Une sénatrice PS veut une suspension automatique des contenus illicites en ligne
Marie-Françoise aux anges
Le 19 juin 2018 à 09h34
5 min
Droit
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Après les députés, les sénateurs examinent le projet de loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. À cette occasion, une élue socialiste entend imposer un mécanisme de suspension automatique, directement dans la loi sur la confiance dans l’économie numérique.
Présenté en mars 2018 en Conseil des ministres, le projet de loi « renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes » a été adopté par les députés le 16 mai dernier. Il poursuit désormais son parcours au Sénat, avec au préalable un examen en commission. À cette occasion, la sénatrice PS Victoire Jasmin entend mettre à jour la loi de 2004 sur la confiance dans l’économie du numérique (LCEN), qui encadre la responsabilité des intermédiaires techniques.
Son amendement Com-12 impose ainsi aux hébergeurs et aux fournisseurs d’accès le devoir de concourir à la lutte contre le cyberharcèlement (art. 222 - 33 du Code pénal), objet de cette proposition de loi. La sénatrice de Guadeloupe espère dès lors que le harcèlement sexuel deviendra un motif valable « pour demander le retrait d’un contenu sur internet et les réseaux sociaux ».
Pour justifier son texte, d’ailleurs dupliqué dans cet amendement de la rapporteure LR Marie Mercier, elle souligne que « le rapport annuel 2017 de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), souligne l’augmentation exponentielle des demandes de retraits de contenus illicites notamment à caractère pédopornographiques », lesquels n'ont pas beaucoup de rapport avec le cyberharcèlement.
Le Com-13 est complémentaire. Sauf que la même élue va cette fois nettement plus loin.
Une suspension automatique dès signalement
Dans le concours apporté à la lutte contre les infractions en ligne, elle veut que ces deux catégories d’intermédiaires suspendent « automatiquement l’accès et la diffusion des données signalées en France et à l’étranger », avec un joli filet : hébergeurs et FAI ne pourraient jamais « voir leur responsabilité civile ou pénale engagée en raison de cette suspension provisoire ». La suspension pourrait néanmoins être levée « à tout moment, à leur initiative ou sur simple demande d’un abonné ».
Ce faisant, la sénatrice instaure un mécanisme qui ne s’apparente même plus à de la justice privée, mais à une coupure automatisée, sans nuance, dès signalement. Son périmètre va d’ailleurs au-delà du simple cyber harcèlement.
Adopté, il concernera également l’ensemble des infractions mentionnées actuellement dans la loi de 2004 : apologie des crimes de guerre ou contre l’humanité, proxénétisme, pédopornographie, provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne à raison de ses origines ou de son appartenance ou de sa non-appartenance à une ethnie, à une religion, de ses orientations sexuelles, son handicap, de son sexe… Sans oublier les messages violents susceptibles d’être vus par un mineur, et enfin l’apologie du terrorisme.
Bref des contenus alternant du manifestement illicite ou du simplement illicite. Autant dire que l’intermédiaire technique aurait à substituer au juge, une décision automatique de blocage temporaire, sans intervention d’une quelconque autre autorité indépendante.
Une disposition « de bon sens »
Ces rigueurs ne font pas trembler Victoire Jasmin, pour qui, il n’y a rien de problématique : « Il s’agit d’une disposition de bon sens face à la rapidité virale des modes de diffusion sur le net et sur les réseaux sociaux » soutient-elle, dans son exposé des motifs.
Son texte qui permet au surplus « une autorégulation simple et systématique face à la masse des contenus diffusés et aux moyens limités des services de police, qui pourront ainsi se concentrer sur les cas les plus graves ». Une autorégulation par une censure automatisée, en somme.
Toujours selon cette parlementaire PS, « il s’agit d’une responsabilité sociale et éthique et non pas d’une responsabilité légale sur le contrôle des contenus illicites diffusés par leurs plateformes des géants du Net. Par ailleurs, la liberté d’expression de tout chacun est préservée, puisqu’un recours simple est possible pour tous abonnés qui souhaitent faire diffuser son contenu ».
Des messages d’alertes adressés par les hébergeurs et les FAI
Dans le COM-14, l’imagination gagne plusieurs jets de fertilité. Afin d’enrayer la diffusion massive des contenus illicites sur Internet, FAI et hébergeurs auraient à envoyer à « tous les abonnés destinataires », une alerte qui viendraient les informer des risques encourus pénalement « du fait de la diffusion de ce type de données ».
En clair, le fils Michu alerte Facebook de la présence d’un contenu illicite sur ses serveurs. Non seulement le réseau social devrait en suspendre automatiquement l’accès, mais au surplus alerter tous les abonnés concernés des risques juridiques s’ils rediffusent d’une manière ou d’une autre le contenu du message. Comment ? Selon quelles modalités financières et techniques ? Aucun détail.
