Critiquée, l’annulation du vote électronique à trois mois de l’élection est assumée par l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information. Guillaume Poupard explique à Next INpact les raisons de son avis négatif, à trois mois des législatives.
« Jusqu’au dernier moment, nous avons essayé de faire en sorte que la plateforme soit d’un bon niveau » assure le directeur général de l’ANSSI lors d’un entretien hier, en fin d’après-midi à Paris. « C’est une déception pour tout le monde, pour nous, pour les représentants des Français de l’étranger qui y voyaient un axe de progrès. »
Depuis 2012, dernière grande expérience en date, des travaux ont été menés pour essayer de blinder le dispositif, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et la société espagnole en charge de ces prestations. Seulement, « si la plateforme est clairement meilleure qu’en 2012, le niveau de la menace est aujourd’hui bien supérieur ».
La loi prévoit la possibilité du vote électronique pour les Français de l’étranger, en conditionnant cependant sa mise en œuvre à l’homologation du système. « La commission d’homologation n’a pas encore eu lieu, mais au vu des pièces fournies, le ministère ne sera pas en capacité d’homologuer le système. L’avis de l’ANSSI est négatif. »
Un risque d’image pour la démocratie
Quels sont justement les risques constatés ? « C’est essentiellement un risque d’image. On ne peut exclure un risque sur la sincérité, mais ce qui est plus probable, en termes de faisabilité, c’est une attaque majeure qui rende le système indisponible, détruise des bases, etc. avec un impact important sur l’image du fonctionnement de la démocratie. » L’intéressé n’exclut pas non plus des cas « de manipulations fines, pourquoi pas la publication de la liste des Français qui ont voté pour tel candidat. En termes de fonctionnement démocratique, ce serait grave ».
L’annulation du vote électronique pour les législatives 2017 a été très critiquée, de Frédéric Lefebvre à Axelle Lemaire, et tous ceux qui voient dans ce mécanisme, une facilité importante pour les Français expatriés. L’analyse est partagée, du côté de l’ANSSI : « Certains Français sont à 3 000 km du premier bureau. Ce n’est en effet pas seulement du confort. Certes, le vote par correspondance reste possible, mais il coûte cher et il existe des zones où il n’y pas de garantie que le courrier papier arrive au destinataire. Mais le débat n’est pas là. Il est sur l’appréciation du risque qui nous semble trop élevé ».
L’agenda de cette décision a lui aussi fait l’objet de réprimandes. Explications de l’ANSSI : « si cela n’a pas été annoncé il y a six mois, c’est parce qu’on espérait encore durcir la plateforme. Les moyens ont été mis en œuvre, mais le niveau atteint ne nous semble pas suffisant ».
Un vote n’est pas un sondage
Le patron de l’Agence revient d’ailleurs à quelques fondamentaux : « la théorie du vote électronique est très en avance, mais son implémentation est compliquée. À un moment donné, nous avons toujours un serveur forcément ouvert sur le monde, qui devient une cible ».
Les yeux vers l’avenir, « le concept même de vote électronique n’est pas remis en cause. Ce n’est pas le moment de relever le stylo. D’ici les prochaines élections, cela reste un objectif ». En attendant, un rappel en guise de conclusion : « Une élection ce n’est pas un sondage, la régularité doit être garantie. Or, on n’est pas à même de garantir la régularité du scrutin ».
Commentaires (64)
Ils vont peut-être se faire critiquer pour leur décision, mais je la trouve normale.
Le but c’est de fournir un serveur sécurisé pour permettre aux gens de voter, hors si même eux ne sont pas capable de fournir un serveur qui correspond au minimum de leur prérequis, autant ne pas le mettre en place.
C’est con, mais je préfère ne pas avoir un système qu’en avoir un qui est instable ou pas sécurisé.
Sage décision, et courageuse au vu des réactions outrées de personnes parlant de “déni démocratique” pour le fait de ne pas vouloir homologuer un truc bancal…
Exactement
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Comme ils disent, c’est pas un sondage qu’on fait là. Il faut que le système soit disponible (même en cas d’attaque) et reste fiable, il faut que chaque vote soit comptabilisé correctement et qu’il y ait aucune possibilité d’erreur/triche (que ce soit en interne comme en externe).
Content de leur réaction, en espérant que le jour où ils mettent ça en place, ce soit véritablement bien fait.
je ne comprends pas pourquoi on laisse voter les “français de l’étranger” et pas les “étrangers de France”.
