Les 20 propositions du rapport contre la haine sur Internet
La Hadopi de la LCEN
Le 20 septembre 2018 à 16h03
9 min
Internet
Internet
Le rapport Avia relatif à la lutte contre la haine sur Internet a été remis aujourd’hui au Premier ministre. Fustigeant des « zones de non-droit » en ligne, il préconise vingt pistes touchant notamment à la responsabilité des intermédiaires en ligne ou aux pouvoirs du CSA.
Comment lutter contre la haine antisémite, raciste sur Internet ? Dans son plan présenté en juin 2017 avec Theresa May, jugeant insuffisants les engagements et les obligations des opérateurs en ligne, Emmanuel Macron plaidait déjà pour un tour de vis « afin de supprimer les contenus qui promeuvent, dans tout type de média, la haine et le terrorisme ».
En mars 2018, le premier ministre confiait à la députée LREM Laetitia Avia, l’écrivain Karim Amellal et Gil Taïeb, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) une mission sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. « Nous ne tolérons pas la haine dans la rue, pourquoi devrions-nous la laisser prospérer sur Internet ? » se demande le site dédié.
Le document de 70 pages, dont une version de juillet 2018 a été révélée hier soir par nos confrères de Contexte, contient une série de mesures pour « faire d’Internet un espace plus apaisé, moins haineux, où chacun peut s’exprimer à condition de respecter les autres ».
Haro sur les intermédiaires techniques
La Loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) de 2004, qui régit la responsabilité des intermédiaires techniques, est l’une des principales cibles.
Elle prévoit à ce jour que les hébergeurs engagent leur responsabilité lorsqu’alertés, ils ne suppriment pas « promptement » un contenu manifestement illicite.
Jusqu’à présent, l’appréciation de cet adverbe était laissée aux juges. Le rapport préconise une autre logique. Les hébergeurs ne devraient disposer que de 24 heures pour retirer les contenus racistes ou antisémites, à compter de la connaissance des contenus litigieux.
Certes, parfois il n’est pas simple de qualifier juridiquement un texte, une photo, un tweet, une vidéo. En principe, en cas de doute, l’intermédiaire ne doit rien faire. Le doute est par essence l’indice qu’un contenu n’est pas manifestement illicite.
Les contenus « gris » mis en quarantaine
Le rapport Avia dézingue cette brèche, qui est aussi un rempart pour la liberté d’expression. Pour traiter ces contenus « gris », ceux illicites mais non manifestement illicites, il préconise tout simplement une mise en quarantaine à titre préventif. Une autorité de régulation pourrait ensuite saisie afin de déterrer ou enterrer les éléments en cause.
Fournisseurs d’accès Internet (FAI) et hébergeurs auraient également 24 h pour répondre aux réquisitions d’un magistrat ou d’une autorité de police lorsqu’existe un risque pour la vie ou l’intégrité physique, 1 mois dans les autres cas.
Des obligations pour les grands opérateurs
Parmi les intermédiaires, certains se verraient astreints à des obligations renforcées en raison de leur taille. Ces grands opérateurs, déterminés selon un seuil d’utilisateurs, un niveau de trafic ou encore le chiffre d’affaires, devraient d’abord désigner en Europe un représentant, apte à recevoir les notifications.
Ce n’est pas tout. Un nouveau statut d’intermédiaire apparaîtrait dans l’horizon juridique. Les « accélérateurs de contenus », qui regrouperaient les réseaux sociaux et les moteurs de recherche de grande taille. Bien entendu pour sécuriser le régime français, les auteurs sollicitent la création de ce troisième statut au niveau européen.
Ces « accélérateurs » auraient une obligation de transparence sur la lutte contre les contenus illicites et le traitement de ces alertes. En plus des rapports publiés volontairement par Twitter ou Google par exemple, ils devraient révéler l’organisation des unités chargées des missions anti-haine en ligne (formation juridique, langue parlée, etc.).
