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Des peines de quatre à dix-huit mois de prison pour les cyberharceleurs de Magali Berdah

dont 14 condamnations à de la prison ferme

Des peines de quatre à dix-huit mois de prison pour les cyberharceleurs de Magali Berdah

28 personnes ont été condamnées à des peines de quatre à dix-huit mois de prison, dont la moitié avec sursis, pour avoir participé au cyberharcèlement de la dirigeante d'agence d’influenceurs Magali Berdah.

Le 20 mars à 13h27

Douze mois de prison ferme. C’est la peine la plus lourde jamais prononcée dans une affaire de cyberharcèlement en France, et l’une de celles prononcées ce 19 mars contre vingt-huit des cyberharceleurs de la dirigeante d’agence d’influenceurs Magali Berdah. Quatorze ont écopé de peines de prison avec sursis, les quatorze autres ont été condamnés à des peines de prison ferme (aménageables, car ne dépassant pas 1 an, ndlr).

Un nombre et une sévérité de peines « inédits, déclare son avocate Rachel-Flore Pardo à Next, qui montre que la justice française prend conscience de l’ampleur et de la gravité des questions de cyberharcèlement ».

Lors des audiences qui se sont tenues entre novembre 2023 et janvier 2024, la moitié des prévenus ne s'étaient pas présentés devant la cour. Dans la salle, ce 19 mars, seul l’un d'entre eux était présent, rapporte Mediapart. Et ce, alors que les avocats de Magali Berdah avaient par ailleurs comptabilisé plus de 100 000 messages insultants et menaçants.

Dizaines de milliers de messages d'insultes

« Sale chienne », « tu mérites d’être décapitée et lapidée » : voilà le type de messages envoyés à l’entrepreneure de 42 ans, quelquefois accompagnés de menaces de mort, souvent avec des connotations sexistes ou antisémites.

Âgés de 20 à 49 ans, les 28 prévenus sont aussi condamnés à des amendes de 300 à 700 euros, à suivre un stage de citoyenneté, et à verser solidairement 54 000 euros à la victime au titre de son préjudice moral. Ils sont par ailleurs interdits d’entrer en contact avec elle pendant deux ans, y compris via les réseaux sociaux.

Comme le rapporte BFM, ces personnes sont derrière une partie des soixante profils utilisateurs identifiés par les enquêteurs, et pour lesquels Twitter et Instagram ont fourni les adresses IP suite à une réquisition judiciaire.

Les peines s’échelonnent de 4 à dix-huit mois de prison, avec sursis dans la moitié des cas. Selon le tribunal, il a été « démontré » que chacun des prévenus « a eu connaissance du cyber-harcèlement subi par la victime et a fait le choix de s’inscrire sciemment dans celui-ci ».

Il a par ailleurs rappelé les « répercussions réelles » de ce type d’attaques en meute sur la santé mentale de la victime. Auprès du tribunal, cette dernière a déclaré s’être retrouvée « à deux doigts de [se] jeter par la fenêtre ». Auprès de Next, Rachel-Flore Pardo rappelle l’ampleur de la violence qui s’est déversée sur sa cliente en ligne, « amplifié par le traitement médiatique que l’affaire a reçu ».

Interrogés par Mediapart, les avocats de Magali Berdah indiquent en effet que le juge a « mis en avant le rôle de la presse dans l’affaire, qui – à quelques très rares exceptions près – présentait Booba comme le chevalier blanc de la lutte contre les dérives de l’influence, passant rapidement sur ses méthodes, voire les légitimant », ce qui aurait « décuplé l’effet du cyberharcèlement ».

« Dans les interrogatoires de police, une très grande partie des 28 ont reconnu qu’ils en étaient arrivés à ça en suivant Booba sur les réseaux sociaux », précise Magali Berdah. « Ils disent tous s’être fait emporter, certains se sont excusés le jour de l’audience. »

Rôle de Booba en question

Selon l’Agence France-Presse (AFP), la plupart des prévenus ont déclaré avoir agi pour reprocher à Magali Berdah les pratiques commerciales trompeuses qu’elle aurait commis par l’intermédiaire de sa société Shauna Events. Le rappeur Booba, qui s’attaque depuis 2022 à ceux qu’il qualifie d’ « influvoleurs », a été cité 280 fois dans le jugement.

