WannaCry : les États-Unis accusent la Corée du Nord et appellent au rassemblement
Avec le chandelier dans la cuisine
Le 19 décembre 2017 à 14h13
5 min
Internet
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Pour les États-Unis, il ne fait désormais plus aucun doute : la Corée du Nord est officiellement accusée d’être responsable de l’attaque WannaCry(pt). Le gouvernement lance un appel à la communauté internationale pour réduire le potentiel de nuisance du régime totalitaire.
WannaCry restera dans les annales comme l’une des plus fortes attaques informatiques de tous les temps. Ce malware, déguisé sous les traits d’un ransomware, a contaminé des centaines de milliers de machines, tout en provoquant des pannes dans des secteurs aussi sensibles que la santé. Parmi ses mécanismes d’action, WannaCry pouvait notamment exploiter l’une des failles révélées par les Shadow Brokers après son vol de données sur un serveur de la NSA (qui contenaient également le code d'exploitation).
Il y a quelques mois déjà, la NSA (National Security Agency) avait conclu que l’attaque avait de fortes chances de provenir de la Corée du Nord. On se souvient d’ailleurs que dans un communiqué commun avec le FBI et le département de la Sécurité intérieure, l’agence mettait en garde en particulier contre un groupe de pirates nord-coréens nommé Hidden Cobra.
Mais comme l'a indiqué au Wall Street Journal Thomas Brossert, conseiller de Donald Trump à la sécurité intérieure, il n’y a désormais plus de doute : la Corée du Nord est bien le pays qui a lâché WannaCry sur le monde.
La Corée du Nord, que personne ne prenait au sérieux
Pour les États-Unis, la Corée du Nord avait un objectif affiché de créer autant de pagaille que possible, jusqu’à nier le potentiel néfaste sur la vie humaine, puisque le malware pouvait aussi bien toucher les OIV que les structures plus classiques, comme dans le cas des hôpitaux anglais.
Thomas Bossert, note ainsi que le « le monde est de plus en plus interconnecté avec de nouvelles technologies, appareils, réseaux et systèmes ». Dans le même temps malheureusement, les opportunités pour les acteurs malveillants augmentent, portées par un « espoir d’anonymat ».
Dans ce contexte, la Corée du Nord s’est montrée « particulièrement nuisible » selon Bossert. Il note que le pays est resté sous les radars depuis plus d’une décennie, alors que « son activité malveillante devenait toujours plus flagrante ». WannaCry n’était-il pas d’ailleurs « d’une dangereuse imprudence » ?
Un cas qui en rappelle un autre : début 2015, le FBI affichait sa certitude que le petit pays asiatique était responsable de l'attaque contre Sony Pictures. Il en avait résulté une importante fuite de données.
Les États-Unis appellent à un effort collectif
Bossert évoque également les conséquences, puisque la Maison Blanche est décidée à embrayer sur une modernisation des administrations, particulièrement centrales, afin d’en augmenter la sécurité. Cela étant, ladite Maison Blanche ne fait que réagir à un constat fait depuis déjà un moment sur l’état délabré de bon nombre des infrastructures du pays, notamment celles utilisant des systèmes SCADA chez les OIV américains.
Le gouvernement américain appelle dans tous les cas à un rapprochement entre les acteurs privés et publics, ainsi qu’entre les pays. Car sans donner vraiment plus de détails, l’avis des États-Unis sur la Corée du Nord recouperait celui de nombreux alliés, qui seraient arrivés à la même conclusion sur WannaCry.
On rappellera tout de même que l'intéressé avait démenti formellement être à l'origine de l'attaque en mai dernier. Le gouvernement nord-coréen déclamait alors : « Chaque fois que quelque chose d’étrange se produit, de manière stéréotypée, les États-Unis et les forces hostiles lancent une campagne bruyante contre la Corée du Nord en faisant le lien ».
Une prise de conscience salvatrice
On peut voir toutefois dans l’impact global du malware une occasion pour beaucoup de se réveiller sur la sécurité de leurs infrastructures. Une opportunité de faire un bilan strict des défenses réellement en place et d’implémenter les règles de sécurité les plus élémentaires, comme la maintenance à jour d’un parc informatique, où les correctifs sont installés en temps et heure.