Après examen en commission, le texte sera ausculté en séance. Les divergences avec la version des députés seront directement arbitrées en commission mixte paritaire puisque le gouvernement a engagé la procédure accélérée.
Une sénatrice PS veut une suspension automatique des contenus illicites en ligne
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Une suspension automatique dès signalement
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Une disposition « de bon sens »
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Des messages d’alertes adressés par les hébergeurs et les FAI
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 19/06/2018 à 09h43
Le jour où nos chers élus comprendront que ce genre de mécanismes apporte plus de mal que de bien….
Qu’on donne des moyens à la justice d’agir rapidement pour ce genre de problèmes (création de postes, …)
et qu’on ne laisse pas les intermédiaires le choix de ce qui est licite ou non.
(J’entends déjà des élus dirent que la Chine y arrive bien, elle …)
Le 19/06/2018 à 12h55
Tres facile de faire disparaître un contenu presque indéfiniment sur internet. On signale, c’est suspendu, le metteur en ligne demande un recours, qui met un certain tps a être accepté pour être immédiatement signalé, et rebelote. Quelques bots plus tard et puis c’est bon…
Le 19/06/2018 à 12h58
Ça ne fonctionnera pas. Controler les faits et gestes des internautes est un vaste programme…
Et le RGPD aussi.
Le 19/06/2018 à 13h04
Je pense pas que ce genre de nouveauté soit mauvais mais il faut aussi créer un délis du même genre que la diffamation pour le signalement/bloocage intempestif. Ca limiterai grandement les ardeurs de certains tout en ayant la possibilité de faire disparaître rapidement du harcelement/revenge porn ou autre…
Le 19/06/2018 à 13h05
C’est vrai qu’être plus rapide aurait été bien.
Après aucun système n’est ou sera parfait. Par contre, dans ton cas précis, la justice aurait du s’en mêler et aller plus loin : pas contre Facebook, mais contre les auteurs.
Après tout si quelqu’un appelle à la violence/viol en public dans une ville, ce n’est pas la ville qui doit être sanctionnée mais bien l’auteur. Ca devrait être pareil sur le net.
Si on choppait deux ou trois cas, bien médiatisé et avec des peines lourdes, il y aurait peut être moins de petit con sur le net, et donc moins de besoin de “suspension automatique”.
Le 19/06/2018 à 13h12
Le 19/06/2018 à 13h54
les lois on les a, elle sont juste jamais appliquées correctement " />
Le 19/06/2018 à 14h02
Le 19/06/2018 à 14h29
Quelle puissance dans le bouton pour signaler les posts/commentaires/vidéos !
Une censure immédiate, personne pour vérifier immédiatement la véracité de la dénonciation…
Mais comme un grand pouvoir implique une grande responsabilité, si tu abuses du bouton, tu es responsable face à la loi pour des faits de dénonciation calomnieuse ou un truc du genre ?
Sinon, j’irai dénoncer les vidéos de tous les partis politiques sur les plateformes, c’est trop plein de démagogie et de bullshit qui sont des messages violents susceptibles d’être vus par des mineurs.
Le 19/06/2018 à 14h34
Le 19/06/2018 à 14h40
C’est un mineur, ils ont fait quoi,
menacé de faire pêter la mine à ciel ouvert, avec une grosse pioche ? " />
Le 19/06/2018 à 14h59
Le 19/06/2018 à 15h02
Non jamais, mais ceux la sont justes des connards, mais comme beaucoup de mouvements, ce sont les plus virulents (même minoritaires) que t’entends le plus " />
Le 19/06/2018 à 15h02
Remplacer la justice publique par la censure privée " />
L’enfer est pavé de bonnes intentions " />
Le 19/06/2018 à 15h05
Le 19/06/2018 à 15h06
+1
Dans tout groupe, y a ce phénomène.
Le 19/06/2018 à 15h07
Y a que chez les Inpactiens où on est tous parfait " />
Ou pas " />
Le 23/06/2018 à 09h55
“une sénatrice PS veut”. On peut s’arrêter là, ça ne passera jamais. Et tant mieux.
Le 23/06/2018 à 15h09
Le 19/06/2018 à 15h08
elpetio tu nous manques " />
Le 19/06/2018 à 15h35
Le 19/06/2018 à 15h44
Le 19/06/2018 à 15h51
Le rapport ? Peut-être celui des déviants qui militent pour la castration voir l’extermination des vilains mal cis het blanc p-ê ?
