C’est une série de petits chiffres symptomatiques qui n’avait jamais été éventée par la Hadopi : le pourcentage d’adresses IP envoyées aux FAI, classées par opérateurs. Des données soufflées dans un rapport de l’Inspection générale des finances, lui aussi gardé secret.
Quels sont les FAI dont les abonnés sont les plus avertis ? Cette question n’a jamais été claironnée par la haute autorité. Et pour cause, celle-ci a toujours estimé que cette information pourrait perturber d’une manière ou d’une autre le marché des opérateurs. Dit autrement, en révélant quel est celui des FAI dont les IP sont les plus souvent relevées en amont de la riposte graduée, la Hadopi a toujours craint d’inciter les abonnés à changer de crèmerie.
Historiquement, cette doctrine est née dès l’envoi des premières IP, en septembre 2010. À cette date, Free avait, contrairement à ses concurrents, décidé de ne pas donner suite aux sollicitations de la Rue de Texel, profitant d’un trou législatif. « J’appelle à boycotter tous les fournisseurs d’accès qui se livrent à cette collaboration. J’encourage les gens à aller chez Free » avait alors réagi Nicolas Dupont-Aignan, député très opposé à la loi Hadopi.
Depuis, aucun des rapports de la Hadopi n’a donc distillé la part respective de ses demandes d’identifications. Seulement, cette information a finalement surgi au détour d’un rapport de l’Inspection général des finances « sur l’indemnisation des fournisseurs Internet ». Un document rédigé à la demande du ministère de la Culture et jalousement conservé à l’abri des regards, mais dont nous avons pu obtenir une copie partielle.
Nombre d'adresses IP envoyées à chaque FAI
Dans le tableau ci-dessous, on découvre ainsi le nombre moyen d’adresses IP envoyées aux FAI par jour ouvré. Les données correspondent aux moyennes calculées sur la base de celles des mois de janvier à février 2016.
Le fait intéressant consiste alors à comparer le pourcentage de ces envois avec les parts de marché. On remarque alors que si Orange engloutit près 42% de part de marché sur la période, il ne représente qu’un tiers environ des demandes d’identification d'IP. Chez les autres opérateurs, en particulier Bouygues et Free, les chiffres sont plus en phase avec la réalité économique.
Comment expliquer ces différences ?
On peut en déduire plusieurs pistes d’explications : celle d’un bug technique évacuée, on pourrait prétendre que la mécanique Hadopi est plus laxiste avec tel FAI, plus rugueuse avec tel autre. Mais on voit mal les raisons qui justifieraient pareille discrimination, d'ailleurs illicite sur l'autel du principe d'égalité.
Plus sérieusement, les données révèleraient une typologie comportementale différente selon les FAI, où les lignes des abonnés Orange seraient moins enclines à servir aux échanges P2P que celles des concurrents. Sur le terrain du droit d’auteur, cette hypothèse doit de toute évidence être relativisée car la Hadopi ne s’occupe que de l’univers du peer to peer, non du direct download par exemple. Rien ne dit, en d’autres termes, que les abonnés chers à Stéphane Richard soient moins amateurs de contenus protégés consommés hors des clous de la légalité.
Une procédure CADA toujours en cours
Nous n’avons pas obtenu l’intégralité du rapport de l’IGF par le biais d'une demande de communication. Nous avons donc décidé de poursuivre cette procédure CADA afin d'obtenir la pièce dans sa totalité, en visant spécialement l’Inspection générale des Finances et le ministère de la Culture.
Selon nos informations, l’un des tableaux du document caviardé mentionne par exemple le taux d’identification d’IP par FAI. Et les résultats sont peu glorieux pour l’un des opérateurs.
Commentaires (49)
C’est bien mais il faudrait une période plus grande que 2 mois pour en tirer un peu plus d’infos.
Cela dit entre les promos agressives qui font changer les gens de FAI et les périodes plus ou moins propices à télécharger en masse (coucou GoT), difficile de statuer…
Selon nos informations, l’un des tableaux du document caviardé mentionne par exemple le taux d’identification d’IP par FAI. Et les résultats sont peu glorieux pour l’un des opérateurs.
Quel est ce mystérieux FAI qui va devenir le 1er FAI de France ? ^^
les données révèleraient une typologie comportementale différente selon les FAI, où les lignes des abonnés Orange seraient moins enclines à servir aux échanges P2P que celles des concurrents.
Ou alors la HADOPI préfère les IP fixes…. allez savoir…
Il y a plus de débit chez Orange ils sont passé directe au streaming en 1080p
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elon nos informations, l’un des tableaux du document caviardé mentionne par exemple le taux d’identification d’IP par FAI. Et les résultats sont peu glorieux pour l’un des opérateurs.
