Facebook veut (encore) réduire le « clickbait » : la difficile lutte pour la qualité du contenu
On peut écrire n'importe quoi, mais pas n'importe quel titre
Le 05 août 2016 à 09h00
6 min
Internet
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Facebook vient d'indiquer qu'il allait renforcer sa lutte contre les titres racoleurs. Une avancée intéressante, mais qui ne va pas forcément au bout de la démarche. De quoi illustrer la difficulté de privilégier le contenu de qualité à l'heure de la viralité sociale.
Facebook et Google ont un point commun : ils veulent user de leurs fameux algorithmes pour faire remonter en priorité le contenu dit « de qualité ». Mais dans les deux cas, si les sociétés multiplient les annonces concernant leurs intentions, elles peinent parfois à convaincre lors de la mise en œuvre.
La qualité du contenu, une vieille bataille de Google
En la matière, Google a multiplié ses efforts ces dernières années. Et si la société a été plus rapide à évincer les concurrents de son service Shopping qu'à faire le grand ménage dans les contenus renvoyés par ses résultats de recherche, force est de constater que le bilan est plutôt positif.
Bien entendu, il reste du travail, et des requêtes comme « Orlando Bloom » ces derniers jours montrent bien que le chemin est encore long (autant du côté des éditeurs que des moteurs), mais il devient de plus en plus rare de tomber sur des résultats issus de fermes de contenus qui avaient pourtant le vent en poupe il y a quelques années.
On se demande par contre où sont passés les engagements concernant le fait de mettre en retrait des sites qui abusent des pratiques publicitaires (voir ici ou là), tant sur le mobile que sur ordinateur, alors que ceux qui se retrouvent en première page sont parfois des spécialistes en la matière (Google en tête).
Du côté de géant de Mountain View, le travail semble désormais plus se situer au niveau de la transparence de ses critères qui posent parfois question sur la fraîcheur des résultats, et sur la lutte contre les médias qui trichent un peu avec les règles, notamment du côté de Google News.
Dans le cas des sites de presse, on regrettera d'ailleurs que ce soit souvent le dernier à reprendre une information qui soit mis en avant, ce qui incite les médias à jouer du SEO en exploitant le contenu des autres, plutôt qu'à en être à l'origine. Ce qui pénalise notamment les médias d'investigation.
Facebook et le « clickbait » : je t'aime, moi non plus
De son côté, Facebook a aussi multiplié les annonces ces dernières années, de manière parfois assez contradictoire. Si le réseau social met désormais en avant ses « valeurs », on a par le passé eu droit à de multiples retouches pour mettre en avant tantôt le contenu des proches, tantôt celui qui va largement être partagé, tantôt le temps de lecture et la diversité, puis les vidéos en direct sont arrivées avec une mise en avant spécifique.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, un autre critère est entré en ligne de compte, la lutte contre les contenus « clickbait ». Comprendre : ceux qui ont un titre franchement racoleur afin d'attirer l'internaute qui a le plus souvent la faiblesse de se laisser appâter par de si vils procédés.
Cela a d'ailleurs été l'un des moteurs de croissance dans le domaine de la presse, et nombre de sites se sont mis à proposer des contenus « efficaces » aux titres parfois douteux afin d'attirer des visiteurs qui passent de plus en plus de temps sur Facebook et sur leur appareil mobile. De quoi largement doper les audiences, et leur besoin d'une croissance perpétuelle, quitte à dépendre du réseau social dans des proportions parfois énormes.
Certains sites sont même nés de cette tendance de Facebook à privilégier le contenu « socialement efficace », le réseau social facilitant leur expansion au niveau mondial malgré les mises à jour de son algorithme. Dernière tendance du moment, puisque la vidéo est le « focus » principal des équipes de Mark Zuckerberg : les vidéos de cuisine.
2016 : Facebook découvre qu'il peut analyser les titres
Aujourd'hui, une nouvelle annonce vient d'être faite : la lutte contre le « clickbait » va se renforcer. « Les gens nous ont dit qu'ils préféraient voir des histoires authentiques [...] et qu'ils veulent voir moins de contenus avec des titres clickbait. Ceux-ci laissent volontairement de côté les informations cruciales ou qui trompent l'utilisateur, le forçant à cliquer afin d'obtenir la réponse » précise le billet de blog.
La stratégie a ainsi été affinée par rapport à la mise à jour de 2014. Celle-ci se focalisait en effet sur la capacité qu'avaient les utilisateurs à cliquer sur un lien puis à en repartir rapidement. Mais de l'aveu même de Facebook (qui aura mis deux ans à s'en apercevoir), cela n'a pas été assez efficace.
