Free Mobile tenu de prouver qu’un smartphone loué est rendu en « mauvais état »
Stade terminal
Le 19 novembre 2019 à 10h30
5 min
Droit
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Un abonné a obtenu 400 euros en justice face à Free Mobile. L’opérateur lui reprochait d’avoir restitué l’iPhone loué en « mauvais état ». Une affirmation non accompagnée des preuves suffisantes pour la justice. Du côté de l’UFC-Que choisir, c’est la satisfaction.
Un abonné Free Mobile avait loué chez l’opérateur un iPhone 6. En 2013, Free avait en effet choisi de découpler ses contrats, segmentant le forfait téléphonique de la fourniture du téléphone (notre actualité). L’idée ? Se démarquer des concurrents, tous accros à la brume des mobiles subventionnés.
Un client avait été charmé par cette offre commerciale. Au bout du terme de sa location, il avait rendu ce téléphone, exposant avoir remis à l’opérateur l’ensemble des accessoires, l’emballage d’origine et surtout un appareil en parfait état.
L’abonné conteste le mauvais état du terminal
Free a cependant fait jouer une clause du contrat d’abonnement pour lui prélever 200 euros en raison d’un « terminal en mauvais état », comme le rapporte l’UFC Que Choisir.
Dans la décision que nous avons pu lire, l’abonné avait adressé vainement trois lettres recommandées, en s’appuyant sur l’article 1353 du Code civil selon lequel « celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver », et « réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l'extinction de son obligation ».
En clair, il réclamait des preuves solides de ce mauvais état.
Des « preuves » produites par Free la veille de l’audience
Ces « preuves » n’ont été produites par Free que la veille de l’audience devant le tribunal de grande instance de Reims. Dans sa décision rendue le 27 février 2019, on découvre que ce 14 octobre 2018, soit 18 mois après le début du litige, l’opérateur avait fait appel à la société XPOLogistics, en charge de la réception des appareils, pour révéler la photocopie de son avis outre la photo d’un iPhone ouvert.
Autant d’éléments qui ne peuvent, aux yeux du requérant, constituer de preuves. XPOLogistics, estime-t-il, « ne présente pas de garanties suffisantes de compétence et d’impartialité en raison de liens forts qu’elle a avec la société Free ».
Des d’arguments contestés par Free. L’opérateur, s’appuyant sur le même rapport, assure que l’écran a été « modifié » et que le téléphone n’a pas été restitué dans l’état dans lequel il avait été confié. Plus exactement, l’écran avait été réparé par une entreprise non agréée par Free, impliquant nécessairement la responsabilité de l’abonné.
Une preuve non rapportée faute d’impartialité
Dans son jugement, le TGI de Reims indique au contraire que Free n’apporte pas la preuve d’une modification d’écran ni que la société XPOLogistics « est suffisamment impartiale en raison des liens forts qu’elle a avec la société Free mobile ». Conclusion : « la preuve de la modification de l’écran du terminal n’est pas rapportée ».
Les juges rappellent que selon l’article 1353 du Code civil, « nul ne peut se constituer de preuve à soi-même ». Free a ainsi été condamnée à 200 euros, somme correspondante au prélèvement initial, avec taux d’intérêt au taux légal à compter du 2 mai 2017. Par contre, la demande de dommages et intérêts a été refusée, le demandeur n’ayant pas démontré une quelconque mauvaise foi de Free. Au final, il obtient 200 autres euros au titre des frais engagés.
Extrait du jugement du TGI de Reims
Du côté de l’UFC Que Choisir, on relève que « le jugement étant définitif, il pourrait faire jurisprudence et servir aux très nombreux abonnés Free Mobile ayant eu recours au service de location de mobile de l’opérateur et qui se plaignent d’avoir subi le même sort que [cet abonné] ».
L’association de consommateur rappelle qu’elle a lancé en mars dernier une action de groupe contre Free Mobile contre des frais qu’elle estime abusifs. Certains abonnés ont découvert sur leur compte bancaire « un prélèvement de 150 à 250 € au motif qu’ils n’auraient pas renvoyé le téléphone ».
