Le patent troll Lodsys plie finalement l’échine face à Kaspersky
Buffy contre les vampires
Le 03 octobre 2013 à 14h40
5 min
Droit
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La société Lodsys, considérée comme un patent troll, attaque des dizaines d’entreprises pour faire valoir quelques brevets particulièrement puissants. Mais alors qu’Apple a tenté en vain de mettre des bâtons dans les roues du troll, un combat de deux ans contre Kaspersky vient d’échouer. Pour l’éditeur de solutions de sécurité, c’est le signe qu’il ne faut pas reculer devant Lodsys.
Une page d'accueil qui ne laisse aucun doute sur l'activité principale de l'entreprise
Une longue suite de succès jusqu'à présent
Lodsys est une société à la réputation désormais exécrable. Considérée comme un patent troll, elle utilise sa propriété intellectuelle pour remplir ses caisses. Elle dispose en effet de plusieurs brevets particulièrement puissants qui rendent les technologies couvertes essentielles pour de nombreux éditeurs. C’est notamment le cas des achats in-app qui permettent à des applications de rapatrier du contenu directement, en échange d’un paiement. Or, que l’on parle d’Apple, Google ou encore Microsoft, tous possèdent des plateformes applicatives où cette fonction est primordiale.
La société se bat actuellement contre des dizaines d’entreprises dont elle obtient presque systématiquement ce qu’elle demande. Pourquoi ? Parce que les sommes réclamées sont calculées sur une base précise : assez pour remplir les caisses, mais pas assez pour qu’elles démotivent les entreprises à risquer un choc devant les tribunaux. Car les batailles légales autour des brevets sont longues et très coûteuses, l’exemple d’Apple et Samsung étant suffisamment éloquent. Apple qui, justement, a tenté de faire annuler les plaintes de Lodsys contre des éditeurs d’applications mobiles. Cupertino a toutefois rencontré l’échec : les éditeurs ont accepté la proposition de Lodsys et ont payé, plutôt que de risquer d’engloutir des fortunes dans des procès l’issue incertaine.
Des pieds d'argile ?
Et pourtant, la faiblesse de Lodsys pourrait bien résider dans le seul fait de résister. Le patent troll rencontrerait en effet les mêmes difficultés devant un tribunal qu’une autre entreprise. Car payer les avocats coûte cher et un patent troll génère des frais opérationnels très limités. Se battre dans un tribunal ferait donc largement grimper le coût des opérations, ce qui est précisément la technique souhaitée par Martha Stewart, qui a déposé plainte contre Lodsys.
Le magnat des médias pourra dorénavant être inspiré par la preuve que la résistance donne des résultats. Lodsys vient en effet de se voir infliger un camouflet : l’abandon de sa plainte contre l’éditeur Kaspersky, connu pour ses solutions de sécurité. Une plainte qui datait de 2011 mais qui avait rencontré le refus catégorique d’obtempérer de la part d’Eugene Kaspersky, PDG et fondateur de l’entreprise.
Lodsys fait machine arrière
Dans un billet sur le blog officiel de Kaspersky, le patron explique que la technique de Lodsys n’est en rien différente de celle utilisée par la mafia : « Notre opinion est que payer les patent trolls revient à se faire extorquer pour bénéficier d’une protection ». Il indique en outre qu’il avait l’intuition que Lodsys ne souhaitait pas vraiment aller devant les tribunaux après deux années de menaces et de tractations entre les avocats : « Et cette théorie a été confirmée quand ils sont partis sans rien obtenir ».
La plainte déposée par Lodsys n’a non seulement rien donné, mais elle fournit en plus une protection à Kaspersky pour l’avenir. Le document signé par le juge Rodney Gilstrap pour clore l’affaire est en effet un « order of dismissal with prejudice », autrement dit un abandon des charges avec préjudice. Traduction : Lodsys ne pourra plus attaquer Kaspersky pour les mêmes raisons. En outre, le juge a demandé à ce que chacune des entreprises paye ses propres frais de justice.
Combattre les « parasites »
Selon Kaspersky, sur les 55 entreprises attaquées par Lodsys en 2011, 51 ont accepté de payer les sommes demandées plutôt que d’aller au procès. Seules Symantec, HP et Samsung ne se sont pas pliées au jeu pendant longtemps, mais ont fini par déposer les armes quelques semaines avant les premières audiences. Pour Eugene Kaspersky, plusieurs conclusions s’imposent, à commencer par la preuve absolue que les patent trolls, même s’ils ont l’air puissants peuvent être combattus avec succès. En outre, l’industrie informatique devrait faire front commun plutôt que de « nourrir ces parasites », qu’il n’hésite pas à comparer à des « suceurs de sang ». Mais en dépit de la victoire, il estime que les gouvernements doivent mettre en place des législations précises pour empêcher la prolifération de ces sociétés ne produisant rien et aspirant les forces vives des créateurs d’emplois.