Ils devraient en outre supprimer les contenus liés au terrorisme dans un délai d’une heure, dans les 24 heures pour les infractions manifestement illicites (où les auteurs du rapport rangent l’incitation à la haine). Enfin, les contenus supprimés seraient mis sous séquestre durant 10 semaines afin de conserver des éléments de preuve, en vue d’éventuelles actions.
Les auteurs des contenus seraient informés immédiatement, sauf en matière terroriste et de pédopornographie. Ils auraient ainsi la possibilité de contester le retrait au prix d’une procédure de réexamen.
La Commission européenne planche déjà sur une obligation de suppression des contenus liés au terrorisme en une heure, après avoir obtenu la signature d'une charte par les grandes plateformes, et la distribution régulière de bons et mauvais points à ces entreprises.
Des amendes multipliées par 100
Pour inciter les intermédiaires à la coopération, le rapport plaide pour une multiplication par 100 des amendes infligées en cas de manquement (soit 37,5 millions d’euros d’amende pour les personnes morales, 7,5 millions d’euros pour les personnes physiques).
Inspiré par l’Allemagne, ces montants devront néanmoins passer le cap de la proportionnalité, ce qui n’est jamais assuré avec de tels montants...
Page 20 du rapport, il est même préconisé en guise d’option de rendre les hébergeurs et FAI responsables non assez coopératifs directement responsables pénalement et civilement des contenus litigieux. « Il est finalement logique qu’un grand réseau social refusant de se conformer aux prescriptions légales ou aux injonctions du juge ne puisse plus faire état de sa qualité de simple intermédiaire technique, et devienne ainsi pleinement responsables des contenus incriminés ».
Coucou, le CSA
Pour chapeauter ce régime, une autorité serait en charge de mettre en œuvre les dispositions de la future loi : contrôle de la mise en œuvre des obligations des acteurs, de la désignation d’un représentant en Europe, des rapports de transparence. Elle aurait également à décider d’engager des sanctions contre les intermédiaires ou les auteurs. En de cas contenus « gris », comme expliqué ci-dessus, elle interviendrait par voie d’avis.
L’autorité de régulation des contenus illicites (l’ARCI ?) comprendrait un collège et une commission des sanctions. Seule la commission pourrait saisir le juge. L’autorité comprendrait 30 à 50 personnes dans ses rangs.
Cette sorte d’Hadopi des contenus haineux serait créée de toutes pièces ou bien reposerait sur une extension des pouvoirs du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avec un département dédié à la lutte contre les contenus violents et offensants sur Internet.
C’est là, finalement, un réchauffé du rapport Lescure qui en 2013 plaidait déjà pour une extension des pouvoirs du conseil, tellement vissés sur les postes de TV et radio traditionnels. C'est aussi une coïncidence heureuse pour le CSA, qui a récemment publié un épais rapport justifiant sa légitimité dans le contrôle des contenus en ligne.
Un logo uniformisé pour signaler les contenus
Pour uniformiser les procédures de signalements, un logo serait créé par voie réglementaire, afin de permettre à quiconque de contacter l’intermédiaire.
Le signalement se ferait uniquement en ligne, sans création de compte, et potentiellement dans le plus strict anonymat. Ne resterait plus qu’à renseigner le type d’élément (origine ethnique, groupe religieux, orientation sexuelle, handicap ou maladie…) et l’URL.
Le mode d’échange avec la plateforme serait identique, quel que soit le type d’intermédiaire concerné. Dans ce tunnel, les associations et les autorités auraient toutefois un accès privilégié afin d’être traitées en haut de la pile.
Un blocage judiciaire des contenus calqué sur l’Arjel
Sur sa lancée le rapport demande de calquer sur ces contenus le régime de blocage en vigueur à l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel).
Ainsi, le président de l’autorité administrative (donc possiblement le CSA) pourrait saisir le juge des référés aux fins de bloquer les sites manifestement racistes et antisémites. Des mesures similaires rendraient possible le déréférencement de ces contenus.