Pourtant, tempère-t-elle, « non seulement le téléphone avait bien été retourné à l’adresse indiquée, mais en plus les clients possédaient la preuve que les services de Free l’avaient reçu ». Pour d’autres encore, « Free avait reconnu avoir reçu le téléphone, mais l’opérateur avait estimé que l’appareil était défectueux et avait facturé d’office jusqu’à 250 € au locataire ».
« La procédure est en cours devant le tribunal et aboutira au mieux dans quelques mois », indique aujourd’hui l’UFC Que Choisir. En mars 2019, à nos confrères d’Univers Freebox, Free avait jugé injustifiée cette assignation, au motif que l’association n’avait fait état que de « 9 cas abonnés, soit quelques centaines d’euros de préjudice ».
Selon l’opérateur, « jamais avant cette assignation [l’association] n’a fait part de ces 9 cas d’abonnés à Free Mobile, cherchant avant tout l’opportunité de faire une nouvelle procédure afin de faire sa propre communication, plutôt que de s’occuper des vrais problèmes des Français ».
Free Mobile tenu de prouver qu’un smartphone loué est rendu en « mauvais état »
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L’abonné conteste le mauvais état du terminal
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Des « preuves » produites par Free la veille de l’audience
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Une preuve non rapportée faute d’impartialité
Commentaires (50)
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Abonnez-vousLe 19/11/2019 à 13h03
Non Free devait prouver pour le procès que le téléphone était en mauvais état.
Je loue une voiture 6 mois, pendant ce temps là j’ai un accident, je fais réparer la voiture à moitié.
Lors du retour, le loueur ne voit rien mais il s’en rend compte plus tard.
Tu crois vraiment qu’il va s’assoir sur les pénalités?
Le 19/11/2019 à 13h16
Je sais pas.. Ca ressemble quand même vachement à un coup bas de la part de Free.
Pourquoi ne pas être passé par une société indépendante s’ils étaient sûr d’eux? Ils doivent quand même avoir des avocats qui savaient à quoi s’attendre..
Le 19/11/2019 à 13h18
Le 19/11/2019 à 13h21
Bah putain, c’est pas la modestie qui étouffe UFC quand on voit le ton du communiqué …” Ce jugement étant définitif, il pourrait faire jurisprudence et servir aux très nombreux abonnés Free mobile […] “
Je vois mal en quoi cette décision donne un apport quelconque au droit positif, puisqu’il se contente de réaffirmer ce qui est dans le code civil depuis 1804 à savoir que si tu allègues d’un truc tu dois le prouver.
Et s’il devait y avoir le moindre apport par ce jugement, je m’imagine mal quel juge se sentirait lié par un jugement du TI de REIMS, probablement rendu par un magistrat à titre temporaire.
Le 19/11/2019 à 13h32
Le 19/11/2019 à 13h36
C’est une petite jurisprudence, mais jurisprudence quand même, concernant un point de la vie courante : la relation avec un opérateur téléphonique.
Oui ça ne change pas ce qui existe mais ça permet à d’autres clients lésés de pouvoir avoir un jugement d’espèce clair et circonstancié sur le téléphones loués.
Ptre que Free va s’arranger avec des boutiques pour faire un état des lieux à l’avenir…
Le 19/11/2019 à 13h37
Le 19/11/2019 à 13h43
Le 19/11/2019 à 13h50
Selon l’opérateur, « jamais avant cette assignation [l’association] n’a fait part de ces 9 cas d’abonnés à Free Mobile, cherchant avant tout l’opportunité de faire une nouvelle procédure afin de faire sa propre communication, plutôt que de s’occuper des vrais problèmes des Français ».
Je peine à croire que ces abonnés n’aient pas contesté les prélèvements qu’ils considéraient indus à Free. Aussi, c’est avant tout Free qui ignore les “vrais problèmes des Français.” Et, de ce que je retiens de la formulation, les vrais problèmes viennent de Free. Oh.
