Quand sobriété et souveraineté numérique se répondent
Ressources non renouvelables

Dans le deuxième épisode d’Écosystème, Philippe Bihouix revient sur les enjeux que pose le recours permanent à de nouvelles technologies en termes de ressources.
Le 11 juin à 13h37
7 min
Droit
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En 2014, l’ingénieur Philippe Bihouix publie L’Âge des Low Tech (Seuil), un ouvrage dans lequel il alerte sur la facilité avec laquelle la société tend à proposer des solutions techniques à chaque problématique environnementale. « L’alerte consistait à dire que cette solution high tech consomment toujours plus de ressources, souvent des ressources plus rares, et que cette mécanique nous éloigne du recyclage » et des logiques d'économie circulaire, explique-t-il à Next.
Dix ans plus tard, la question des ressources est devenue plus visible dans l’espace public. La promotion des mobilités électriques y a participé, de même que les débats économiques et géopolitiques sur l’accès aux terres rares et aux matériaux déclarés critiques et stratégiques par l’Union européenne.
Dans le deuxième épisode du podcast Écosystème, disponible ici ou sur votre plateforme d'écoute habituelle, Philippe Bihouix revient sur les enjeux que pose le numérique en termes de ressources.
Techno discernement
Dans le premier épisode d’Écosystème, le fondateur de GreenIT Frédéric Bordage qualifiait le recyclage d’objets numériques de « vue de l’esprit ». En 2022, l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (Unitar) relevait en effet qu’à peine un cinquième des déchets électroniques avaient été correctement recyclés, et que leur volume augmentait cinq fois plus rapidement que celui de leur collecte et de leur recyclage.
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Techno discernement
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Adaptations systémiques
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La souveraineté par la sobriété ?
Commentaires (5)
Modifié le 11/06/2025 à 14h20
N'est pas l'exemple d'un sophisme ?
« Là, l’approche du discernement technologique permettrait de demander : à quoi peut bien servir cette IA ? Si c’est pour faire des images de nounours sympathique ou les menus de la semaine, ça paraît anecdotique. »
Bien que moi aussi je déplore le mésusage de certains et les attentes hors normes attendus des technologies de "l'IA". Cette aproche caricaturale peut nuire au discour de retenu sur la consomation des ressources qui à un fondement.
PS :
[...]recyclage d’objets numériques[...] Objet éléctroniques n'est-il pas suffisant comme terme ?
Je titille un peu car pour bcp, objet numérique = objet dématérialisé, comme par exemple une monture dans Skyrim, un skin fornite etc.
Le 11/06/2025 à 15h12
Quand les ressources sont contraintes comme sur Terre alors je trouve ça très concret. Un aimant permanent dans une berline de luxe c'est un aimant de moins dans une éolienne. C'est une certaine qté d'énergie (et de combustible fossile) utilisé pour aller chercher les précieux métaux dans la terre.
Le 11/06/2025 à 22h14
Le recyclage des déchets d'équipements électriques et électroniques est-il une réalité ?
Modifié le 11/06/2025 à 17h04
Et pourquoi pas une taxe à l'achat des appareils sur leur capacité à être recyclés ? En masse, et en nature des composés ?
Typiquement, les voitures bourrées d'électronique, ca sert à quoi ? Entre un verin de hayon de voiture hydrolique et sa version "électrique", il y a un sacré gap, par exemple, en terme de matériaux et de recyclabilité : si ce genre "d'innovation" devenait fort onéreux, on en trouverait ... moins !
Modifié le 11/06/2025 à 17h25
Et pourtant, on continue à déployer des data centers comme s’ils poussaient sur des arbres, à promouvoir une IA énergivore (je ne suis ni pour ni contre, comme tout, il faut saisir la mesure des choses et prioriser les usages) pour générer des menus de la semaine, pendant qu’on prétend agir pour la planète en éteignant la lumière 5 minutes ou en changeant de moteur de recherche.
Le mot "sobriété" est là, dans les discours, mais toujours tourné vers l’individu : chauffe moins, roule moins vite, trie mieux. Jamais ou si peu vers les entreprises, les infrastructures, les logiques industrielles. Alors même que c’est là que l’effet de levier est réel et LA plus grosse consommation de ressources, des mines jusqu'à l'agriculture. On se contente de coller du numérique sur du vieux monde en espérant que ça suffira.
Et pourtant, tout est déjà dit ici : les limites physiques, la question du recyclage quasi-impossible, la guerre pour les matériaux critiques, la dépendance géopolitique. Ce n’est pas une question d’opinion, c’est de la physique. Et continuer à foncer sans discernement, c’est sacrifier non seulement l’avenir, mais aussi toute possibilité d’autonomie et de résilience dès aujourd’hui.
Mais bon, tant qu’on peut commander un frigo connecté pour surveiller son tofu à distance, pourquoi s’inquiéter… (Et je précise : je suis végétalien 😁)