La loi de 1881 serait également modifiée afin de démultiplier les possibilités de saisine de ce juge pour les infractions de presse les plus graves, afin de faire cesser le trouble ou prévenir sa réapparition par la suspension de l’accès au service.
Follow the money, Name and shame
Dans une logique « follow the money », les annonceurs seraient simplement incités à rendre publique la liste des supports où sont placardées leurs annonces.
Cela permettrait, pensent les auteurs du rapport, de « lutter contre la publicité des sites diffusant la haine ». À défaut, les pouvoirs publics pourraient soutenir les initiatives « Name and shame » afin de mettre à l’index les annonceurs trop peu regardants.
Des plaintes en ligne, la voie de l’ordonnance
Les victimes pourraient déposer plainte en ligne contre les auteurs de propos racistes et antisémites sur Internet. Le juge pénal pourrait sanctionner dans une simple ordonnance, les auteurs de propos haineux à des amendes revues à la hausse, outre des stages de sensibilisation ou des travaux d’intérêt général.
Sur le terrain procédural, des chambres pénales spécialisées prendraient en charge les dossiers plus complexes, ceux non éligibles à l’ordonnance.
La logique de la suspension Hadopi adaptée à Facebook
En guise de sanction, on retrouve la logique de la loi Hadopi, dans sa version originelle : le juge pourrait suspendre ou résilier un compte, et même suspendre « le fonctionnement d’un site », confisquer le matériel…
Est même imaginée la possibilité d’ordonner la suppression des contenus identiques, voire simplement analogiques lorsqu’ils sont produits par le même auteur.
Les décisions de justice condamnant une personne pourraient au surplus être publiées en ligne, notamment « sur sa page Facebook, son compte Twitter ou son blog ». L’ensemble des décisions de justice seraient enfin répertoriées sur un site unique afin de servir d’exemple.
En fin de route, d’autres solutions sont envisagées, toujours dans l’objectif de lutter contre la haine sur Internet. Création d’un observatoire de la cyber-haine ou de cellules de riposte citoyenne, armées de contre-discours, outre l’inévitable sensibilisation des plus jeunes à l’école, campagnes publicitaires, kit d’information disponible chez les intermédiaires…
Les 20 propositions du rapport contre la haine sur Internet
-
Haro sur les intermédiaires techniques
-
Les contenus « gris » mis en quarantaine
-
Des obligations pour les grands opérateurs
-
Des amendes multipliées par 100
-
Coucou, le CSA
-
Un logo uniformisé pour signaler les contenus
-
Un blocage judiciaire des contenus calqué sur l’Arjel
-
Follow the money, Name and shame
-
Des plaintes en ligne, la voie de l’ordonnance
-
La logique de la suspension Hadopi adaptée à Facebook
Commentaires (41)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 21/09/2018 à 07h24
“Le document de 70 pages, dont une version de juillet 2018 a été révélée hier soir par nos confrères de Contexte”
y’a pas une autre source ? parce que là il n’y a rien de visible à moins de payer 6€…
Le 21/09/2018 à 07h56
Le 21/09/2018 à 08h02
Le 21/09/2018 à 08h06
C’est pas pareil " />
(A écouter Meurice, tu comprends pourquoi rien ne change " />)
Le 21/09/2018 à 08h25
Y’en a beaucoup (coucou Zemmour vu que tu es dans le colimateur depuis 2-3 jours), souvent ceux qui prétendent défendre la liberté d’expression pour balancer des énormités / des conneries / cracher leur haine, qui devrait se dire que la liberté d’expression, c’est aussi la liberté de fermer sa gueule x)
Faudrait comprendre qu’en général on s’en fout de leurs avis aha. Passer à la télé ou se faire interviewer ne dispense pas de réfléchir x)
Le 21/09/2018 à 08h28
Le 21/09/2018 à 08h50
ou “ne pas oublier que les pires choses ont toujours commencé par de la censure et des atteintes à la liberté d’expression”.