Le 19/11/2019 à 13h57
C’est toi qui le dit. J’ai pas eu accès aux pièces du dossier qui ont été versées ou pas, merci pour cette info d’insider !
Le 19/11/2019 à 14h08
Toujours savoureux de lire les ardents défenseurs de Free.
Free ce n’est pas 3 gus dans un garage qui font tourner une société de geeks. A partir du moment où on loue des téléphones ET qu’on s’auto proclame défenseurs des usagers contre les pratiques abusives de ses concurrents, on doit faire les choses un minimum correctement.
Pour rappel, par 3 fois l’usager a demandé à Free de fournir les preuves concernant les problèmes liés à son téléphone. Si effectivement Free avait été carré, cela n’aurait pas du poser problème.
Free se disant que l’usager allait laisser tomber car pour 200€ et le nombre de mois d’emmerdes derrière personne ne prendrait le risque, ben ils ont perdu.
Cette histoire ressemble à ce que des centaines de millier de personnes vivent tous les ans quand après avoir rendu leur location, leur propriétaire grève leur caution pour des problèmes inexistants.
Bref, Free fait comme tous les autres grosses boites et cela fait très longtemps qu’ils ne sont troublions que dans l’esprit de certains.
Le 19/11/2019 à 14h13
Le 19/11/2019 à 15h02
Free qui dénonce les abus des autres, tout en entubant ses clients… Faites ce que je dis, pas ce que je fais, pas étonnant que Xavier les ptits tuyaux sponsorise Macron " />
Le 19/11/2019 à 15h17
J’ai bien fait de quitter Free cette semaine, je suis passé en + de 2 méga à 70 méga en 4G en intérieur. " />
Le 19/11/2019 à 16h04
« nul ne peut se constituer de preuve à soi-même »
mais
“ le demandeur
n’ayant pas démontré une quelconque mauvaise foi de Free.”
Ça me parait intuitivement être une cause de mauvaise foi, surtout avec les éléments:
« celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la
prouver », et « réciproquement, celui qui se prétend libéré doit
justifier le paiement ou le fait qui a produit l’extinction de son
obligation ».
“Des « preuves » produites par Free la veille de l’audience”
Le 19/11/2019 à 16h05
très bien cette décision, ca permet de connaître des article de loi bien intéressant. surtout pour la caution d’un logement, je vais demander au proprio de mandater un expert, au moins il partagera la caution avec quelqu’un " />
le : on ne peut apporter de preuve par soi même c’est a afficher en grand ! couplé avec prouver une obligation, dommage que c’est épais le code civil c’est vraiment bien fait
Le 19/11/2019 à 16h15
Non, c’est pas parce que Free ne prouve pas que l’appareil n’est pas endommagé qu’il est de mauvaise foi. Il ne l’a juste… pas prouvé.
Si le client avait réussi à prouvé qu’il n’avait pas changé l’écran (me demande pas comment), alors ok. Mais c’est pas le cas.
Le 19/11/2019 à 16h50
Pas besoin de faire “jurisprudence”, depuis 2012 (en réalité y avait déjà des décisions de la Cour de cass. depuis 91), une expertise amiable, ce qu’est le travail de XPOLogistics, (qui plus est unilatérale comme ici) est par définition insuffisante à elle seule pour démontrer la réalité des prétentions et donc permettre au Juge de trancher. Le principe est largement tranché.
Le problème n’est pas la règle qui est largement établie (et qui est même renforcée depuis la Loi hamon), mais le fait que les gens pour ce genre de litige ne saisissent pas le Tribunal, et c’est pas la réforme de la Justice qui se met en place au 1° janvier qui va améliorer les choses, si le consommateur aime la complexification sous prétexte de simplification, il va être servi…
Le 19/11/2019 à 18h07
Franchement, on sait tous que la location de mobile c’est de l’arnaque, comme les LDD de voitures… La marge, ils se la font au retour a facturer plein pot la moindre rayure.
Free profite de la bêtise des gens, les gens ont cas être moins bête.