Ainsi, c'est désormais la construction même des phrases qui sera analysée. Pour cela, des dizaines de milliers de titres ont été catégorisés afin d'identifier ceux qui posent souci et construire un système qui se veut proche de celui des filtres anti-spam. Désormais, les publications de ce genre seront identifiées, ainsi que les domaines des sites et pages qui en abusent. Ceux-ci seront pénalisés et apparaîtront moins dans le fil d'actualité. Si le comportement change, cette pénalité sera levée.
La lutte contre le clickbait doit-elle s'arrêter aux titres ?
On regrettera tout de même deux éléments : le premier concerne l'information des administrateurs de page. Rien n'indique en effet qu'ils seront avertis de la mise en place d'une pénalité. Une interface comme le Business Manager pourrait pourtant être idéale pour cela. Ils verront simplement leurs statistiques s'effondrer et n'auront qu'à se référer aux règles de Facebook. Mais dans le cas d'un faux positif, comment savoir d'où vient le problème ?
Le second point est celui de la focalisation sur les titres. En effet, l'important pour Facebook ne semble pas être la qualité du contenu ou l'intérêt de celui-ci, comme on avait pu le voir dans le cas de Google qui avait décidé d'analyser les pages dans leur ensemble, mais bien sa façon d'être présenté.
Ainsi, un article qui titrera « Orlando Bloom est en vacances, et ce qu'il fait va vous étonner » sera sanctionné. Par contre un article très partagé et consulté longuement dont le titre serait « Orlando Bloom nu comme un ver avec Katty Perry, notre diaporama photo » aura sans doute bien plus les faveurs de Facebook qu'un second dont le titre serait « Les vacances d'Orlando Bloom : pourquoi la folie des réseaux sociaux mène à une déchéance progressive de la presse d'information ». Dommage ?
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La lutte contre le clickbait doit-elle s'arrêter aux titres ?
Commentaires (43)
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Abonnez-vousLe 05/08/2016 à 22h59
tu parles du gars avec une barbe rousse dégueulasse et une casquette ridicule? Il va me manquer…
ou pas " />
Le 06/08/2016 à 10h42
Évidemment " />
Le 06/08/2016 à 20h48
Old " />
  Next INpact
Le 06/08/2016 à 22h12
Le 08/08/2016 à 07h46
Le 05/08/2016 à 09h24
À cause de vous je me suis senti obligé d’interroger Google pour savoir ce qu’était cette histoire d’Orlando Bloom et Katty Perry, car vous en parlez beaucoup sans donner d’information. Est-ce une forme de searchbait ?
Le 05/08/2016 à 09h27
J’essaie tant bien que mal d’alimenter ma page sur les jeux d’arcade. Mais je crois que pas grand monde y va. (18 likes) " />
C’est juste une question de qui tu suis en fait. Il y a des groupes et des pages très intéressantes sur fb. J’en suis une qui retrace l’ère Meiji du Japon par ex.
Le 05/08/2016 à 09h28
70 amis c’est rien sur fb. " />
Le 05/08/2016 à 09h30
C’est bien car sinon ils vont droit dans le mur.
Autant ces contenus génèrent des clics, autant ils fatiguent et lassent de la plateforme.
Ils découragent également les utilisateurs “sérieux” du réseau, ce qui réduit encore plus l’intérêt du réseau.
Si quelqu’un voulait tuer facebook, le polluer de contenus viraux seraient une bonne méthode!
Le 05/08/2016 à 09h32
Et oui, problèmes d’intégration…
FB tu like ou tu le quittes
Le 05/08/2016 à 09h33
Le 05/08/2016 à 09h39
Le 05/08/2016 à 09h48
Je hais ces sites “putàclik” … facebook a favorisé leur essor, je ne serai pas compte qu’ils arrivent à luter contre …
Le 05/08/2016 à 09h53
La conclusion de l’article est INtéressante.
D’ailleurs, à mon avis, c’est un comble que Facebook interdise le buzz, la frénésie et les contenus générateurs de clics : des algorithmes et de l’intelligence artificielle au service du raisonnement et de la réflexion, quel paradoxe !
La viralité d’un contenu est-elle possible sans frénésie ?
Le 05/08/2016 à 10h03
Le 05/08/2016 à 10h07
J’avoue que depuis qu’ils ont changé le fil d’actu je passe mon temps à masquer des “j’aime” d’amis sur des pages dont je me fiche, voir sur des actu de personnes que je ne connais absolument pas. Alors je masque chaque personne et chaque page dont je ne veux plus entendre parler mais à ce rythme je n’ai pas fini …. à moins de bloquer l’ami trop généreux en like de mon mur …
Le 05/08/2016 à 10h35
Le 05/08/2016 à 10h47
Le 05/08/2016 à 10h48
Déjà avec une règle simple :
“ Les XX ( nombre ) truc qui sont bla bla, la Xeme va vous etonner/est incroyable/etc… ” ca épurerai bien!