Ou alors: “ne pas oublier que les paroles qui ont fait commencer les pires choses ont été prononcées par des gens qui ont été mis au monde par des mères…” Avec ce type de raisonnement on peut faire n’importe quoi.
probablement que beaucoup utilisent leur liberté d’expression comme des imbéciles, mais quand on veut les empêcher de s’exprimer, ça ne changera jamais ce qu’ils pensent en plus d’être risqué pour ceux qui ont effectivement quelque chose à dire. A un moment, il faut se rendre compte qu’il est impossible de tout voir en binaire, et qu’il y aura beaucoup de nuances de gris entre les deux.
je reste persuadé qu’on a presque rien à gagner et surtout beaucoup à perdre en limitant la liberté d’expression. ça n’est pas parce qu’il y a un problème (à mettre en perspective avec la formidable capacité que chacun a à pouvoir s’exprimer aujourd’hui) qu’il faut instaurer n’importe quelle mesure, qui plus est lorsque leur mise en oeuvre est susceptible de générer un arbitraire important. Pour éviter ça il faudrait une procédure claire, des infractions claires, des juges formés et des sanctions claires: c’est pas vraiment par là que se dirige ce projet: de la “self regulation” (c’est génial on demande aux entreprises privées et aux annonceurs de décider à la place de la société), de l’administratif et de la litigation de masse. Pire, tout reste virtuel et anonyme (c’est ça au fond le problème: les gens se lâchent (c’est pas reluisant) parce qu’ils s’expriment anonymement).
Concernant la citation attribuée à Voltaire, je la trouve bonne et pleine d’actualité. Qu’elle soit mal utilisée et mal comprise ne change en rien sa profondeur, ni le fait qu’elle fasse réfléchir.
Le 21/09/2018 à 09h34
Le 21/09/2018 à 09h37
Le 21/09/2018 à 10h09
Le 21/09/2018 à 11h06
Le 21/09/2018 à 11h22
Le 21/09/2018 à 12h04
Le 21/09/2018 à 12h12
A priori non, ou bien alors le CSA serait plus efficace sur Internet qu’il ne l’est à la télévision ou à la radio.
Le 21/09/2018 à 12h19
" />
Le 21/09/2018 à 13h26
Le 20/09/2018 à 16h54
Du coup, gros à parier que la classe politique soit d’accord avec ça mais par contre, si ça vient d’un député, d’un sénateur ou d’une quelconque personnalité des hautes sphères, pas touche !
Pathétique … les lois actuelles sont largement suffisantes et faudrait commencer par les appliquer réellement. A tous.
Le 20/09/2018 à 17h55
Cacher la poussière sous le tapis ne règlera absolument rien. Il faut au contraire montrer la débilité, et taper sur celui qui se croit malin et anonyme derrière son écran (au porte-monnaie c’est souvent le plus efficace) pour calmer les ardeurs… Donc l’idée du name and shame, couplé à l’application des lois actuelles serait pas mal.
Le 20/09/2018 à 19h18
Le 20/09/2018 à 19h28
Les “zones de non-droit sur internet”… ?
Nom de Zeus Marty, je crois que nous sommes revenus en 2008, sous Sarkozy !
Le 20/09/2018 à 20h06
Le 20/09/2018 à 20h12
Et donc la haine qu’elle a cracher t’en fais quoi de celle la ? Tu valides ? Certains on le droit d’insulter des dizaines de milliers de personnes d’un coup et d’autres non ?
Le 20/09/2018 à 21h21
Tout ça me fait doucement rire quand on voit que beaucoup à la tête de l’état sont les portes parole officiels des français racistes.
