Régulation du Net : le CSA veut un « réexamen sans tabous » de ses missions
Mission : impossible ?
Le 16 avril 2013 à 09h15
6 min
Droit
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Alors que les autorités planchent sur plusieurs projets concernant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de l’institution vient de militer pour un « réexamen sans tabous » de sa mission de régulation, que ce soit à la fois dans son « périmètre » ou s'agissant de ses « méthodes ». Internet est une nouvelle fois en première ligne. Explications.
Crédit : Fabien de Chavannes/CSA.
Olivier Schrameck, actuel président du CSA, est intervenu mercredi dernier au Sénat dans le cadre d’un colloque organisé par le Syndicat interprofessionnel des radios et des télévisions indépendantes (SIRTI). Un pan entier de son discours était ainsi consacré à la façon d’« ancrer la régulation audiovisuelle dans l’ère numérique ». L’intéressé a rappelé que l’accès aux contenus audiovisuels se faisait désormais de plus en plus grâce à Internet, et notamment suite au développement des nouveaux appareils connectés (smartphones, TV connectées, tablettes, etc.).
« Ce n’est pas qu’une mutation technologique, a cependant prévenu Olivier Schrameck. L’influence de cet accès démultiplié sur les contenus audiovisuels est potentiellement considérable » a-t-il poursuivi. Rapidement, le président du CSA en est venu à évoquer cette « nouvelle offre de contenus [qui] transite par Internet ». Il fit alors directement référence à ces « hébergeurs comme Dailymotion ou You Tube, [qui] se font désormais éditeurs ou coéditeurs ».
Sauf que la problématique est connue : si les contenus audiovisuels sont identiques tandis que « les tuyaux » qui les conduisent aux écrans, eux, se diversifient, le CSA n’a pas la compétence pour réguler l’ensemble des vecteurs de diffusion, et notamment s’agissant du Net. Une même vidéo ne sera ainsi pas soumise aux mêmes règles selon qu’elle soit diffusée sur une plateforme en ligne telle que YouTube ou sur une chaîne de télévision comme France 2, même si le régulateur peut désormais s’occuper des services de médias audiovisuels à la demande (VoD, télévision de rattrapage...).
Le CSA veut « faire valoir sur Internet les missions essentielles qui ont été à l’origine de la régulation audiovisuelle »
Olivier Schrameck l’a d’ailleurs reconnu : « Bien sûr, la loi du 30 septembre 1986 continue de distinguer entre les communications au public par voie électronique et les communications audiovisuelles ». Sauf que le président du CSA veut aller plus loin. En effet, pour lui, la distinction opérée par la loi de 1986 « est rendue poreuse par les évolutions des usages et des contenus ». Estimant que « ces évolutions touchent tout particulièrement les jeunes générations, porteuses de notre avenir », il brandit la conclusion suivante : « Cela doit nous conduire à un réexamen sans tabous de la mission de régulation qui nous est confiée : son périmètre mais aussi ses méthodes ».
Le régulateur de l’audiovisuel sous-entend donc vouloir exercer son pouvoir sur un périmètre plus étendu. Mais pas n’importe quel vecteur supplémentaire : Internet. Olivier Schrameck a effectivement expliqué qu’il importait « de faire valoir sur Internet les missions essentielles qui ont été à l’origine de la régulation audiovisuelle ». Or comme l’avait rappelé le juriste Benoît Tabaka dans un billet datant de 2011, la vocation première du CSA était de gérer l’attribution des fréquences hertziennes dans un but d’intérêt général. Sauf que dès lors qu’il n’y a plus de rareté, cette régulation n’a plus d’intérêt. « Avec le développement de la diffusion de contenus audiovisuels par l’intermédiaire d’internet, la raison même de l’existence de ce type de régulation disparaît. Avec le développement de plus en plus fort des contenus audiovisuels sur internet, la rareté de la ressource n’est plus en cause » écrivait-il.
Mais pour faire passer la pilule, le président du CSA a affirmé qu’il ne fallait pas se satisfaire de la cohabitation entre, d’une part, « un secteur traditionnel encadré (...) par des règles précises et détaillées », et, d’autre part, « de formes nouvelles de communications qui pourraient être affranchies de tout encadrement et de toute protection ». Sous-entendu, Internet. Il a également mis en avant « l’intérêt du pluralisme et de l’indépendance des médias, de la sauvegarde de l’ordre public, et de la protection de la dignité de la personne humaine ».
