[MàJ] Travail illégal : une mise à l’index sur le Net dès 15 000 € d’amende
Pages noires
Le 12 février 2014 à 08h09
6 min
Droit
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L’Assemblée nationale examine cet après-midi une proposition de loi qui entend offrir au juge la possibilité de décider de l'inscription d'entreprises et de particuliers condamnés pour des infractions de travail illégal (fraudes aux revenus complémentaires, travail dissimulé, etc.) sur une « liste noire » diffusée sur Internet. Les noms et adresses de ces personnes morales ou physiques seraient ainsi publiés pour une durée d’un an. Mais tandis que certains députés veulent muscler le dispositif, d’autres s’inquiètent au contraire de sa probable non-conformité à la législation relative aux données personnelles.
La Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale doit examiner cet après-midi la proposition de loi déposée le mois dernier par les députés du groupe socialiste afin de renforcer notamment « la responsabilité des maîtres d’ouvrage et des donneurs d’ordre dans le cadre de la sous-traitance ». Si l’objet de ce texte peut paraître relativement éloigné des sujets que nous traitons habituellement dans ces colonnes, l’une de ses mesures s’en rapproche grandement.
Un an de mise à l'index sur Internet, tant pour les entreprises que pour les particuliers
L’article 6 de cette proposition de loi vise en effet à ce qu’une « liste noire » d’entreprises et de particuliers ayant été condamnés par la justice pour du travail illégal soit mise en ligne et diffusée publiquement au travers du site Internet du ministère du Travail. En l’état, le texte ne prévoit cependant pas que cette inscription soit automatique. Il s’agit effectivement d’offrir au juge la possibilité de prononcer l’inscription de personnes, morales ou physiques, sur cette liste, en guise de peine complémentaire (de la même manière que la suspension de l'accès à Internet peut aujourd'hui être décidée à l'encontre d'auteurs de contrefaçons sur Internet).
Pour pouvoir décider de cette « mise au pilori numérique », le juge devra être face à la « condamnation définitive d’une personne morale ou d’une personne physique à une amende d’au moins 45 000 € pour des infractions constitutives de travail illégal ». Rentreraient ainsi dans ce champ : le travail dissimulé, le prêt illicite de personnel, l’emploi d’un étranger démuni de titre de travail, la fraude aux revenus de remplacement, etc.
Si cette proposition de loi renvoie à un décret en Conseil d’État le soin de fixer les conditions de publication de cette liste noire, il est d’ores et déjà précisé que devront figurer, pendant une durée d’un an, le nom et les coordonnées postales des personnes concernées - et éventuellement le numéro d’identification des entreprises (répertoire INSEE en France ou équivalent pour les autres États membres de l’Union européenne).
Cette nouvelle peine complémentaire fait sourciller certains députés
L’introduction de cette nouvelle peine complémentaire a cependant fait l’objet d’une série d’amendements. Et force est de constater que les points de vue sont radicalement opposés.
D’un côté, l’on trouve tout d’abord des élus résolument défavorables à cette nouvelle peine complémentaire. « Sans remettre en cause l’objectif de lutte contre le travail illégal, cet article pose la question de la compatibilité de cette sanction complémentaire avec le droit de continuer à exercer son activité lorsqu’une interdiction de ce type n’a pas été prononcée par le juge. Dans les faits, cette inscription sur une liste noire équivaut à une interdiction d’exercer puisque les entreprises sanctionnées seront exclues des marchés » font ainsi valoir les députés Lionel Tardy, Patrick Hetzel et Dominique Tian. Les trois parlementaires UMP réclament de ce fait la suppression pure et simple de l’article 6 de cette proposition de loi.
Ces élus de l’opposition ont cependant déposé deux autres amendements, afin que les dispositions de l’article 6 puissent être modifiées - si jamais la suppression complète était refusée. Premièrement, ils souhaitent que seules les personnes morales (entreprises, prestataires, etc.) puissent être mises à l’index sur Internet. « S'agissant d'une personne physique, prévoir la publication des noms et coordonnées postales sur Internet pose de sérieux doutes de conformité avec la loi n°78 - 17 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Il serait plus raisonnable de prévoir la suppression de cette disposition » expliquent les députés dans leur exposé des motifs. C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons qu’ils réclament dans leur second amendement que la CNIL soit consultée avant la publication du décret régissant les conditions de mise en ligne de cette liste noire.