Le rappeur est d’ailleurs mis en cause dans le dossier, dans une procédure distincte : il a été mis en examen pour « harcèlement moral aggravé » et placé sous contrôle judiciaire. Selon des éléments consultés par l’AFP, la justice le soupçonne d’avoir publié sur les réseaux sociaux au moins 487 messages visant « directement » Magali Berdah entre mai 2022 et mai 2023.

L’avocate de cette dernière, par ailleurs cofondatrice de l’association féministe de lutte contre le cybersexisme et les cyberviolences sexistes et sexuelle #StopFisha, souligne qu’à l’heure actuelle, ce dernier peut toujours utiliser son compte Twitter. Elle pointe un paradoxe : « À ce stade de l’instruction, un juge peut prendre toutes sortes de mesures judiciaires s’il l’estime nécessaire. Il peut même placer un prévenu en détention provisoire. En revanche, il lui reste impossible d’empêcher un internaute d’utiliser le réseau social par lequel il provoque du harcèlement. »

Magali Berdah doit elle-même être jugée en septembre pour banqueroute et blanchiment – des faits antérieurs à la création de sa société Shauna Events. Cette dernière fait l’objet d’une enquête préliminaire pour escroquerie. Comme le rappelle Rachel-Flore Pardo, rien ne saurait justifier un quelconque cyberharcèlement.

Le 20 mars à 13h27

Commentaires (16)

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Merci pour cet article. Et merci à la justice. Ça fait du bien de voir rétablir les responsabilités des uns et des autres. Mais je regrette l'emballement des médias qui mériterait un mea culpa ou des excuses.
Un cas d'école en matière de cyber harcèlement, avec l'affaire qui a touché Nadia Daam en 2017-2018.
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Et cela serait bien qu'on ait le même genre de dénoument pour Marie Peltier qui subit depuis plusieurs années du cyberharcèlement (avec menaces de viol), provenant des milieux complotistes et "zététique", entre autres.
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""zététique", entre autres"

MP se cyberharcèle toute seule en ce qui concerne les zététiciens.

Qui c'est qui accuse les autres de poster des photos de gamins sur des sites porno? Lamy avec le soutient de MP.

Y'a un moment donné, quand on raconte n'importe quoi, et qu'on se fait corriger, c'est pas du cyberharcèlement, c'est juste...qu'on se fait corriger.

Mais MP n'accepte pas les critiques, et bloque tout le monde, même quand on l'interpelle poliment. Donc je vais pas la plaindre, excepté pour le cyberharcèlement de l'extrême droite, qui est réel.
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"Comme le rappelle Rachel-Flore Pardon, rien ne saurait justifier un quelconque cyberharcèlement."

Les accusés pourront donner les explications qu'ils veulent, la conclusion de l'article s'impose d'elle-même.

Le role de certains médias qui sont en quête permanente de buzz pour attirer les "lecteurs/auditeurs/internautes" est aussi à souligner.
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De manière plus générale, en France, on ne fait pas justice soit-même.
Maintenant, il serait de bon ton que la Justice ai les moyens humains et financiers d'être plus efficace (exemple simple : les divorces qui prennent plusieurs années à être prononcés alors que ce ne sont pas les cas les plus "graves").
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Le problème, c'est que ceux qui se sont fait volé via les "mensonges marketing" ne seront jamais remboursé.

Berdah ne remboursera jamais personne et n'ira pas en taule (je parle de prison ferme) non plus. Et comme à chaque fois dans les délit financier, les prunes sont inférieures au benef... ça n'incite donc même pas les autres à ne pas faire pareil.

Quand la justice met 10 ans à juger un acte, et qu'à la fin, la punition est anecdotique, bah faut pas s’étonner de voir les gens s'énerver.

Quant à Booba, que je n’apprécie pas particulièrement, il à au moins le mérite de faire le boulot que tous ces journaleux, plus ou moins proche de Boloré et Cie, ne font pas...

Alors au fond je comprends que la justice doit prendre son temps, analyser, etc... mais beaucoup ont bien compris comment mettre cette lenteur à leur profit. Le but n'est plus de faire un délit sans se faire chopper, mais de faire un délit suffisamment longtemps sous le radar, pour que le benef soit supérieur au coût.

1 ou 2 ans dans 3m² avec des pâtes à bouffer matin et soir, interdiction de parler et de visite, ça en calmerait peut-être certain.
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Un rapport avec le cyberharcèlement?
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Je suppose que l'idée sous-jacente de ForceRouge est "le harcèlement c'est moche mais dans le cas d'espèce vu le passif de la victime j'ai pas trop envie de la plaindre" ?

