L'Américain Akamai, spécialisé dans les réseaux de contenus (CDN) et intermédiaire majeur entre les FAI et les grands sites web, a publié hier son rapport sur l'état d'Internet au premier trimestre 2013. La société nous apprend notamment que le débit moyen des internautes dans le monde est de 3,1 Mb/s, en hausse de 200 kb/s en trois mois. Les pays asiatiques dominent sans partage les débats en matière de vitesse, tandis que la France est en retard sur de très nombreux pays dans le monde.

Encore de fortes disparités

Grâce à l'essor de l'ADSL, du câble et de la fibre optique, le monde entier gagne en vitesse constamment, surtout depuis quelques années du fait du rattrapage de nombreux pays en voie de développement. L'évolution annuelle est ainsi importante (+ 17 % en un an), ce qui lui permet de dépasser pour la toute première fois les 3 Mb/s cette année selon Akamai. Tout le monde n'affiche toutefois pas les mêmes niveaux de croissance. Entre fin 2012 et début 2013, le Guatemala a par exemple affiché une croissance de 75 % de ses débits moyens, contre une augmentation de 0,7 % au Koweït. Et en un an d'intervalle, l'Irak a signé une évolution de 122 %, contre 1,4 % au Sultanat d'Oman.

Si l'on analyse les anciennes études d'Akamai sur les débits moyens dans le monde, en 2010, près d'une centaine de pays dans le monde affichait un débit moyen inférieur à 1 Mb/s, et cinq d'entre eux étaient même encore sous les 100 kb/s, le record étant établi par Mayotte avec 40 kb/s. Fin 2011, les débits moyens étaient de 2,3 Mb/s, pour passer un an plus tard (fin 2012) à 2,9 Mb/s, et donc 3,1 Mb/s en ce premier trimestre 2013.

La Corée du Sud continue de dominer les débats  avec une moyenne de 14,2 Mb/s, loin devant le Japon (11,7 Mb/s) et Hong-Kong (10,9 Mb/s). Hormis ces trois territoires asiatiques, tous les autres du top 10 sont Européens, hormis les États-Unis cités en neuvième position avec un débit moyen de 8,6 Mb/s. La France est très loin derrière avec une moyenne de seulement 5,2 Mb/s, devant l'Italie (4,4 Mb/s) mais bien en deçà de pays comme la Pologne (6,2 Mb/s), l'Allemagne (6,9 Mb/s), la Belgique (7,4 Mb/s), le Royaume-Uni (7,9 Mb/s) et les Pays-Bas (9,9 Mb/s).

Du côté des vitesses de connexion maximales moyennes dans le monde, nous obtenons un débit très élevé de 18,4 Mb/s. Lors du trimestre précédent, ces débits étaient de 16,6 Mb/s, contre 15,9 Mb/s six mois auparavant et même 13,5 Mb/s début 2012. Ces hauts niveaux de croissance sont particulièrement liés à la fibre optique. Le meilleur exemple étant Hong-Kong. Cette zone, qui appartient à la Chine, affiche ainsi un débit maximal moyen de 63,6 Mb/s, ceci grâce à la généralisation de la fibre. Trois mois plus tôt, les débits maximums moyens à HK étaient de 57,5 Mb/s, et de 54 Mb/s six mois auparavant.

Le Japon est situé en deuxième position avec 50 Mb/s, suivi par la Roumanie avec 47,9 Mb/s et la Corée du Sud avec 44,8 Mb/s. Attention, il ne s'agit pas ici des débits moyens pour chaque foyer, mais des débits maximums moyens, ce qui est très différent. Akamai ne détaille cependant pas sa méthodologie pour obtenir ces résultats. Notez que la France est là encore loin derrière, avec un débit maximum moyen de 23,5 Mb/s. Avec l'essor de la fibre optique, cette moyenne devrait toutefois fortement augmenter lors des trimestres à venir.

Aujourd'hui, 46 % des internautes disposent d'une ligne capable de fournir un débit d'au moins 4 Mb/s, contre 42 % trois mois auparavant et 41 % six mois plus tôt. La Suisse domine le monde dans ce secteur avec 88 % des foyers disposant au minimum d'une telle connexion. Quant aux foyers affichant des débits d'au moins 10 Mb/s, ils sont désormais 13 % dans le monde (parmi les connectés), contre 11 % lors du trimestre précédent. En Corée du Sud, 50 % des foyers affichent des débits supérieurs à 10 Mb/s, un record dans le monde. Le Japon reste en deuxième position avec 43 % des foyers dans cette situation. La France, elle, n'affiche qu'un petit pourcentage de 5,2 % de foyers au-delà des 10 Mb/s. Un taux qui grimpe à 53 % pour les lignes supérieures à 4 Mb/s.

Les progrès rapides des réseaux mobiles

Concernant les réseaux mobiles, Akamai indique que les disparités dans les pays restent très importantes. Les meilleures contrées affichent ainsi des débits moyens de 8,6 Mb/s, tandis que ceux au fond du classement sont à 400 kb/s. Fin 2012, ces débits étaient respectivement de 8 Mb/s et de 345 kb/s. En 2010, Akamai notait que les meilleurs débits moyens étaient aux alentours de 6 Mb/s, tandis que le plus médiocre était de 100 kb/s.

D'après la société américaine, lors du premier trimestre 2013, toujours dans le secteur mobile, « 9 opérateurs ont montré des vitesses de connexion moyennes dans le champ du haut débit (> 4 Mb/s) tandis que 64 autres opérateurs ont montré des vitesses de connexion moyennes supérieures à 1 Mbps ».

Akamai remarque que d'après ses données, Android Webkit a représenté 44 % des connexions à l'internet mobile lors de la seconde moitié du premier trimestre, contre 30 % pour Apple Safari. Lors de la première moitié, Android webkit était à 41 % contre 38 % pour Safari, ce qui démontre une forte évolution du marché note l'opérateur de transit. Néanmoins, probablement grâce aux tablettes tactiles iPad présentes à la maison, Safari écrase Android tous réseaux confondus (mobile et fixe), avec 60 % des requêtes à lui seul.

La Chine et l'Indonésie, rois des attaques

Enfin, Akamai, qui annonce avoir géré 733 millions d'adresses IPv4 uniques dans 243 pays dans le monde, note que les attaques continuent d'être importantes dans le monde. Uniquement lors du premier trimestre de cette année, 177 pays ont été à l'origine d'attaques, la Chine représentant à elle seule 34 % des attaques du globe, contre 41 % fin 2012. Surprise, le deuxième pays le plus agressif n'est pas les États-Unis ou encore la Russie, mais l'Indonésie, avec 21 % du trafic, contre seulement 8,3 % pour les États-Unis, en troisième position. La France ne fait pas partie du top 10.

Concernant les attaques DDoS en particulier, « les clients d'Akamai ont signalé 208 attaques », en légère hausse par rapport au trimestre précédent. Les cibles de ces attaques ont été pour un tiers (35 %) des entreprises, financières pour la plupart, un autre tiers (32 %) des commerces et 22 % des médias. Le reste est composé de clients high-tech (7 %) et du secteur public (4 %).