Des amendements pour muscler au contraire le dispositif
De l’autre côté, on retrouve des députés qui souhaiteraient au contraire que le dispositif soit plus musclé. Chantal Guittet (PS) a ainsi déposé un amendement afin de faire sauter le seuil de 45 000 euros d’amende à partir duquel le juge pourrait choisir d’appliquer cette peine complémentaire. Le nombre d’inscrits potentiels serait alors bien plus important. « L’instauration d’une liste noire des entreprises et de prestataires de services condamnés pour des infractions constitutives de travail illégal doit avoir un effet dissuasif. Or, limiter la possibilité offerte au juge d’y inscrire seulement les entreprises ayant été condamnées à une amende d’un montant d’au moins 45 000 euros (...) réduira de manière considérable la portée de cette mesure, puisque ce montant correspond à l’amende maximale passible par une personne physique ayant eu recours à du travail illégal (exception faite des cas d’emploi dissimulé de mineurs soumis à l’obligation scolaire et des cas de bande organisée) » explique l’élue du Finistère. Cette dernière souhaite ainsi que le législateur donne davantage de liberté au juge, afin que ce dernier décide à sa guise en fonction des dossiers. C'est sur la base d'une argumentation similaire que les députés Thierry Braillard et Dominique Orliac ont eux aussi déposé un amendement ce sens.
Un dernier amendement vise à rendre le dispositif encore plus dissuasif, en allongeant cette fois la durée de mise en ligne des données d’une personne. L’idée est de multiplier par cinq le temps de mise à l'index, en le passant de un à cinq ans. La mesure est cette fois soutenue par une vingtaine de députés socialistes, dont Christian Paul.
[MàJ] Travail illégal : une mise à l’index sur le Net dès 15 000 € d’amende
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Un an de mise à l'index sur Internet, tant pour les entreprises que pour les particuliers
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Cette nouvelle peine complémentaire fait sourciller certains députés
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Des amendements pour muscler au contraire le dispositif
Commentaires (44)
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Abonnez-vousLe 11/02/2014 à 13h04
Bouygues va pas aimer. " />
Le 11/02/2014 à 14h46
Le 11/02/2014 à 15h29
Le 11/02/2014 à 15h48
Le 11/02/2014 à 16h22
Chef d’Entreprises ou Entreprises mis sur une liste parce qu’ils ont ete condamnés : Je suis pour
Tant que l’on reste dans la même durée que les informations consultables sur les feuillets du casier judiciaire où se regroupent toutes les condamnations les délits et les infractions.
Si c’est bon dans un sens c’est bon dans l’autre
toutefois le bemol, les informations du casier judiciaire (feuillet 2) ne peuvent etre demandees que sous certaines conditions :
Ce bulletin ne peut être délivré qu’à certaines autorités administratives ou certains organismes pour des motifs précis(accès à certaines professions[…] )
Service Publicquant a ceux qui s’offusqueraient qu’une telle liste puisse exister je les renvoyerai devant le fait que les decisions de justice sont “normalement” consultables puisque mis a la disposition du public
Le tout n’est qu’une question de Lisibilité / Visibilité
Le 11/02/2014 à 16h56
Les administrations auront aussi le droit d’y être citée ?
Le 11/02/2014 à 18h07
Le 11/02/2014 à 19h50
Y aura aussi les colelctivité qui ne paie aps les vacances pas les heures sup pas les primes de precarité !
Le 11/02/2014 à 20h04
“Cette nouvelle peine complémentaire fait sourciller certains députés”
Auraient-ils quelque chose à se reprocher ? Non ? Où est le problème alors ? :)
Le 12/02/2014 à 00h03
Mais ils sont conscient que même une journée sur une page au lieu d’un an veut dire disponible à vie du moment qu’on parle d’internet ? Un type pondra bien un bot pour recopier la liste sur une base de donnée ailleurs.
Le 12/02/2014 à 06h31
Ils vont dire que c’est pour les méchants terroristes et les méchants pédophiles… Ah ben non…. Madame Michu qui fait faire ses peintures par un voisin pourra elle y figurait à jamais selon le bon vouloir d’un juge. Et comme l’information est éternelle… Qu’il commence avec les délits financiers pour montrer l’exemple…
Le 12/02/2014 à 06h37
Le 12/02/2014 à 08h31
15000 euros ça me parait peu, ça veut dire que si une boite merde une fois (ça peut arriver) c’est finit pour elle.
Le 12/02/2014 à 09h12
Le 12/02/2014 à 09h21
c’est bien on commence à faire des listes …
Après on nous dit que soral, dieudo, farida, zemmour et toutes leur clique de manipulés sont des infréquentables ?
allez pas à moi.
