Dans un arrêté publié au Journal officiel le 20 décembre, le gouvernement a confirmé la fin du bouclier tarifaire à partir du 1ᵉʳ février 2025, avec une hausse des taxes. Néanmoins, selon Vie publique, « les consommateurs bénéficieront néanmoins d’une baisse du tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE), grâce à la baisse des prix sur les marchés de gros ».

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Première taxe en hausse : l’accise à 33,70 euros par MWh

Commençons par les hausses. La première concerne l’accise sur l’électricité (anciennement TICFE pour Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité). Elle « sera rétablie à son niveau d’avant la crise énergétique de 2022 », selon le site Vie publique.

Avec le bouclier tarifaire, elle avait été abaissée à son minimum en 2022 et 2023 (jusqu’au 1ᵉʳ février 2024 précisément) : 0,10 centime par KWh pour les particuliers… Un montant à comparer aux 3,2 centimes par KWh d’avant 2022 (soit 30x plus). L’accise a grimpé à 2,1 centimes par KWh au 1ᵉʳ février 2024. Le mois prochain, elle sera de 3,37 centimes par KWh.

« Ces niveaux, légèrement supérieurs à ceux d’avant 2022, s’expliquent par l’indexation de l’accise sur l’inflation à partir de l'année 2025 », précise le site de Vie Publique. Celui-ci précise qu’une hausse avait été envisagée par le gouvernement de Michel Barnier, avant d’être abandonnée. Avant 2022, nous étions pour rappel à 3,2 centimes (et donc proche des 3,37 centimes actuels), mais la hausse par rapport à l’année dernière est conséquente avec plus de 50 % d’augmentation.

Deuxième hausse : le Turpe, avec 7,7 % de plus

Toujours du côté des hausses, le Turpe (Tarif d'utilisation des réseaux électriques publics d'électricité) va aussi augmenter le 1ᵉʳ février 2025 (pour la période 2025 à 2028). Dans un communiqué de la semaine dernière, la CRE (Commission de régulation de l'énergie) explique qu’elle a transmis « pour avis au Conseil supérieur de l’énergie (CSE) l’évolution prévue au 1er février 2025, à savoir une augmentation de 7,7 % du tarif de distribution (incluant l’augmentation de 9,6% du tarif de transport) ». Elle ajoute qu’elle ne prévoit pas d’autres augmentations en 2025.

La Commission précise que ces augmentations seront intégrées au calcul des tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE) qui changeront au 1ᵉʳ février. Un calendrier chamboulé par rapport aux années précédentes.

En effet, les ajustements ont normalement lieu le 1ᵉʳ aout : « les prix de gros de l’électricité pour l’année 2025 sont en très forte baisse par rapport à 2024 et les consommateurs aux tarifs réglementés de vente (environ 20,6 millions de clients résidentiels) ou en offres de marché indexées sur ceux-ci (environ 4 millions de clients résidentiels) verront le prix de leur électricité diminuer au 1er février. Faire intervenir l’évolution du TURPE à cette date plutôt qu’au 1er août permettra d’éviter des mouvements de sens opposés à 6 mois d’intervalle pour ces clients tout en leur garantissant une baisse nette significative en février », explique la CRE.

L’augmentation du Turpe peut donc passer inaperçue côté client, qui ne verra finalement qu’une baisse globale de sa facture. Si la date du 1ᵉʳ aout était conservée, la baisse en février aurait été plus importante, mais avec une hausse quelques mois plus tard. C’est aussi une manière d’éviter une colère des clients cet été.

Le Turpe représente « 20 à 30% d’une facture d’électricité TTC »

La Commission ajoute que, pour un client résidentiel, le Turpe « représente actuellement environ 0,06 €/kWh HT, soit de 20 à 30 % d’une facture d’électricité TTC moyenne, en fonction du prix de l’électricité ». Ce n’est donc pas négligeable de le voir bondir de près de 8 %.

L’augmentation du Turpe est calculé en tenant compte de « l’apurement des comptes de régularisation des charges et des produits (CRCP) de Enedis (distribution) et de RTE (transport) », sur la période 2021 à 2024. La CRE explique qu’il « existe des montants très importants de charges à rembourser à RTE (523,6
millions d’euros) et à Enedis (2,341 milliards d’euros), dernières conséquences de la crise ».

Deux facteurs entrent en compte : l’envolée des prix de gros de l’électricité sur cette période de crise énergétique et la baisse de la consommation « due à la hausse des prix et aux efforts de sobriété ».

Voici les nouveaux tarifs réglementés (Base, HC/HP et Tempo)

Alors que la Commission prévoyait une « baisse de l’ordre de - 14 % », elle vient de publier sa délibération et c’est finalement un peu plus que prévu avec 15 % TTC de moins pour les tarifs bleus résidentiels, soit 42,18 euros TTC de moins par MWh, qui passe ainsi à 239 euros TTC. La baisse HT est de 22,61 %, soit 48 euros HT par MWh.

Voici les nouveaux tarifs proposés par la CRE, qui doivent encore être validés par une publication au Journal officiel d'ici à la fin du mois pour entrer en vigueur au 1ᵉʳ février 2025 :

Tarif bleu de Base :

• 6 kVA : 134,16 euros HT par an d’abonnement au lieu de 123,72 euros HT
• 9 kVA : 167,88 euros HT par an d’abonnement au lieu de 154,08 euros HT
  • kWh : 13,43 centimes HT au lieu 18,87 centimes HT.

