Harder, better, faster, stronger : l’avenir de la Hadopi en 2018
(c) Daft Punk
Le 26 octobre 2017 à 10h13
6 min
Droit
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La Hadopi a détaillé dans les « jaunes budgétaires » ses prévisions pour 2018. Ces documents détaillent pour les parlementaires l’avenir de plusieurs institutions dans des secteurs déterminés. S’agissant de la haute autorité, plusieurs enseignements peuvent être tirés.
Au fil de ces pages (PDF), on découvre ainsi que la Hadopi entend devenir pour la période 2018 - 2020, un tiers de confiance pour caractériser les sites considérés comme massivement contrefaisants.
L’idée ? En coopérant avec les ayants droit, elle veut apporter un coup de pouce « en vue de renforcer l’efficacité et la pérennité des mesures judiciaires de blocage ou de déréférencement de ces sites ».
Une telle intervention pourrait se faire à droit constant comme l’a montré la récente étude du site Zone-Téléchargement.ws, qui a justement fait l’objet en parallèle d’une procédure de blocage avec d’autres sites de téléchargements directs comme l’a révélé Next INpact.
Un tiers de confiance, la question des sites miroirs
Il faut dire que du côté des pro-droit d’auteur, la question de l’efficience des mesures de blocage est « LE » sujet sur le feu. Trop souvent les sites changent de nom après une décision de blocage, contraignant les ayants droit à revenir devant un juge qui croule sous un agenda surchargé.
Sur ce point, le professeur Pierre Sirinelli, intervenant régulier au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), a développé quelques pistes d’évolution : il souhaiterait que les mesures de blocage décidées en France soient valables dans tous les pays européens.
Mieux, pour contrer la problématique des sites miroirs, il voudrait que les ayants droit puissent s’adresser directement aux fournisseurs d’accès pour leur ordonner la mise à jour de la liste noire.
La Hadopi n’est pas bavarde sur ce point. Elle indique simplement formuler « des propositions qui s’inscrivent dans un objectif de maîtrise des dépenses publiques, dans le respect des responsabilités incombant aux ayants droit pour les notifications aux sites, l’introduction des instances de blocage ou l’exécution des décisions par les fournisseurs d’accès Internet ».
Une convention avec le ministère de l’Éducation nationale
La même institution a d’autres projets en tête. Elle annonce pour la fin de l’année 2017, une convention signée avec le ministère de l’Éducation nationale. Son objectif ? « Engager un partenariat stratégique visant à fournir à l’ensemble des académies des ressources en ligne et à confier l’animation d’ateliers (théorie et activité créative) à un tiers spécialisé. »
En somme, une société privée sera chargée d’apporter la bonne parole de la propriété intellectuelle auprès des plus jeunes, avec des ressources taillées sur mesure par la Hadopi. Des outils pédagogiques à destination des jeunes, des parents, mais aussi des profs.
L'institution « souhaite d’ailleurs développer une sensibilisation particulière à l’égard des jeunes internautes présentant le taux de pratiques illicites le plus élevé. Elle viserait à les accompagner de manière positive vers de meilleurs usages numériques en mettant en avant les bénéfices réels du recours à l’offre légale ».
Des ressources budgétaires plus contraintes
Sur le terrain de la riposte graduée, l’année 2017 et surtout l’année 2018 contraignent désormais ses ressources budgétaires.
La Hadopi est en effet tenue de compenser les fournisseurs d’accès. Un vœu rédigé en 2009 lors de la gestation de la loi, mais exaucé seulement en mars 2017, après une mise à l’index du ministère de la Culture par le Conseil d’État.
Pour 2017, elle avait eu une rallonge de 500 000 euros pour couvrir cette obligation survenue en cours d’année. Cette somme doit également soutenir « la prise en charge à hauteur de 50 % de la mise à disposition d’un agent en tant qu’expert national détaché auprès de la Commission européenne », l’autre moitié étant prise en charge par le ministère de la Culture.
Entre l’exécution 2016 et les prévisions 2018, la Hadopi se doit désormais d’allouer plus de 1,4 million d’euros en dépenses de fonctionnement, là où seront piochées les indemnisations dues aux fournisseurs d’accès dans l’identification des adresses IP.
Bientôt de nouveaux FAI visés par la Hadopi
Combien exactement seront versés aux FAI en 2018 ? Selon les barèmes publiés au Journal officiel, les quatre gros fournisseurs d’accès toucheront chacun pour l’année prochaine 80 000 euros de la Hadopi, soit 320 000 euros HT.