Ca rentre propablement dans la case incitation à la violence en fonction de l’orientation sexuelle et/ou en fonction de son origine, non ? " />
Le 19/06/2018 à 15h54
Oui enfin ils sont pas les seuls, les catho extrêmes et autres racistes c’est contre les basanés.
C’est une minorité qui gueule plus fort et est plus virulente, et c est comme ça dans tout mouvement.
Le 19/06/2018 à 16h32
Et c’est à cause de ces minorités qui chialent pour un rien qu’on nous pond des lois à la con comme ça.
Le 19/06/2018 à 16h33
Le 19/06/2018 à 17h19
Le 19/06/2018 à 18h53
Le 19/06/2018 à 23h20
Un modérateur va supprimer un message pour aider les utilisateurs de la plateforme, surtout. Je pense que ça n’a pas à être obligatoire.
Le 20/06/2018 à 07h05
Le 20/06/2018 à 08h08
Le 20/06/2018 à 08h47
Le 20/06/2018 à 11h01
Le 20/06/2018 à 11h11
(OK le forum m’a paumé le message, tant pis je re-écrit pas :-) )
Le 20/06/2018 à 11h21
Tu as peut-être été suspendu automatiquement " />
Le 19/06/2018 à 09h48
J’imagine surtout que le fils Michu et ses amis auront tôt fait d’absolument tout signaler, histoire que tout soit bloqué et que tout le monde se prenne des spams. " />
Le 19/06/2018 à 09h52
Et la prison automatique pour les politiciens véreux c’est pour quand ?
Si au moins ça peut faire disparaitre twitter, sa horde de lgbtquiue185++ et les dégénérés mentaux de sjw.
Le 19/06/2018 à 10h00
Je propose 2 mesures :
* Une taxe sur chaque proposition a la con faite par nos tres cher politiciens
* La suspension de parole/ou d’exercer pour chaque politicien qui fait proposition a la con
Vous en pensez quoi ? " />
Le 19/06/2018 à 10h00
Le 19/06/2018 à 10h05
Avec ses bonnes idées elle à de l’avenir. Au choix:
Le 19/06/2018 à 10h22
Le 19/06/2018 à 10h30
Le 19/06/2018 à 10h42
Au bout du compte, c’est le contribuable qui paiera au final.
Le 19/06/2018 à 10h47
Cool ça va être encore plus facile de censurer n’importe quoi du coup. Il suffit juste de le signaler comme illicite, et hop ça saute…
Le 19/06/2018 à 11h02
Le 19/06/2018 à 11h29
Le 19/06/2018 à 11h50
Oula…
Personne l’aime au PS pour ne pas lui avoir dit que c’était n’importe quoi son idée? " />
" />
Le 19/06/2018 à 11h57
J’en étais à peu près sûr : la loi allait avoir son lot d’amendements tous plus liberticides les uns les autres.
Toujours la main sur le coeur pour protéger les enfants, les femmes, etc.
On va finir étouffé par cette montagne de bisous.
Le 19/06/2018 à 12h19
durthu a écrit :
Qu’on donne des moyens à la justice d’agir rapidement pour ce genre de problèmes (création de postes, …)
et qu’on ne laisse pas les intermédiaires le choix de ce qui est licite ou non.
Alors oui, et je ne soutiens pas la proposition de cette élue. (automatisme=danger)
Par contre j’ai vécu un cas où nous étions plusieurs à signaler des appels au viol et au meurtre à l’encontre d’un mineur (qui n’avait pas de compte) sur Facebook. J’ai attendu 48h pour que Facebook réponde que “les propos n’enfreignaient pas la charte”. Pourtant ils étaient explicites et publics (pas besoin d’être “ami” pour les lire). En 24h la victime a vu son identité révélée à la suite des commentaires appelant à la violence. Bref, moralement et légalement c’était totalement hors des clous.
Il a fallu 1 semaine pour que la conversation soit supprimée suite à diverses interventions (dépôt de plainte etc.). C’est très court pour la justice, et suffisamment long pour causer d’énormes dommages.
Y-a-t-il une solution à ce genre de comportement, à part une responsabilité de l’hébergeur?
(Laisser les gens s’organiser pour commettre des crimes? Demander les coordonnées de tous les participants et les trainer en justice 6 mois après? Engager des gros bras pour menacer le détenteur du compte à l’origine des attaques? Embaucher un hacker pour supprimer son compte? Interdire les réseaux sociaux non modérés pré-publication?)
Le 19/06/2018 à 12h44
La proposition de Victoire Jasmin est un violent appel à la haine => hop filtré.
Le 19/06/2018 à 12h53
Rapport LGBTQ SJW et contenus illicites ?
On est pas vendredi " />