Google officialise sa propre implémentation d’OpenSSL : BoringSSL
Une vraie batterie de cuisine
Le 23 juin 2014 à 14h40
5 min
Internet
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Google a officialisé à son tour son propre « fork » d’OpenSSL, l’implémentation libre de référence des protocoles SSL et TLS. Une décision qui a pour but de simplifier l’entretien du code en interne, mais qui crée au passage une nouvelle variante du composant, quelques semaines après l'affaire Heartbleed.
Alléger le code autant que possible
OpenSSL s'est fait connaître du grand public ces derniers temps surtout pour ses problèmes de sécurité. Ceux qui n’en avaient jamais entendu parler ont peut-être découvert son existence au travers de la problématique concernant HeartBleed, cette faille critique qui mettait en danger la confidentialité des données personnelles dans les échanges avec de nombreux sites et services.
Si Google utilise OpenSSL depuis longtemps, la situation qui entoure le composant a évolué et la firme s’est retrouvée piégée par une complexité accrue. La raison en est qu’elle utilise un lot de patchs qu’elle applique à chaque nouvelle mouture d’OpenSSL, soit pour en optimiser le fonctionnement, soit pour qu’il soit plus adapté à ses propres produits et besoins. Une partie de ces patchs est d’ailleurs proposée directement pour intégration, mais la majorité d’entre eux reste l’apanage de Google, soit parce qu’ils pourraient induire une cassure dans la compatibilité de la branche principale, soit parce qu’ils sont trop expérimentaux.
Les équipes ont donc comme objectif final d’obtenir un résultat beaucoup plus léger, notamment en supprimant bon nombre d’API (Application Programing Interface) et ABI (Application Binary Interface).
Un SSL visiblement « ennuyeux » pour Google
C’est ce qu’explique le développeur et cryptologue Adam Langley, qui travaille chez Google. Il ajoute que l’entreprise a besoin d’un nombre croissant de ces patchs pour ses propres produits et la maintenance du code, ajoutée à la vérification de la compatibilité, sont devenues de vrais casse-têtes. Aussi, la philosophie a complètement basculé : désormais, c’est la propre implémentation de Google, baptisée « BoringSSL » (littéralement « SSL ennuyeux », le nom n’est pas définitif), qui comptera, les nouveautés d’OpenSSL étant reprises et ajoutées pour assurer la compatibilité.
Google annonce ce changement car l’utilisation de BoringSSL devrait commencer à se voir prochainement dans les dépôts de Chromium. Ce qui signifie que dans quelques mois, Chrome en sera officiellement équipé en version finale. Un peu plus tard, c’est Android lui-même qui devrait en bénéficier, et il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’une annonce en ce sens soit faite durant la conférence Google I/O qui ouvre ses portes ce mercredi.
Une communication avec les autres forks...
Adam Langley explique cependant que BoringSSL n’a pas vocation à entrer en concurrence avec OpenSSL. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un composant utilisé en interne qui ne sera pas proposé comme solution de remplacement parce que « meilleure ».
Langley précise également d’autres éléments importants. En effet, les problématiques de sécurité liées à OpenSSL ont permis l’émergence de plusieurs initiatives. C’est tout particulièrement le cas de la Core Infrastructure Initiative lancée par la Linux Foundation et réunissant de nombreux grands noms du secteur : Microsoft, Intel, IBM, Amazon, Apple, Adobe, Dell, Cisco, Facebook, VMware ou encore Fujitsu. Or, Langley précise justement que Google continuera de participer activement au projet qui vise à alimenter en capitaux des efforts de sécurisation de certains composants open source cruciaux, car utilisés par de très nombreux produits, services et sites.
Mais Google n’est pas non plus insensible à LibreSSL. Cet autre « fork » d’OpenSSL est parti cette fois de l’OpenBSD Foundation et notamment du fondateur du célèbre Unix, Theo de Raadt. Début mai, ce dernier avait expliqué qu’au terme d’un premier examen, 90 000 lignes de code C et 150 000 lignes de contenus avaient été supprimées pour se concentrer sur l’essentiel. Cependant, LibreSSL n’est pas encore terminé et sa première exploitation doit se faire dans la mouture 5.6 d’OpenBSD, qui doit arriver le 1er novembre.
Or, encore une fois, Google compte intégrer dans BoringSSL toutes les contributions importantes qui seront faites dans LibreSSL et Adam Langley indique d’ailleurs que l’inverse est aussi possible. À la demande d’ailleurs de l’équipe travaillant sur LibreSSL, plusieurs anciennes contributions réalisées par Google sur OpenSSL ont été passées sous licence ISC, appelée également licence OpenBSD. Langley ajoute que ce sera également le cas de tout nouveau code qui sera écrit pour BoringSSL.