La question est de savoir maintenant quelles seront les retombées potentielles d’un tel abandon. Dans la pratique, l’écrasante majorité des entreprises attaquées par Lodsys ont déjà payé, ce qui met la société hors d’atteinte dans ces cas-là. Cependant, les procédures en cours pourraient bien connaître un regain d’activité. On pense notamment à Martha Stewart qui doit trouver une certaine inspiration dans la victoire de Kaspersky : quatre de ses applications sont attaquées par Lodsys pour leurs achats in-app et elle a décidé de contre-attaquer.
En outre, en ne risquant pas le procès, Lodsys envoie un signal clair qui pourrait sérieusement interférer avec ses prochaines demandes. En effet, les entreprises visées pourraient estimer que les brevets ne sont finalement pas si solides, ou tout simplement que Lodsys ne souhaite pas engager des millions de dollars dans de longues procédures.
Le patent troll Lodsys plie finalement l’échine face à Kaspersky
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Une longue suite de succès jusqu'à présent
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Des pieds d'argile ?
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Lodsys fait machine arrière
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Combattre les « parasites »
Commentaires (56)
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Abonnez-vousLe 04/10/2013 à 09h24
Le 04/10/2013 à 12h08
Le 04/10/2013 à 14h47
Le 04/10/2013 à 18h05
Le 04/10/2013 à 20h32
Le 06/10/2013 à 16h38
les patents trolls c’est mal, mais les entreprises qui utilisent leur brevets pour bloquer les autres c’est encore pire
Le 03/10/2013 à 14h52
Il y a 10 ans on luttait déjà contre les brevets logiciels. Combien de temps ça va durer les conneries comme un brevet sur les achats in-app ?
edit : “on” c’est entre-autre les gens qui s’intéressent au logiciel libre.
Le 03/10/2013 à 14h52
bien fait pour eux.
GG Kaspersky sur le coup " />
Le 03/10/2013 à 15h08
En septembre 2002 il y avait déjà des pétitions pour lutter contre les brevets logiciels (sourcehttp://web.archive.org/web/20020909171124/http://www.gnu.org/ ).
Tous les problèmes actuels étaient déjà là, ou étaient prévus dans les argumentaires de ceux qui militaient contre. C’est à vomir et à vous dégouter d’essayer de lancer un truc innovant.
Le 03/10/2013 à 15h30
Ouais enfin le gateau chez Apple et les apps (ou Google/MS, pareil) doit être plus gros que chez Kaspersky donc…
Le 03/10/2013 à 15h33
Je ne comprends pas la haine envers ces soit disant “patent trolls”, donc tu te casse la tête a créer une nouvelle technologie, les gens viennent se servir sur toi et tout les sites doivent te critiquer ?
Les soi disant “patent trolls” sont juste des entreprises de recherche, c’est tout ! Un boulanger, quand il fait du pain, il aime bien qu’on le paye en retour !
Le 03/10/2013 à 15h36
Un rejeton de plus de SCO… " />
Wikipedia
Le 03/10/2013 à 15h39
Je ne comprends pas. On parle d’une société qui possèdent des brevets valides. la loi américaine les reconnait, leur violation est donc un délit.
Si l’on s’en insurge, il faut abolir les brevets, et pas ceux qui en tirent profit…
Le 03/10/2013 à 15h44
Le 03/10/2013 à 15h44
Le serpent qui se mange la queue…
Le 03/10/2013 à 15h44
Le 03/10/2013 à 15h47
Le 03/10/2013 à 15h47
Depuis le temps que ces parasites sont sur le terrain, je ne comprends pas que personne ne se soit cotisé pour offrir aux dirigeants de Lodsys un séjour “baignade prolongée” avec bloc de béton au pieds…
Le 03/10/2013 à 15h49
Le 03/10/2013 à 15h50
Le 03/10/2013 à 15h51
Le 03/10/2013 à 15h55
Le 03/10/2013 à 15h55
Le 03/10/2013 à 15h57
Le 03/10/2013 à 15h58
Le 03/10/2013 à 15h59
Le 03/10/2013 à 16h00
Le 03/10/2013 à 16h03
Le 03/10/2013 à 16h04
J’ai édité entre temps. pas sur qu’il ai bossé pour , désolé " />
Le 03/10/2013 à 16h05
Le 03/10/2013 à 16h06
Le 03/10/2013 à 16h07
Le 03/10/2013 à 16h07
Le 03/10/2013 à 16h14
Le 03/10/2013 à 16h17
Le 03/10/2013 à 16h22
Une bonne (et longue) analyse en anglais :
http://www.fosspatents.com/2011/05/what-app-developers-need-to-know-about.html
Prévoir bien 30 minutes pour tout lire.
