Des députés souhaitent plus de transparence sur les agendas et salaires de hauts fonctionnaires
Rendez-vous en terre inconnue
Le 15 mai 2019 à 13h56
7 min
Droit
Droit
L’encadrement du lobbying et la transparence de l’action publique s’invitent (à nouveau) au Palais Bourbon. Les députés s’apprêtent à débattre d’amendements proposant notamment la mise en ligne des agendas de quelques hauts fonctionnaires, ou bien encore la publication de certaines rémunérations d’agents publics.
Depuis ce matin, neuf heures, les internautes peuvent participer à un « débat numérique citoyen » initié par le député Sylvain Waserman (Modem). Le rapporteur du projet de réforme du règlement de l’Assemblée nationale souhaite obtenir les avis des citoyens sur trente propositions, ayant toutes trait aux relations entre représentants d’intérêts et décideurs publics.
« Comme cela se fait au Parlement européen et à la Commission européenne, faut-il prévoir que seuls les représentants d’intérêts inscrits au registre de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) sont en droit d’accéder aux bâtiments des assemblées ? » demande par exemple Sylvain Waserman. Ou bien encore : « Le fait que le député fasse toute la transparence sur l’origine de l’amendement (l’idée du dispositif ou la rédaction même de l’amendement) devrait-il constituer une obligation ? »
- Voir l’intégralité des propositions de Sylvain Waserman
- Accéder au « débat numérique citoyen » organisé sur Klaxoon jusqu’à 21 heures (code d’accès : 3XAP7A)
Les défauts du registre numérique de lobbyistes pointés du doigt
Au fil de ses interrogations, l’élu pointe en outre les principales failles du registre numérique de lobbyistes, qui a pris son envol l’année dernière : pas d’obligation de dévoiler l’identité des politiques rencontrés, ni la décision ayant été influencée (ni même la position défendue), déclarations sur une base annuelle, etc.
Si la question du lobbying est bien abordée dans le cadre de la réforme du règlement de l’Assemblée nationale, ce n’est toutefois que de manière accessoire. L’encadrement des relations entre représentants d’intérêts et décideurs publics relève en effet de la loi. Un dossier qu’a d’ailleurs récemment rouvert la majorité, en excluant complètement les associations religieuses du fameux registre confié à la HATVP (voir notre article).
Sylvain Waserman reprend ensuite une proposition portée notamment par la HATVP : « Afin de remédier à la suspicion qui entoure les interactions entre les représentants d’intérêts et les élus, faut-il faire de la publication en Open Data des agendas des élus une pratique ou une obligation réglementaire ? Si oui, comment ? »
Certains responsables publics se montrent déjà transparents, à l’image des ministres, sauf que ces derniers publient leurs agendas sous forme de PDF difficilement réexploitables... La Haute Autorité insiste ainsi sur la nécessité d’opter pour des formats ouverts, qui permettraient de vérifier plus facilement « la cohérence entre les éléments déclarés par les représentants d’intérêts et ceux rendus publics par les responsables publics ».
Aux yeux de la HATVP, une telle initiative « fournirait aux citoyens une compréhension inédite de l’action quotidienne de leurs responsables publics ». Mieux encore : cela pourrait « modifier certaines idées reçues » sur la charge de travail des politiques, « et ainsi contribuer à renforcer la confiance ».
Les agendas des hauts fonctionnaires bientôt mis en ligne ?
Sylvain Waserman va même plus loin : « Alors que les actions de lobbying visent également les cabinets ministériels et certains hauts fonctionnaires de la fonction publique, faut-il prévoir la publicité des agendas en Open Data des membres des cabinets ministériels et des hauts fonctionnaires approchés par les lobbies ? »
La question est cette fois on ne peut plus d’actualité. L’Assemblée débat depuis hier du projet de loi de « transformation de la fonction publique ». Le député Matthieu Orphelin (ex-LREM) s’apprête à soutenir dans ce cadre un amendement en vertu duquel les directeurs d’administrations centrales seraient tenus de « publier en ligne leurs réunions avec des représentants d’intérêts » : portes-paroles d'associations ou d'entreprises, etc.