Après tout dans les deux cas ce sont des types qui ne sont pas dans leur propre pays et qui votent en France.
P*tain, 5 ans! 5 ans pour remettre à niveau une plateforme, en toute connaissance des deadlines, et toujours incapables.
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si cela n’a pas été annoncé il y a six mois, c’est parce qu’on espérait encore durcir la plateforme.
Très réaliste d’espérer faire en 6 mois ce qui n’a pas été possible en 4 ans
C’est essentiellement pour les DOM TOM.
Si tu es en Guyane Française, tu es un Français, sur le territoire français, mais pas en France, donc à l’étranger.
On ne peut exclure un risque sur la sincérité, mais ce qui est plus
probable, en termes de faisabilité, c’est une attaque majeure qui rende
le système indisponible, détruise des bases, etc. avec un impact
important sur l’image du fonctionnement de la démocratie
Ce risque sera toujours présent, et même de plus en plus fort. Donc on fait quoi, on n’autorise jamais ce vote ?
Je rappelle qu’un million de personnes en France votent sur des machins à voter. Mais là, le risque de “manipulation fine, la publication de la liste des Français qui ont voté pour tel candidat”, ça ne dérange personne.
Ce serait tellement plus simple d’avoir des cartes d’identité à puce et des lecteurs, non ?
Bonne décision, argumentée qui plus est. Dommage que les détracteurs aient plus de poids médiatique que l’ANSSI.
En raison de l’article 3 de la Constitution : « la souveraineté nationale appartient au peuple ». Il a donc fallu modifier la constitution (article 88-3) pour permettre aux étrangers de l’Union européenne de voter aux élections municipales et d’y être éligibles, sous certaines conditions précises (visant à limiter l’impact sur les sénatoriales, en fait). Je ne sais pas si le corps constituant accepterait d’étendre encore cette possibilité sans condition de réciprocité.
Les DOM TOM sont des départements Français. Ils sont certes détachés de la métropole, mais cela reste des départements à part entière et ne sont pas considérés comme des pays étrangers (logique).
Du coups en DOM TOM, c’est exactement la même chose que pour les départements Français en métropole. Quand ils parlent de “Français de l’étranger”, ils font illusions aux territoires qui n’appartiennent pas à la France où nous avons que des ambassades.
En quoi le vote électronique sur le territoire est-il plus sûr?
Non, là tu confonds la France avec la France métropolitaine. Si tu es un Guyane française, tu es sur le territoire français, et normalement il doit y avoir des bureaux de vote assez régulièrement disposés (disons, maximum de l’ordre d’une centaine de kilomètres pour aller voter). Là, la polémique porte sur des ressortissants français qui habitent, provisoirement ou non, dans un autre pays, mais qui gardent le droit de vote. Ils ont droit à une représentation nationale.
“Un risque pour l’image de la démocratie”, J’ai sincèrement ouvert la fenêtre pour rire aux éclats.
Qu’est ce que j’aime G. Poupard. ‘Tain, ce mec pue la compétence à 10km. Il ne s’enflamme pas (du moins publiquement), il est posé et intelligent.
Chaque interview de lui que je lis, je me dis à chaque fois “mais qu’est ce qu’il a raison”. Par contre, ça doit être chaud pour lui de gérer/démentir les conneries dites par les politiques et notamment ceux au pouvoir.
J’aimerais pas être à sa place quand même…
Ils ont surtout peur que ça fasse quelques voix FN de plus, les français vivant à l’étranger étant plus lucides sur pas mal d’aspects de leur pays d’origine.
Ahhh mais si si si !
Je t’avoue avoir buggué en lisant “la publication de la liste des Français qui ont voté pour tel candidat”.
Parce que bon, ça laisse sous entendre, qu’à un moment donné, dans la machine, il y a un lien entre l’identité de la personne et son vote, enfin, si je lis bien.
Le but du vote (tout du moins dans ce type de vote, avec isoloir), c’est pas justement qu’il soit anonyme ?
/me fears pour la suite
Nous ne sommes que le deuxième vendredi de la semaine et tu es bien en forme ! J’ai hâte d’être au 5ème vendredi de la semaine.
Et du coup pour les impots en ligne ? C’est fini aussi ?
