Usenet : la SACEM réclame 40 000 euros de dommages et intérêts à Newsoo
Et le proc a requis 6 mois de prison avec sursis et 2 000 euros d'amende
Le 21 septembre 2016 à 14h30
5 min
Droit
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C’est le 21 octobre que le tribunal correctionnel de Strasbourg dira si le gérant de Newsoo, qui se présente comme fournisseur d’accès Usenet, peut être condamné à la demande de la SACEM parce qu'il a incité à l'usage d'un logiciel manifestement destiné à la contrefaçon en ligne.
En mars dernier, cette entité déclarée auprès du RIPE avait subi une perquisition suite à une plainte de la société de gestion collective. Elle lui reproche en particulier d’avoir incité à l’usage de ce service, qualifié de logiciel « manifestement destiné à la mise à disposition du public non autorisée d'œuvres ou d'objets protégés ». Il s'agit là de l’excroissance législative du fameux amendement Vivendi adopté lors des débats sur la loi DADVSI.
La SACEM réclame à l’encontre de Cédric S. 40 000 euros de dommages et intérêts, outre 1 000 euros de préjudice moral et une publication de la décision anonymisée dans la presse. Le ministère public a, quant à lui, requis hier six mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende.
L’avocat du prévenu, Me Olivier Iteanu, a quant à lui plaidé la relaxe et la restitution des scellés, une palette de serveurs. Selon lui, toute décision contraire serait signe « d’une atteinte à la liberté d’expression revenant à responsabiliser un fournisseur d’accès à Usenet ou à Internet simplement parce qu’il a connaissance que quelque part, des gens ont une activité illégale ».
Une incitation à l'usage d'un logiciel manifestement dédié à la contrefaçon
La SACEM reproche en particulier à Cédric S. plusieurs messages postés sur des forums où le prévenu avait indiqué qu’il ne supprimerait pas les groupes jugés problématiques. Des messages jugés certes de « puérils » par Me Iteanu, mais qui n’auraient pas d‘emprise avec la réalité. « Il avait simplement conscience comme nous tous qu’il peut y avoir des activités illicites. La SACEM a pris appui sur cette connaissance pour attaquer un fournisseur d’accès à Usenet » relativise-t-il.
Il y aurait aussi incitation à utiliser un logiciel manifestement calibré pour les échanges illicites, poursuit le juriste, parce que le gérant a fait le choix dans l'accès aux groupes de discussions. Des groupes où certains auraient « majoritairement » des activités de contrefaçon. « Mais cela ne veut rien dire. On risque de condamner parce qu’on donne accès à des groupes. Le « majoritairement » est à établir, sinon ce n’est pas une statistique scientifique ! » plaide-t-il encore.
« J'ai supprimé du contenu »
Contacté, Cédric S. embraye : « J’ai reconnu clairement avoir fait le con au début, mais au fur et à mesure que le projet est monté dans les tours, a commencé à devenir vraiment sérieux, j’ai supprimé du contenu, j’ai constitué des logs, etc. ». Il insiste : « La SACEM n’a que des messages postés sur des forums. Nous lui opposons des éléments solides, un vrai travail d’intermédiaire où j’ai respecté les demandes de retrait, contrairement à ce que j’avais pu soutenir. En outre, je ne suis pas éditeur d’un logiciel puisque Newsoo n’a pas cette qualité ».
Un accès à 26 millions de MP3 avait aussi été épinglé dans ce dossier. « La SACEM n’est pas revenue là-dessus. Je leur ai mis sous le nez qu’entre leurs premier et second constats, on est passé de 26 millions d'articles (et non de MP3) à 2,8 millions. Et je peux expliquer cette baisse : un ménage a été fait suite à des notifications adressées par des sociétés comme IP Arrow ». Un acteur spécialisé dans l’envoi de ces alertes constatées sur Usenet.
S'agissant de la sélection de groupes accessibles depuis la porte Newsoo, Cédric S. nous indique que « l’ajout de flux a été décidé au fur et à mesure pour accompagner la montée en charge et atteindre l’objectif du flux complet auquel Newsoo est arrivé aujourd’hui ».
Champ du logiciel, champ de la notion de fournisseur
Plusieurs questions sont ainsi soulevées devant la justice : d'abord, est-ce que Newsoo ou Usenet est bien un logiciel ? Pour avoir une définition officielle de ce terme, les sources écrites sont minces. Elles se limitent surtout à un arrêté du 17 janvier 1982 sur la terminologie qui le définit comme « un ensemble de programmes, procédés et règles et éventuellement de la documentation relatifs au fonctionnement d'un ensemble de traitement de données ». Une expression qui serait suffisamment large pour embrasser des pans entiers des nouvelles technologies, dont les sites Internet notamment.