« Les hauts fonctionnaires en charge de la préparation des projets de loi et des décisions publiques sont amenés à rencontrer des représentants d’intérêts. Ces rencontres sont utiles à la « fabrique » des décisions publiques, mais elles doivent être davantage transparentes : les citoyens doivent pouvoir comprendre comment s’organisent les interactions entre la société civile et les responsables publics (empreinte normative et législative) » se justifie le parlementaire, qui reconnait au passage que son amendement a été « suggéré par l’association Transparency International France ».
Davantage de transparence sur les rémunérations de certains agents publics
Autre amendement notable : les députés de la majorité souhaitent que certaines administrations diffusent chaque année, sur leur site Internet, « la somme des dix rémunérations les plus élevées des agents relevant de leur périmètre, en précisant également le nombre de femmes et d’hommes figurant parmi ces dix rémunérations les plus élevées ». Seraient ainsi concernés :
- Les « départements ministériels »
- Les régions
- Les départements
- Les villes de plus de 80 000 habitants
- Les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de plus de 80 000 habitants
- Les établissements publics hospitaliers dotés d’un budget de plus de 200 millions d’euros
En clair, il serait impossible de savoir combien a touché la personne la mieux payée au sein de chacune de ces institutions (le directeur d’un hôpital ou le président d’une région par exemple). Mais une moyenne serait néanmoins calculable, histoire d’avoir au moins un ordre d’idée...
En avril dernier, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le secrétaire d’État Olivier Dussopt s’était dit « très favorable à la publication de référentiels indiquant combien, dans tel ministère, un poste de direction d’administration centrale est rémunéré, suivant une échelle de salaire resserrée suffisamment explicite pour donner une indication claire ». Il s’était en revanche fermement opposé à toute « publication de listes nominatives mentionnant la rémunération à l’euro près de ceux qui sont concernés ».
« Bien que les hautes rémunérations restent significativement moins élevées dans la fonction publique que dans le secteur privé, l’exemplarité de la haute fonction publique et la nécessité d’une plus grande transparence font l’objet d’attentes fortes de la part de nos concitoyens » font aujourd’hui valoir les députés LREM.
Dans un registre proche, le député Damien Abad (LR) propose que l’ensemble des administrations et autorités administratives indépendantes (CNIL, CADA, HATVP, Autorité de la concurrence...) publient en Open Data, sur leurs sites Internet respectifs, leurs « budgets et comptes administratifs annuels » détaillés, en recettes et en dépenses.
Les débats sur le projet de loi relatif à la fonction publique doivent reprendre demain à 9h30. Ils devraient durer au moins jusqu'à lundi prochain. Le texte sera ensuite transmis au Sénat.
Des députés souhaitent plus de transparence sur les agendas et salaires de hauts fonctionnaires
-
Les défauts du registre numérique de lobbyistes pointés du doigt
-
Les agendas des hauts fonctionnaires bientôt mis en ligne ?
-
Davantage de transparence sur les rémunérations de certains agents publics
Commentaires (30)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 15/05/2019 à 14h33
les hauts-fonctionnaires, ca comprend les deputes et senateurs ? " />
Le 15/05/2019 à 14h51
C’est pas une mauvaise idée, mais c’est tout de même assez gonflé de leur part : à chaque fois qu’il est question d’accéder à leur agenda et leur salaire, ils viennent pleurer…
Le 15/05/2019 à 14h53
C’est une mauvaise idée. C’est impossible de baisser un salaire, alors que c’est toujours possible de négocier plus haut. Cela va donner le même résultats que la diffusion publique des salaires des PDGs américains: une hausse de leurs salaires! Source.
Le 15/05/2019 à 14h57
Le 15/05/2019 à 15h29
Non c’est une bonne idée. On verra bien combien sont payés les gens qui, à Bercy, passent leur temps à dire que les autres coûtent trop cher.
Le 15/05/2019 à 16h46
Les (hauts-)fonctionnaires peuvent négocier leurs salaires?