Le problème derrière ce refus de l’ANSSI, est également, le choix des solutions proposées, par la société informatique (espagnol d’après l’article), quelle est elle ? quelles étaient ces solutions qui apparemment, n’était pas les meilleurs ?Derrière cela, n’avait il pas également un arbitrage financier ? (appel d’offre avec le moins cher ?)
Il aurait été plus simple et plus économique d’intégrer l’ANSSI dans l’appel d’offre.
Tout le monde sait que c ‘est Jacques Cheminade l’homme qui dérange qui monte chez les français de l’étranger lucides.
Tu l’as faite bien fine jusque là, une belle démonstration pour tes fans (oui, j’en suis)
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Du grand art
J’ai retrouvé le vote électronique “potable”
https://www.nextinpact.com/news/102074-detruisons-tous-ensemble-machines-a-voter…
De toute manière, ça n’a jamais marché leur truc. 4 élections où la version de Java, et le navigateur, et le je ne sais quoi faisaient qu’il était impossible de voter.
Par ailleurs, ayant un certain nombre d’amis travaillant chez “le prestataire espagnol”, je peux vous dire qu’il vaut effectivement mieux arrêter de travailler avec ces gens-là…
Il y en a un au moment où tu envoie ton vote. Si quelqu’un est en position de surveiller le réseau et de déchiffrer la communication, il a de grandes chances d’identifier le votant et son choix. Pas besoin d’entre dans le serveur.
De même, le système, même sans faire de log précis nom -> vote, aura des informations stockés qui groupé pourrait potentiellement permettre de faire un lien.
Genre l’utilisateur lié a une IP s’est connecté. Le vote a été réalisé depuis cette IP a tel instant, on peut donc presque à coup sur en déduire des choses …
C’est tout le problème à mon avis d’un système de vote électronique, ou tu dois en même temps garantir le fonctionnement et être capable de détecter la faute, sans pour autant contrevenir à l’anonymat du vote. J’ai encore jamais vu de process (ou protocole) de vote électronique qui a un moment ne m’a pas fait tiqué.
Pour le coup je n’ai pas compris la réaction d’Axelle Lemaire. Elle comprend la problématique pourtant.
Attention, DOM = département.
TOM = territoire, avec beaucoup de différences et de règles en moins.
Il va falloir que je me déplace à l’ambassade pour voter heureusement qu’il y a bonne boulangerie à coté à défaut d’un bon bistrot.
“Et le pire c’est que quand ils seront vieux ils vont revenir passer leur retraite en France pour se faire dorloter par la sécu à laquelle ils n’ont jamais cotisé. ”
J’ai habité 5 années aux Pays-Bas, c’est 5 années durant lesquelles je n’ai pas cotisé en France et donc pour lesquelles je ne valide pas de trimestres.
Par contre, je toucherai la retraite néerlandaise que me permettent de toucher ces 5 années de cotisation.
Avec les economies qu’ils font en evasion fiscale, les francais de l’etranger, ils peuvent quand meme payer un timbre pour voter par correspondance.
Pareil, je m’attendais pas à ça venant d’elle.
Guillaume Poupard est un excellent directeur. Sage decision.
Mais non le vote électronique c’est bien ! C’est l’avenir.
" /> <= mais est-ce utile de le préciser ? Ya déjà Fillon dans la phrase.
D’ailleurs votez bien Fillon pour que ce soit implémenté rapidement !!
Si le problème est le DDOS, se mettre derrière un parapluie type OVH ne serait pas suffisant ? Si le prestataire actuel suffit pas, pourquoi annuler l’opération plutôt que d’en changer ?
Décision prudente de l’ANSSI, mais incompréhensible avec les éléments qu’on nous donne. Je ne peux en vouloir à ceux qui voit là une manœuvre politique, ils font tout pour laisser planer ce doute ces idiots…
Je ne trouvais pas de boulot qui me plaise en France, on ne me proposait que des CDD de 3 ou 6 mois, alors qu’une grosse entreprise m’a proposé des responsabilités et un bon salaire. A 24 ans, c’était idéal.
Et maintenant je suis en France pour faire profiter le secteur public de mes compétences acquises outre-Flandres :)
Merci pour la précision, je ne savais pas x)
qd on parle du coût du vote par correspondance, c est pas pour l électeur (le timbre est peanut), mais bien pour l’État qui doit gérer tout cela!
D un autre côté, ce mode de scrutin fonctionne très bien ds d autres pays d’Europe (Allemagne et Suède par ex), je ne comprends pas pquoi ce serait si compliqué en France.