Câbles endommagés dans la mer Baltique : quels impacts sur Internet ?
Touché, pas coulé, déconnecté
Alors que l'Allemagne, la Finlande, la Suède et le Danemark ont évoqué la possibilité d'un sabotage sur les câbles C-Lion1 et BCS East-West situés en mer Baltique, on peut se poser la question de l'incidence de ce genre de problème sur le trafic Internet. Des données et analyses partagées par le registre Internet régional RIPE NCC ainsi que par Cloudflare donnent quelques pistes.
Le 21 novembre à 17h27
5 min
Internet
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Dimanche et lundi, comme nous l'avons rapporté, deux incidents sur des câbles sous-marins ont été détectés en mer Baltique.
L'enquête sur les causes et responsabilités commence tout juste, mais un bateau chinois, le Yi Peng 3, a été arraisonné par la Marine danoise. Néanmoins, les responsables politiques de l'Allemagne, la Finlande, la Suède et le Danemark n'ont pas attendu pour faire des déclarations évoquant un éventuel sabotage.
Mette Frederiksen, la Première ministre danoise, a par exemple affirmé à l’agence de presse Ritzau qu' « il y a un risque d’attaques hybrides, de cyberattaques et d’attaques contre les infrastructures essentielles ».
De son côté, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que « la Chine a toujours rempli pleinement ses obligations en tant qu’État du pavillon et exige des navires chinois qu’ils respectent scrupuleusement les lois et les réglementations en vigueur ».
Si les raisons ne sont pas encore établies, on peut commencer à regarder les conséquences de ce double incident sur le trafic Internet dans la région.
RIPE Atlas, un réseau de sondes d'observation
Le registre Internet régional RIPE NCC a publié une première analyse basée sur son réseau de sondes RIPE Atlas, tout en précisant que les résultats sont encore préliminaires. Comme l'explique Stéphane Bortzmeyer dans un récent article de l'Afnic, ces sondes forment « le plus grand réseau d’observation de l’Internet » et « permettent à tous et toutes de regarder si ça marche ».
Pour les quatre pays concernés, on peut voir ci-dessous les différentes sondes cartographiées par le RIPE NCC :
Quelques latences, mais quasiment pas de pertes de paquets
Pour le câble BCS East-West, dans l'analyse des données de ses sondes dans l'intervalle de temps entre 12 heures avant et 12 heures après l'incident, le RIPE NCC a pu observer des décalages de latence coïncidant avec l'heure de l'incident signalée par certains. Il a donc cherché à savoir quels taux de trajets étaient affectés.
« Nous constatons que 80 % des trajets [...] ne présentent pas de différence de latence significative, tandis que les 20 % restants ont subi une augmentation de la latence », explique le registre Internet régional. Il ajoute que « les 10 % de chemins présentant la plus grande différence de latence enregistrent une augmentation comprise entre 10 et 20 ms ».
En analysant la perte de paquets, toujours avec ses sondes, RIPE NCC observe qu'il n'y en a globalement pas, même si des pics occasionnels sont relevés. « Mais l'observation la plus frappante est qu'il n'y a pas d'augmentation de la perte de paquets coïncidant avec l'heure de la coupure du câble », s'étonne-t-il.
Concernant C-Lion1, le RIPE NCC a aussi pu observer des décalages de latence qui correspondent à l'heure d'incident envisagée. Pour ce câble, il constate « qu'environ 70 % des chemins n'ont pas de différence de latence [...], ce qui signifie qu'environ 30 % en ont ». Il précise que « 20 % des chemins présentent des augmentations de latence de 5 ms ou plus ».
Ici, s'agissant de la perte d'informations transmises, le RIPE NCC constate « une perte de paquets de 0,5 % à 1,0 % pendant la majeure partie de cette période ». Par contre, « l'heure de l'événement (02:00 UTC) n'est pas particulièrement visible » dans ces données, s'étonne-t-il, « cela indique que l'événement n'a pas provoqué de perte de paquets supplémentaire, du moins pas pour cette mesure que nous pouvons extraire ».
Le registre Internet régional conclut que ce résultat « indique la résilience de l'internet dans la mesure où nous la mesurons avec les ancres RIPE Atlas [...]. Cela suggère que, dans la région de la Baltique, l'internet a réussi à contourner les dommages survenus ».
CloudFlare rassurant aussi
De son côté, CloudFlare a publié un billet de blog qui s'appuie sur les données échangées entre ses clients et les internautes. Pour l'entreprise de sécurisation de trafic internet, les « deux récentes coupures de câbles survenues dans la mer Baltique n'ont eu que peu ou pas d'impact observable sur les pays concernés, comme nous l'expliquons ci-dessous, en grande partie en raison de la redondance et de la résilience significatives de l'infrastructure Internet en Europe ».
Sur le câble BCS East-West, CloudFlare explique ne pas avoir observé « d'impact apparent sur les volumes de trafic dans les deux pays au moment où les câbles ont été endommagés » entre ses clients et les utilisateurs. Il en est de même à propos du lien C-Lion1 : « il n'y a pas eu d'impact apparent sur les volumes de trafic dans les deux pays au moment où les câbles ont été endommagés ».