Le 15/05/2019 à 17h00
Tous les fonctionnaires que je connais sont sur une grille fixe. Mais il est possible de négocier une NBI (Nouvelle Bonification Indiciaire). En clair, on te donne des points d’indice en plus. Il me semble que cela passe par le CA chaque année. Donc cela ne concerne que les responsable de service au mieux…
Le 15/05/2019 à 19h24
Le 15/05/2019 à 19h30
Ils me rappellent les frères Dalton qui se sont dénoncés pour toucher la prime. Envie de vomir.
Le 15/05/2019 à 19h51
La NBI (Nouvelle Bonification Indiciaire) est un sujet qui fâche. " />
Créée pour valoriser (et essayer de conserver) des agents méritants car exerçant des fonctions et responsabilités supérieures à celles censément exercées par quelqu’un de leur corps (en très gros, comprendre « profils »), grade (comprendre qui a passé plus d’examen, ou a été bien noté, était dans le bon syndic, …) ou échelon (comprendre ancienneté à 98% et « mérite » à 2%), il a été décidé que X points de NBI serait donnés à telle ou telle administration, mais que la répartition à l’intérieur de cette administration serait décidée localement, par la hiérarchie.
Donc la NBI a très rapidement servi a gonfler le salaire des plus méritants, donc, des chefs, qui d’autre ? " />
Sinon pour aider à approfondir la réflexion des INpactiens, je rappellerai simplement :
Le 16/05/2019 à 00h06
Trop gros/bien/transparent, passera pas … " />
Le 16/05/2019 à 02h29
#Rien à cacher
" />
Je gagne 100KE/an et demain je vais voir une grande enseigne pour parler du pb des parkings squattés.
Je suis je suis?
" />
Le 16/05/2019 à 07h07
Concrètement, à la louche 75% des politiques sont des hauts fonctionnaires.
Pour la bonne et simple raison qu’il est obligatoire de les reprendre à un poste similaire
à celui qu’ils occupaient avant leur passage par la case « élu ». C’est nettement plus compliqué
pour quelqu’un du privé…
c’est pour ça que les Politiques DEVRAIENT être inclus ! " />
Le 16/05/2019 à 07h20
Le 16/05/2019 à 07h25
Le 16/05/2019 à 07h32
Le 16/05/2019 à 07h56
Le 16/05/2019 à 09h26
C’est totalement faux. C’est 30% de fonctionnaires et assimilés à l’assemblée, avec énormément de profs et de cadres publics mais très peu voire pas de haut fonctionnaire.
Concernant les hauts fonctionnaires on parle de quelques milliers de parisiens principalement (10000 personnes maximum en ratissant large niveau critères en France), largement pas assez pour que les deux populations élus/fonctionnaires se recoupent nationalement.
La plupart des politiques de niveau national sont juste politiques et ont enchainé plusieurs mandats. Beaucoup deviennent consultants, avocats etc. ensuite ce qui rapporte bien plus que d’être haut fonctionnaire.
Le 16/05/2019 à 11h22
J’ai pas pu m’empécher d’aller voir Balkany avec ton cadeau
" />
Le 16/05/2019 à 12h17
Le 16/05/2019 à 13h36
Le 16/05/2019 à 16h16
On sait déja combien ils touchent ceux-là.
c’est déjà donné ici l’info:
salaire députés
salaires sénateurs
Le 17/05/2019 à 09h15
Pour les députés nouvellement élus; les ‘frais informatiques” s’élèvent à 15 500 €…
“ça va”, quoi….." />
Le 17/05/2019 à 16h26
Les frais informatiques, sans guillemets.
Radiner pour qu’un député, dont la tâche est vaste et la mission dure 5 ans, et qui s’appuie sur des assistants parlementaires aussi (qui ne sont pas de trop, tu peux demander à l’un d’entre eux), s’équipe correctement, je ne pense pas que ce soit un bon calcul.
Par ailleurs je ne pense pas qu’un député ait spécialement envie de s’acheter une machine hors de prix pour le plaisir, ce n’est pas le but.
La démagogie anti-élus aura toujours de l’avenir dans ce pays…
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-a…
Les députés bénéficient d’un accès à internet, à la messagerie électronique et à un certain nombre de bases de données juridiques et économiques. Ils disposent d’un droit à la formation et d’une dotation pluriannuelle pour leur équipement téléphonique et informatique, principalement en circonscription, dénommée crédit d’équipement téléphonique et informatique (CETI).