Clins d’œil à Pierre Lescure, au législateur et au CNNum
« Je crois donc que dans un cadre fixé par le législateur, le CSA doit se voir reconnaître sans réticence tous les moyens de la régulation qui constituent, par nature, sa mission » a-t-il lancé en fin d’exposé. Car si Olivier Schrameck a bien précisé que l’institution qu’il préside attendait « avec grand intérêt » les conclusions de la mission Lescure (qui devraient être connues le mois prochain) il a aussi rappelé que les décisions incombaient en dernier ressort au Parlement. L’intéressé a par ailleurs expliqué au cours de son intervention avoir relevé « avec intérêt » que le Conseil national du numérique a proposé dans son récent avis sur la neutralité du Net de graver ce principe dans le marbre via l’article 1er de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, qui concerne dans une large mesure les communications audiovisuelles et le CSA.
Olivier Schrameck suit donc les pas de son prédécesseur, Michel Boyon, qui avait déjà œuvré en faveur d’une régulation des contenus audiovisuels du Net par le CSA. Les projets de l’institution s’étaient d’ailleurs dévoilés de manière plus policée en janvier dernier, puisqu’au travers d’une contribution relative à « l’adaptation de la régulation audiovisuelle », celle-ci plaidait pour la mise en oeuvre d'une « corégulation » de toutes les vidéos diffusées sur des sites Internet (pour en savoir plus, voir notre article).
Régulation du Net : le CSA veut un « réexamen sans tabous » de ses missions
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Le CSA veut « faire valoir sur Internet les missions essentielles qui ont été à l’origine de la régulation audiovisuelle »
Commentaires (66)
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Abonnez-vousLe 16/04/2013 à 11h59
Merci ça fera un chèque en blanc. " />
Le 16/04/2013 à 12h49
Le 16/04/2013 à 12h54
C’est rigolo les commentaires ici, tout le monde fait comme si ça avait un rapport avec la technique, alors que c’est du jeu de pouvoir.
Amusant.
Le 16/04/2013 à 13h05
je sais pas si c’est devenu une habitude apres 15 ans de droite, mais a chaque fois que j’entend une personne qui veut examiner, parler, débattre etc “sans tabous”, je m’attend a une sodomie avec du gravier…
Le 16/04/2013 à 13h11
Le 16/04/2013 à 13h24
Le 16/04/2013 à 13h43
Le 16/04/2013 à 13h44
Le 16/04/2013 à 13h45
Le 16/04/2013 à 14h03
Le 16/04/2013 à 14h05
Le 16/04/2013 à 14h14
Le 16/04/2013 à 14h17
Le 16/04/2013 à 14h20
Le 16/04/2013 à 14h23
Le 16/04/2013 à 14h26
Le 16/04/2013 à 09h33
Le 16/04/2013 à 09h35
C’est bien gentil tout ça,mais ça ne concernera encore est toujours que la législation Française dans les limites de son périmètre d’application,y compris sur la toile,donc avec un rôle forcement limité.
De plus régulé les contenus,c’est bien beau,mais les contenus Francophones (pas Français,Francophones je précise bien) échappent à cette régulation,dans ce cas,comme faire la distinction entre un contenu Français réguler et un contenu diffuser dans un pays Francophone ou la législation et la régulation des contenu est totalement différente,voir même absente,comment déterminée a qui s’adresse ce contenu ? Comment éviter une régulation abusive dans ce cas présent ?
Le CSA ne devrait pas sous-estimer l’impact de ses propositions,elle sont loin d’être facile a mettre en œuvre,surtout concernant le contenu diffuser sur internet.
Le 16/04/2013 à 09h36
Le dinosaure-autruche est têtu, il ne veut pas mourir.
Une démocratie saine devrait savoir se débarrasser des autorités dont le rôle à disparu au fil des évolutions techniques.
Le 16/04/2013 à 09h39
Le 16/04/2013 à 09h39
Vous êtes vraiment dans la merde, en France " />
Le 16/04/2013 à 09h41
Olivier Schrameck: Estimant que « ces évolutions touchent tout particulièrement les jeunes générations, porteuses de notre avenir », il brandit la conclusion suivante : « Cela doit nous conduire à un réexamen sans tabous de la mission de régulation qui nous est confiée : son périmètre mais aussi ses méthodes ».