ça doit être celui à qui tout le monde pense, non?
Je remarque dans mon activité professionnelle (dépannage et formation informatique à domicile) que les personnes âgées ont le plus souvent tendance à être chez “l’opérateur historique” et s’intéresser peu au piratage.
Au contraire de couples plus jeunes, notamment ceux qui possèdent des ados ; je pense que ça joue fortement dans ces statistiques.
Je ne le trouve pas super compréhensible le deuxième tableau.
Numérimerde = cable = campagne = Mme Michu = peu de tipiak.
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J’ai bon ?
J’ai effectivement fini par comprendre ce que je représentait “l’écart”
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Je me demandais “ok, mais l’écart par rapport à quoi ?” ^^
Sur cette période de début 2016, l’actionnaire majoritaire si je me trompe, de Deezer était Orange, qui faisait le forcing sur les offres couplées Deezer/forfait orange.
Et quand tu as de la musique à volonté, tu n’as pas besoin de la pirater… ce qui peut expliquer une partie des statistiques…
ça a déjà été dit, au moins en partie ;
1 / Toutes les mamies du cantal sont chez l’agrume; et elles ne piratent pas
2/ Les lignes les plus longues sont chez Orange car non dégroupées pour une bonne partie; avoir un débit proche du 56k n’incite pas au tipiak.
On remarque qu’il n’y a que cinq FAI dans les tableaux.
Est-ce que cela pourrait signifier que si l’on est chez un autre fournisseur, on serait privé des courriers de la hadopi ? :O
Un autre critère pourrait que Orange se voulant être un service premium, ses abonnées sont un peu mieux lotis financièrement et donc moins enclines à consommer du contenu piratés.
Non, c’est comme pour la 4G/Fibre, y a pas assez de densité d’abonné, tu es insignifiant.
Reste à savoir si la Heildopi n’a pas fusionner Orange/Sosh et SFR/Red.
C’était juste une explication aussi plausible que celle de la news. Quand on ne sais pas, on ne sait pas. Alors on peut inventer n’importe quoi.
je confirme que Sosh est aussi concerné..
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^^
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non je pensais à un autre.
FDN ils ont pas tout compris.
Plus de 50000 IP par jour, c’est énorme !
On sait combien HADOPI paye par IP ?
Jusqu’à récemment, rien.
Retourne donc écouter ta musique pour éleveurs de rennes et fabricants de gouda au lieu de nous bassiner avec ta culture !
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Les parts de marché des professionnels et des particuliers pourrait peut-être expliquer certaines différences.
Autre piste, purement technique : les noeuds d’interconnexion des “sondes” chargéees de collecter les adresses IP, et la bande passante qui en découle.
Beaucoup de pros ont des lignes pourris et se font traire à mort avec des abonnements pros cher : exemple pour notre cas 3 sites de travail, 3 abonnement à 60 euros chacun pour un débit ridicule avec des déconnexion.
Ils traquent les torrents pas le trafic.
Les torrents sont des identifiants uniques, et on demande aux membres du réseau de membres s’ils ont ces identifiants, ou s’ils connaissent d’autres personnes qui en ont. Cette communication réclame du temps, et est limitée par les interconnexions entre les réseaux. Ainsi, en plaçant ta sonde à Paris chez Free, les IP chez Free seront de fait surreprésentées par rapport aux utilisateurs d’un opérateur japonais, par exemple, et ce, même si ce même fichier est essentiellement partagé au Japon.
S’ils utilisent le DHT ça jouera peut-être un peu pour les IP à l’autre bout du monde, mais je ne pense pas que ça ait un effet significatif pour les IP françaises.
Et s’ils utilisent la liste de clients fournie par le tracker, ça n’aura aucun effet.
Euh non, tout faux.
Le câble c’est une techno de centre ville, en immeuble, en zone dense.
La champagne, c’est xDLS, Wimax, satellite, BLR…
Je me suis fait la même remarque.
Il faudrait comparer la répartition des FAI par tranche d’âge et par débit disponible.
Paske papy en adsl 512K (et il a pas le choix) au fond de la Corrèze a moins de probabilité d’être vu sur les réseau P2P que Jean-Kevin en fibre 200M (qui a choisi en connaissance de cause) en banlieue (ou centre, évitions les clichés) d’une grande ville.
Mon fai est un opérateur local, fibre, 200mbits symétriques. Que du bonheur !
Non pas que, le câble est aussi très présent dans certaines zones rurales, avec faible densité de population (par exemple dans le département du Rhône), il y a des Km de coaxial (avec pas mal d’amplificateurs) et souvent en aérien.