Mais en dépit d’une prise de conscience que d’aucuns jugeront salvatrice, d’autres pointent la prise de décision éminemment politique de Donald Trump sur la Corée du Nord. Comme le signale le Washington Post notamment, des députés démocrates posent la question de la différence de traitement entre la dictature asiatique et la Russie, accusée d’ingérence dans les dernières élections américaines. Elijah E. Cummings, par exemple, ne comprend pas la négation actuelle par le président des sources de renseignement pointant toutes en direction du Kremlin.
On regrettera, comme trop souvent, que des évènements sécuritaires majeurs soient nécessaires pour que les bonnes questions soient enfin posées. La situation est à ce titre compatible au phénomène Mirai qui, après avoir fait des ravages, a braqué une lumière crue sur les trous béants dans la sécurité d’un grand nombre d’objets connectés.
WannaCry : les États-Unis accusent la Corée du Nord et appellent au rassemblement
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La Corée du Nord, que personne ne prenait au sérieux
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Les États-Unis appellent à un effort collectif
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Une prise de conscience salvatrice
Commentaires (52)
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Abonnez-vousLe 19/12/2017 à 14h36
Je me dis que la gendarmerie française doit être tranquille, étant passé sous Linux progressivement depuis des années : Wikipedia. L’idée a été lancée en 2008, avec début des déploiement en 2011, sachant qu’en 2008 ils ont déjà commencé la migration vers OpenOffice.
Je me demande si aux US ils ont des entités administratives avec une majorité de Linux sur les postes utilisateurs. Après tout, le développement de Linux a beaucoup lieu aux États-Unis, avec des sociétés américaines derrière, et Linus lui-même est venu y vivre il y a longtemps.
Le 19/12/2017 à 14h41
La NSA a pondu le code de WannaCry, il a leaké, ils accusent la corée du nord d’être derrière l’attaque de grande ampleur, et ils appellent la communauté internationale à réagir face à la corée du nord.
J’ai bon ?
Le 19/12/2017 à 14h43
Pourquoi ce serait du foutage de gueule…
On parle de la Corée du Nord quand même, un état hostile.
Aux US ils ont probablement parmi les meilleurs spécialistes au monde, ils savent de quoi ils parlent.
Et il me semble qu’au final les US ont fini par reconnaître (rien qu’en ne démentant plus certains articles de leur propre presse) leur utilisation de “cyberarmes” comme Stuxnet, cf en 2012 cet article :https://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-tech/20120604.RUE0426/stuxnet-les-et… .
Ces dernières années, les services français ont plutôt confirmé les déclarations américaines de ce genre, par exemple sur la Russie ; et à mon avis dans les services français il doit y en avoir de bons aussi.
Le 19/12/2017 à 14h51
Détenir une arme est une chose, en faire un usage important en est une autre.
La NSA disposait de l’outil mais manifestement n’en a pas fait d’usage délétère, à l’inverse de ceux¹ qui l’ont répandu après et causé des dégâts d’une ampleur inédite et touchant aussi des hôpitaux.
(¹) apparemment il s’agit de la Corée du Nord, ce qui n’a rien d’invraisemblable.
Pour mémoire (cf Wikipedia) : « Ce logiciel malveillant utilise la faille de sécurité EternalBlue exploitée par la NSA et volée par les Shadow Brokers, un groupe de pirates informatiques. Cette faille a été corrigée depuis le mois de mars 2017 par Microsoft via le bulletin MS17-010 dans le cadre de son Patch Tuesday. »
Et : « En mai 2017, il est utilisé lors d’une cyberattaque mondiale massive, touchant plus de 300 000 ordinateurs, dans plus de 150 pays, principalement en Inde, aux États-Unis et en Russie et utilisant le système obsolète Windows XP et plus généralement toutes les versions antérieures à Windows 10 n’ayant pas effectué les mises à jour de sécurité, en particulier celle du 14 mars 2017 »
Le 19/12/2017 à 14h53
Ça fait des frontières super dures à surveiller ça…
Le 19/12/2017 à 14h53
Je suis assez proche d’Uzak. Beaucoup d’experts même américains s’accordent à dire qu’ils ont modifié le logiciel. Pas qu’ils l’ont créé… C’est là toute la question de la genèse de la faille.