Les jeunes générations, elles auront déjà à rembourser la dette volontairement créee par la tienne de génération. Plutôt que d’essayer de sauver ton petit poste de nanti qui ne sert plus à rien en 2013, essaye d’avoir un peu de dignité et d’amour propre en fermant ta grande bouche fétide. Le jeune génération, elle sait très bien s’occuper d’elle, bien mieux que tu ne le ferais dans tes plus beaux rêves, si ton cerveau est encore capable de rêver. Pis la jeune génération, elle t’emmerde, autant que tu la méprises, alors laisse-là tranquille.
Le 16/04/2013 à 09h44
Attention à ceux qui le critiquent car vous risquez d’être traités d’antisémites si vous allez contre ses intérêts
Le 16/04/2013 à 09h46
Le 16/04/2013 à 09h49
Qu’il s’occupe déjà du domaine de sa compétence actuelle.
La qualité des chaînes de la TNT avec les nombreux reportages sur la police qui engendre la peur de la délinquance, les émissions de télé-réalité à n’en plus finir, les rediffusions sans fin, les émissions de beauf (je ne citerai personne de peur de me faire traiter d’enculé), et autres émissions médiocres.
Il ne suffit pas d’attribuer des fréquences qui sont une ressource publique, il faudrait aussi veiller à ce qu’elles soient bien utilisées.
De plus on peut lire sur le site du CSA :
Créé par la loi du 17 janvier 1989, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a pour mission de garantir la liberté de communication audiovisuelle en France.
Et là, j’ai plus l’impression qu’il veut agir en censeur qu’en défenseur de la liberté.
Le 16/04/2013 à 09h53
Le 16/04/2013 à 09h54
Le 16/04/2013 à 09h57
Le 16/04/2013 à 09h58
Le 16/04/2013 à 09h59
Le 16/04/2013 à 10h05
Le 16/04/2013 à 10h06
Le 16/04/2013 à 10h08
Le 16/04/2013 à 10h08
des ondes permet aisément un contrôle, nuance. La volonté de contrôle, elle, découle de cNon, la rareté e qui est jugé bon ou non, ce qui n’a pas changé.
Que tu le veuilles ou non, le CSA a bien été crée pour gérer la rareté, il s’en est pietrement sorti d’ailleurs, la distribution des plages de TNT a tourné à la tartuferie.
Sur quoi te bases-tu pour dire ça ? En quoi la liberté d’expression est-elle menacée en France ?
Le CSA pourrait être tenter de reproduire ce qu’il fait avec la télévision, contrôle du temps d’expression en-ligne des partis politiques, contrôle par l’autorité, et non la loi, des propos “choquants”…
Si tu as confiance au CSA tant mieux pour toi, mais tu oublie tout le passif de cette organisation (Sommet mondial des régulateurs sur Internet, 1999, tentative d’obliger la déclaration obligatoire de tout sites-web Français 2000, Lobby permanent pour prendre le contrôle du net…)
Le 16/04/2013 à 10h10
Le 16/04/2013 à 10h18
Le 16/04/2013 à 10h18
Le 16/04/2013 à 10h21
Le 16/04/2013 à 10h28
Le 16/04/2013 à 10h29
Le 16/04/2013 à 10h34
Le 16/04/2013 à 10h37
Le 16/04/2013 à 10h43
Le 16/04/2013 à 10h57
je suis un peut d’accord avec ce monsieur, en effet le CSA n’est plus vraiment utile, aussi dans ce contexte de crise économique je pense qu’il doit être dissous puisque sa mission n’a plus de sens.
Le 16/04/2013 à 11h01
Le 16/04/2013 à 11h27
Pourquoi les sociétés soumises au contrôle du CSA (TV radio) ne seraient pas soumises aux même contrôle sur leur site internet ?
Pour les publicités du site cela risque de créer des contraintes supplémentaires : pas de pub pour les machins sucrés si il est xheure?
Et ses contraintes ne seraient obligatoires que pour les régies de pub françaises ? " />
Le temps de parole? Wait, ces sites diffusent sur internet des contenus ou le temps de parole est DEJA contrôlé par le CSA.. " />
Après, comment dire :
My bad. Monsieur le CSA, on ne vous a pas appris qu’ Internet c’est mondial ?
Ils ne pourraient guère sanctionner que les acteurs français d’internet.
Autrement dit, cela serait quelque peu pisser dans un violon.
Et même : le péquin lambda qui a son site internet, soumis aux memes règles qu’une grosse société privée alors que son poid financier son INpact est infiniment moindre?