A cela s’ajoute certains chroniqueurs tv/radio, leurs invités (volontairement polémiste pour l’audimat)…etc
Bref, la haine nous survivra tous " />
Le 20/09/2018 à 22h00
Ils sont au courant que Facebook et Twitter ne sont pas Français? Ils n’ont aucune raison d’obéir à une loi française " />
Le 20/09/2018 à 23h18
On va finir par ne parler que de la météo car il y aura toujours un certain nombre de personnes froissées et adeptes de la suppression de la liberté d’expression.
Le 21/09/2018 à 06h42
Je persiste à penser que la “liberté d’expression”, comme toute liberté, ne peut être sans limite quand on vit en société.
D’autre part, de tous temps, cette fameuse liberté a été fortement revendiquée par des gens qui se sont empressés de la supprimer totalement quand par malheur ils arrivaient au pouvoir.
Inciter à la haine et à la violence envers qui que ce soit, ce n’est pas de la liberté, c’est de la connerie profonde et ça peut être très dangereux.
Ne pas oublier que les pires choses ont toujours commencé par des paroles…
Donc je le répète une fois de plus, la fameuse phrase “je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrais jusqu’à la mort, etc, etc” est une énorme connerie et une magnifique “fauxculserie” car il est plus que probable que ceux qui utilisent cette phrase débile pour tout et surtout pour rien n’en pensent pas un mot. " />
Le 21/09/2018 à 06h51
Le 21/09/2018 à 07h08
Je suis déçu, ma proposition d’éradiquer l’humanité n’a pas été retenue.
Pourtant elle aurait été efficace " />
Le 21/09/2018 à 07h21
donc on va exécuter zemour en place public
Le 21/09/2018 à 15h14
Entre la recommandation par “précaution” de retirer un contenu possiblement illicite mais pas manifestement et surtout pas tranchée comme tel par un magistrat, et le risque de publier/héberger un contenu sans avoir la licence avec les nayantsdroits (dont éditeurs de presse), va pas rester grand chose sur le net.
Au passage, heureusement qu’on est à l’ère de la tarteupnation, c’est vraiment la fête du net, bon on avait pas compris dans quel sens…
Le 21/09/2018 à 17h34
Vu la disparité des législations à la surface du globe, j’imagine que ça va finir en gros filtrage dégueulasse par adresse IP pour les entreprises non Françaises.
Le 21/09/2018 à 19h22
Chouette, encore un machin qui va régler les problèmes sur le Ternet. " />
Le 21/09/2018 à 20h08
Le rapport Avia dézingue cette brèche, qui est aussi un rempart pour la liberté d’expression. Pour traiter ces contenus « gris », ceux illicites mais non manifestement illicites, il préconise tout simplement une mise en quarantaine à titre préventif. Une autorité de régulation pourrait ensuite saisie afin de déterrer ou enterrer les éléments en cause.
Je suppose que si ça n’est pas indiqué, l’autorité n’aurait pas l’obligation de rendre son avis dans les 24h ?
Si les obligations ne sont pas symétriques, sans sanction pour une mise en quarantaine abusive, c’est clairement déséquilibré, et ça ouvre la voie à un système de censure automatisé. Plutôt que d’avoir des modérateurs, des sites pourraient tout simplement opter pour la solution la moins chère : supprimer tout contenu signalé.
Le 22/09/2018 à 08h10
Le 22/09/2018 à 08h11
Le 22/09/2018 à 09h03
Qui va décider que le propos est Le Bien et que d’autres propos sont Le Mal?
En d’autres termes, qui va écrire la Morale de référence à laquelle ils ne faudra pas déroger?
J’imagine qu’au train où vont les choses, les algos des réseaux sociaux sont déjà prêts pour ne pas valider les propos contraire à la bonne Morale du camp du Bien.
La liberté d’expression ne sera plus à priori mais à posteriori, une fois validée par le moteur Morale.
Ce qui aura pour effet de pousser encore un peu plus les auteurs bannis et ostracisés vers la clandestinité, pour se regrouper entre eux, alimenté par la haine d’être rejeté par le camp du Bien prouvant ainsi qu’ils ont quelque part raison.