À cela s’ajoutera les demandes non forfaitaires payées 160 euros par wagon de fichiers envoyés chaque jour ouvré, soit 166 400 euros HT pour l’année à venir. En ajoutant les demandes individuelles payées 18 euros pièces, la somme totale devrait s’étendre entre 500 000 et 600 000 euros selon les estimations.
Mais ces sommes devraient s’élever davantage encore l'année prochaine, puisque le jaune budgétaire anticipe déjà « l’inclusion (…) de nouveaux FAI conduisant à une hausse du montant des compensations de l’ordre de 100 000 euros entre 2017 et 2018 ».
En clair, la Hadopi entend désormais frapper bientôt à la porte des FAI disposant de parts de marché plus modestes. Nous y reviendrons plus en profondeur.
Des avertissements plus ciblés, plus de transmission au parquet
S’agissant des avertissements enfin, la Hadopi poursuit sur sa lancée engagée ces dernières années, à savoir des avertissements plus ciblés.
Elle promet « le renforcement du volet pénal de son action en cas de réitération de faits de contrefaçon malgré les avertissements envoyés » et annonce « des saisines plus nombreuses de l’autorité judiciaire, dans le respect de la volonté du législateur de ne pas engorger les tribunaux ». L’autorité si pédagogique veut aussi se montrer énergique.
Sans fournir d’estimation précise, elle annonce toujours « des actions menées sur le double terrain contraventionnel et délictuel pour les cas de '"piratage" considérés comme les plus graves », sachant qu’un dossier relatif au défaut de sécurisation peut être par la suite requalifié en contrefaçon si les faits glanés par la haute autorité sont assez solides.
Ce poste reste fondamental pour l’institution, même si celle-ci dispose d’autres missions, notamment sur l’offre légale.
Selon les prévisions 2017, 279 000 seront ainsi dépensés pour couvrir les « dépenses d’investissement de l’établissement, portant majoritairement sur les installations informatiques : maintenance évolutive du système d’information cible, renouvellement du matériel de sécurisation des réseaux et extension du stockage du réseau administratif et du réseau dédié à la réponse graduée ».
Harder, better, faster, stronger : l’avenir de la Hadopi en 2018
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Un tiers de confiance, la question des sites miroirs
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Une convention avec le ministère de l’Éducation nationale
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Des ressources budgétaires plus contraintes
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Bientôt de nouveaux FAI visés par la Hadopi
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Des avertissements plus ciblés, plus de transmission au parquet
Commentaires (52)
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Abonnez-vousLe 26/10/2017 à 10h34
Apparemment ça existe depuis quelques années. J’ai été choqué quand ma fille, il y a 2 ans (elle en avait alors 6) , à qui je proposais de dl un truc qu’elle réclamait, m’a répondu que c’était pas bien et interdit… on n’en avait jamais parlé entre nous avant ça…
Le 26/10/2017 à 10h40
Toujours aucune quantification du ROI pour les ayants droits (Return On Invest)
Le 26/10/2017 à 10h55
Le 26/10/2017 à 11h04
Le 26/10/2017 à 11h06
Le 26/10/2017 à 11h08
ça leur coute rien aux ayants droits …
l’investissement, c’est nous, les bénéficiaires les ayants droits…
tout benef pour eux en somme, mais je doutes qu’ils gagne grand chose…
Le 26/10/2017 à 11h10
En somme, une société privée sera chargée d’apporter la bonne parole de la propriété intellectuelle auprès des plus jeunes, avec des ressources taillées sur mesure par la Hadopi. Des outils pédagogiques à destination des jeunes, des parents, mais aussi des profs.
L’institution « souhaite d’ailleurs développer une sensibilisation particulière à l’égard des jeunes internautes présentant le taux de pratiques illicites le plus élevé. Elle viserait à les accompagner de manière positive vers de meilleurs usages numériques en mettant en avant les bénéfices réels du recours à l’offre légale ».
Putain mais ça me rend dingue ça, vous occupez-vous de détourner du pognon, nous on s’occupe de nos gamins!! " />
Vous voulez leur parler de “meilleurs usages numériques”? Apprenez-leur l’avantage des licences libres, où trouver des oeuvres de ce genre, etc!
A quand “Le guide du bon petit consommateur” à lire pour la rentrée de CE2? " />
Ou pardon “Comment vivre sa citoyenneté musicale de manière vertueuse ?”
Le 26/10/2017 à 11h10
Ouais très bizarre qu’il y ait 90% de leur énergie pour faire bloquer un max de trucs (même si peu utile), alors qu’il serait bien de nettement améliorer l’offre légale comme cela a été fait pour la musique.