Finalement, le seul soucis avec le CSA, c’est qu’ils coutent du fric." />
Si ca tourne en leur faveur au sujet d’internet, bye bye OVH
" />
Le 16/04/2013 à 11h42
Le 16/04/2013 à 14h30
Le 16/04/2013 à 14h31
Le 16/04/2013 à 14h35
Le 16/04/2013 à 14h37
Le 16/04/2013 à 15h01
Le rêve du CSA est de censurer Kulunmouton. sur Internet.
Le 16/04/2013 à 15h20
Le 16/04/2013 à 15h41
Voir la photo de ce type me donne envie de le piétiner avec mes boots ( celles cihttp://www.shoechic.it/ekmps/shops/shoechic/images/anfibi-demonia-reaper-30-b-le… ) et je dois dire que l’imaginer dans une telle situation me remplit de joie.
Le 16/04/2013 à 15h56
Ça fait 20 ans que le web existe. Si le CSA était nécessaire, ça se saurait depuis le temps. Pendant ce temps là on bouffe de la merde et du cheval sans que ça dérange personne.
Le 16/04/2013 à 16h15
Tiens, une question :
A part peut être sur l’aspect “chronologie des media”, le CSA est-il autrement en charge de réguler la diffusion des programmes sur DVD et/ou Blue Ray ?
C’est bien les même films qui passent à la télé non ?
J’espère que non, mais j’avoue en fait j’en sais rien.
Le 16/04/2013 à 16h22
Même question mais concernant l’exploitation en salle de cinéma/concert.
Je ne considère pas l’éventuel classement/ catégorisation d’age recommandé
Le 16/04/2013 à 17h37
Le 16/04/2013 à 17h57
Le 16/04/2013 à 18h39
Le 16/04/2013 à 18h50
Le 16/04/2013 à 19h11
Le 16/04/2013 à 19h18
Le 16/04/2013 à 09h24
Monsieur le CSA,
t’es gentil, un peu âgé, un peu dépassé, un peu “useless” ….
MAIS TU SORTS TES GROS DOIGTS BOUDINÉS TOUT GRAISSEUX DE MON INTERNET ET TU RESTES LA OU T’ES ENCORE UN PEU LÉGITIME.
La régulation de l’usage du domaine public du spectre Hertzien à usage de radio/télé diffusion.
Et si tu sers plus à rien on t”éteint, ça fera des économies sur le budget.
Le 16/04/2013 à 09h31
Ah zut je pensai voir le thumbnail de l’accueil en plus grand sur la news " />
Le 16/04/2013 à 22h21
(…) de faire valoir sur Internet les missions essentielles qui ont été à l’origine de la régulation audiovisuelle
Tres bonne idee. Rappellons donc un peu les origines: un organisme charge de veiller a l’application de lois specifiques sur un media de diffusion limite (une frange d’ondes hertziennes), local (les ondes ont une portee relativement limitee) et a sens unique (les diffuseurs emettent, les spectateurs recoivent; tout au plus ces derniers peuvent-ils choisir un signal donne dans le lot).
Leur mission etait donc, non pas de “garantir la liberte de communication”, mais au contraire de la limiter. C’est un censeur, meme s’il n’est pas suppose decider lui-meme de ce qu’il censure (manquerait plus que ca).
Internet est l’inverse. Bon, il y a une limite a la bande passante, mais elle depend de l’investissement qui y est verse, pas de limites physiques due a la plage de frequences. Ensuite, c’est un “media” mondial, ou chacun peut potentiellement consulter les donnees du monde entier. Enfin, c’est une technologie a double sens ou le spectateur demande un contenu au lieu d’attendre d’etre servi et peut lui-meme devenir diffuseur a tout moment.
Revenons donc aux origines et constatons que le CSA est obsolete, d’autant plus quand on constate les avis de ses membres. Retrograde et conservateur, facon musee d’anthropologie.
S’ils veulent une raison d’etre a l’heure d’Internet, il faudra qu’ils changent pas mal.
Une fois qu’ils auront montre qu’ils acceptent cette realite, il sera possible de leur accorder un role de surveillance de contenus. Pas de pouvoir de censure, mais de signalement. Ils ne peuvent pas s’adresser a des millions de “contributeurs” comme ils s’adressent a une poignee de diffuseurs, donc s’il y a un probleme c’est a la Justice de le traiter. (le Conseil Constitutionnel l’a rappele lors de la censure d’HADOPI 1.)