Surtout, est-ce que l’accès à une sélection de groupes hébergés sur des serveurs propriétés du prévenu entre - ou non - dans la définition juridique des opérateurs ? Visiblement, c'est non selon la SACEM, la directive de 2000 sur les genoux. Si ce statut est refusé, quid de celui d'hébergeur ?
La décision sera rendue le 21 octobre par le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Usenet : la SACEM réclame 40 000 euros de dommages et intérêts à Newsoo
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Une incitation à l'usage d'un logiciel manifestement dédié à la contrefaçon
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« J'ai supprimé du contenu »
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Champ du logiciel, champ de la notion de fournisseur
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 22/09/2016 à 21h55
Tu viens de décrire Google.
La différence est la taille.
Le 21/09/2016 à 14h33
C’est affolant de voir ça, surtout qu’il fait clairement preuve de bonne foi
Le 21/09/2016 à 14h45
Le 21/09/2016 à 14h46
Euuhhhh, il n’est pas accusé d’escroquerie là. Du calme :)
Le 21/09/2016 à 14h48
si “Usenet” est un logiciel, alors “Internet” est aussi un logiciel …
Le 21/09/2016 à 14h51
Le 21/09/2016 à 14h53
En fait toi t’es la modératrice qui a été aussi condamnée ?
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Le 21/09/2016 à 15h01
Peut-être serait-il judicieux d’attendre la décision, histoire de respecter l’ordre des choses ?
Tip : Il sera ce qu’a dit le jugement rendu à titre définitif.
Le 21/09/2016 à 15h02
Ils existent encore les serveurs NNTP chez Free ? Parce-que ça marchait pas mal à une époque " />
Le 21/09/2016 à 15h02
40 000 € !!
Mais c’est ridicule comme montant. Ils ont un coup de déprime à la SACEM ? Il manque pas quelques zéros ??
Le 21/09/2016 à 15h03
Tactique politicienne : entre passer pour un escroc ou un imbécile, toujours choisir la seconde condition
Le 21/09/2016 à 15h15
Une question que je me pose (j’espère que pour une fois c’était pas écrit dans l’article que j’aurais mal lu)
Ils annoncent sur twitter :  Twitterque le site est fermé, et effectivement newsoo.fr ne répond pas…
C’est normal de fermer un site en attendant le jugement ? Je veux dire, google reçoit des milliards de demandes de déréférencement, mais on n’a jamais fermé google le temps de porter plainte.
Ou alors je suis passé à côté d’un truc…
Le 21/09/2016 à 15h19
Les serveurs ont été saisis (ça c’est marqué dans la news), ça peut expliquer que le site est fermé…
L’avocat du prévenu, Me Olivier Iteanu, a quant à lui plaidé la relaxe et la restitution des scellés, une palette de serveurs.
Edit : c’est aussi écrit dans le tweet.
Le 21/09/2016 à 15h24
Ils ont saisi tous les serveurs ? Parce que apparemment ils avaient plusieurs sites et une infra plutôt grosse, et répartie différemment géogrpahiquement… Pinaise, ils n’y sont pas allés de main morte
Le 21/09/2016 à 15h27
Bah dans un cas comme celui-ci, tu saisis tout, sinon, tu pourrais laisser la possibilité de détruire des preuves.
Le 21/09/2016 à 15h28
un arrêté du 17 janvier 1982 sur la terminologie qui le définit comme « un ensemble de programmes, procédés et règles et éventuellement de la documentation relatifs au fonctionnement d’un ensemble de traitement de données ». Une expression qui serait suffisamment large pour embrasser des pans entiers des nouvelles technologies, dont les sites Internet notamment.
C’est la définition communément admise. On peut même la trouver sur wikipedia:
In computer science and software engineering, computer software is all information processed by computer systems, programs and data. Computer software includes computer programs, libraries and related non-executable data, such as online documentation or digital media.
Et je ne pense pas que les sites Internet sont assimilables à du software… car ils ont besoin de hardware pour exister (sites Internet = hardware + software + adresse internet).