Plus cela va, moins nous faisons appelle à notre intelligence pour s’en remettre à celle dite artificielle qui n’a rien d’intelligent.
Beaucoup rêvent de ce monde parfait d’entre-soi, à commencer par ce que l’on appelle les élites.
Une seule Morale, une seule pensée, une seule liberté. Soyons tous unis pour dire Oui, tout le temps, pour tous les sujets et à tous le monde.
Plus besoin de réfléchir, obéissons avec sourire.
Le 22/09/2018 à 09h35
Comme un animal domestiqué dans son enclos: un esclave " />
Le 22/09/2018 à 09h37
Je n’ai jamais dit que ce génocide était uniquement lié à cette radio, j’ai juste dit qu’elle y avait activement participé et ça c’est une évidence que personne ne peut nier.
D’autre part, des nombreux témoignages de rescapés et de tueurs démontrent à quel point certains sont allés massacrer leur voisin sans trop vraiment savoir pourquoi mais juste parce que ils avaient entendu qu’il fallait le faire.
J’ai en mémoire le témoignage d’un tueur : “Avec un ami on se promenait dans le village, on a vu une vieille et un enfant, mon ami a tué la vieille qu’il ne connaissait pas, moi j’ai tué l’enfant que je ne connaissais pas, je ne sais pas trop pourquoi j’ai fait ça mais au moment où je l’ai fait je pensais que c’était bien de le faire”.
Mais vous avez raison, au nom de cette liberté d’expression laissons donc s’exprimer la haine des autres, laissons certains préconiser le massacre de telle ou telle ethnie ou religion (peu importe lesquelles), ils ont le droit de s’exprimer ces braves gens n’est-ce pas ?
En cautionnant cette liberté que vous voudriez sans limite vous êtes les plus grands adversaires de cette liberté d’expression que vous croyez défendre.
Vous oubliez juste que personne n’est à l’abri des dégâts que cela peut provoquer et vous avez vraiment une vision idyllique de l’espèce humaine qui a pourtant démontré de très nombreuses fois qu’elle ne connaît aucune limite dans l’horreur et qu’il faut parfois bien peu de chose pour déclencher cette horreur.
Pour finir je ne nie pas le danger qu’il y a à imposer des limites à l’expression d’autant si on ne sait pas quels critères seront utilisés et qui va les imposer.
Mais concernant l’appel à la haine et au massacre il n’y a pour moi aucun doute et c’est uniquement de ceux-là dont je parle et dont parle la new.
Le 24/09/2018 à 06h16
Les témoignages sont intéressants mais une personne impliquée auras toujours tendance à minimiser son rôle.
De plus, les massacres ont existé dans des régimes autoritaires sans liberté d’expression comme en Russie soviétique ou au Cambodge ou dans pas mal de conflits en Afrique.
Le 24/09/2018 à 10h39
Je suis bien d’accord avec toi sur les limites la liberté d’expression, sur la base de tes arguments. Et c’est le sens du principe comme quoi “la liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres”.
Mais pour moi, ce qui n’est pas acceptable une fois de plus avec cette loi, c’est qu’elle envisage de refiler cette restriction d’une liberté fondamentale à une sombre autorité administrative, à l’indépendance toujours sujette à caution.
Alors qu’il n’y a pas à tortiller en fait : une restriction de liberté fondamentale doit être définie précisément par la loi, et tranchée ou punie par la justice en cas de non respect de la loi. Point. C’est l’esprit de la séparation des pouvoirs (pas l’excuse habituelle sortie par nos politiques pour continuer à magouiller comme ils le veulent sous couvert d’un mandat électif).
Tout le reste n’est qu’une question de moyens, et de volonté politique de donner (ou plutôt de ne pas donner) ces moyens à ladite justice. La vieille excuse comme quoi elle n’est pas assez rapide / efficace ne tient pas, les mécanismes pour gérer l’urgence existent (ordonnances, référé, etc.)
Le 24/09/2018 à 12h00