... mais pas non plus de fédération de tous les efforts
On peut donc voir que les projets vont communiquer entre eux. Car non seulement OpenSSL n’est pas mort, mais des moyens conséquents, fédérés par la Linux Foundation, devraient lui permettre de regagner ses lettres de noblesse. Des morceaux seront vraisemblablement échangés avec LibreSSL et Boring SSL. Cependant, on ne peut s’empêcher de regretter que tous les efforts ne soient pas réellement réunis en un unique lieu, en l’occurrence OpenSSL qui bénéfice déjà de l’attention d’un grand nombre de géants de l’informatique et des réseaux.
Pour autant, ce nouveau venu ne semble pas faire trop grincer des dents. Theo de Raadt est d’ailleurs satisfait de la décision de Google car il a remarqué durant le week-end les similitudes entre BoringSSL et LibreSSL : « Leur priorité est la sécurité et non la compatibilité avec les ABI. Tout comme nous ». Il estime qu’avec le temps, la version de Google présentera un nombre élevé de similitudes avec LibreSSL, ce qui pourrait débloquer des opportunités pour ce dernier.
Google officialise sa propre implémentation d’OpenSSL : BoringSSL
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Alléger le code autant que possible
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Un SSL visiblement « ennuyeux » pour Google
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Une communication avec les autres forks...
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... mais pas non plus de fédération de tous les efforts
Commentaires (65)
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Abonnez-vousLe 23/06/2014 à 20h44
Le 23/06/2014 à 20h52
Plutôt décevant ces attitudes de fork.
Ça finira par se tirer la bourre en disant que “Mon fork est meilleur que celui du voisin”.
Et quelles conséquences pour les libs des applications ? Une perte de temps et d’énergie pour rien au final ?
Le 23/06/2014 à 22h30
Le 24/06/2014 à 01h16
Le 24/06/2014 à 07h39
Le 24/06/2014 à 08h03
Le 24/06/2014 à 08h04
Le 24/06/2014 à 08h04
Le 24/06/2014 à 08h12
Le 24/06/2014 à 08h12
La NSA approuve cette nouvelle." />
Le 24/06/2014 à 08h23
Le 24/06/2014 à 08h45
Il y a des gens qui n’ont de toute évidence pas encore compris ici que google est devenu beaucoup trop “gros”, et que quand un acteur devient incontournable, il ne se gêne jamais pour imposer ses règles par la suite…
OpenSSL échappait encore à la main mise des américains. Voilà, c’est fait.
Bref, j’aurais vraiment préféré une participation de google dans le projet existant, plutôt qu’un “torpillage” comme on le voit ici.
Le 24/06/2014 à 08h55
Le 24/06/2014 à 09h12
Le 24/06/2014 à 09h14
Le 24/06/2014 à 09h16
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Le 23/06/2014 à 14h45
Cependant, on ne peut s’empêcher de regretter que tous les efforts ne soient pas réellement réunis en un unique lieu, en l’occurrence OpenSSL qui bénéfice déjà de l’attention d’un grand nombre de géants de l’informatique et des réseaux.
Pas d’accord.
Chacun des 3 projets a ses propres buts, chercher à tout fusionner serait rechercher les ennuis.
Et comme les échanges restent possibles, les bonnes idées de l’un pourront fort bien se retrouver chez les autres.
Le 23/06/2014 à 14h51
Bizzare comme nom de projet !
Le 23/06/2014 à 14h53
Theo de Raadt est d’ailleurs satisfait de la décision de Google
Theo de Raadt qui ne trolle pas ?
Manifestement, d’après le courrier électronique mis en lien, l’écriture correcte de son implémentation est LibReSSL, avec un R majuscule. Sans doute un jeu de mot qui se casse derrière cette particularité typographique.
Le 23/06/2014 à 14h55
Le 23/06/2014 à 14h59
Le 23/06/2014 à 14h59
Le 23/06/2014 à 15h01
à force de faire des forks ils ont une vraie cuisine " />
Le 23/06/2014 à 15h01
Le 23/06/2014 à 15h06
Peut on encore croire Google quand ils se comportent ainsi ???
Il s’agit surtout de s’approprier le code “open source”, de pousser à l’abandon des autres versions…. et d’en devenir de fait l’unique dépositaire…. un grand classique !
