Accès des forces de l’ordre aux données des véhicules connectés : le Sénat donne son feu vert
La roue est dans le pré
Le 08 avril 2019 à 15h40
7 min
Droit
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Le Sénat a finalement accepté que le gouvernement autorise, par ordonnance, policiers et gendarmes à accéder à certaines données émanant des voitures connectées. L’exécutif a cependant été contraint de corriger sa copie.
En commission, fin février, les sénateurs supprimaient purement et simplement l’habilitation à légiférer par voie d’ordonnance sollicitée par Élisabeth Borne, la ministre des Transports.
Au travers du projet de loi « d’orientation des mobilités », le gouvernement souhaitait notamment « rendre accessible » aux policiers, gendarmes, pompiers... « certaines données » produites par les véhicules connectés – y compris celles émanant de leurs systèmes d'aide à la conduite ou de navigation intégrés.
Des termes bien trop larges et imprécis aux yeux de la rapporteure de la commission des lois du Sénat, Françoise Gatel. « Les finalités des traitements de données ne sont pas clairement encadrées par l'habilitation, alors même que l'atteinte à la vie privée des automobilistes pourra être considérable – le recueil de données de géolocalisation en temps réel ne semble ainsi pas exclu de l'habilitation demandée » s’était inquiétée l’élue centriste.
Le gouvernement propose de nouveaux « gardes-fous »
Françoise Gatel avait tout particulièrement tiqué sur l’étendue de cette habilitation, soulignant que « tant l'électronique embarquée des véhicules – dont les habitacles sont désormais couramment équipés d'une multitude de capteurs installés dès la première monte par les constructeurs (relevé d'utilisation du moteur, du rythme, de la vitesse, de l'ouverture des portes) – que les usagers eux-mêmes – via des dispositifs mobiles (boîtiers télématiques, GPS, applications...) – génèrent une grande variété de données relatives à la conduite automobile, à l'utilisation des équipements ou à l'environnement ».
Jeudi 21 mars, dans l’hémicycle du Sénat, Élisabeth Borne a donc présenté une « nouvelle version » de cette réforme aux élus de la Haute assemblée.
Dans le détail, l’exécutif souhaite désormais être habilité à prendre, toujours par ordonnance, toutes les mesures destinées à « rendre accessibles » les « données des systèmes intégrés aux véhicules terrestres à moteur, équipés de dispositifs permettant d’échanger des données avec l’extérieur du véhicule ». Ceci au profit :
- Des « forces de l’ordre » et autres « services d’incendie et de secours », dès lors que les données sont nécessaires à la « détection des accidents et incidents ou conditions de circulation génératrices d’accidents, localisés dans l’environnement de conduite du véhicule ».
- Des « gestionnaires d’infrastructures routières », à des fins de « connaissance de l’infrastructure routière, de son état et de son équipement », mais aussi de détection des accidents et incidents.
- Des « autorités organisatrices de la mobilité » (STIF, etc.) et des gestionnaires d’infrastructures routières pour la finalité de « connaissance du trafic routier ».
L’amendement du gouvernement précise que les données ainsi ouvertes ne pourront être « utilisées qu’après agrégation, à l’exception de celles dont l’agrégation rend impossible leur utilisation pour la détection des accidents et incidents ou conditions de circulation génératrices d’accidents ».
Accès aux données relatives aux accidents
Mais ce n’est pas tout. Dans le prolongement de la (vaste) habilitation réclamée initialement par l’exécutif, il est de nouveau prévu que les forces de l’ordre puissent avoir un accès post-accidents aux données « embarquées » de tous les véhicules, même non connectés.
En cas d’accident de la route, les « données des dispositifs d’enregistrement de données d’accident et les données d’état de délégation de conduite enregistrées dans la période qui a précédé l’accident » auront vocation à être ouvertes aux officiers et agents de police judiciaire, « aux fins de détermination des responsabilités ». Et ceci « sans consentement du conducteur et gratuitement », précise désormais la copie du gouvernement.
Dans la première version du projet de loi Mobilités, le ministère des Transports demandait vaguement à fournir un accès à « certaines données événementielles ou d’état de délégation de conduite enregistrées, en cas d’accident de la route ».