Tant que ce n’est pas fait… des millions sont perdus pas tous. Juste des emplois, mais bon.
Dommage aussi que rien ne se fasse directement au niveau européen. SI chaque pays fait sa sauce… c’est pas gagné et l’offre légale n’avance toujours pas dans le bon sens.
Le 26/10/2017 à 11h11
Le 26/10/2017 à 11h14
Le 26/10/2017 à 11h47
Le 26/10/2017 à 11h47
« jaunes budgétaires »
Ils vont se fournir chez Ricard " />
Le 26/10/2017 à 11h55
Le 26/10/2017 à 11h57
Oui, ils ont l’arme à l’œil
" />
Le 26/10/2017 à 12h11
le professeur Pierre Sirinelli, intervenant régulier au Conseil
supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), a développé
quelques pistes d’évolution : il souhaiterait que les mesures de blocage
décidées en France soient valables dans tous les pays européens
Et pourquoi pas dans toute la galaxie ? " /> Avec la direction nationaliste prise par certains pays européens, bonne chance pour leur imposer nos décisions de justice !
Le 26/10/2017 à 12h13
Le 26/10/2017 à 17h54
La Hadopi étant un spectacle culturel elle seul, elle devrait demandé une partie des 25% réserver à la culture des sommes perçues par Copie France." />
Le 26/10/2017 à 19h13
Le 26/10/2017 à 21h39
Le 27/10/2017 à 07h11
Le problème n’est pas d’éduquer à une forme de civisme sur le net.
Mais de vouloir enseigner UNE vision d’internet défendue par la Hadopi et les ayants-droit.
Le 27/10/2017 à 12h52
Le 27/10/2017 à 13h19
Tu le fais exprès par pur esprit de contradiction hein ?
Ne me fais pas croire que t’as pas compris ce que je veux dire…
Mais si ça peut t’aider à comprendre : une vision où internet est une zone contrôlée par les Etats (hum) et les ayants-droits, au lieu d’être un espace ouvert et libre, de partage, avec ses bons et mauvais côtés.
Un peu comme Google a sa vision du net, ou encore Facebook.
La HADOPI est une aberration, qui ne cherche qu’à subsister d’année en année en essayant de démontrer une pseudo-efficacité de sa “lutte contre le piratage”. Tellement efficace que le piratage existe toujours d’ailleurs, alors qu’ils engouffrent plusieurs millions par an… pour rien.
Et que les ayants-droit (comme les politiques), au lieu de se poser les bonnes questions et d’essayer de trouver comment exister AVEC le numérique, pensent que taper du poing, faire de la répression et inculquer aux jeunes “le téléchargement c’est le mal, m’voyez”, sera bien plus efficace…
Ça être plus clair ? :)
Le 27/10/2017 à 14h41
Es-tu certain qu’à l’école les enseignants disent juste aux enfants “télécharger c’est mal” ?
Ou bien qu’ils précisent qu’il y a des téléchargements légaux (payants ou pas) et non légaux ?
(parce que les enseignants en général c’est pas des gens très “capitalistes” en plus)
PS : “Un peu comme Google a sa vision du net” : c’est quoi la vision de Google du Net d’après toi ?
(je sens qu’on ne va pas avoir exactement la même vision)
Le 27/10/2017 à 16h57
Le 27/10/2017 à 17h00
D’où tu sors ça ?
Je demanderai à mes amis, mais je crois qu’aucun de leurs enfants (collège et lycée) n’a vu ce genre de chose.
Le 27/10/2017 à 17h02
Le 27/10/2017 à 17h18
OK. Je ne suis pas fan du procédé.
Je suis curieux de savoir ce que ça donnera en pratique, cet accord/convention (dont certains parlaient comme si c’était déjà d’actualité).
Parce que faire le tour de toutes les classes, ça va prendre du temps (et un budget) :-) .
Le 27/10/2017 à 19h59
Le 29/10/2017 à 14h08
Le 29/10/2017 à 17h28
Le 29/10/2017 à 17h35
Le 29/10/2017 à 19h19
Le 26/10/2017 à 10h21
S’infiltre dans le milieu scolaire pour mieux faire passer leur propagande auprès des jeunes… je pense que c’est la partie qui me choque le plus.
Le 26/10/2017 à 10h33
En tous cas, ils ont plus ta tête de la réprimande que celle du numérique :)
Le 26/10/2017 à 12h23
il souhaiterait que les mesures de blocage décidées en France soient valables dans tous les pays européens.