Tarif bleu Heures Creuses et Heures Pleines (HC/HP) :

• 6 kVA : 137,76 euros HT par an d’abonnement au lieu de 128,40 euros HT
• 9 kVA : 172,80 euros HT par an d’abonnement au lieu de 161,40 euros HT
  • 10,76 centimes HT en heures creuses au lieu de 15,13 centimes HT
  • 14,51 centimes HT en heures pleines au lieu de 20,40 centimes HT

Tarif bleu Tempo :

• 6 kVA : 137,04 euros HT par an d’abonnement au lieu de 127,80 euros HT
• 9 kVA : 169,92 euros HT par an d’abonnement au lieu de 158,28 euros HT
  • Bleu
    • 7,36 centimes HT en heures creuses au lieu de 8,70 centimes HT
    • 9,56 centimes HT en heures pleines au lieu de 11,31 centimes HT
  • Blanc :
    • 8,69 centimes HT en heures creuses au lieu de 10,28 centimes HT
    • 11,56 centimes HT en heures pleines au lieu de 13,68 centimes HT
  • Rouge :
    • 9,28 centimes HT en heures creuses au lieu de 10,97 centimes HT
    • 51,51 centimes HT en heures pleines au lieu de 60,92 centimes HT

On peut voir que le prix HT du kWh baisse de près de 29 % sur les tarifs de bases et HC/HP, contre 15 % seulement en moyenne sur Tempo. L’abonnement est par contre en hausse de 7/8 %, quelle que soit la formule choisie. Pour en savoir plus sur le fonctionnement de Tempo et tester avec un outil maison si l’offre est intéressante pour vous, nous avons développé un outil maison :

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La CRE annonce pour rappel une baisse moyenne de 22,61 % HT sur les tarifs bleus résidentiels (15 % TTC). Nous reviendrons sur les détails des changements tarifaires dans une prochaine actualité.

Une baisse après des années de hausses

En 2023, la facture annuelle moyenne des clients a connu une forte hausse en 2023, selon l’observatoire des marchés de la CRE, qui remonte à mi-2018.

Deux scénarios sont proposés : un client à 6 kVA et une consommation de 2 400 KWh sur le premier tableau, un autre à 9 kVA avec une consommation de 8 500 KWh (54 % en heures pleines, 46 % heures creuses) sur le second tableau. Dans les deux cas, la hausse moyenne de la facture est aux alentours de 50 %.

Une baisse moyenne de 190 euros TTC par an pour les clients TRVE…

Selon la CRE, au 30 septembre 2024, 20,4 millions de clients résidentiels ont un contrat aux TRVE (tarifs bleus, réglementés) : « La consommation moyenne du portefeuille TRVE est de 4,4 MWh par an pour les clients résidentiels. Leur facture moyenne TTC passe donc de 1 240 euros TTC/an à 1 050 euros TTC/an environ, soit une baisse de l’ordre de 190 euros TTC/an ».

Sur les 20 millions, on retrouve plus de 10 millions sur l’offre de base et environ 9 millions en HC/HP. Le reste (aux alentours d’un million) correspond aux clients Tempo et EJP (cette offre n’est plus commercialisée, mais les anciens clients peuvent la conserver).

La CRE rappelle à toutes fins utiles que les clients sur des offres de marché « ont généralement d’ores et déjà bénéficié de la baisse des prix de marché depuis plusieurs mois, ce qui leur permet d’avoir aujourd’hui un contrat largement en dessous des TRVE ».

… mais une hausse à prévoir pour d’autres

Néanmoins, la plupart « d’entre eux pourraient donc voir leur facture augmenter avec les hausses du Turpe et des taxes, selon leur contrat et la politique commerciale de leur fournisseur, réduisant de fait l’écart avec le TRVE ». C’est ce que nous expliquions précédemment.

Pour la Commission, il « reste un espace économique permettant aux fournisseurs alternatifs de continuer à proposer des offres concurrentielles vis-à-vis du TRVE ». Elle ajoute enfin que les fournisseurs proposant des tarifs réglementés ou indexés « ont vocation à répercuter ces évolutions rapidement dans la facture ».

Extinction de certaines offres de bases

Dans son communiqué, la CRE propose « la mise en extinction progressive de l’option base pour les puissances souscrites entre 9 et 15 kVA ». Selon ses estimations, « ces consommateurs possèdent des usages électriques (par exemple chauffe-eau électrique) leur permettant de répondre à un signal tarifaire » et donc de profiter des heures creuses afin de réduire leur facture.

La Commission propose donc que les nouveaux clients ou ceux qui déménageant « ne pourront plus souscrire cette option, à compter du 1^er février. Ils seront alors orientés vers une option HP/HC ». Les anciens clients sont maintenus.

Quelle est la répartition du prix de l’électricité

Dans le détail de la répartition du prix de l’électricité, la fourniture de l’électricité représente 54 % du montant global. Elle représente les coûts d’approvisionnement (les coûts auxquels le fournisseur achète l’électricité), les coûts de vente, du service client ainsi que la marge du fournisseur. « C’est le seul élément du prix de l'électricité qui peut varier d’un fournisseur d'énergie à un autre », rappelle EDF.

Le reste, ce sont des taxes. L’accise représente 7 %, le Turpe 22 %, mais aussi la TVA à 15 % et la Contribution Tarifaire d'Acheminement (CTA) à 2 %. 54 + 7 + 22 + 15 + 2 = 100 % le compte est bon. C’était du moins la répartition avec les chiffres actualisés au 1er février 2024.

Ces changements sont mis en place d’office pour l’ensemble des clients chez tous les fournisseurs, sauf si ces derniers en décident autrement. Les abonnements à prix fixes sont en général HTT pour Hors Toutes Taxes, c’est-à-dire que le prix fixe ne concerne que l’abonnement et le kWh.

Les changements sur les taxes (qui peuvent représenter jusqu’à 46 %) sont répercutés, ce qui explique que la CRE prévient d’une hausse possible pour des clients sur des offres de marché.