Surtout, est-ce que l’accès à une sélection de groupes hébergés sur des serveurs propriétés du prévenu entre - ou non - dans la définition juridique des opérateurs ? Visiblement, c’est non selon la SACEM, la directive de 2000 sur les genoux. Si ce statut est refusé, quid de celui d’hébergeur ?
Hum. S’il donne l’accès a des contenus qu’il héberge, il est hébergeur. La meilleure preuve c’est qu’il avoue avoir supprimé du contenu qu’il hébergeait.
Le 21/09/2016 à 15h31
Ok merci " />
En attendant je suis allé fouiller sur internet, il explique tout le binz avec détails (et même parle de son couple mébon) sur ce forum : https://lafibre.info/peering/newsoo/216/
Attention il y a beaucoup de pages
Le 21/09/2016 à 15h32
Ce qui est cool c’est quand on fait un recherche usenet sur google, le premier lien est celui dehttps://fr.usenet.nl/ qui affiche en gros sur sa page d’accueil “25 000 téraoctets de musiques, de vidéos & de posts” la couleur est clairement annoncée !
Le 21/09/2016 à 15h45
C’est clairement pas le type le plus respectueux avec qui j’ai eu l’occasion de discuter. Il a tellement retourné sa veste, mettre en avant le no-log, ce qui apparement n’est pas le cas ? (Ou bien juste une stratégie pour se défendre un minimum, histoire de ne pas être attaqué sur le sujet), “regardez chez moi je garde tout, même que j’ai des serveurs qui font que feed les géants qui eux n’auront plus les fichiers dans 24h”.
Qu’on se le dise un service de newsgroup comme le sien délivre principalement du contenu piraté, qu’on ne vienne pas me dire que ses lignes gbps servaient à dl le dernier ISO d’Ubuntu et que les centaines de TO servaient à stocker des jeux et des vidéos libre de droit.
Je ne lui souhaite pas d’être sanctionné personnellement, son égo est/était certes bien trop grand, son compte en banque doit l’être nettement moins.
Le 21/09/2016 à 15h46
Bin pas plus que tous les FAI jouaient là-dessus. Tant qu’il restera de la musique et des vidéos libres de droits, cette formulation ne sera pas une incitation au téléchargement illégale.
Le 21/09/2016 à 16h08
Le 21/09/2016 à 16h28
Le 21/09/2016 à 16h30
Le 21/09/2016 à 16h41
Il y a une jurisprudence pourtant avec les newsgroups de free :
https://www.legalis.net/jurisprudences/tribunal-de-grande-instance-de-paris-3eme…
Sinon c’est quand meme bien du foutage de gueule de la part de Cedric. Il prétendait appliquer les regles francaises (donc retrait uniquement sur notification conforme a la LCEN, donc recommandé requis entre autre) et au final il dit qu’il obéissait aux DMCA.
Néamoins, j’espere qu’il va gagner et que son affaire ne va pas affaiblir betement le statut d’hebergeur en france.
Le 21/09/2016 à 16h48
Le 21/09/2016 à 16h49
C’est con a dire mais , généralement la musique ce fait piraté sur les site de partage comme youtube.
Sinon on vois que les compagnie veulent juste de l’argent
Le 21/09/2016 à 17h04
Si je me rappelle bien (une news lue ici il y a quelques mois), le type a mis fin à son entreprise de lui-même. Ce qui m’avait paru à l’époque légèrement suspect.
Le 21/09/2016 à 17h37
Le 21/09/2016 à 18h07
Le 22/09/2016 à 01h12
Le 22/09/2016 à 06h30
Le 22/09/2016 à 07h05
Le 22/09/2016 à 07h34
Ooh, tu veux dire par là que la police n’est pas impartiale ? C’est très grave comme accusation " />
Le 22/09/2016 à 07h54
Le 22/09/2016 à 08h02
Le 22/09/2016 à 11h44
En général, la police agit après qu’une plainte soit déposée.
C’est un rapport de force entre le plaignant et le mastodonte qui se trouve en face.
On peut vouloir éviter une procédure interminable et coûteuse." />
Le 22/09/2016 à 13h37
Ça marche encore usenet avec toutes les demandes de DMCA ? :)
Le 22/09/2016 à 21h47
La saisie n’implique pas la sécurité pour les preuves.
Dans le dossier MegaUpload, les majors ont tenté pendant longtemps de détruire les serveurs de Kimdotcom.
Le 22/09/2016 à 21h50
Tu as parfaitement raison.
Il y a des tonnes de films disponibles sur Youtube et leurs serveurs n’ont jamais été saisis.