Câbles endommagés dans la mer Baltique : quels impacts sur Internet ?
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RIPE Atlas, un réseau de sondes d'observation
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Quelques latences, mais quasiment pas de pertes de paquets
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CloudFlare rassurant aussi
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 21/11/2024 à 17h44
Le 21/11/2024 à 19h26
Le 21/11/2024 à 19h49
Le 21/11/2024 à 20h12
Pour le capitaine russe, c'est une info du journal allemand Bild.
Le 21/11/2024 à 21h54
Bluesky
Modifié le 22/11/2024 à 23h40
Étant abonné à un grand quotidien national, je lis régulièrement, en fait quasiment tout le temps du bon troll russe...
Si je dois contredire un de ces commentaires, avant je passe un peu de temps à vérifier l'info sur internet histoire d'argumenter un minimum.
Sinon vous avez internet à la maison?
Car cette info du capitaine russe aux commandes de ce navire chinois qui avait fait escale en Russie juste avant a été publiée par de nombreux journaux.
Vous auriez pu faire un minimum d'effort (allez genre 1min) de recherche avant de commenter avec une réponse aussi ras-des-Pâquerettes qui ne vaut strictement RIEN...
Il y a quand même un peu l'odeur du troll moisi sino-russe qui flotte par ici...
Le 21/11/2024 à 20h40
Le 21/11/2024 à 22h18
Le 22/11/2024 à 09h29
D'où les commentaires des pays concernés.
Modifié le 22/11/2024 à 23h53
Et pour les 2 fois, la position de ce navire a été notifiée exactement à la verticale de ces
2 câbles au moment même où la coupure a été détectée
Les navires sont équipés de transpondeurs maritimes (radars secondaires). Oui on peut les couper, mais là c'est très dangereux niveau navigation et collision et si on le coupe genre 12h, intervalle de temps où les câbles ont été arrachés... ça ne le fait pas non plus...
Et puis il y a aussi les radars primaires, et vu la faible largeur du détroit, donc la faible courbure terrestre, tout navire doit être repérable même sans qu'ils le veulent.
(+ les satellites...)
Bref,
- sectionner des câbles par des nageurs de combat de nuit et 55m de profondeur, c'est pas trop trop difficile , et bien, ça passe discret.
- arracher des câbles à l'ancre avec un navire de 220m de long, ça passe beaucoup moins discrètement et surtout quand on le fait 2 fois de suite en 12h d'intervalle.
Le 22/11/2024 à 09h41
Modifié le 22/11/2024 à 11h08
Mais en contrepartie, d'autres câbles sous-marins, sur lesquelles les routes alternatives ont été empreintées, eux, ont vu leur bande-passante augmenter (temporairement, jusqu'à ce que les câbles soient réparés), ce qui a d'autres impacts sur la planification à long terme de la croissance des capacités.
Le 22/11/2024 à 12h11
Le 22/11/2024 à 15h04
Oui, mais le jour où il y a un accident, des travaux et que la route est coupée, bah plus personne ne peut aller d'une ville à l'autre.
Ici c'est pareil. C-Lion1 est comme une autoroute. Il peut faire transiter beaucoup de trafic. Mais s'il est coupé, bah on peut toujours prendre les nombreuses routes de campagnes qu'il y a autour (les câbles de bien moindre dimension) pour quand même arriver à destination
Modifié le 23/11/2024 à 00h04
ARPANET ayant servi de base pour créer un projet suivant, civil cette fois-ci, qui s'appellera INTERNET, quand la DARPA a ouvert ce projet non plus seulement pour une utilisation strictement militaire.
La photo d'illustration de la page Wiki sur le projet ARPANET est collector !!
Le 23/11/2024 à 00h41
(A part faire chier son monde)
Le 23/11/2024 à 07h31
Oui je crois que tu as mis le doigt sur une des raisons qui explique beaucoup de choses...
Le 25/11/2024 à 09h11
- vérifier si le câble est facilement sectionnable (par ex. avec une ancre) en vue d'un prochain sabotage plus massif
- vérifier la qualité de la redondance en vue d'un prochain sabotage plus "agressif"
- vérifier le temps nécessaire à la réparation dans cette zone particulière
- faire diversion pour focaliser l'attention sur les deux câbles, pendant qu'on fait autre chose
- avoir une taupe dans l'équipe de réparation qui va installer un dispositif pour écouter le trafic (ouais, cette justification est un peu capillotractée dans le cas présent, car il faudrait faire sortir un trafic très important par un autre moyen aux capacités plus ou moins équivalentes) ou pour le perturber à distance (plus faisable) sans avoir à couper le câble.
Et il y a sûrement d'autres explications qui pourraient être plus ou moins tordues, mais pas inimaginable pour un acteur étatique.
Le 25/11/2024 à 11h30
Le 25/11/2024 à 10h25
Ça marche trop bien (réellement pour la RU, ironiquement pour nous) : la Russie utilise des armes de tous types en Ukraine, sur les civils aussi bien que sur les soldats; ils impliquent des armes iraniennes et NK, des hommes NK, et sabotent et fomentent des attentats dans les pays européens, mais attention, ne bougeons pas un doigt, il faut éviter l'escalade et la troisième guerre mondiale.