Le 23/06/2014 à 15h07
Le 23/06/2014 à 15h10
Est-ce que ça sera open source ?
On aura aussi la backdoor NSA en open source ?
Non mais franchement, qui a encore confiance en Google pour chiffrer ses données ?
Le 23/06/2014 à 15h11
Le 23/06/2014 à 15h11
Bon vu la triple sword de ce matin par Mr.H on a va eviter de plaisanter sur un celebre service des US " />
sinon ca semble etre une bonne chose … sauf que … il faudrait voir un peu ce que cela donne niveau code.. pour eviter de se retrouver avec un acteur Economique qui en profiterai pour analyser les flux .. securisés " />
(Google Homeview approuved)
Le 23/06/2014 à 15h12
Le 23/06/2014 à 15h13
Le 23/06/2014 à 15h17
De toutes manière c’est Google qui détiendra une clé privé + celle public si j’ai bien compris ?
Autant pour le cloud, ça se comprend (c’est leur serveur), autant pour Gmail et le reste, c’est du foutage de gueule pur et simple.
Le 23/06/2014 à 15h18
Le 23/06/2014 à 15h20
Le 23/06/2014 à 15h22
Le 23/06/2014 à 15h25
Quelque chose me dit qu’Adam Langley ne travaille pas que pour Google " />
Le 23/06/2014 à 15h27
Cependant, on ne peut s’empêcher de regretter que tous les efforts ne soient pas réellement réunis en un unique lieu, en l’occurrence OpenSSL qui bénéfice déjà de l’attention d’un grand nombre de géants de l’informatique et des réseaux.
Le problème d’OpenSSL est la rétrocompatibilité qui y est maintenue coûte que coûte, ce qui pose des problèmes assez divers comme le code complexe à maintenir, et je ne parle même pas de sa ligne de commande tout bonnement horrible, plus du tout au goût du jour et qui ne respecte pas les conventions des systèmes hôtes.
Le 23/06/2014 à 15h30
Le 23/06/2014 à 15h31
Le 23/06/2014 à 15h38
Le 23/06/2014 à 15h39
Le 23/06/2014 à 15h46
C’est ce qu’explique le développeur et cryptologue Adam Langley, qui travaille chez Google. Il ajoute que l’entreprise a besoin d’un nombre croissant de ces patchs pour ses propres produits et la maintenance du code, ajoutée à la vérification de la compatibilité, sont devenues de vrais casse-têtes
Je veux pas mettre de cheveux dans la soupe mais si MS avait dit ça d’un projet open source, j’imagine pas le tollé que cela aurait levé chez certains…
Au final ils vont bosser dans leur coin, mais ils disent vouloir faire profiter OpenSSL après les vérifications faites, ça fera du pareil au même pour eux mais avec un timming différent. J’imagine que ces intégrations demanderont tôt ou tard de revérifier le code d’OpenSSL pour tout mettre ensemble avec les tests que cela inclue.
Le 23/06/2014 à 15h48
Le 23/06/2014 à 15h49
Expert en crypto sécurité et s’appeler Langley. …. quoi il boss pas a la cia nsa etc?
Le 23/06/2014 à 15h58
Le 23/06/2014 à 16h04
Le 23/06/2014 à 16h17
Le 23/06/2014 à 16h22
Le 23/06/2014 à 16h30
Le 23/06/2014 à 16h44
Le 23/06/2014 à 16h45
Le 23/06/2014 à 17h07
Le 23/06/2014 à 17h11
Le 23/06/2014 à 17h45
BoringSSL
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Ça s’invente pas.
Le 23/06/2014 à 18h14
Cependant, on ne peut s’empêcher de regretter que tous les efforts ne soient pas réellement réunis en un unique lieu
Ce n’est pas toujours une bonne chose de vouloir à tout prix tout centraliser. Particulièrement en ce qui concerne un composant de sécurité aussi important.
D’autant qu’il ne faut pas oublier que dans le libre, on peut faire des échanges sans forcément faire partie d’une entité unique.
Bref, il ne faut pas appliquer au libre les raisonnements qui ne sont valables que dans le monde propriétaire.
Le 23/06/2014 à 18h20
Le 23/06/2014 à 18h30
Le 23/06/2014 à 18h42
Le 23/06/2014 à 19h42
Le 24/06/2014 à 17h39
Le 24/06/2014 à 19h17
Le 24/06/2014 à 19h36
Le 25/06/2014 à 09h20
Le 25/06/2014 à 12h44
Le 25/06/2014 à 13h30