Le 12/02/2014 à 10h06
Sinon je peux leur donner un début de piste pour un travail massif illégal et qui plus est de jeune meme pas en age de travailler.
http://www.jeuxvideo.com/news/2013/00064914-les-contributions-lecteurs-de-la-sem…
Des articles écris par des lecteurs.
La majorité des forums (plusieurs milliers) sont administré par des mineurs de 12 a 17 ans en grande majorité. Et ca 7⁄7 sans aucune rémunération ou contribution de la part de Jeuxvideo.com.
Et pire que ca, maintenant ils commencent a proposer des Actualités écrites ponctuellement par des “lecteurs”.
Il est prévu pour Avril 2014 une refonte du site “Jeuxvideo.com” ou le systeme de proposition de contenu de la part des lecteurs sera automatisé et non rémunéré bien évidemment.
Jeuxvideo.com n’aurait pas ses milliers de test oldies ou non, et ses milliers de forums entretenu gratuitement, es-ce que le site gagnerait autant d’argent ? Car final c’est bien les visites et la pub qui génère des revenus non ?
Pour moi il existe une reelle exploitation basé sur une “passion” qui aveugle un peu la communauté du site.
Le 12/02/2014 à 10h32
Le 12/02/2014 à 10h41
Si diffuser l’adresse de particuliers sur internet pose problème, on pourrait en remplacement leur demander de coudre un signe distinctif sur leurs vêtements et le porter en permanence sous peine de poursuites.
Ça s’est déjà vu.
Le 12/02/2014 à 11h08
Le 12/02/2014 à 11h11
Le 12/02/2014 à 11h13
Le 12/02/2014 à 12h55
A ce que je vois, les socialistes sont motivés pour augmenter le chômage…
Ils détruisent tout ce qui fait la prospérité du pays et appellent ça le progrès…
Le 12/02/2014 à 13h31
Alors comme ça ils veulent nous filer une liste des boites qui ne font pas trop leur mijaurée si on leur demande de faire un petit taff au black vite fait, mais c’est plutôt pas mal comme idée ça " /> (bon c’est pas ça qui va aider à faire rentrer des recettes fiscales dans les caisses " />)
Comment ça j’ai mal compris le principe ? " />
Le 12/02/2014 à 13h34
Savent ils qu’une mise à l’index sur internet signifie que cette information serait disponible pour toujours? Ils ont compris comment fonctionne internet au moins??" />
Le 12/02/2014 à 13h47
Le 12/02/2014 à 19h30
On n’a qu’à mettre sur la place publique le casier judiciaire de tout le monde " />
Ça me semble un précédent difficile à justifier. Des crimes et délits bien plus graves resteront donc dans l’ombre " />
Et nos politiciens et banquiers corrompus, ils y auront droit ???
Le 12/02/2014 à 21h45
Le 13/02/2014 à 09h44
Le 11/02/2014 à 13h10
Le 11/02/2014 à 13h19
Ce qui serait bien aussi, ce serait d’avoir la liste des entreprises (je pense surtout SSII) ainsi que le nombre de procédures aux Prud’hommes passées et en cours et le résultat des ces délibérations. Sans rentrer forcément dans les détails ni les motifs de condamnation, cela permettrait d’éviter dans rentrer dans certaines boites qui cassent de l’employé.
Le 11/02/2014 à 13h22
C’est à la mode en ce moment de surexposer ce qui est déjà nécessairement public (une décision de justice).
A quand le lynchage en place publique de notre politocaille pour avoir nous avoir volontairement conduit à la ruine du fait de son incompétence et de sa négligence ?
Le 11/02/2014 à 13h24
Lionel Tardy, toujours là où il faut sur les sujets “new tech”" />
Je m’interroge toutefois sur l’utilité de ce genre de liste… Si une entreprise est condamnée, le jugement n’est-il pas public?
Après je me doute qu’il faut faire la démarche pour obtenir des informations sur le jugement donc cette liste noire faciliterait le travail
Le 11/02/2014 à 13h30
Le 11/02/2014 à 13h33
Le 11/02/2014 à 13h34
Le 11/02/2014 à 13h34
Le 11/02/2014 à 13h41
Le 11/02/2014 à 13h43
Le 11/02/2014 à 13h46
Le 11/02/2014 à 13h55
Après CopWatch, BossWatch…
Le 11/02/2014 à 13h58
Le 11/02/2014 à 14h01
Le 11/02/2014 à 14h02
Le 11/02/2014 à 14h38