Les conditions d'utilisation des consoles de Sony, dont la PlayStation 4, viennent d'être mises à jour sur le site anglais de la marque PlayStation. Si personne n'attendait de surprises de ce côté là, certains y ont vu des atteintes graves à la vie privée des joueurs. En pratique les réactions sont peut-être un brin exagérées, à moins que ?

Sortie imminente de la PlayStation 4 oblige, Sony vient de mettre à jour les conditions d'utilisation de ses consoles de jeu. Sur le site anglais de la marque, on peut lire la dernière version des règles régissant l'utilisation des machines, et certaines clauses ont de quoi refroidir les plus inquiets quant à leur vie privée, tout du moins seulement si on ne prend le temps que de les lire en diagonale.

Sony ne surveille pas l'ensemble des utilisateurs, mais communique avec des tiers

Avant d'avancer plus loin, il convient tout de même de préciser que Sony assure dans le paragraphe 14 des conditions d'utilisation de la PlayStation 4 ne pas surveiller l'intégralité des utilisateurs de ses appareils ou de ses plateformes en ligne et ne pas avoir l'intention de le faire. Ce qui pourra déjà rassurer certaines personnes. Cependant, cela ne signifie pas que Sony n'a pas accès à de nombreuses données, bien au contraire.

« Toutefois, nous nous réservons le droit, à notre entière discrétion, de surveiller et d'enregistrer n'importe laquelle de vos activités sur le PlayStation Network (PSN) et de retirer le contenu que vous avez créé, à notre entière discrétion, sans que nous ayons à vous prévenir. Votre utilisation du PSN et de ses fonctions communautaires peut être enregistrée et nous être envoyée par d'autres utilisateurs dans les cas décrits au paragraphe 13.1. Toute information collectée ainsi comme le contenu que vous avez créé, le contenu de vos communications écrites et orales, des vidéos de vos parties, l'heure et le lieu de vos activités, votre nom, votre identifiant PSN et votre adresse IP peuvent être utilisés par nous-mêmes ou une compagnie affiliée pour assurer le respect de ces conditions, celui de la loi, pour protéger nos droits ainsi que ceux des éditeurs et utilisateurs », peut-on ainsi lire.

À la première lecture on pourrait très bien se focaliser sur le fait que l'ensemble des communications des joueurs peut être consulté par Sony, mais cela ne se fait que dans un cadre très précis. En effet il n'est question que des cas de harcèlement entre joueurs (paragraphe 13.1) et des obligations légales du constructeur. En clair, il serait très exagéré de parler d'espionnage des joueurs ou même d'un manque de respect de leur vie privée. Pourtant, certaines clauses sont très proches de celles de Microsoft pour sa Xbox One alors que le constructeur américain admet ouvertement certaines pratiques.

Microsoft ne se cache pas

Du côté de la firme de Redmond, depuis les premiers remous crées par l'affaire PRISM et le fait que Kinect peut être actif à n'importe quel moment, la politique maison se veut être la plus transparente possible, quitte à ce que cela explicite clairement quelques pratiques plutôt discutables.

Microsoft précise en outre dans la déclaration de confidentialité Xbox, mise à jour en octobre dernier, recueillir un certain nombre d'informations dont votre lieu de résidence, votre adresse IP et la façon dont vous utilisez certains services.

Toutefois, concernant Kinect, la console pourra envoyer des données concernant son utilisation, notamment en cas de plantage. « Toute erreur matérielle ou logicielle peut être téléchargée et signalée à Microsoft, au moment où l'erreur se produit ou dès que vous passez en ligne », précise le constructeur. Les éditeurs pourront aussi profiter de quelques indiscrétions à votre sujet puisque « les éditeurs de jeux peuvent recevoir des informations lorsque vous utilisez leurs jeux ». À quelles fins ? Mystère.

Les fonctions multimédias de la console sont aussi une bonne occasion de récupérer quelques informations à votre sujet. Ainsi, les utilisateurs de comptes « Adultes » pourront être sollicités afin « de collecter des informations sur les programmes de télévision que vous regardez afin de vous proposer des recommandations en ce qui concerne le contenu, de fournir aux autres utilisateurs Xbox des données groupées anonymes relatives au contenu visionné via Xbox One, ainsi que d'améliorer la fonction de télévision en direct sur Xbox One ». La collecte est désactivable à tout moment et ne concerne pas les comptes « Enfant » et « Adolescent ».

Même chanson pour les services Xbox Music et Xbox Video où il est annoncé que « nous pouvons également collecter des informations sur la musique et sur les vidéos que vous achetez ou écoutez/regardez depuis Microsoft via Xbox. Ces informations nous permettent de vous faire des recommandations, de fournir aux utilisateurs Xbox des données groupées anonymes relatives à la musique écoutée ou aux vidéos regardées sur Xbox, ainsi que d'améliorer les services Xbox Music et Xbox Video ». 

« Ne vous attendez à aucun degré de confidentialité »

Quoi qu'il en soit, ces informations pourront être partagées avec des tiers, ce qui inclut « les filiales et les sociétés associées de Microsoft », « des fournisseurs et des agents de Microsoft » ou encore « lorsque cela est exigé par la loi, pour répondre à une procédure judiciaire ou à des requêtes légales, y compris celles provenant des organismes d'application de la loi et les organismes gouvernementaux. ». Organismes gouvernementaux, le mot est lâché.

Si l'on combine le partage des informations avec les organismes gouvernementaux avec le paragraphe qui suit, extrait de la partie concernant Kinect, les choses se gâtent quelque peu. « Ne vous attendez à aucun degré de confidentialité concernant votre utilisation des fonctions de communication en direct, comme le chat vocal, la vidéo et les communications dans les sessions de jeux en ligne, offertes par l'intermédiaire des services. Dans la mesure permise par la loi, nous pouvons surveiller ces communications, mais nous ne pouvons pas surveiller l'ensemble des services et tel n'est pas notre but. Vous comprenez que ces communications puissent être enregistrées et utilisées par des tiers. Les communications dans les sessions de jeux en ligne peuvent également être diffusées auprès de tiers. Notez que Xbox n'écoute pas les appels Skype ». Soulignons que la formule « nous ne pouvons pas surveiller l'ensemble des services et tel n'est pas notre but », est employée également chez Sony. Concernant Skype, il est expliqué que la Xbox n'écoute pas les appels, mais cela n'est pas vraiment un gage de confidentialité, étant donné que Microsoft semble ouvrir les vannes de son côté.

À l'instar des autres appareils connectés, comme les PC et les smartphones, les consoles de nouvelle génération se voient confier de plus en plus d'informations nous concernant et le simple fait de les utiliser permet de récolter des données pouvant alimenter d'immenses bases. Malheureusement, force est de constater qu'en tant qu'utilisateurs il n'est pas vraiment possible de se tenir à l'écart de tout cela, à moins de couper toute connectivité de la machine avec le monde extérieur.