote fin 2024

  • Pour la CNIL, ce « n’est pas anodin »

  • Caméras biométriques et augmentées, quelles différences ?

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