Pour les députés nouvellement élus lors de la XVe législature, cette dotation s’élève à 15 500 € contre 13 000 € pour les députés réélus. En cas de dépassement du plafond de cette dotation, les dépenses des députés sont imputées sur la dotation matérielle des députés (DMD).
Les députés font l’avance des frais et sont remboursés sur présentation des justificatifs de leurs dépenses.
Le 18/05/2019 à 07h33
Pour compléter, le premier paragraphe indique aussi que la dotation générale est de 18 950€ par an et qu’en cas d’excès sur celle de 15/13k€ c’est celle-ci qui est imputée.
Les députés bénéficient, par ailleurs, de certains appuis matériels destinés à faciliter l’exercice de leur mandat. Ils disposent notamment d’une dotation matérielle annuelle dont le montant s’élève, pour un député de métropole, à 18 950 € chaque année. Cette enveloppe permet de prendre en charge les courses en taxi ou en VTC, les dépenses de téléphonie, de courrier, etc.
En gros tel que je comprends, ils ont 18k€ de frais de fonctionnement pour les communications et la bureautique + 15/13k€ pour l’équipement et le renouvellement.
Ce qui en soit est assez réaliste pour une équipe de quelques personnes.
A titre perso j’ai rapidement atteint 2500€ d’équipement initial quand je suis passé de salarié à freelance juste pour le PC + accessoires + téléphone pro avec l’abonnement.
Et côté frais, j’avais enchaîné des déplacements à l’étranger de manière mensuelle dans une ancienne vie et on arrive rapidement à 7⁄800 balles de frais par mois.
Et à ceux qui voudraient pester sur le “oué mais z’ont qu’à acheter des Acer à 500€ et pas des MBP à 4000€ et voyager en Twingo blablacar”, bah de mon expérience personnelle :
Entre traîner le Dell de 2.5kg pas cher de mon ex employeur et le Asus de 1.6kg que j’ai maintenant, mais qui coûte 2x plus … Clairement, quand on passe son temps en mobilité (mon cas aussi par moments), il n’y a pas photo.
Et entre se farcir 5h de TGV en 2nd (parce que le client faisait son radin sur les frais, en oubliant que pendant ces 5h il me payait pour rien) et 5h de TGV en première qui permet de bosser dans le train avec le confort qui va avec. Nan, plus jamais.
Juste pour dire que la réflexion doit aller au delà du chiffre, privé comme public.
Le 20/05/2019 à 07h05
et alors? ma station de travail + mon pc portable + mon abo msdn + ma sauvegarde cloud doivent bien chiffrés à 10k€ également, et pour moi seul, alors que le parlementaire, il doit équipé son équipe d’assistant aussi.
Mais bon, quand on veut juste cracher sur des gens qui ont plus, ça sert à rien d’expliquer.
Le sujet c’est pas les montants ou la justification des montants des députés/sénateurs, c’est la transparence des rémunérations des hauts fonctionnaires
Le 20/05/2019 à 09h53
Le 20/05/2019 à 16h18
C’est un moyen que j’ai employé pour demander à un client de changer le PC qu’il m’avait mis à disposition. (et bien évidemment interdiction d’utiliser le mien)
“Je perds au cumul 1h par jour avec, tu vois mon TJM, fais le calcul de combien de jours tu perds par mois”
Le mois suivant, j’ai eu un nouveau PC.
Le 21/05/2019 à 08h16
Il est vrai que quand je vois le macbook pro 15 pouces 32gb et son SSD 4 tera fourni par sa boite à mon fils et que je me souviens des Thinkpads de 3 tonnes que je distribuais dans la mienne, c’est pas la même philosophie et ça me fait un peu baver… mais bon c’est principalement une histoire de budget
Mais bon lui il travaille … " />
Le 21/05/2019 à 17h09
Bien joué.
Mais ça doit arriver que ton client comprenne parfaitement le souci, mais qu’au-dessus ça dise “niet”, pour diverses raisons plus ou moins globales à la boîte…
(genre on ne livre que tel genre d’ordi à ce niveau-là de responsabilité)