Des précisions ont également été apportées quant aux possibilités de « correction télématique des défauts de sécurité » affectant des véhicules connectés. L’exécutif a ajouté que ces opérations à distance se feraient « par des modalités appropriées d’accès aux données pertinentes de ces véhicules ».
Extension aux autorités de mobilité
Afin de prendre en compte les demandes de certains sénateurs, le gouvernement a enfin proposé que la future ordonnance permette dans le même temps aux autorités organisatrices de la mobilité d’accéder aux « données relatives aux déplacements produites par les services numériques d’assistance au déplacement ». Là aussi, ces informations ne pourront être exploitées « qu’après agrégation ».
« L’accès aux données des véhicules connectés contribuera à l’amélioration de la sécurité routière, de la gestion des infrastructures et des politiques de mobilité. C’est tout l’enjeu de ce cadre à construire », a fait valoir Élisabeth Borne, face aux sénateurs. Ceux-ci ont accueilli favorablement l’amendement de l’exécutif.
Le rapporteur, Didier Mandelli, a toutefois fait adopter un sous-amendement précisant que les données émanant des véhicules connectés ne pourront être utilisées « comme preuve de la commission d’infractions au Code de la route ». Un ajout jugé bienvenu par le gouvernement : « S’il s’agit bien d’améliorer la sécurité routière, l’objet de la disposition n’est pas de sanctionner les infractions », a déclaré la ministre des Transports.
L'exécutif sera par ailleurs tenu de légiférer sous douze mois, et non plus sous un an et demi, comme le prévoyait initialement le projet de loi Mobilités.
Pas d’ouverture aux assureurs
Certains sénateurs, parmi lesquels Pascale Bories (LR), ont vainement proposé que les sociétés d’assurance puissent elles aussi avoir accès « sans consentement du conducteur et gratuitement » aux données embarquées relatives aux accidents des véhicules. Ceci « aux fins exclusives » d’indemnisation.
« Demain, pour les véhicules dotés de systèmes de délégation de conduite, le spectre des responsabilités s’élargira et l’établissement des responsabilités sera plus complexe. Sans un accès aux données permettant de fixer objectivement dans quelle mesure le dispositif de délégation ou le conducteur est à l’origine d’une éventuelle faute, chaque sinistre risque de devenir un long parcours judiciaire » faisait valoir Pascale Bories en appui de son amendement.
« À ce stade, si la préoccupation des assureurs paraît légitime, le fait de retenir le principe d’un accès sans consentement à ces données mériterait d’être davantage instruit » a objecté le rapporteur, Didier Mandelli.
Le projet de loi Mobilités a été transmis à l’Assemblée nationale, où il sera bientôt examiné dans le cadre d’une première lecture.
Accès des forces de l’ordre aux données des véhicules connectés : le Sénat donne son feu vert
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Le gouvernement propose de nouveaux « gardes-fous »
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Accès aux données relatives aux accidents
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Extension aux autorités de mobilité
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Pas d’ouverture aux assureurs
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 08/04/2019 à 16h35
« S’il s’agit bien d’améliorer la sécurité routière, l’objet de la disposition n’est pas de sanctionner les infractions », a déclaré la ministre des Transports.
" />
Le 08/04/2019 à 16h37
En effet cette phrase est une blague qui ma fait bien rire, si on traduit ça donne
“Cette loi ci ne le fera pas mais la prochaine qui suivra celle ci oui”.
Le 08/04/2019 à 17h00
A bien lire la remarque de Didier Mandelli, il manque un mot dans l’intitulé du paragraphe concerné. " />
Le 08/04/2019 à 17h00
Le rapporteur, Didier Mandelli, a toutefois fait adopter un sous-amendementprécisant que les données émanant des véhicules connectés ne pourront être utilisées « comme preuve de la commission d’infractions au Code de la route ». Un ajout jugé bienvenu par le gouvernement : « S’il s’agit bien d’améliorer la sécurité routière, l’objet de la disposition n’est pas de sanctionner les infractions », a déclaré la ministre des Transports.