Le 19/11/2019 à 23h44
Le 20/11/2019 à 05h03
Le 20/11/2019 à 08h29
Dès l’annonce de ce “système”, on savait qu’ils en profiteraient pour escroquer les personnes qui se risqueraient à utiliser ce système. Preuve en a été faite.
Free a toujours été d’une mauvaise foi absolue.
Le 20/11/2019 à 09h13
sauf que c’est pas la partie transport qui est jugée ici mais la partie expertise sur l’état d’un téléphone.
Le 20/11/2019 à 09h40
Les jurisprudence sont toujours une application de la lois, une interprétation. Ce sont elles qui qui construisent la législation.
Le 20/11/2019 à 10h28
et le fait que Free n’ait jamais répondu avant la veille de l’audience, ça ne compte pas sur ses “bonnes intentions”?
Le 20/11/2019 à 11h04
Justement l’aberration vient de là. 4 ans pour faire reconnaitre ses droits c’est ça son problème…
Le 20/11/2019 à 12h21
Le 20/11/2019 à 12h58
Le 20/11/2019 à 20h53
Le 20/11/2019 à 23h20
Le 20/11/2019 à 23h47
Le 21/11/2019 à 08h00
Le 21/11/2019 à 10h47
Le 21/11/2019 à 19h28
Z’êtes formidables pour tout ramener à la bagnole. " />
Le 21/11/2019 à 20h21
Le 21/11/2019 à 20h27
Le 22/11/2019 à 11h13
Le 22/11/2019 à 16h46
Le 22/11/2019 à 20h32
Le 19/11/2019 à 10h41
Décision très intéressante. Je suis étonné que Free n’ait pas fait appel en produisant des pièces complémentaires.
Le 19/11/2019 à 10h49
J’adore Free qui ne rapporte “que 9 cas” et qui pourtant prend la peine d’aller au tribunal pour 400 balles au lieu de rembourser directement le client lésé. M’est avis qu’ils jouaient bien plus gros sur ce coup et que ça va leur retomber sur la gueule. Tant mieux, je supporte pas ce genre de pratiques, on dirait du SFR.
Le 19/11/2019 à 10h58
ils nétaient pas déjà un peu coutumier du fait pour les retours de freebox après résiliation de l’abonnement ?
ça m’était arrivé à l’époque, avec injonction (menaces ?) d’une société de recouvrement toussa pour freebox soit-disant non rendue.
je les attendait tranquillement (avec mes photos du colis prises avant l’envoi, l’accusé de réception du colis en recommandé et une bonne assistance juridique que j’aime mettre dans la boucle quand on se fout de moi).
Mais ils avaient fini par abandonner.
Le 19/11/2019 à 10h59
Le 19/11/2019 à 11h02
Le 19/11/2019 à 11h05
Oui, enfin ça c’est un argument qui peut se discuter… Surtout que la modification du tel (je ne connais pas les CGV de l’offre de location) est censée reposer sur des éléments objectifs, société filiale ou pas. D’ailleurs la question de la compétence de la société a aussi été relevée par le jugement.
Le 19/11/2019 à 11h48
Le 19/11/2019 à 12h13
j’ai pas bien compris un point :
On demande à Free de prouver que le téléphone n’était pas en état, mais comme “nul ne peut se constituer de preuve à soi-même” il ne peuvent pas “créer” ces preuves qu’on leur demande ?
Le 19/11/2019 à 12h21
ils peuvent demander à une boite indépendante de le faire pour eux. le truc c’est que XPO Logisitics n’est pas considérée comme boite indépendante vu que Free est son seul client.
Le 19/11/2019 à 12h40
De ce que j’ai compris c’est au moment de demander l’indemnité de 200 € que Free doit démontrer que le téléphone à été modifié.
Je ne sais pas comment ça se passe pour les téléphones mais pour une location de véhicule c’est l’inspection commune de restitution qui détermine s’il y a des pénalités à appliquer.
Arrivé au procès c’est trop tard.
Le 19/11/2019 à 12h55