Petit extrait:
There’s certainly a possibility that Lodsys might win. But there is also reasonable doubt.
The patent Lodsys asserts against those in-app upgrade buttons could possibly be invalidated. There might be prior art; it might be possible to prove that it fails to meet the non-obviousness criterion; one could also argue that it’s not patentable subject matter because it’s too abstract. There could be other arguments for invalidity. And even if the patent survived those challenges, Lodsys may interpret it too broadly and a jury might find that in-app upgrade buttons don’t fall within the scope of that patent.
But the outcome of all of this would be uncertain.
For the app devs who can’t afford to defend themselves, it ultimately doesn’t matter what the most likely result of litigation would be because they will have to avoid that this ever goes to court.
Traduction (faite à la va-vite):
Est-ce que Lodsys pourrait gagner devant un juge?
Il y a une chance que Lodsys gagne. Mais ce n’est pas sûr.
Le brevet que Lodsys utilise contre ces “boutons d’upgrade in-app” pourrait être invalidé. Il peut y avoir eu une réalisation antérieure; il est possible de prouver qu’il ne respecte pas le critère de non-évidence; on pourrait aussi argumenter que le sujet n’est pas brevetable car trop abstrait. Il pourrait aussi y avoir d’autres arguments d’invalidation. Et même si le brevet survit à ces arguments, Lodsys pourrait l’interpréter trop largement et un jury pourrait trouver que les “boutons d’upgrade in-app” ne sont pas couvert par le brevet.
Mais le résultat de tout cela reste incertain.
Pour les dev d’app qui ne peuvent se payer une défense eux-même, le problème ne se pose pas de savoir quelle serait l’issue du procès parce qu’ils voudront à tout prix éviter d’aller jusqu’au procès.
Le 03/10/2013 à 16h28
Le 03/10/2013 à 16h29
Le 03/10/2013 à 14h48
Combien y a-t-il de troll ? C’est beau de vouloir en faire tomber un, mais c’est tout les trolls qu’il faudrait éradiquer. " />
Le 03/10/2013 à 14h50
Il n’y a pas de “petite” victoire face à ces saloperies anti-productive.
Le 03/10/2013 à 16h44
Le 03/10/2013 à 16h47
Le 03/10/2013 à 17h06
Le 03/10/2013 à 17h12
Le 03/10/2013 à 17h26
Le 03/10/2013 à 17h44
Quelle idée de s’attaquer à des Russes aussi " />
Le 03/10/2013 à 20h21
Perso, je serais le PDG de Apple ou Samsung, un espèce de parasite comme ça qui gagne son fric de cette façon là en emmerdant son monde, j’hésiterai pas un instant à sortir quelques petits millions de dollars pour faire exploser le siège social de cette saleté. Aucune hésitation ! Avec tous les escrocs à l’intérieur, garantie sur facture. Ça m’étonne d’ailleurs que des groupes hyper puissant comme Apple n’aient pas pris des mesures drastiques dans ce genre.
Le 03/10/2013 à 21h01
Apple a tenté en vain de mettre des bâtons dans les roues du troll
" /> " /> –>[__]
Le 03/10/2013 à 21h26
Le 03/10/2013 à 22h23
Le 03/10/2013 à 23h52
Le 03/10/2013 à 23h53
Le 04/10/2013 à 05h30
Au final ça ne serait pas une victoire à la pyrrhus pour Kaspersky qui doit régler ses propres frais de justice, et donc une fausse défaite pour Lodsys qui a réussit à faire payer son adversaire (même s’ils n’ont pas engrangé l’argent) ?
Parce du coup la prochaine boîte visée va être encore un peu plus encouragée à payer une petite somme plutôt que de payer des frais de justice et de s’engager dans une procédure longue et surtout incertaine.
Le 04/10/2013 à 07h01
Le 04/10/2013 à 07h34
Le 04/10/2013 à 07h36