Grandeur et décadence de l’Empire Français…
Mieux, pour contrer la problématique des sites miroirs, il voudrait que les ayants droit puissent s’adresser directement aux fournisseurs d’accès pour leur ordonner la mise à jour de la liste noire.
Après le lien hypertexte, Pierrot s’attaque au DNS… Toujours sans rien comprendre à l’internet.
accompagner de manière positive vers de meilleurs usages numériques en mettant en avant les bénéfices réels du recours à l’offre légale
Alors celle-là, si quelqu’un en est capable, j’aimerais vraiment en savoir plus. Je vois bien quel bénéfice financier la AD-connection espère (à tort, en grande partie, je pense), mais le bénéfice pour l’utilisateur, je le cherche encore en vain…
Le 26/10/2017 à 12h26
Le 26/10/2017 à 12h43
“La même institution a d’autres projets en tête. Elle annonce pour la
fin de l’année 2017, une convention signée avec le ministère de
l’Éducation nationale. Son objectif ? « Engager un partenariat
stratégique visant à fournir à l’ensemble des académies des ressources
en ligne et à confier l’animation d’ateliers (théorie et activité
créative) à un tiers spécialisé. »
En somme, une société privée sera chargée d’apporter la bonne parole
de la propriété intellectuelle auprès des plus jeunes, avec des
ressources taillées sur mesure par la Hadopi. Des outils pédagogiques à destination des jeunes, des parents, mais aussi des profs.
L’institution « souhaite d’ailleurs développer une
sensibilisation particulière à l’égard des jeunes internautes présentant
le taux de pratiques illicites le plus élevé. Elle viserait à les
accompagner de manière positive vers de meilleurs usages numériques en
mettant en avant les bénéfices réels du recours à l’offre légale ».”
" />
Le 26/10/2017 à 12h48
Ils leur manquent un mot : “du recours à l’offre légale” gratuite
Le 26/10/2017 à 12h57
“Il faut dire que du côté des pro-droit d’auteur, la question de l’efficience”
Je suis un peu choqué par cette expression. On peut être pro droit d’auteur (et surtout d’une autre manière que les majors) sans pour autant être une major ou de leur coté. Cela aurait été bien de les nommer eux. Car ce sont eux seuls qui sont à la manœuvre.
Le 26/10/2017 à 12h59
Faut pas oublier que quand on parle du budget de cette “institution”, ce budget sort de la poche de l’ensemble des citoyens.
Quand on dit “la hadopi doit verser XXX à tel FAI”, en fait c’est tous les gens qui vivent et / ou travaillent en France qui se cotisent pour verser XXX au FAI, c’est pas un machin abstrait qui s’appellerait “hadopi”…
Le 26/10/2017 à 13h13
Pour beaucoup c’est plus qu’abstrait, c’est inconnu comme la redevance copie privée et plein d’autres choses.
Le 26/10/2017 à 14h40
Le 26/10/2017 à 14h54
J’ai aussi tiqué en lisant cela de la part d’un journaliste qui vit donc de ses écrits sur un site où l’on trouve en bas de page :
© 2000 - 2017 INpact Mediagroup
On peut comme tu dis être pro droit d’auteurs et ne pas être des vampires.
Le 26/10/2017 à 15h27
Le 26/10/2017 à 15h28
…jeunes internautes présentant le taux de pratiques illicites le plus élevé. Elle viserait à les accompagner de manière positive vers de meilleurs usages numériques en mettant en avant les bénéfices réels du recours à l’offre légale ».
Le 26/10/2017 à 15h30
Avec moi ils gagnent plus rien en tout cas :
Alors qu’avant Dadvsi/Hadopi je tipiakais beaucoup certes, mais j’achetais pas mal aussi.
J’ai conscience d’apporter de l’eau à leurs moulin (chute des ventes, etc…) mais tant va la cruche à l’eau…
C’est de la résistance active, tant qu’ils ne feront pas directement une saisie sur salaire…. ou une redevance Hadopi…
Le 26/10/2017 à 15h34
Au fil de ces pages (PDF), on découvre ainsi que la Hadopi entend devenir pour la période 2018-2020, un tiers de confiance pour caractériser les sites considérés comme massivement contrefaisants.
Après le flop du label “PUR”, voici venir le label “INPUR” " />
Le 26/10/2017 à 15h43
Le 26/10/2017 à 17h30
©Daft Punk
" />
L’homme qui valait trois milliards
" />
Le 26/10/2017 à 17h43
Le 29/10/2017 à 19h20
Le 29/10/2017 à 20h33
Dans ce cas, la sélection naturelle opère. " />