Faudrait pas oublier que Mirai c’est 3 jeunes américains à l’origine. Puis le monde entier à jouer avec.
En gros, oui Wannacry est sûrement une attaque Coréenne. Mais imaginons, sans théorie du complot bien sur, que la NSA ai un outil basé sur les failles de Wannacry.
S’ils avaient l’info mais n’ont pas communiqué dessus pour garder cette faille sous le coude et qu’une puissance étrangère leur a fait péter à la gueule … C’est tout benef pour eux de faire se tourner les regards ailleurs.
Le 19/12/2017 à 14h56
Le 19/12/2017 à 14h58
L’innocence des États-Unis ne fait aucun doute.
Ceux qui ont des doutes seront punis.
Le 19/12/2017 à 15h01
En partant de cette hypothèse, les États-Unis sont clairement responsables de s’être fait voler l’arme, peu importe la manière. Et la Corée du Nord responsable de son usage.
C’est aussi une arme assez particulière, puisque obsolète dès son premier usage.
Le 19/12/2017 à 15h03
Le 19/12/2017 à 15h03
vu le comportement des US en matière de politique internationale, et particulièrement vis à vis de la Corée du Nord, pas sûr que beaucoup de monde réponde présent à leur appel.
Sans compter que les US qui jouent les victimes de piratages, ça doit en faire rire un paquet… ^^
Le 19/12/2017 à 15h04
Le 19/12/2017 à 15h05
On aura sans doute jamais de preuves que les US ont profité de cette faille.
Quant à chercher, détecter, conserver, et exploiter des failles, c’est un peu le job de la NSA.
mais effectivement c’est aussi son job de les garder sous clé. " />
Le 19/12/2017 à 15h06
Le 19/12/2017 à 15h13
Le 19/12/2017 à 15h16
Ah mais c’est génial ça, je ne savais pas, merci pour l’info " /> Si seulement il y avait + d’administrations qui s’y mettaient (ou je classe la gendaremerie comme un administration, après tout pourquoi pas ^^)
Le 19/12/2017 à 17h02
Le 19/12/2017 à 17h41
Les gendarmes sont sous GNU/Linux. C’est une bonne chose mais quitte à choisir, perso j’aurai préféré que ce soit le ministère de la défense, l’armée ou l’éducation nationale…
Le 19/12/2017 à 18h08
Le 19/12/2017 à 18h38
Le 19/12/2017 à 20h04
Le 19/12/2017 à 20h37
Le 19/12/2017 à 21h01
Le 19/12/2017 à 21h09
Ce que tu dis est censé, mais je te renvoie à mes autres commentaires sur le sujet (sur cette actualité). Pour répondre à 2 parties précis :
Et ça n’a rien d’hypocrite de la part des E-U, l’article mentionne les dégâts sur des infrastructures d’importance vitale, comme les hôpitaux (en Angleterre en particulier). Les américains ne font pas ça.
Le 19/12/2017 à 21h17
Le 19/12/2017 à 21h18
Le 19/12/2017 à 21h28
Le 20/12/2017 à 07h44
Le 20/12/2017 à 08h44
On est bien d’accord sur l’erreur commune “linux=sécurité”, cela dit lorsque les entités telles que des administrations font l’effort de changer d’écosystème informatique, c’est toujours accompagné de bonnes pratiques, de formation, et de verrous de sécurité pour l’utilisateur final qui n’a pas à installer des trucs sur son poste de travail.
Le raccourci est donc faux, mais pas tant que ça en fait !