Foutaises. “Pour votre sécurité, contrôles radars fréquents”.
C’est un pied-dans-la-porte classique avec les gouvernants, je parie qu’une fois le système généralisé, et les automobilistes bien habitués, on reviendra à l’étape 1, toujours “pour notre sécurité”, mais avec de beaux malus pour ceux qui n’en voudraient pas (ils auront “quelque chose à cacher”).
Le 09/04/2019 à 10h52
Le 09/04/2019 à 11h16
mon opel mazout est pas compatible avec cette norme " />, et les assurances sont pas dans le coup, donc es ce bien légale de créer 2 catégories de justiciable
Le 09/04/2019 à 12h22
Dans le détail, l’exécutif souhaite désormais être habilité à prendre, toujours par ordonnance, toutes les mesures destinées à « rendre accessibles » les « données des systèmes intégrés aux véhicules terrestres à moteur, équipés de dispositifs permettant d’échanger des données avec l’extérieur du véhicule ». Ceci au profit :
Donc en fait, à partir du moment ou le véhicule est capable d’échanger des données avec l’extérieur, alors ce véhicule devra se soumettre à une surveillance permanente, car il peut se produire un accident n’importe quand " />
Le 09/04/2019 à 12h38
@ js2082:
Bah on a ce qu’on mérite:
hofstede center france:
At 86, French culture scores high on Uncertainty Avoidance. This is clearly evident in the following:The French don’t like surprises. Structure and planning are required[…] There is also a need for emotional safety valves as a high score on Uncertainty Avoidance and the combination of high Power Distance and high Individualism strengthen each other, so to speak. The French, for example, are very talkative and “engueuler”, giving someone the sharp edge of one’s tongue happens often. There is a strong need for laws, rules and regulations to structure life. This, however, doesn’t mean that most Frenchmen will try to follow all these rules, the same as in other Latin countries. Given the high score on Power Distance, which means that power holders have privileges, power holders don’t necessarily feel obliged to follow all those rules which are meant to control the people in the street. At the same time, commonners try to relate to power holders so that they can also claim the exception to the rule.
Ergo, donnez plus de règles, ca fera plus de pouvoir aux politiques et au fuck you money.Sinon on peut vivre en liberté… faut juste embrasser la responsabilité individuelle, ce qui ne risque pas d’arriver un jour dans ce pays.
Le 09/04/2019 à 13h14
Bonjour,
Reste à espérer que le conseil constitutionnel sera saisi par des associations…
Le 09/04/2019 à 15h47
>mais avec de beaux malus pour ceux qui n’en voudraient pas
C’est bien pire que ça.
Il y a deux~trois jours mastodon à annoncer qu’ils allaient intégrer un projet nommer “Eunomia” (ils ont même reçu 60k euros pour ça (regarde ROCHKO EUGEN en bas du PDF)).
Des gens ont fouillé “Eunomia” bref c’est l’équivalent du score social chinois.
Mais il y a plus que ça, “eunomia” est financée non seulement par l’UE mais aussi par “Trilateral research”.
Trilateral research et aussi financer par l’UE.
La personne chargée de travailler sur “Eunomia” chez “Trilateral Research” est “Su Anson”.
“Su Anson” travaille aussi sur d’autres projets tels que “INSPEC2T” et “ResiStand”.
C’est deux projets sont aussi financés par l’UE.
INSPEC2T est un amalgame de projet qui a l’intention d’utiliser la “smartgrid” en gros tous les objets connecter, les réseaux sociaux, bref tout le minage de donner possible, pour créer un système de sécurité et de prévoyance dans l’intérêt du peuple Européen.
-Project Unity
-Trillion
-CITYCoP
-CITY.RISK
-VALCRI
Voire la brochure.
Pour ResiStand
C’est aussi un amalgame de project comme:
-SAFERtec
-CREDENTIAL
-DOGANA
-PROTON-TRUESSEC.EU-cyberwatching.eu
-FORENSOR
Y en a trop.
Bref c’est joliment écrit tout ça mais avec les moyens qu’ils mettent en place faut pas se voiler la face.