Perso je n'ai d'avis ni sur l'une ni sur l'autre, j'attendrai que les enquêteurs achèvent leur taff pour savoir si et dans quelle mesure la miss serait réellement une escroc.

En revanche si c'est top que la justice ait condamné à des peines de prison, 12 mois de prison ferme me paraît plus qu'excessif. À moins que le profil de(s) personne(s) concernée(s) ait révélé une totale absence de compréhension des faits ou de remords.

Je soupçonne que pour la plupart rien que le fait de concrètement se retrouver devant un juge leur aura mis un "reality check" en mode "grosse baffe dans ta gueule" et qu'une peine de prison ferme d'un mois aurait laaaaargement suffi pour l'effet médiatique.
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Quelque soit ce qu'elle a fait, le comportement de Booba est inacceptable. Ce genre de comportement de chef de meute (et de la meute qui suit) est probablement le comportement qui me révulse le plus chez l'Humain.
Des gens qui cherchent à gruger ou contourner les règles pour leur bénef, c'est le lieu commun de toute société, et bien sûr il faut savoir limiter ça.
Mais la capacité d'une société à laisser ou pas des types comme Booba nuire a des conséquences bien plus graves. Il y a vraiment des sociétés qui tolèrent ça et d'autres non, et ça a un impact profond sur la structure même de la société.

Le cas extrême c'est l'Inde, où lors d'un accident de voiture, le chauffeur est souvent lynché à mort par la foule.
Si la réaction du reste de la population est de dire " j'ai pas trop envie de plaindre le chauffeur" ou "Perso je n'ai d'avis ni sur l'une ni sur l'autre, j'attendrai que les enquêteurs achèvent leur taff pour savoir" c'est qu'on accepte ça.
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D'accord avec toi sur le fond relativement au harcèlement.

Après le mieux pour éviter ces comportements, c'est plutôt d'agir pour en retirer la cause à savoir commencer par donner les moyens à la justice de condamner les escrocs et les "meneurs de meute" comme tu dis.

Mieux vaut traiter la cause que les effets.

En revanche...
"Le cas extrême c'est l'Inde, où lors d'un accident de voiture, le chauffeur est souvent lynché à mort par la foule.
Si la réaction du reste de la population est de dire " j'ai pas trop envie de plaindre le chauffeur" ou "Perso je n'ai d'avis ni sur l'une ni sur l'autre, j'attendrai que les enquêteurs achèvent leur taff pour savoir" c'est qu'on accepte ça."

Vas te faire foutre. Ce genre de glissement en mode loupe ultra déformante / parallèles ultra foireux (harcèlement à travers des outils que tu peux couper, au même niveau qu'un lynchage provoquant la mort, très intelligent dis donc) avec jugement derrière c'est juste un comportement dégueulasse. Bisous.
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Si tu ne sais pas voir que c'est la même chose, et que ce genre de harcèlement mène à de la violence dans le monde réel c'est que tu n'as pas compris grand chose au sujet. Non, on ne peut pas "couper ça" et non ça ne se limite pas au numérique, c'est une continuité.

Je ne te souhaite pas d'aller te faire foutre mais de t'éduquer pour comprendre ce genre de mécanique, mais aussi pour savoir t'exprimer sans insulter ton interlocuteur.
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"Je suppose que l'idée sous-jacente de ForceRouge est "le harcèlement c'est moche mais dans le cas d'espèce vu le passif de la victime j'ai pas trop envie de la plaindre" ?"

C'est ce que j'ai voulu dire.
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oh bah tiens, je croyais que les gens sur internet étaient tous anonymes et qu'il fallait absolument des lois pour les forcer à utiliser leurs vrais noms/prénoms sur internet...
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@Flock ou pas le dessin ? Si oui, pas trouvé la signature.
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C'est bien moi. Il n'y en a pas sur celle-ci, simple oubli :-)
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Combien de personnes se font cyber-harceler constamment, sans la moindre défense ? C'est quand même dommage que ce soit la cheffe de bande d'escrocs qui, étonnamment (l'argent y serait pour quelque chose ? Non, bien sûr, la justice est la même pour toutes et tous !), bénéficie aussi rapidement de cette décision (totalement légitime par ailleurs).
En quoi cyber-harceler est plus (ou moins) grave qu'escroquer des gens ? Ce petit monde nauséabond est-il vraiment inquiété depuis Dubaï ? Donc en retour, il serait juste de condamner ces gens-là.

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