Le 20/12/2017 à 09h09
Je critique le débat qui prend plus d’une page, pas le détail qui justement ne m’intéresse pas ;)
Le 20/12/2017 à 09h12
Et puis les anglais n’y sont pour rien… ne parlons même pas du Canada…
Le 20/12/2017 à 11h14
Et puis si on lance le débat sur ce (hors-) sujet, la France n’avait pas perdu la guerre, mais seulement une bataille
(comment ça, c’est pas de moi ?)
Le 19/12/2017 à 14h34
Pour un pays qui à créé un programme spécialement dédié à maquiller ses logiciels et malwares afin de faire accuser d’autres pays ou organisations c’est pas un poil du foutage de gueule ? ^^
(que ce soit la Corée du nord ou pas on ne peut jamais “certifier” l’origine d’un code… c’est comme différencier les électrons vert des nucléaires dans les offres d’électricité, un non sens)
Le 19/12/2017 à 15h23
Le 19/12/2017 à 15h30
Le 19/12/2017 à 15h31
Le 19/12/2017 à 15h37
Désolé mais le débat dans les commentaires est soporifique.
N’enfonçons pas de portes ouvertes. On est tous d’accord sur le coté nauséabond des pratiques de NSA CIA et cie. Ce n’est pas une raison pour nier la culpabilité d’un autre pays dans une attaque.
#Céluikacomencé
Le 19/12/2017 à 15h42
Le 19/12/2017 à 15h52
Le 19/12/2017 à 15h54
Le 19/12/2017 à 16h03
ah non non c’est pas trop mon style, l’anti-américanisme primaire. ^^
même s’ils sont loin d’être tout blancs, mais personne ne l’est de toute façon. " />
Le 19/12/2017 à 16h04
Le 19/12/2017 à 16h07
Je suis le seul à penser que “It is based on evidence” dans l’article du WSJ, c’est un peu faible ?
On nous surine à longueur d’année que la Corée du Nord c’est trois 486 avec des modem 300 Bauds et là pan, ils lancent une cyber-attaque digne de War Games.
Mes articles de presse, je les préfères avec un peu plus de substance.
Le 19/12/2017 à 16h10
Le 19/12/2017 à 16h11
en CDN oui, mais rien ne dit que les hackers soient basés là-bas.
edit: quant à la substance, les SR américains ont sans doute de bonnes raisons de ne pas dévoiler leurs sources (HUMINT ou SIGINT), ce qui en apprendrait sans doute à l’adversaire quant à leurs techniques ou leurs sources humaines.
ou peut-être qu’ils jouent aussi là-dessus. " />
Le 19/12/2017 à 16h12
Haha les USA développe des virus, et quant ils se les font voler, accuse le voleur de répandre des virus: les USA le cancer du monde depuis 200ans " />
Le 19/12/2017 à 16h17
Le 19/12/2017 à 16h17
c’est un peu tôt, on n’est que mardi." />
Le 19/12/2017 à 17h00
Le 20/12/2017 à 13h36
Le 20/12/2017 à 23h57
De toute façon avec l’empire États-uniens (comprenant les pays paillasson comme la France et l’Allemagne), c’est soit de la faute de la Russie, de la Corée du Nord ou du Front National… De la part de gens qui fabriquent toute sorte de preuves (#Gerredugolf) s’en est risible " />.
Le coté dramatique dans tout ça c’est qu’a terme on risque bel et bien de refoutre le bordel la bas avec toute la misère Humaine que cela engendre…
Le 21/12/2017 à 06h39
Cette hypocrisie du gouvernement US. Lol !
La NSA n’assume pas leur responsabilité directe dans la perte de vies humaines et les pertes financiaire qu’a causé Wanacry.
Ce sont leurs armes qu’ils ont laissé en accès libre et ce sont eux qui n’ont pas prévenu les acteurs informatiques des failles 0 day quand ils ont su que leur code malveillant était dans la nature.
Accuser la Corée du Nord (ce qui est improuvable) n’est qu’une tentive pour camoufler leur responsabilité.
Les citoyens honnetes, en plus d’être mis en danger par les politiques étrangères folles de leurs Etats, sont maintenant mis en danger physiquement par les services secrets de leurs Etats ! Soit disant là pour les protéger…