Le 10/04/2019 à 05h59
Ok, ça craint. Mais en France aussi on a ce genre d’entreprise, qui offre ses services principalement à l’étranger, comme Amesys.
En complément, certains responsables politiques, comme à Nice, ne cachent pas que pour eux tout doit pouvoir être tracé, suivi, pour notre “sécurité”.
Le 10/04/2019 à 09h43
Ceci « aux fins exclusives » d’indemnisation. Ceci « aux fins exclusives » de non-indemnisation.
Le 10/04/2019 à 11h00
Le 10/04/2019 à 12h41
J’entend bien qu’on ne parle pas que des cas de départ de feu.
Mais il ne faut pas tomber dans la même justification que pour le 80 KM/H (ça fera des morts en moins sur la route), où mécaniquement au moins UN gars sera sauvé par le système (ce qui sera bien évidemment une bonne chose) et que DONC c’est une bonne chose (en oubliant de lister tout les désagréments/coûts/intrusions dans la vie privée/tremplin pour d’autres projets bien moins avouable que ça génèrera).
Le 12/04/2019 à 10h23
Tu trouves sur des forum comment enlever la carte sim de la voiture. Ce que je vais faire à mes prochaines vacances, j’ai trouvé le plan sur le net pour la mienne. Merci manu, je savais pas quoi faire à Pâques !
Le 13/04/2019 à 07h52
a? c’est pas les oeufs qu’on cherche normalement? Toi tu es moderne, tu cherches les sims ;/
Le 08/04/2019 à 17h35
“autorités organisatrices de la mobilité”
“politiques de mobilité”
Ah elle est belle cette novlangue, ils organisent la mobilité. Ils ne pourraient pas nous laisser tranquille plutôt ?
Le 08/04/2019 à 17h46
question, c’est légale? ça ne cré pas une disproportion entre justiciable? Entre celui possédant une vieille caisse sans électronique et celui possédant le dernier modèle? Peut on chinter cette ordinateur de bord? Faire une demande express pour ne pas en bénéficier?
Le 08/04/2019 à 17h46
Le gouvernement propose de nouveaux « gardes-fous »
Ce sont surtout des gardiens des Droits de l’Homme, dont ce gouvernement à besoin " />
Le 08/04/2019 à 17h54
Le 08/04/2019 à 19h29
Bah ça fait plus de 10 ans, mais apparemment sans gilet jaunes c’etait plus dur de s’en apercevoir …
Le 08/04/2019 à 19h37
Chef, j’avais un marteau dans les mains, pis j’ai glissé et depuis l’ordinateur de bord ne marche plus. " />
Le 08/04/2019 à 19h38
Le 08/04/2019 à 20h27
Je ne pense pas. Il suffirait que les assurances rentrent dans la danse et c’est bon. Un bon vieux mouchard a mettre sur le port OBD2 et ca fera exactement la meme chose:
Et en bonus, ca peut meme signaler si tu le debranches (il y a une carte sim integree)
Le 08/04/2019 à 20h35
Le 08/04/2019 à 22h32
ha mais c’est déjà le cas ! enfin presque, il y a certaines assurances qui te propose un truc du genre en échange d’un “bonus”.
M’en fou j’ai pas de port odb2 sur mon véhicule d’abord " /> ,mais il y a une prise diagnostic quand même.
Le 09/04/2019 à 07h33
Il même étonnant que l’instauration de boîte noire dans les voitures ne soit pas arrivé plus tôt… avec ce que permet les technologies d’aujourd’hui.
Le 09/04/2019 à 07h37
C’est tellement sécurisé le port odb et le bus utilisé que je pense que les chinois ont déjà un boîtier fake pour ça
Le 09/04/2019 à 08h21
Le 09/04/2019 à 08h29
Le 09/04/2019 à 08h36
heu….
c’est pareil !
https://www.auto-moto.com/actualite/high-tech/prise-obd-amie-ou-mouchard-toutes-…
Le 09/04/2019 à 08h48
faudrait que les Constructeurs “jouent le jeu” !
Des constructeurs choisissent de ne pas implémenter certaines données
qu’ils ne jugent pas essentielles pour l’antipollution…" />