Le 05/08/2016 à 10h51
Le 05/08/2016 à 11h02
Ainsi, un article qui titrera « Orlando Bloom est en vacances, et ce qu’il fait va vous étonner » sera sanctionné. Par contre un article très partagé et consulté longuement dont le titre serait « Orlando Bloom nu comme un ver avec Katty Perry, notre diaporama photo » aura sans doute bien plus les faveurs de Facebook qu’un second dont le titre serait « Les vacances d’Orlando Bloom : pourquoi la folie des réseaux sociaux mène à une déchéance progressive de la presse d’information ». Dommage ?
Carrément dommage.
Mais si l’on peut juger a priori du caractère clickbait d’un titre, le jour où un algo pourra déterminer, sans que le résultat soit sujet à débat, si un article ou un titre est à sensation ou pas, on aura plus besoin de journalistes, puisque ça signifiera qu’un algo peut, sur un sujet, faire une séparation entre ce qui serait du contenu démagogique/populiste/inintéressant et une véritable analyse de fond en prenant également en compte la ligne éditoriale et les conclusions de l’analyse.
Cela ne me semble ni faisable, ni souhaitable.
Il me semble plus judicieux de faire de la communication sur le sujet, en montrant les différentes manières de faire du clickbait, comment et pourquoi ça fonctionne, et comment éviter de tomber dans le piège.
Car au final, l’info, ce sont autant les lecteurs que les rédacteurs qui en déterminent le contenu.
Le 05/08/2016 à 09h01
Il y a des trucs de qualité sur Facebook ? Première nouvelle ! " />
Le 05/08/2016 à 09h01
On ne pourra plus connaitre les astuces de l’homme qui parle 15 langues différentes ? " />
Le 05/08/2016 à 09h13
Cool, et bientôt Facebook se chargera de notre éducation en séléctionnant les informations pour nous.
Le 05/08/2016 à 09h13
Nxi est sur FB, donc oui.
Mais cela ne fait que décaler le débat, et là arrive ce fameux “clicbait”: mettre des liens vers du contenu non-FB dans Facebook.
Pour moi la question ne se pose plus, j’ai fermé mon compte à la plupart de mes contacts non éloignés physiquement, et je ne navigue pas dessus. Sauf pour la team Gaki ;)
Le 05/08/2016 à 09h14
hmm… c’est déjà le cas, avec le flux personnalisé à la sauce FB.
Toi aussi, ignore les posts de tes amis lointains parce qu’ils ne postent que rarement et n’ont pas 70 “amis” !!!
Le 05/08/2016 à 09h16
C’est l’exception qui confirme la règle " />
Perso, jamais ouvert de compte, c’est encore plus simple !
Le 05/08/2016 à 09h19
Il vont faire fermer Buzzfeed et leurs équivalents " /> " /> " />
“ 20 sites de merde qu’on devrait fermer ”
“ 10 sites qui se prétendent d’information”
Le 05/08/2016 à 09h23
Moi aussi j’ai résisté, difficile avec le familial qui pousse pendant des années.
Puis j’ai re-résisté: inscrit, mais inactif. Ce réseau n’a plus rien de social, il n’est que politique et/ou haine.
Le 05/08/2016 à 11h12
Le 05/08/2016 à 11h15
Le 05/08/2016 à 11h18
Le 05/08/2016 à 11h19
Le 05/08/2016 à 11h23
Le 05/08/2016 à 11h24
Le 05/08/2016 à 11h32
Le 05/08/2016 à 11h33
Fou rire au boulot, merci " />" />" />" />
Le 05/08/2016 à 12h23
J’aime bien le titre des inrocks sur cette nouvelle :
Facebook veut réduire les titres “pièges à clics”, la suite va vous surprendre
" />
Le 05/08/2016 à 13h02
C’est moi où on sent comme une petite pointe de rancune de NXI dans le paragraphe sur Google ? " />
Le 05/08/2016 à 15h18
Le 05/08/2016 à 15h33
Je ne sais pas j’ai fermé mon compte il y a plusieurs années. En plus ils m’avaient suspendu pour infraction au règlement soi-disant pour un changement trop fréquent d’adresses IP…
Le 05/08/2016 à 18h39
Pourquoi la folie des réseaux sociaux mène à une déchéance progressive de la presse d’information ». J’aimerais vraiment beaucoup lire cet article. Vous pourriez l’écrire ? Et ensuite le partagera un max sur les réseaux sociaux.
Le 05/08/2016 à 21h44